La Transfiguration, soutien de la foi des disciples
Homélie attribuée à saint Éphrem /Sermon sur la Transfiguration
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière (Mt 17,1-2).
Il les emmena sur la montagne pour leur montrer la gloire de sa divinité et leur faire connaître qu'il était le Rédempteur d'Israël, comme il l'avait montré par ses prophètes et afin de prévenir aussi tout scandale à la vue des souffrances librement consenties qu'il allait subir pour nous dans sa nature humaine. Ils le connaissaient en effet comme homme, mais ils ignoraient qu'il fût Dieu; ils le connaissaient comme fils de Marie, un homme qui vivait avec eux dans le monde, mais sur la montagne il leur fit connaître qu'il était le Fils de Dieu, et Dieu lui-même.
Ils l'avaient vu manger et boire, se fatiguer et prendre du repos, s'assoupir et dormir, subir l'effroi jusqu'au gouttes de sueur, toutes choses qui ne semblaient guère en harmonie avec sa nature divine et ne convenir qu'à son humanité. Voilà pourquoi il les emmena sur la montagne, afin que le Père l'appelât son Fils et leur montrât qu'il était vraiment son Fils, et qu'il était Dieu.
Il les emmena sur la montagne et il leur montra sa royauté avant de souffrir, sa puissance avant de mourir, sa gloire avant d'être outragé et son honneur avant de subir l'ignominie. Ainsi, lorsqu'il serait pris et crucifié par les Juifs, ses Apôtres comprendraient qu'il ne l'avait pas été par faiblesse, mais par consentement et de plein gré pour le salut du monde.
Il les emmena sur la montagne et leur montra, avant sa résurrection, la gloire de sa divinité. Ainsi, lorsqu'il ressusciterait d'entre les morts dans la gloire de sa divinité, ses disciples reconnaîtraient qu'il ne recevait pas cette gloire en récompense de sa peine, comme s'il en eût besoin, mais qu'elle lui appartenait bien avant les siècles, avec le Père et auprès du Père, ainsi que lui-même le dit à l'approche de sa Passion volontaire: Père, glorifie-moi de la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde (Jn 17,5).