En offrant quelques précieux conseils pour méditer la Parole de Dieu
ROME, Vendredi 19 novembre 2008 (ZENIT.org) – Le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap., prédicateur de la Maison pontificale, publie ce vendredi sa dernière méditation de l’évangile du dimanche, pour Zenit.
Se livrant à un énorme travail de préparation et de rédaction, le P. Cantalamessa a accompagné les lecteurs de Zenit dans leur méditation de la parole de Dieu, pendant trois ans. A présent que le cycle liturgique est achevé, et qu’il a fini de commenter tous les passages de la liturgie dominicale, il passe le flambeau, en nous donnant toutefois de précieux conseils pour apprendre à découvrir la parole de Dieu en ouvrant les pages de la Bible.
Zenit – Tout d’abord une question que se posent également nos lecteurs : comment faites-vous pour écrire vos homélies ?
P. Cantalamessa – [en riant...] Comment je fais ? Je lis la Parole de Dieu. Avant de penser à mes propres réflexions, je m’attarde sur la Parole de Dieu, pour savoir quel est le message qui, au moment où nous nous trouvons, où je me trouve moi, ressort de cette Parole.
En général, il s’agit au début d’une petite lumière qui s’allume et petit à petit prend forme, se renforce et éclaire en révélant un rapport avec la situation et le problème que l’on doit traiter sur le moment.
Un climat de prière, d’écoute de l’Esprit Saint est une aide importante. C’est Lui qui a inspiré la Sainte Ecriture, Il est le seul à savoir l’expliquer et l’appliquer au monde d’aujourd’hui.
Zenit – Que conseillez-vous à un chrétien qui désire méditer la Parole pour en tirer des leçons pour sa propre vie, ou pour prendre des décisions utiles pour vivre sous le regard de Dieu ?
P. Cantalamessa – Cela dépend un peu de la situation de cette personne, de ses devoirs. S’il s’agit d’une utilisation uniquement personnelle pour sa propre vie, le mieux est de commencer par tirer parti de la Parole de Dieu que l’Eglise nous propose à travers la liturgie : la liturgie des heures, la messe…Car pour nous parler, le Seigneur se sert souvent du choix de l’Eglise, des lectures du jour.
En prêtant une oreille attentive aux lectures du jour on y trouve souvent la réponse à un problème particulier. Il arrive que certaines paroles semblent tellement sur mesure qu’on se dit qu’elles ont été écrites pour nous. Valoriser donc non pas le choix personnel, mais le choix communautaire fait par l’Eglise dans la liturgie.
Ensuite il y a le choix personnel, à savoir relire des passages de l’Ecriture qui, dans le passé, ont eu une certaine importance pour nous, qui nous ont parlé. Souvent le Seigneur revient nous parler à travers les mêmes textes pour nous dire des choses toujours nouvelles et adaptées aux situations que nous sommes en train de vivre. Valoriser donc des Paroles de Dieu qui nous ont un jour apporté des indications importantes.
Puis il y a un autre moyen, volontiers utilisé par le Renouveau charismatique, mais pas seulement, qui est le suivant : après avoir prié, faire un acte de foi, ouvrir la Bible avec la pensée d’y trouver une réponse du Seigneur, ou parfois même prendre des décisions en fonction de la Parole de Dieu sur laquelle nous tombons.
Il ne s’agit pas d’un moyen inventé par le Renouveau charismatique à notre époque. C’est aussi par exemple ce que fit saint Augustin. Au moment crucial de sa conversion, il tenait entre les mains les lettres de saint Paul et il était décidé en les ouvrant à voir la volonté de Dieu dans le premier passage qu’il lirait. Son regard tomba sur le passage de Romains 13 : « pas de luxure ni de débauche », mais « revêtons les armes de lumière ». Aussitôt, il se sentit envahi d’une lumière et d’une sérénité telles qu’il comprit qu’il pouvait désormais vivre dans la chasteté.
C’est également ce qui arriva à saint François. Alors qu’il ne savait pas encore quoi faire, il entra dans une église et ouvrit trois fois l’Evangile. A chaque fois il tomba sur un passage relatant l’envoi en mission des apôtres sans bâton, sans besace, sans argent, sans deux tuniques. Il dit alors : c’est ce que le Seigneur veut pour moi. Les exemples se multiplient jusqu’à nos jours. Un jour où Thérèse de Lisieux ne savait pas quoi faire, elle ouvrit la Lettre aux Corinthiens et y découvrit sa vocation à être le cœur, à être l’amour.
