coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13302 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 9/Le Pharisien et le publicain (Luc 18,10/ Dim 23 Oct - 11:25 | |
| Analyse. - 1. L'humilité enseignée par l'exemple du Publicain, et l'orgueil condamné par l'exemple du Pharisien. - 2. L'humilité est de nouveau exaltée par l'exemple de la Chananéenne. 1. Nous venons de voir, mes frères bien. aimés, le portrait de deux hommes bien différents; l'Evangile, dont vous avez entendu la lecture, nous représente un homme humble et un homme orgueilleux, celui-là rempli de mépris, celui-ci rempli d'estime pour lui-même; l'un confessant librement et l'autre refusant de confesser ses fautes; l'un s'accusant et implorant sa guérison, l'autre se justifiant et prétendant n'avoir pas besoin d'être guéri. «Deux hommes», dit le texte sacré, «montèrent au temple pour y prier, un «Publicain et un Pharisien (1)». Le Pharisien, enflé, rempli d'orgueil et de superbe, bien loin de s'humilier extérieurement et d'incliner son front, promenait autour de lui un regard plein de fierté; puis de sa poitrine s'échappa, non pas cette prière, mais ce discours imprégné du plus insultant mépris à l'égard de ses semblables: «O Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont injustes, adultères, voleurs; ni même comme ce Publicain. Je jeûne deux fois la semaine et je donne la dîme de tout ce que je possède (2)». O enflure du coeur! O esprit gonflé par l'orgueil et devenu insensé! «de vous rends grâces, ô Dieu», dit-il, «de ce que je ne suis point comme les autres hommes». Comme s'il eût dit à Dieu. Je vous rends grâce de ce que je ne me suis rendu coupable d'aucune faute contre vous; je ne trouve rien en moi dont je doive vous demander pardon; je suis parfaitement sain et n'ai aucun sujet d'implorer votre miséricorde. Quelle assurance, quelle témérité audacieuse, mes frères, de la part de ce Pharisien! et, pour parler le langage de la stricte vérité, quelle démence inouïe! «Je ne suis point comme les autres hommes», dit-il à celui qui connaît le coeur de tous, et au médecin qui découvre la corruption la plus secrète du coeur: je n'éprouve aucune douleur. Confesse, ô Pharisien malheureux, confesse tes péchés, si tu veux obtenir ta guérison; tant que tu chercheras à déguiser les plaies de ton âme, tu ne réussiras qu'à les rendre à la fois plus larges et plus profondes. En même temps qu'il s'excuse, il accuse les autres; en même temps qu'il se proclame innocent, il prononce contre les autres un verdict de culpabilité. O fureur, ô délire, ô orgueil digne des plus grands châtiments! Dieu est prêt à pardonner, et le coupable se hâte d'aller au-devant de la miséricorde pour la repousser. Le médecin apporte un remède propre à guérir les plaies les plus invétérées et à rendre la santé, et le malade, couvert à la fois de la lèpre du péché et en proie à la fièvre d'un orgueil délirant, s'empresse de cacher ses plaies purulentes. Hélas! combien nous-mêmes n'en voyons-nous pas aujourd'hui qui se comportent de la même manière! Le Publicain, au contraire, con fessant humblement la multitude et l'énormité de ses péchés, priait en ces termes «O mon Dieu, soyez-moi propice, à moi qui ne suis qu'un pécheur (1)». L'humilité du Publicain lui mérite d'être purifié, d'être justifié à l'instant où il prononce ces paroles «O mon Dieu, soyez-moi propice». Ainsi le Pharisien, plein d'orgueil et de superbe, descend du temple chargé du poids de sa propre condamnation; au lieu que le Publicain, au moment même où il y entrait, avait déjà mérité par son humilité que Dieu abaissât sur lui un regard favorable. Le pécheur humble est accueilli avec miséricorde, tandis que l'innocent orgueilleux est frappé d'anathème. Dieu pardonne gratuitement au premier ses péchés, alors que le second se glorifie pour son malheur d'avoir donné régulièrement la dîme de ses biens. Car le Pharisien disait: «Je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes». Par ces paroles il se proclamait innocent de tout péché, et en réalité il ployait sous le fardeau de ses crimes passés, auxquels il ajoutait celui d'accuser tous les hommes qui étaient alors sur la terre. O homme, pourquoi te glorifier ainsi, comme si tu avais accompli toi seul ces oeuvres de miséricorde? Comment oses-tu en revendiquer le mérite et t'en attribuer la propriété exclusive, alors que tu ne t'appartiens pas à toi-même, mais à une puissance supérieure? Oui, tu accomplis ces oeuvres, et tu fais bien en les accomplissant, persévère dans cette voie; mais accomplis-les avec humilité, si tu veux mériter d'en recevoir un jour la récompense. 2. Nous avons entendu, ô mes vénérés frères, quand on nous a lu un certain passage des saintes lettres de l'Evangile; nous avons entendu l'histoire de cette femme chananéenne qui mérita, par son humilité, de recevoir la faveur signalée qu'elle sollicitait; nous l'avons vue, cette femme, prosternée la face contre terre, serrant dans ses mains tremblantes les pieds de Jésus et s'écriant: «Seigneur, secourez-moi. Jésus lui répond «II n'est pas bon de prendre le pain des «enfants et de le jeter aux chiens (2)». Bien loin de recevoir ce reproche avec aigreur et de dire par exemple: Ne me comparez pas à une chienne; s'il ne vous plaît pas de m'accorder la faveur que je sollicite, dispensez-vous du moins de m'adresser une injure; bien loin, dis-je, de s'exprimer ainsi, elle ne répond que ce seul mot inspiré par la plus profonde humilité: «Oui, Seigneur, il est vrai (1)». Qu'est-ce à dire: Il est vrai? Ces mots signifient: Oui, Seigneur, ce que vous dites est vrai; je confesse que je suis une chienne, ou plutôt je reconnais qui je suis et qui vous êtes. Je suis la plus misérable des créatures, et vous êtes, vous, la source même de la miséricorde. Je reconnais que je suis une chienne, puisque je viens de lécher vos pieds après les avoir arrosés de mes larmes; mais par là même que je vous reconnais pour le Dieu véritable, je ne dois point me retirer sans avoir rien obtenu de vous.
Je reconnais pour mes maîtres ceux que vous appelez vos enfants. C'est pourquoi, puisque je ne suis point digne de m'asseoir avec eux à votre table, permettez-moi du moins de recueillir les miettes qui tombent de cette table; car «les chiens mangent au moins les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres (2)». Et le Seigneur différait le bienfait qu'il voulait accorder, en sorte que ses disciples lui dirent: «Renvoyez-la, car elle crie derrière nous (3)»; le Seigneur, dis-je, différait ce bienfait parce qu'il voulait rendre plus éclatantes et nous proposer comme modèle l'humilité et la foi de cette femme qui lui étaient connues depuis longtemps. Il lui répond en ces termes: «O femme, votre foi est grande (4)». Vous avez été longtemps une chienne, vous êtes maintenant une femme; vous avez été longtemps une Chananéenne, vous êtes maintenant d'une foi exemplaire. Qu'y a-t-il en cela d'étonnant? Elle a cru et elle est devenue tout à fait différente de ce qu'elle était. «O femme», lui dit le Sauveur, «votre foi est grande». Pour cette raison, «qu'il vous soit fait comme vous désirez (5)». Et sa fille fut guérie à l'heure même. Telle fut, dans une femme chananéenne, la puissance de l'humilité; tels furent aussi les fruits de justice conférés au Publicain confessant ses péchés; car «quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé (6)». «Dieu, en effet, résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles (7)». | |
|