coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Sujet /37/Mariage/L'Amour dans la famille/Accompagner dans les premières années de la vie matrimoniale/ Lun 16 Jan - 0:42 | |
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Accompagner dans les premières années de la vie matrimoniale
217/ Nous devons reconnaître comme une grande valeur qu’on comprenne que le mariage est une question d’amour, que seuls peuvent se marier ceux qui se choisissent librement et s’aiment. Toutefois, lorsque l’amour devient une pure attraction ou un sentiment vague, les conjoints souffrent alors d’une très grande fragilité quand l’affectivité entre en crise ou que l’attraction physique décline. Étant donné que ces confusions sont fréquentes, il s’avère indispensable d’accompagner les premières années de la vie matrimoniale pour enrichir et approfondir la décision consciente et libre de s’appartenir et de s’aimer jusqu’à la fin. Bien des fois, le temps des fiançailles n’est pas suffisant, la décision de se marier est précipitée pour diverses raisons, et, de surcroît, la maturation des jeunes est tardive. Donc, les jeunes mariés doivent compléter ce processus qui aurait dû avoir été réalisé durant les fiançailles.
218/ D’autre part, je voudrais insister sur le fait qu’un défi de la pastorale matrimoniale est d’aider à découvrir que le mariage ne peut se comprendre comme quelque chose d’achevé. L’union est réelle, elle est irrévocable, et elle a été confirmée et consacrée par le sacrement de mariage. Mais en s’unissant, les époux deviennent protagonistes, maîtres de leur histoire et créateurs d’un projet qu’il faut mener à bien ensemble. Le regard se dirige vers l’avenir qu’il faut construire quotidiennement, avec la grâce de Dieu, et pour cela même, on n’exige pas du conjoint qu’il soit parfait. Il faut laisser de côté les illusions et l’accepter tel qu’il est : inachevé, appelé à grandir, en évolution. Lorsque le regard sur le conjoint est constamment critique, cela signifie qu’on n’a pas assumé le mariage également comme un projet à construire ensemble, avec patience, compréhension, tolérance et générosité. Cela conduit à ce que l’amour soit peu à peu substitué par un regard inquisiteur et implacable, par le contrôle des mérites et des droits de chacun, par les réclamations, la concurrence et l’autodéfense. Ainsi, les conjoints deviennent incapables de se prendre en charge l’un l’autre pour la maturation des deux et pour la croissance de l’union. Il faut montrer cela aux jeunes couples avec une clarté réaliste dès le départ, en sorte qu’ils prennent conscience du fait qu’‘‘ils sont en train de commencer’’. Le oui qu’ils ont échangé est le début d’un itinéraire, avec un objectif capable de surmonter les aléas liés aux circonstances et les obstacles qui s’interposent. La bénédiction reçue est une grâce et une impulsion pour ce parcours toujours ouvert. D’ordinaire, s’asseoir pour élaborer un projet concret dans ses objectifs, ses instruments, ses détails, les aide.
219/Je me rappelle un proverbe qui disait que l’eau stagnante se corrompt, se détériore. C’est ce qui se passe lorsque cette vie d’amour au cours des premières années de mariage stagne, cesse d’être en mouvement, cesse d’avoir cette mobilité qui la fait avancer. La danse qui fait avancer grâce à cet amour jeune, la danse avec ces yeux émerveillés vers l’espérance, ne doit pas s’arrêter. Au cours des fiançailles et des premières années de mariage, l’espérance est ce qui donne la force du levain, ce qui fait regarder au-delà des contradictions, des conflits, des conjonctures, ce qui fait toujours voir plus loin. Elle est ce qui suscite toute préoccupation pour se maintenir sur un chemin de croissance. La même espérance nous invite à vivre à plein le présent, le cœur tout à la vie familiale, car la meilleure manière de préparer et de consolider l’avenir est de bien vivre le présent.
220/ Le parcours implique de passer par diverses étapes qui invitent à se donner généreusement : de l’impact des débuts caractérisé par une attraction nettement sensible, on passe au besoin de l’autre, perçu comme une partie de sa propre vie. De là, on passe au plaisir de l’appartenance mutuelle, ensuite à la compréhension de la vie entière comme un projet à deux, à la capacité de mettre le bonheur de l’autre au-dessus de ses propres besoins, et à la joie de voir son propre couple comme un bien pour la société. La maturation de l’amour implique aussi d’apprendre à ‘‘négocier’’. Ce n’est pas une attitude intéressée ou un jeu de type commercial, mais en définitive un exercice de l’amour mutuel, car cette négociation est un mélange d’offrandes réciproques et de renoncements pour le bien de la famille. À chaque nouvelle étape de la vie matrimoniale, il faut s’asseoir pour renégocier les accords, de manière qu’il n’y ait ni vainqueurs ni perdants mais que les deux gagnent. Dans le foyer, les décisions ne se prennent pas unilatéralement, et les deux partagent la responsabilité de la famille, cependant chaque foyer est unique et chaque synthèse matrimoniale est différente.
