coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13276 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 10/Que dit La Parole de Dieu sur les jeunes ?Vous êtesl'aujourd'hui de Dieu/64 À 110// Ven 1 Avr - 23:26 | |
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64. Après avoir consulté la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas seulement dire que les jeunes sont l’avenir du monde. Ils sont le présent, ils l’enrichissent par leur contribution. Un jeune n’est plus un enfant, il se trouve dans une période de la vie où il commence à assumer diverses responsabilités, en participant avec les adultes au développement de la famille, de la société, de l’Église. Mais les temps changent et l’interrogation se fait entendre : Comment sont les jeunes aujourd’hui, qu’est-ce qui leur arrive à présent ?En positif65. Le Synode a reconnu que les fidèles de l’Église n’ont pas toujours l’attitude de Jésus. Au lieu de nous disposer à les écouter à fond, « la tendance prévaut d’apporter des réponses toutes faites et de proposer des recettes toutes prêtes, sans laisser émerger les questions des jeunes dans leur nouveauté, ni saisir ce qu’elles ont de provocant ».[24] Au contraire, quand l’Église abandonne les schémas rigides et s’ouvre à l’écoute disponible et attentive des jeunes, cette empathie l’enrichit car « elle permet aux jeunes d’apporter quelque chose à la communauté, en l’aidant à percevoir des sensibilités nouvelles et à se poser des questions inédites ».[25]66. Aujourd’hui, nous les adultes, nous courons le risque de dresser une liste de calamités, de défauts de la jeunesse actuelle. Certains pourraient nous applaudir parce que nous semblerions habiles à trouver des points négatifs et dangereux. Mais quel serait le résultat de cette attitude ? Toujours plus de distance, moins de proximité, moins d’aide mutuelle. 67. La clairvoyance de ceux qui ont été appelés à être père, pasteur ou guide des jeunes consiste à trouver la petite flamme qui continue de brûler, le roseau sur le point de se briser (Is 42, 3), mais qui cependant ne se rompt pas encore. C’est la capacité de trouver des chemins là où d’autres ne voient que des murailles, c’est l’habileté à reconnaître des possibilités là où d’autres ne voient que des dangers. Le regard de Dieu le Père est ainsi, capable de valoriser et d’alimenter les semences de bien semées dans les cœurs des jeunes. Le cœur de chaque jeune doit donc être considéré comme une “terre sacrée”, porteuse de semences de vie divine devant lesquelles nous devons “nous déchausser” pour pouvoir nous approcher et entrer en profondeur dans le Mystère. Des jeunesses nombreuses68. Nous pourrions essayer de décrire les caractéristiques des jeunes d’aujourd’hui, mais avant tout je veux rappeler une mise en garde des Pères synodaux : « La composition même du Synode a rendu visible la présence et l’apport des diverses régions du monde, en mettant en évidence la beauté d’être une Église universelle. Malgré un contexte de mondialisation croissante, les Pères synodaux ont demandé de mettre en relief les nombreuses différences entre les divers contextes et cultures, ainsi qu’à l’intérieur même d’un pays. Il existe une pluralité de mondes jeunes, si bien que dans certains pays on tend à utiliser le terme “jeunesses” au pluriel. De plus, la tranche d’âge concernée par le présent Synode (16-29 ans) ne représente pas un ensemble homogène, mais elle est composée de groupes qui vivent des situations particulières ».[26]69. Déjà du point de vue démographique, il y a beaucoup de jeunes dans certains pays, tandis que d’autres ont un taux de natalité très bas. Mais « une autre différence découle de l’histoire, qui fait que les pays et les continents d’antique tradition chrétienne, où la culture est porteuse d’une mémoire à conserver, sont différents des pays et continents marqués, en revanche, par d’autres traditions religieuses, où le christianisme constitue une présence minoritaire, et parfois récente. Par ailleurs, dans d’autres territoires, les communautés chrétiennes et les jeunes qui en font partie font l’objet de persécution ».[27] Il faut aussi distinguer les jeunes « qui ont accès à une quantité croissante d’occasions offertes par la mondialisation, de ceux qui vivent en marge de la société ou dans le monde rural, et qui pâtissent des effets de diverses formes d’exclusion et de rejet ».