J’ai moi-même reçu tant de confirmations personnelles et je sais que d’autres aussi ont eu des confirmations et trouvé la Parole de Dieu dans la Bible.
Je ne me lasse jamais de raconter cette histoire très sympathique. Alors que je prêchais une mission en Australie, un ouvrier, une personne très simple, est venu me voir le dernier jour ; il y avait, me dit-il, un gros problème dans sa famille. Il avait un fils de 11 ans et sa femme, devenue témoin de Jéhovah, ne voulait pas qu’il soit baptisé.
« Que dois-je faire ? » m’avait-il demandé. « Si je le fais baptiser, il y aura un problème, si je ne le fais pas baptiser, je ne me sentirai pas tranquille parce que lorsque nous nous sommes mariés, nous étions tous deux catholiques ».
Je lui ai répondu : « Donne-moi une nuit pour réfléchir ». Le lendemain, il est revenu en m’annonçant : « Mon père, j’ai trouvé la solution. Hier, quand je suis rentré chez moi, j’ai prié, puis j’ai ouvert la Bible. Je suis tombé sur le passage où Abraham conduit son fils pour être immolé. Et j’ai vu qu’Abraham n’avait rien dit à sa femme ».
C’était un discernement parfait : en effet, selon les rabbins, si Abraham ne dit rien, c’est pour éviter que sa femme l’empêche d’obéir à Dieu. Je baptisai moi-même l’enfant.
Il faut, bien entendu, éviter une utilisation magique de l’Ecriture, de l’ouvrir à la légère, sans avoir prié. L’usage de l’Ecriture ne peut se faire que si l’on vit dans un climat spirituel d’obéissance à Dieu. On ne plaisante pas avec Dieu, on n’interroge pas Dieu pour rire, mais d’abord si l’on est décidé à faire ce qu’Il nous fera comprendre.
Il existe tant de méthodes, de la méthode publique à la méthode plus personnelle, pour orienter notre vie avec la Parole de Dieu.
Zenit – Nous publions vos homélies dans nos sept langues depuis trois ans et nous recevons des milliers de messages de remerciement de nos lecteurs. Qu’a représenté pour vous cette expérience, depuis cette nouvelle chaire que constitue Internet ?
P. Cantalamessa – Ce fut pour moi aussi une découverte car au départ je ne pensais pas – vous non plus peut-être – qu’il y aurait eu un tel accueil. Puis, en faisant le tour du monde, je me suis rendu compte que ceux qui ne me connaissaient pas personnellement, me connaissaient pour la plupart à travers
Zenit, à travers ces commentaires des Evangiles. Du désert de l’Arizona jusqu’en Afrique, de l’Asie jusqu’en France, bref partout dans le monde.
D’une part, cela a été pour moi une heureuse découverte et pour vous, je crois, un encouragement. C’est aujourd’hui un moyen important pour véhiculer l’Evangile. Ils sont beaucoup plus nombreux que nous le pensons les gens qui sont en quête de ces contenus bibliques, évangéliques, sur Internet, et les utilisent. Il s’agit là d’une utilisation très concrète, car beaucoup s’en servent pour se préparer à la messe, certains prêtres pour préparer leur homélie. Ces commentaires ne sont pas seulement utiles pour celui qui les lit, parce que, à son tour, il les adapte, les repropose, n’en fait pas une lecture littérale. C’est une graine qui tombe dans de nombreux cœurs.
Zenit – Un dernier mot aux lecteurs de Zenit, qui vont maintenant se sentir orphelins ?
P. Cantalamessa – J’ai l’intention de publier tous ces commentaires dans un volume car on me l’a demandé. Certains ont été publiés par Zenit, d’autres seront nouveaux ou présentés à la télévision. Ce sont des commentaires du même style, courts, d’une page chacun, qui sortiront en un volume. Les lecteurs en prendront connaissance en temps voulu. Ainsi, celui qui le désire pourra y revenir Mais si vous avez la possibilité de les poursuivre par quelqu’un d’autre, j’invite les lecteurs à les lire et les écouter…