221/ L’une des causes qui conduisent à des ruptures matrimoniales est d’avoir des attentes trop élevées sur la vie conjugale. Lorsqu’on découvre la réalité, plus limitée et plus difficile que ce que l’on avait rêvé, la solution n’est pas de penser rapidement et de manière irresponsable à la séparation, mais d’assumer le mariage comme un chemin de maturation, où chacun des conjoints est un instrument de Dieu pour faire grandir l’autre. Le changement, la croissance, le développement des bonnes potentialités que chacun porte en lui, sont possibles. Chaque mariage est une ‘‘histoire de salut’’, et cela suppose qu’on part d’une fragilité qui, grâce au don de Dieu et à une réponse créative et généreuse, fait progressivement place à une réalité toujours plus solide et plus belle. Peut-être la plus grande mission d’un homme et d’une femme dans l’amour est-elle celle de se rendre l’un l’autre plus homme ou plus femme. Faire grandir, c’est aider l’autre à se mouler dans sa propre identité. Voilà pourquoi l’amour est artisanal. Lorsqu’on lit le passage de la Bible sur la création de l’homme et de la femme, on voit Dieu qui façonne d’abord l’homme ( Genèse 2, 7), puis qui s’aperçoit qu’il manque quelque chose d’essentiel et crée la femme ; et alors il constate la surprise de l’homme : ‘‘Ah ! maintenant oui, celle-ci oui !’’. Et ensuite il semble écouter ce beau dialogue où l’homme et la femme se découvrent progressivement. Car même dans les moments difficiles, l’autre surprend encore et de nouvelles portes s’ouvrent pour les retrouvailles, comme si c’était la première fois ; et à chaque nouvelle étape, ils se ‘‘façonnent’’ de nouveau mutuellement. L’amour fait qu’on attend l’autre et qu’on exerce cette patience propre à l’artisan héritier de Dieu.
222/ L’accompagnement doit encourager les époux à être généreux dans la communication de la vie : « Conformément au caractère personnel et humainement complet de l’amour conjugal, la bonne voie pour la planification familiale est celle d’un dialogue consensuel entre les époux, du respect des rythmes et de la considération de la dignité du partenaire. En ce sens, l’Encyclique (l'Encyclique Humanae vitae (numéro 10-14) et l’Exhortation Apostolique (Familiaris consortio (numéro 14, ; 28 - 35) doivent être redécouvertes afin de [combattre] une mentalité souvent hostile à la vie. […]. Le choix responsable de devenir parents présuppose la formation de la conscience, qui est ‘‘le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre’’ (Gaudium et spes numéro 16,). Plus les époux cherchent à écouter Dieu et ses commandements dans leur conscience ( Romains 2,15) et se font accompagner spirituellement, plus leur décision sera intimement libre vis-à-vis d’un choix subjectif et de l’alignement sur les comportements de leur environnement ». Ce que le Concile Vatican II a exprimé avec clarté est encore valable : « D’un commun accord et d’un commun effort, [les époux] se formeront un jugement droit : ils prendront en considération à la fois et leur bien et celui des enfants déjà nés ou à naître ; ils discerneront les conditions aussi bien matérielles que spirituelles de leur époque et de leur situation ; ils tiendront compte enfin du bien de la communauté familiale, des besoins de la société temporelle et de l’Église elle-même. Ce jugement, ce sont en dernier ressort les époux eux-mêmes qui doivent l’arrêter devant Dieu ». D’autre part, « le recours aux méthodes fondées sur les ‘‘rythmes naturels de fécondité’’ (Humanae vitae numéro 11,) devra être encouragé. On mettra en lumière que ‘‘ces méthodes respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l’éducation d’une liberté authentique’’ (Catéchisme de l’Église catholique numéro 2370,). Il faut toujours mettre en évidence le fait que les enfants sont un don merveilleux de Dieu, une joie pour les parents et pour l’Église. À travers eux, le Seigneur renouvelle le monde ». Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères. | |
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