[28]70. Il y a beaucoup d’autres différences qu’il serait complexe de détailler ici. Par conséquent, je n’estime pas opportun de m’arrêter pour fournir une analyse exhaustive sur les jeunes dans le monde actuel, sur la manière dont ils vivent et sur ce qui leur arrive. Mais comme il m’est aussi impossible de ne pas regarder la réalité, je présenterai brièvement certaines contributions parvenues avant le Synode, et d’autres que j’ai pu recueillir au cours du Synode même. Ce que vivent parfois les jeunes71. La jeunesse n’est pas une chose qu’on peut analyser de manière abstraite. En réalité, “la jeunesse” n’existe pas ; il y a des jeunes avec leurs vies concrètes. Dans le monde actuel, marqué par les progrès, beaucoup de ces vies sont exposées à la souffrance et à la manipulation.Des jeunes dans un monde en crise72. Les Pères synodaux ont souligné avec douleur que « beaucoup de jeunes vivent dans des contextes de guerre et subissent la violence sous une innombrable variété de formes : enlèvements, extorsions, criminalité organisée, traite d’êtres humains, esclavage et exploitation sexuelle, viols de guerre, etc. D’autres jeunes, à cause de leur foi, ont du mal à trouver un emploi dans leur société et subissent différents types de persécutions, pouvant aller jusqu’à la mort. Nombreux sont les jeunes qui, par contrainte ou par manque d’alternatives, vivent en perpétrant des crimes et des violences : enfants soldats, bandes armées et criminelles, trafic de drogue, terrorisme, etc. Cette violence brise beaucoup de jeunes vies. Les abus et les dépendances, tout comme la violence et les déviances, figurent parmi les raisons qui conduisent les jeunes en prison, avec une incidence particulière dans certaines groupes ethniques et sociaux ».[29]73. De nombreux jeunes sont endoctrinés, instrumentalisés et utilisés comme chair à canon ou comme une force de choc pour détruire, intimider ou ridiculiser les autres. Et le pire, c’est que beaucoup deviennent individualistes, ennemis et méfiants envers tout le monde, si bien qu’ils deviennent la proie facile d’offres déshumanisantes et de plans destructeurs qu’élaborent des groupes politiques ou des pouvoirs économiques.74. Cependant « encore plus nombreux dans le monde sont les jeunes qui souffrent de formes de marginalisation et d’exclusion sociale, pour des raisons religieuses, ethniques ou économiques. Rappelons la situation difficile d’adolescentes et de jeunes filles qui se trouvent enceintes, la plaie de l’avortement, de même que la diffusion du VIH, les diverses formes de dépendance (drogues, jeux de hasard, pornographie, etc.) et la situation des enfants et des jeunes de la rue, qui n’ont ni maison, ni famille, ni ressources économiques ».[30] Quand, en outre, il s’agit des femmes, ces situations de marginalisation deviennent doublement douloureuses et difficiles.75. Ne soyons pas une Église insensible à ces drames de ses enfants jeunes. Ne nous y habituons jamais, car qui ne sait pas pleurer n’est pas mère. Nous voulons pleurer pour que la société aussi soit davantage mère, pour qu’au lieu de tuer elle apprenne à donner naissance, pour qu’elle soit porteuse de vie. Nous pleurons quand nous nous souvenons des jeunes qui sont déjà morts de la misère et de la violence et nous demandons à la société d’apprendre à être une mère solidaire. Cette souffrance ne s’estompe pas, elle marche avec nous, parce que la réalité ne peut pas être cachée. Le pire que nous puissions faire, c’est d’appliquer la recette de l’esprit du monde qui consiste à anesthésier les jeunes avec d’autres nouvelles, d’autres distractions, d’autres banalités.76. Peut-être que« nous avons une vie sans trop de besoins, nous ne savons pas pleurer. Certaines réalités de la vie se voient seulement avec des yeux lavés par les larmes. J’invite chacun de vous à se demander : ai-je appris à pleurer ? Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant drogué dans la rue, un enfant sans maison, un enfant abandonné, un enfant abusé, un enfant utilisé comme esclave par la société ? Ou bien mes pleurs sont-ils les pleurs capricieux de celui qui pleure parce qu’il voudrait avoir quelque chose de plus ? ».