coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Vous avez beaucoup de besoins, parce que vos désirs sont insatiables. . . Sam 9 Nov - 14:39 | |
| Vous avez beaucoup de besoins, parce que vos désirs sont insatiables. Vous dites que vous êtes pauvre ; j’en conviens avec vous. Celui-là est pauvre qui a beaucoup de besoins : or vous avez beaucoup de besoins, parce que vos désirs sont insatiables. Vous voulez ajouter dix talents à dix autres que vous avez déjà : quand vous en aurez vingt, vous voudrez en avoir encore un pareil nombre ; et votre bien qui grossit ne fait qu’allumer votre convoitise loin de l’éteindre. Plus un homme ivre boit, plus il veut boire : ainsi plus un homme nouvellement enrichi amasse de biens, plus il désire d’en amasser, et sa maladie augmente avec ses trésors. L’amour des richesses produit dans le cœur des riches des effets contraires à leurs désirs. Ils ne sont pas aussi réjouis de ce qu’ils possèdent, qu’affligés de ce qui leur manque, ou plutôt de ce qu’ils croient leur manquer. Leur esprit est déchiré par mille inquiétudes, parce qu’ils sont jaloux de surpasser toujours ce qui est au-dessus d’eux. Ils devraient se réjouir et remercier le Seigneur de ce qu’ils sont plus à l’aise que tant d’autres : ils s’affligent et se désespèrent d’être moins riches que deux ou trois personnes. Quand ils sont parvenus à atteindre un homme qui était plus riche, ils font aussitôt de nouveaux efforts pour égaler la fortune d’un autre qui les surpasse. Quand ils ont égalé celui-ci, leur émulation se porte vers un troisième. Et comme ceux qui montent les degrés d’une échelle vont toujours d’échelons en échelons jusqu’à ce qu’ils soient parvenus au dernier : ainsi les hommes cupides ne s’arrêtent dans leur folle passion que lorsque, montés au plus haut degré de la fortune, ils s’exposent eux-mêmes à une chute plus fâcheuse. Le Créateur de l’univers a rendu l’oiseau de Séleucie insatiable pour l’utilité des hommes : et vous, vous vous rendez vous même insatiable pour le malheur des autres. L’homme avide dévore des yeux tout ce qu’il voit : il ne se lasse point de prendre, comme « l’œil ne se lasse point de regarder » (Qo 1,8 ) ; semblable à la mort, il ne dit jamais : « C’est assez ! » (Pr 27, 20 ; 30, 16). Malheureux, quand vous servirez-vous de ce que vous avez acquis ? Quand jouirez-vous enfin sans vous tourmenter continuellement pour faire de nouvelles acquisitions ? « Malheur, dit le Prophète, malheur à ceux qui, pour faire tort à leur prochain, joignent maison à maison et champ à champ » (Is 5, 8 ). Que faites-vous autre chose, vous qui inventez mille prétextes pour envahir ce qui appartient à votre prochain ? « La maison de ce voisin, dites-vous, offusque la mienne ; c’est une maison de bruit et de tumulte ; c’est un refuge de vagabonds ». Quel prétexte n’alléguez-vous pas pour inquiéter un voisin qui vous gêne ? Vous ne lui donnez aucun repos, vous le persécutez sans relâche, vous ne cessez pas de le tourmenter et de le vexer jusqu’à ce que vous l’avez contraint de chercher une autre retraite. Qu’est-ce qui a fait périr Naboth (1 R 21) ? N’est-ce point l’avidité d’Achab qui voulait, s’emparer de la vigne de cet infortuné Israélite ? L’homme cupide est un mauvais voisin à la ville comme à la campagne. La mer respecte les bornes qui lui ont été assignées ; la nuit observe toujours les mêmes règles : l’homme cupide ne connaît ni temps, ni mesure ; incapable de suivre des degrés, il ressemble au feu qui saisit et dévore tout. Les fleuves qui n’ont que de petits commencements, croissent peu à peu, se débordent enfin avec impétuosité, et entraînent tout ce qui s’oppose à leur passage. C’est ainsi que ceux qui ont établi leur puissance sur les ruines de plusieurs qu’ils ont opprimés, s’enhardissent à des injustices nouvelles, et se servent des premières victimes de leur cupidité comme d’un instrument pour en accabler d’autres. C’est des excès même de leurs crimes qu’ils tirent les moyens d’augmenter leur puissance. Les premiers qu’ils ont rendus malheureux, ils les contraignent de les seconder dans leurs injustes projets, de leur prêter du secours pour faire à d’autres tout le mal qu’ils pourront. Est-il un voisin, est-il un ami, est-il un associé qui soit à l’abri de leurs fureurs ? Rien ne résiste à la violence des richesses ; tout cède à leur tyrannie, tout redoute cette puissance énorme. Quand on a souffert : d’un riche, on est moins occupé à s’en venger qu’à prendre des mesures pour n’en pas souffrir de nouveau. Un riche inique accouple ses bœufs ; il laboure, sème, recueille ce qui ne lui appartient pas. Si vous lui résistez, il vous charge de coups : si vous vous plaignez, vous serez accusé de l’avoir insulté, vous serez traîné devant les tribunaux, jeté en prison. On trouvera des faux témoins qui mettront votre vie en péril. Vous serez trop heureux de donner encore de l’argent pour vous délivrer de cette persécution. | |
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