coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Au jour du jugement, que répondrez-vous à votre Juge ? Sam 9 Nov - 14:31 | |
| Au jour du jugement, que répondrez-vous à votre Juge Quoi ! Vous revêtez des murs, et vous n’habillez pas un homme ? Vous décorez des chevaux, et vous ne vous embarrassez pas que votre frère soit couvert de haillons ? Vous laissez pourrir votre blé, et vous ne nourrissez pas des malheureux qui périssent de faim ? Vous enfouissez votre or, et vous dédaignez un misérable qui est pressé par l’indigence ? Si vous avez une femme vaine et fastueuse, ce sera bien pis encore. Elle enflammera votre goût pour les plaisirs et pour les délices ; elle excitera vos désirs insensés ; elle ne s’occupera que de perles, de diamants, de pierres précieuses, de l’or qui brillera sur ses habits et dans ses bijoux : en un mot, elle augmentera votre maladie par l’amour de mille superfluités. Elle ne se contentera pas d’y songer en passant ; les jours et les nuits seront sacrifiés à ces soins frivoles. Mille flatteurs qui s’étudient à entretenir ses passions lui amènent des marchands et des artisans de toutes les espèces. Elle ne laisse pas respirer un moment son époux par les continuels sacrifices qu’elle exige de lui. Les plus grandes richesses, des fleuves d’or ne pourraient satisfaire les désirs d’une femme qui fait acheter les parfums des contrées les plus lointaines, comme si c’était l’huile qu’on vend au marché. Les pourpres les plus brillantes que les mers puissent fournir, sont aussi communes chez elle que si c’étaient de simples étoffes tissues de la laine de brebis. Elle fait enchâsser dans l’or les pierres précieuses qu’elle recueille de toutes parts. Les unes ornent son front, les autres entourent son cou, d’autres enrichissent sa ceinture, d’autres lui lient les pieds et les mains : les femmes somptueuses se plaisent à être enchaînées, pourvu que leurs chaînes soient d’or. Un mari esclave de tous les caprices de sa femme, pourra-t-il avoir soin de son salut ? Comme les ondes, pendant la tempête, engloutissent aisément des vaisseaux mal radoubés : ainsi les inclinations vicieuses des femmes viennent aisément à bout d’entraîner les âmes folles de leurs maris. Or des richesses dissipées de la sorte par un mari et une femme qui cherchent mutuellement à se surpasser par l’invention de folles dépenses, ne doivent trouver aucune voie pour soulager les misères d’autrui. On vous attriste quand on vous dit : « Vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres », afin de pouvoir acquérir la vie éternelle ; et quand on vous dit : Donnez de l’argent pour fournir au faste de votre épouse, pour payer des ouvriers et des artistes de toutes les professions, vous vous réjouissez comme si pour votre or on devait vous donner en échange des effets plus précieux. Ne voyez-vous pas que les murailles de Césarée, minées par le temps, sont tombées en ruine ? On n’en voit plus que des restes, comme des écueils qui dominent sur toute la ville. Que de pauvres l’empressement d’élever ces murailles n’a-t-il pas fait négliger par les riches d’alors ? Que sont devenus tous ces superbes ouvrages ? Où est celui qui les a ordonnés et dont on admirait la puissance ? Les ouvrages ont disparu comme ces châteaux que les enfants élèvent sur le sable : leur auteur est enseveli dans les enfers, où il expie l’orgueil qui lui a fait construire de vains édifices. Ayez une grande âme ; et des murs grands ou petits seront pour vous la même chose. Lorsque passant devant la maison d’un homme opulent et fastueux à l’excès, je vois les ornements divers qu’elle étale de tous côtés, je suis persuadé que le maître n’a rien de mieux que ce qui frappe mes regards, et qu’il décore des objets inanimés tandis qu’il néglige la parure de son âme. Quel plus grand service, dites-moi, tirez-vous de sièges d’ivoire, de lits et de tables d’argent, pour que vos richesses employées à ces frivolités ne puissent passer dans les mains des pauvres ? Votre porte est assiégée de misérables qui réclament votre pitié du ton le plus pathétique. Vous les rebutez, vous dites que votre bien ne pourrait suffire à ceux qui vous demandent : votre bouche le proteste en jurant, mais votre main dans son silence vous confond. Oui, la bague précieuse qui brille sur votre doigt publie votre parjure. Combien pourrait-on payer de dettes du prix de votre diamant ? combien pourrait-on rétablir de familles ruinées ? votre seule garde-robe suffirait à vêtir tout un peuple qui meurt de froid. Cependant vous avez la barbarie de renvoyer le pauvre sans lui faire la plus modique aumône. Vous ne craignez pas le courroux de votre Juge, ni le châtiment dont il doit punir votre dureté. Vous n’avez pas eu compassion des autres ; on n’aura point compassion de vous. Vous avez fermé votre porte ; la porte du ciel ne vous sera pas ouverte. Vous avez refusé du pain ; vous n’obtiendrez pas la vie éternelle. | |
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