[31]Essaie d’apprendre à pleurer pour les jeunes qui se trouvent dans une situation pire que la tienne. La miséricorde et la compassion se manifestent aussi par des pleurs. Si tu n’y parviens pas, prie le Seigneur pour qu’il t’accorde de verser des larmes pour la souffrance des autres. Quand tu sauras pleurer, alors tu seras capable de réaliser quelque chose du fond du cœur pour les autres.77. Parfois, la souffrance de certains jeunes est vraiment déchirante ; c’est une souffrance qu’on ne peut pas exprimer par des paroles ; c’est une souffrance qui nous gifle. Seuls ces jeunes peuvent dire à Dieu qu’ils souffrent beaucoup, qu’il leur coûte trop d’aller de l’avant, qu’ils ne croient plus en personne. Mais dans cette plainte déchirante se font présentes les paroles de Jésus : « Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5, 4). Il y a des jeunes qui ont pu s’ouvrir un chemin dans la vie parce que cette promesse divine leur est parvenue. Puisse-t-il y avoir toujours auprès d’un jeune qui souffre une communauté chrétienne capable de faire résonner ces paroles par des gestes, des accolades et des aides concrètes.78. Certes, les puissants offrent certaines aides, mais souvent à un coût élevé. Dans de nombreux pays pauvres, les aides économiques de pays plus riches ou d’organismes internationaux peuvent être liées à l’acceptation de propositions occidentales ayant rapport à la sexualité, au mariage, à la vie ou à la justice sociale. Cette colonisation idéologique nuit surtout aux jeunes. En même temps, nous voyons comment une certaine publicité enseigne aux personnes à être toujours insatisfaites, et contribue à la culture du rejet où les jeunes eux-mêmes finissent par devenir du matériel jetable.79. La culture actuelle présente un modèle de personne très associé à l’image du jeune. Se sent beau celui qui a l’air jeune, qui fait des traitements pour faire disparaître les traces du temps. Les corps jeunes sont constamment utilisés dans la publicité pour vendre. Le modèle de beauté est un modèle jeune, mais faisons attention, car cela n’est pas élogieux pour les jeunes. Cela signifie seulement que les adultes veulent voler la jeunesse pour eux-mêmes ; non pas qu’ils respectent, aiment et prennent soin des jeunes.80. Certains jeunes « ressentent les traditions familiales comme opprimantes et les fuient sous l’impulsion d’une culture mondialisée qui, parfois, leur ôte tout point de référence. Dans d’autres parties du monde, en revanche, il n’y a pas de véritable conflit intergénérationnel entre jeunes et adultes, mais ceux-ci s’ignorent réciproquement. Parfois les adultes ne cherchent pas ou ne parviennent pas à transmettre les valeurs de base de l’existence ou adoptent des styles juvéniles, inversant ainsi le rapport entre les générations. De la sorte, la relation entre les jeunes et les adultes risque de s’arrêter au plan affectif, sans jamais toucher la dimension éducative et culturelle ». [32] Que de mal cela fait aux jeunes, même si certains ne s’en rendent pas compte ! Ces mêmes jeunes nous ont fait remarquer que cela complique énormément la transmission de la foi « dans certains pays où il n’y a pas de liberté d’expression et où on les empêche de participer à la vie de l’Église ».[33] Désirs, blessures et recherches81. Les jeunes reconnaissent que le corps et la sexualité ont une importance essentielle pour leur vie et pour le chemin de croissance de leur identité. Cependant, dans un monde qui souligne à l’exès la sexualité, il est difficile de garder une bonne relation avec son corps et de vivre sereinement les relations affectives. Pour cette raison, et pour d’autres, la morale sexuelle tend très souvent à être « une cause fréquente d’incompréhension et d’éloignement par rapport à l’Eglise, dans la mesure où elle est perçue comme un espace de jugement et de condamnation ». En même temps, les jeunes expriment « un désir explicite de dialogue sur les questions relatives à la différence entre l’identité masculine et féminine, à la réciprocité entre les hommes et les femmes et à l’homosexualité ».[34]82. A notre époque « les développements de la science et des technologies biomédicales exercent une forte incidence sur la perception du corps, induisant l’idée qu’aucune limite ne peut empêcher de le modifier. La capacité d’intervenir sur l’ADN, la possibilité d’insérer des éléments artificiels dans l’organisme (cyborg) et le développement des neurosciences constituent une grande ressource, mais soulèvent en même temps des questions anthropologiques et éthiques ».