coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Considérez, ô hommes, quelle est la nature des richesses. . . Sam 9 Nov - 14:53 | |
| Pourquoi l’éclat de l’or vous éblouit-il de la sorte ? L’or, l’argent, le jaspe, l’agate, l’hyacinthe, l’améthyste, en un mot, les pierres les plus précieuses ne sont réellement que des pierres. Voilà ce que les richesses ont de plus brillant. Vous renfermez une partie de ces pierres, et vous condamnez leur éclat aux ténèbres. Vous en portez quelques-unes aux doigts, vous vous glorifiez de leur splendeur et de leur prix. A quoi vous sert, je vous le demande, de montrer votre main, parce qu’un beau diamant y brille ? Ne rougissez-vous pas d’avoir tant d’empressement pour une pierre, et de faire paraître la même faiblesse qu’une femme enceinte, qui par un goût bizarre ronge quelquefois des cailloux ? N’avez-vous pas honte de ramasser avec tant de soin des pierres et des diamants de toutes les espèces ? Quel homme fier de sa parure a pu prolonger sa vie d’au jour ? Quel est celui dont la mort ait respecté les richesses ? Quel est celui que les maladies aient épargné à cause de son argent ? Jusques à quand l’or sera-t-il le piège des âmes, l’hameçon de la mort, l’appât du péché ? Jusques à quand les richesses seront-elles une source de guerres ? Jusques à quand forgera-t-on pour elles des armes, aiguisera-t-on des glaives ? C’est pour les richesses que lus parents foulent aux pieds la nature, que les frères se regardent d’un œil qui respire le meurtre ; c’est pour les richesses que les déserts sont remplis d’assassins, les mers couvertes de pirates, les villes pleines de calomniateurs. Quel est le père du parjure et du mensonge ? quel est l’artisan des plus fausses accusations ? N’est-ce pas l’or et le désir d’avoir de l’or ? Que les hommes sont malheureux de faire de leurs biens l’instrument de leurs maux ? L’argent vous a été donné pour subvenir aux besoins de votre vie, et non pour vous porter au crime ; pour être la rançon de votre âme, et non l’occasion de votre perte. « Il faut, dites-vous, que je conserve mes biens pour mes enfants ». Tel est le prétexte spécieux de la cupidité. Vous objectez des enfants, et vous satisfaites votre cœur. Ne vous en prenez pas à celui qui n’est pas cause de votre passion. Il a un autre père, un autre maître que vous. C’est de Dieu qu’il a reçu la vie, c’est de Dieu qu’il en attend le soutien. Est-ce que cette maxime de l’Évangile ne regarde point les gens mariés : « Si vous voulez être parfait, vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres ». Lorsque vous demandiez à Dieu de bénir votre mariage et de vous donner des enfants, avez-vous ajouté à votre prière ces mots : « Donnez-moi des enfants, afin que je désobéisse à vos préceptes ; donnez-moi des enfants afin que je n’arrive pas au royaume des cieux » ? Avez-vous une caution de la vertu de vos enfants ? Avez-vous quelqu’un qui vous assure qu’ils feront un bon usage des biens que vous leur laisserez ? Les richesses sont pour bien des jeunes gens un moyen de débauches et d’infâmes désordres. N’entendez-vous pas l’Ecclésiaste qui dit : « J’ai vu une folie prodigieuse, des richesses amassées pour un enfant dont elles ont fait le malheur » (Qo 5, 12) ; et ailleurs encore : « Je laisse à un homme après moi des biens amassés avec de grandes peines ; qui peut savoir s’il sera sage ou insensé » (Qo 2, 18) ? Prenez donc garde que ces richesses amassées par vous avec de si grandes peines ne deviennent un jour la matière des crimes de vos enfants, et que vous ne soyez puni pour vos péchés personnels, et pour ceux que vous aurez fait commettre à un autre. Votre âme vous est plus proche que vos enfants, vous tenez à elle par un lien plus étroit : elle a le droit d’aînesse ; il faut qu’elle soit la première partagée. Procurez-lui d’abord une vie abondante, une vie éternelle ; après cela vous distribuerez à vos enfants leur subsistance. Des enfants qui n’ont rien reçu de leur père se sont fait souvent une fortune par leur propre industrie ; mais si vous abandonnez le soin de votre âme, qui en aura compassion ? | |
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