coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Dieu est amour et il est donc Trinité/Raniero Cantalamessa/ Lun 31 Mai - 0:03 | |
| Dieu est amour et il est donc Trinité Poursuivons maintenant notre réflexion sur le Dieu vivant. A qui nous adressons-nous, nous, chrétiens, lorsque nous prononçons le mot « Dieu », sans autre précision ? À qui ce « tu » se rapporte-t-il lorsque, dans les paroles du Psaume, nous disons : « Dieu, tu es mon Dieu » (Ps 62, 2) ? Qui répond, pour ainsi dire, à l’autre bout du fil ? Ce « tu » n’est pas simplement Dieu-Père, la première personne divine, comme si elle existait ou était imaginable, ne serait-ce qu’un instant, sans les deux autres. Ce n’est pas non plus l’essence divine indéterminée, comme s’il existait une essence divine qui n’est spécifiée que plus tard en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Le seul Dieu, celui qui dans la Bible dit : « Je suis ! », est le Père qui engendre le Fils et qui avec lui respire l’Esprit, leur communiquant toute sa divinité. C’est le Dieu communion d’amour, en qui unité et trinité proviennent de la même racine et du même acte, et forment une Triunité, dans laquelle aucune des deux choses – l’unité et la pluralité – ne précède l’autre, ou n’existe sans l’autre, et où aucun des deux niveaux n’est supérieur à l’autre ou plus « profond » que l’autre.
Ce « tu » à qui nous nous adressons dans la prière, selon les cas et la grâce de chacun, peut être l’une des trois personnes divines en particulier : le Père, le Fils Jésus Christ, ou le Saint-Esprit, sans que l’on perde tout. En fait, pour la communion trinitaire, dans chaque personne divine les deux autres sont présentes. La Trinité est comme l’un de ces triangles musicaux qui, de quelque côté qu’on le touche, vibre tout entier et émet le même son. En conclusion, le Dieu vivant des chrétiens n’est rien d’autre que la Trinité vivante. La doctrine de la Trinité est contenue, comme en germe, dans la révélation de Dieu en tant qu’amour. Dire : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8 ), revient à dire : Dieu est trinité. Chaque amour implique un amant, un aimé et un amour qui les unit. Tout amour est l’amour de quelqu’un ou de quelque chose ; on n’offre aucun amour « à vide », sans objet. Maintenant, qui Dieu aime-t-il, pour être appelé amour ? L’homme ? Mais alors, il n’est l’amour que depuis quelques centaines de millions d’années. Il aime l’univers ? Mais alors, il n’est l’amour que depuis quelques dizaines de milliards d’années. Et avant, qui Dieu aimait-il pour être l’amour ? Les penseurs grecs et, en général, les philosophies religieuses de tous les temps, concevant Dieu avant tout comme une « pensée », pouvaient répondre : Dieu se pensait lui-même ; il était « pure pensée », « pensée de pensée ». Mais ce n’est plus possible, à partir du moment où on dit que Dieu est avant tout amour, parce que « l’amour pur de soi-même » serait pur égoïsme, qui n’est pas la plus grande exaltation de l’amour, mais sa négation totale. Et voici la réponse de la révélation, explicitée par l’Église. Dieu est l’amour depuis toujours, ab aeterno, car bien avant qu’il existe en dehors de lui un objet à aimer, il avait en lui le Verbe, le Fils qu’il aimait d’un amour infini, c’est-à-dire « dans le Saint-Esprit ». Cela n’explique pas « comment » l’unité peut être simultanément trinité ; c’est un mystère qui nous reste inconnu parce qu’il n’existe qu’en Dieu. Mais il nous aide à comprendre « pourquoi », en Dieu, l’unité doit aussi être pluralité : parce que « Dieu est amour » ! Un Dieu qui serait pure connaissance, pure loi ou pur pouvoir n’aurait certainement pas besoin d’être trinitaire. Cela compliquerait plutôt les choses et en fait, aucun « triumvirat » n’a jamais duré longtemps dans l’Histoire ! Ce n’est pas le cas avec un Dieu qui est avant tout amour, car « moins qu’entre deux, il ne peut y avoir d’amour ». « Il faut – a écrit Henri de Lubac – que le monde le sache : la révélation de Dieu en tant qu’amour bouleverse tout ce qu’il avait précédemment conçu de la divinité[1] ». Nous, chrétiens, croyons « en un seul Dieu » et non en un Dieu solitaire ! | |
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