[35] Ils peuvent nous conduire à oublier que la vie est un don et que nous sommes des êtres créés et limités, que nous pouvons êtres facilement instrumentalisés par ceux qui ont le pouvoir technologique.[36] « En outre, certains milieux de jeunes sont de plus en plus fascinés par des comportements à risques comme moyens de s’explorer soi-même, de rechercher des émotions fortes et d’être reconnus […] Ces phénomènes, auxquels les nouvelles générations sont exposées, constituent un obstacle à une maturation sereine ».[37]83. Chez les jeunes, il y a aussi les chocs, les échecs, les souvenirs tristes gravés dans l’âme. Bien souvent « ce sont les blessures des défaites de leur propre histoire, des désirs frustrés, des discriminations et des injustices subies, ou encore du fait de ne pas se sentir aimés ou reconnus ». En plus, « il y a aussi les blessures morales, le poids des erreurs commises, de la culpabilité après s’être trompé ».[38] A ces carrefours, Jésus se rend présent aux jeunes pour leur offrir son amitié, son réconfort, sa compagnie qui guérit, et l’Eglise veut être son instrument sur ce chemin vers la restauration intérieure et la paix du cœur.84. Nous reconnaissons, chez certains jeunes, un désir de Dieu, bien qu’il n’ait pas tous les contours du Dieu révélé. Chez d’autres, nous pourrons entrevoir un rêve de fraternité, ce qui n’est pas rien. Chez beaucoup, il y a un désir réel de développer les capacités qui se trouvent en eux pour apporter quelque chose au monde. Chez d’autres, nous observons une sensibilité artistique spéciale, ou une recherche d’harmonie avec la nature. Chez d’autres, ce peut-être un grand besoin de communication. Chez beaucoup d’entre eux, nous trouvons un profond désir d’une vie différente. Il s’agit de vrais points de départ, d’énergies intérieures en attente et ouvertes à une parole de stimulation, de lumière et d’encouragement.85. Le Synode a traité de manière particulière trois thèmes d’une grande importance dont je voudrais accueillir les conclusions textuellement, même s’il nous faudrait encore procéder à une analyse plus approfondie et développer une capacité de réponse plus adéquate et plus efficace. Le monde numérique86. « Le monde numérique caractérise le monde contemporain. De vastes portions de l’humanité y sont plongées de manière ordinaire et continuelle. Il ne s’agit plus seulement d’”utiliser” des instruments de communication, mais de vivre dans une culture largement numérisée, qui influence profondément les notions de temps et d’espace, la perception de soi, des autres et du monde, la façon de communiquer, d’apprendre, de s’informer et d’entrer en relation avec les autres. Une approche de la réalité qui tend à privilégier l’image par rapport à l’écoute et à la lecture a une incidence sur la façon d’apprendre et sur le développement du sens critique ».[39]87. Internet et les réseaux sociaux ont créé une nouvelle manière de communiquer et de se mettre en relation et « sont des espaces où les jeunes passent beaucoup de temps et se rencontrent facilement, même si tous n’y ont pas accès de la même façon, en particulier dans certaines régions du monde. Quoi qu’il en soit, ils constituent une extraordinaire opportunité de dialogue, de rencontre et d’échange entre les personnes, et donnent accès à l’information et à la connaissance. En outre, l’environnement numérique est un contexte de participation sociopolitique et de citoyenneté active et il peut faciliter la circulation d’une information indépendante capable de protéger efficacement les personnes les plus vulnérables en révélant au grand jour les violations de leurs droits. Dans de nombreux pays, internet et les réseaux sociaux représentent désormais un lieu incontournable pour atteindre les jeunes et les faire participer, notamment aux initiatives et aux activités pastorales ».[40]88. Mais pour comprendre ce phénomène dans son intégralité, il faut reconnaître que, comme toute réalité humaine, il comporte des limites et des carences. Il n’est pas sain de confondre la communication avec le contact purement virtuel. De fait, « le monde numérique est aussi un espace de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence, jusqu’au cas extrême du dark web. Les médias numériques peuvent exposer au risque de dépendance, d’isolement et de perte progressive de contact avec la réalité concrète, entravant ainsi le développement d’authentiques relations interpersonnelles. De nouvelles formes de violence se diffusent à travers les social media, comme le cyber bizutage ; le web est aussi un canal de diffusion de la pornographie et d’exploitation des personnes à des fins sexuelles ou par le biais des jeux de hasard ».[41]89. On ne devrait pas oublier que « de gigantesques intérêts économiques opèrent dans le monde numérique. Ils sont capables de mettre en place des formes de contrôle aussi subtiles qu’envahissantes, créant des mécanismes de manipulation des consciences et des processus démocratiques. Le fonctionnement de nombreuses plates-formes finit toujours par favoriser la rencontre entre les personnes qui pensent d’une même façon, empêchant de faire se confronter les différences. Ces circuits fermés facilitent la diffusion de fausses informations et de fausses nouvelles, fomentant les préjugés et la haine. La prolifération des fake news est l’expression d’une culture qui a perdu le sens de la vérité et qui soumet les faits à ses intérêts particuliers. La réputation des personnes est mise en danger par des procès sommaires online. Le phénomène concerne aussi l’Église et ses pasteurs ».[42]90. Dans un document qu’ont préparé trois cents jeunes du monde entier avant le Synode, ceux-ci ont indiqué que « les relations online peuvent devenir inhumaines. Les espaces numériques nous rendent aveugles à la vulnérabilité des autres et empêchent la réflexion personnelle. Des problèmes comme la pornographie déforment la perception que le jeune a de la sexualité humaine. La technologie utilisée de cette manière crée une réalité parallèle illusoire qui ignore la dignité humaine ».[43]L’immersion dans le monde virtuel a favorisé une sorte de “migration numérique”, c’est-à-dire un éloignement de la famille ainsi que des valeurs culturelles et religieuses, qui conduit beaucoup de personnes dans un monde de solitude et d’auto-invention, à tel point qu’elles font l’expérience d’un déracinement même si elles demeurent physiquement au même endroit. La vie nouvelle et débordante des jeunes, qui les pousse à chercher et à affirmer leur personnalité, est confrontée aujourd’hui à un nouveau défi : interagir avec un monde réel et virtuel dans lequel ils pénètrent seuls comme dans un continent global inconnu. Les jeunes d’aujourd’hui sont les premiers à faire cette synthèse entre ce qui est personnel, ce qui est propre à chaque culture et ce qui est global. C’est pourquoi il faut qu’ils parviennent à passer du contact virtuel à une bonne et saine communication. Les migrants comme paradigme de notre temps91. Comment ne pas se rappeler ces nombreux jeunes touchés par les migrations ? Les phénomènes migratoires ne représentent pas « une urgence transitoire. Les migrations peuvent advenir à l’intérieur même d’un pays ou bien entre des pays différents. La préoccupation de l’Église concerne en particulier ceux qui fuient la guerre, la violence, la persécution politique ou religieuse, les désastres naturels dus aux changements climatiques et à la pauvreté extrême : beaucoup d’entre eux sont jeunes. En général, ils sont en quête d’opportunités pour eux et pour leur famille. Ils rêvent d’un avenir meilleur et désirent créer les conditions de sa réalisation ».[44] Les migrants « nous rappellent la condition primitive de la foi, celle d’“étrangers et voyageurs sur la terre” (He 11, 13) ».[45]92. D’autres migrants « sont attirés par la culture occidentale, nourrissant parfois des attentes irréalistes qui les exposent à de lourdes déceptions. Des trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes, exploitent la faiblesse des migrants qui, au long de leur parcours, se heurtent trop souvent à la violence, à la traite des êtres humains, aux abus psychologiques et même physiques, et à des souffrances indicibles. Il faut signaler la vulnérabilité particulière des migrants non accompagnés et la situation de ceux qui sont contraints de passer de nombreuses années dans des camps de réfugiés ou qui restent longtemps bloqués dans les pays de transit, sans pouvoir poursuivre le cours de leurs études, ni exprimer leurs talents. Dans certains pays d’arrivée, les phénomènes migratoires suscitent des alarmes et des peurs, souvent fomentées et exploitées à des fins politiques. Une mentalité xénophobe, de fermeture et de repli sur soi se diffuse alors. Il faut réagir fermement à cela ».[46]93. « Les jeunes qui migrent vivent une séparation avec leur environnement d’origine et connaissent souvent un déracinement culturel et religieux. La fracture concerne aussi les communautés locales, qui perdent leurs éléments les plus vigoureux et entreprenants, et les familles, en particulier quand un parent migre, ou les deux, laissant leurs enfants dans leur pays d’origine. L’Église a un rôle important à jouer comme référence pour les jeunes de ces familles brisées. Mais les histoires des migrants sont aussi des histoires de rencontre entre personnes et cultures : pour les communautés et les sociétés d’accueil, ils représentent une opportunité d’enrichissement et de développement humain intégral de tous. Les initiatives d’accueil qui se rattachent à l’Eglise ont un rôle important de ce point de vue et peuvent revitaliser les communautés capables de les mettre en œuvre ».[47]94. « Grâce à la provenance variée des Pères, le Synode a vu confluer de nombreuses perspectives en ce qui concerne le thème des migrants, en particulier entre les pays de départ et les pays d’arrivée. En outre, on a entendu résonner le cri d’alarme des Églises dont les membres sont contraints de fuir la guerre et la persécution et qui voient ces migrations forcées comme une menace pour leur existence même. Le fait d’inclure en son sein toutes ces différentes perspectives met précisément l’Église en condition d’exercer un rôle prophétique vis-à-vis de la société en matière de migrations ». [48] Je demande en particulier aux jeunes de ne pas se laisser enrôler dans les réseaux de ceux qui veulent les opposer à d’autres jeunes qui arrivent dans leurs pays, en les présentant comme des êtres dangereux et comme s’ils n’étaient pas dotés de la même dignité inaliénable propre à chaque être humain. Mettre fin à tout genre d’abus95. Ces derniers temps, il a été demandé avec force que nous écoutions le cri des victimes des divers genres d’abus qu’ont commis certains évêques, prêtres, religieux et laïcs. Ces péchés provoquent chez leurs victimes « des souffrances qui peuvent durer toute la vie et auxquelles aucun repentir ne peut porter remède. Ce phénomène est très répanduÉ dans la société, et il touche aussi l’Église et représente un sérieux obstacle à sa mission ».[49] 96. Certes, le « fléau des abus sexuels sur mineurs est malheureusement un phénomène historiquement répandu dans toutes les cultures et toutes les sociétés », surtout au sein des familles mêmes et dans diverses institutions, dont l’ampleur a été révélée surtout « grâce au changement de sensibilité de l’opinion publique ». Mais « l’universalité de ce fléau, alors que se confirme son ampleur dans nos sociétés, n’atténue pas sa monstruosité à l’intérieur de l’Eglise » et « dans la colère légitime des personnes, l’Église voit un reflet de la colère de Dieu, trahi et frappé ».[50]97. « Le Synode réaffirme le ferme engagement en faveur de l’adoption de mesures rigoureuses de prévention pour empêcher que cela ne se reproduise, à partir de la sélection et de la formation de ceux auxquels seront confiés des tâches de responsabilité et d’éducation ».[51] En même temps, il ne faut pas négliger la décision d’appliquer les « mesures et sanctions si nécessaires ».[52]Et tout cela avec la grâce du Christ. Il n’y a pas de retour en arrière possible.98. « Il existe différents types d’abus : abus de pouvoir, abus économiques, abus de conscience, abus sexuels. Il est évident qu’il faut éradiquer les formes d’exercice de l’autorité sur lesquelles ils se greffent et lutter contre le manque de responsabilité et de transparence avec lequel de nombreux cas ont été gérés. Le désir de domination, le manque de dialogue et de transparence, les formes de double vie, le vide spirituel, ainsi que les fragilités psychologiques constituent le terrain sur lequel prospère la corruption ».[53] Le cléricalisme est une tentation permanente des prêtres, qui interprètent « le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service gratuit et généreux à offrir. Et cela conduit à croire appartenir à un groupe qui possède toutes les réponses et qui n’a plus besoin d’écouter et d’apprendre quoique ce soit, ou fait semblant d’écouter ».[54]Sans aucun doute, un esprit clérical expose les personnes consacrées à perdre le respect de la valeur sacrée et inaliénable de chaque personne et de sa liberté.
99. Avec les Pères synodaux, je voudrais exprimer avec affection et reconnaissance ma « gratitude envers ceux qui ont le courage de dénoncer le mal subi : ils aident l’Église à prendre conscience de ce qui s’est passé et de la nécessité de réagir fermement ».[55] Mais méritent également une reconnaissance spéciale « les efforts sincères d’innombrables laïques et laïcs, prêtres, personnes consacrées et évêques qui, chaque jour, se dépensent avec honneteté et dévouement au service des jeunes. Leur œuvre est une forêt qui grandit sans faire de bruit. Beaucoup de jeunes présents au Synode ont également manifesté leur gratitude pour ceux qui les ont accompagnés et ils ont rappelé le grand besoin de figures de référence ».[56]100. Grâce à Dieu, les prêtres qui commettent ces horribles crimes ne constituent pas la majorité qui exerce un ministère fidèle et généreux. Je demande aux jeunes de se laisser stimuler par cette majorité. En tout cas, quand vous voyez un prêtre en danger, parce qu’il a perdu la joie de son ministère, parce qu’il cherche des compensations affectives ou qu’il est en train de perdre le cap, ayez le courage de lui rappeler son engagement envers Dieu et avec son peuple, annoncez-lui, vous-mêmes, l’Évangile, et encouragez-le à rester sur le bon chemin. Ainsi, vous offrirez une aide inestimable pour une chose qui est fondamentale : la prévention qui permet d’éviter que ces atrocités se répètent. Ce nuage noir devient aussi un défi pour les jeunes qui aiment Jésus-Christ et son Eglise, car leur apport peut être important face à cette blessure s’ils mettent en jeu leur capacité de renouveler, de revendiquer, d’exiger cohérence et témoignage, de rêver de nouveau et de réinventer.101. Ce n’est pas le seul péché des membres de l’Eglise, dont l’histoire connaît les ombres. Nos péchés sont à la vue de tous ; ils se reflètent sans pitié dans les rides du visage millénaire de notre Mère et Maîtresse. En effet, elle marche depuis deux mille ans, en partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes »[57]. Et elle marche telle qu’elle est, sans recourir à des chirurgies esthétiques. Elle ne craint pas de montrer les péchés de ses membres, que certains d’entre eux tentent parfois de dissimuler, à la lumière brûlante de la Parole de l’Évangile qui lave et purifie. Elle ne se lasse pas non plus de réciter chaque jour, honteuse : « Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse […]. Ma faute est devant moi sans relâche » (Ps 51, 3.5). Mais souvenons-nous qu’on n’abandonne pas une Mère lorsqu’elle est blessée, mais on l’accompagne pour qu’elle trouve en elle toute sa force et sa capacité de toujours recommencer. 102. Au milieu de ce drame qui, à juste titre, nous blesse l’âme, « le Seigneur Jésus, qui n’abandonne jamais son Église, lui offre la force et les instruments pour un nouveau chemin ».[58] Ainsi, ce moment difficile, « avec l’aide précieuse des jeunes, peut véritablement être l’occasion d’une réforme de portée historique »,[59] pour déboucher sur une nouvelle Pentecôte et inaugurer une étape de purification et de changement qui confère à l’Église une nouvelle jeunesse. Mais les jeunes pourront aider beaucoup plus s’ils se sentent de tout cœur membres du « saint et patient peuple fidèle de Dieu, soutenu et vivifié par l’Esprit Saint », car « ce sera précisément ce saint peuple de Dieu qui nous libérera du fléau du cléricalisme, terrain fertile de toutes ces abominations ».[60]Il y a une issue103. Dans ce chapitre, je me suis arrêté pour regarder la réalité des jeunes dans le monde actuel. Certains autres aspects apparaîtront dans les chapitres suivants. Comme je l’ai déjà dit, je ne prétends pas être exhaustif par cette analyse. J’exhorte les communautés à examiner, avec respect et sérieux, leur réalité la plus proche concernant la jeunesse, afin de pouvoir discerner les voies pastorales les plus adéquates. Cependant, je ne veux pas terminer ce chapitre sans m’adresser à chacun de vous.104. Je te rappelle la bonne nouvelle que le matin de la Résurrection nous a offert : à savoir qu’il y a une issue à toutes les situations difficiles ou douloureuses que nous avons mentionnées. Par exemple, il est vrai que le monde numérique peut t’exposer au risque du repli sur soi, de l’isolement ou du plaisir vide. Mais n’oublie pas qu’il y a des jeunes qui sont aussi créatifs, et parfois géniaux, dans cet environnement. C’est ce que faisait le jeune Vénérable Carlo Acutis.105. Il savait très bien que ces mécanismes de la communication, de la publicité et des réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faire de nous des êtres endormis, dépendants de la consommation et des nouveautés que nous pouvons acquérir, obsédés du temps libre et prisonniers de la négativité. Cependant, il a été capable d’utiliser les nouvelles techniques de communication pour transmettre l’Évangile, pour communiquer valeurs et beauté.106. Il n’est pas tombé dans le piège. Il voyait que beaucoup de jeunes, même s’ils semblent différents, finissent en réalité par se ressembler, en courant derrière ce que les puissants leur imposent à travers les mécanismes de consommation et d’abrutissement. C’est ainsi qu’ils ne laissent pas jaillir les dons que le Seigneur leur a faits ; ils n’offrent pas à ce monde ces talents si personnels et si uniques que le Seigneur a semés en chacun. Ainsi, disait Carlo, il arrive que “tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies”. Ne permets pas que cela t’arrive !107. Ne permets pas qu’ils te volent l’espérance et la joie, qu’ils te rendent toxicodépendant pour t’utiliser comme esclave de leurs intérêts. Ose être davantage, car ta personne est plus importante que quoi que ce soit. Il ne te sert à rien d’avoir ou de paraître. Tu peux arriver à être ce que Dieu, ton Créateur, sait que tu es, si tu reconnais que tu es appelé à beaucoup. Invoque l’Esprit Saint et marche avec confiance vers le grand but : la sainteté. Ainsi, tu ne seras pas une photocopie. Tu seras pleinement toi-même. 108. Pour cela, tu as besoin de savoir une chose fondamentale : la jeunesse, ce n’est pas seulement la recherche de plaisirs passagers et de succès superficiels. Pour que la jeunesse atteigne sa finalité dans le parcours de ta vie, elle doit être un temps de don généreux, d’offrande sincère, de sacrifice qui coûtent mais qui nous rendent féconds.
C’est comme disait le poète :
“Si pour retrouver ce que j’ai retrouvé j’ai d’abord dû perdre ce que j’ai perdu, si pour obtenir ce que j’ai obtenu j’ai dû supporter ce que j’ai supporté, Si pour être à présent tombé amoureux j’ai dû être blessé, j’estime qu’il est bon d’avoir souffert ce que j’ai souffert j’estime qu’il est bon d’avoir pleuré ce que j’ai pleuré. Car après tout je me suis rendu compte qu’on ne savoure bien ce qui est appréciable qu’après en avoir souffert. Car après tout j’ai compris que ce que l’arbre a de fleuri ne vit que de ce qu’il a
d’enseveli ”.[61]109. Si tu es jeune en âge, mais si tu te sens faible, fatigué ou désabusé, demande à Jésus de te renouveler. Avec lui, l’espérance ne manque pas. Tu peux faire de même si tu te sens submergé par les vices, les mauvaises habitudes, l’égoïsme ou le confort malsain. Jésus, plein de vie, veut t’aider pour qu’être jeune en vaille la peine. Ainsi tu ne priveras pas le monde de cette contribution que toi seul peux lui apporter, en étant unique et hors pair comme tu es.110. Cependant, je voudrais te rappeler également qu’« il est très difficile de lutter contre notre propre concupiscence ainsi que contre les embûches et les tentations du démon et du monde égoïste, si nous sommes trop isolés. Le bombardement qui nous séduit est tel que, si nous sommes trop seuls, nous perdons facilement le sens de la réalité, la clairvoyance intérieure, et nous succombons ».[62] Cela vaut en particulier pour les jeunes, parce que, unis, vous avez une force admirable. Quand vous vous enthousiasmez pour une vie communautaire, vous êtes capables de grands sacrifices pour autrui et pour la communauté. Par contre, l’isolement vous affaiblit et vous expose aux pires maux de notre temps.
Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères.
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