coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13252 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Page /26/ Pape François/Des jeunes avec des racines / Sam 8 Juil - 21:37 | |
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179. J’ai parfois vu de jeunes arbres, beaux, cherchant toujours davantage à élever leurs branches vers le ciel, et qui ressemblaient à un chant d’espérance. Plus tard, après une tempête, je les ai vus tombés, sans vie. C’est parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de racines ; ils avaient déployé leurs branches sans bien s’enraciner dans la terre et ils ont cédé aux assauts de la nature. C’est pourquoi je souffre de voir que certains proposent aux jeunes de construire un avenir sans racines, comme si le monde commençait maintenant. Car « il est impossible que quelqu’un grandisse s’il n’a pas de racines fortes qui aident à être bien debout et enraciné dans la terre. Il est facile de se disperser, quand on n’a pas où s’attacher, où se fixer ».[98]Qu’ils ne t’arrachent pas de la terre180. Ce n’est pas une question secondaire, et il me semble bon d’y consacrer un bref chapitre. Comprendre cela permet de distinguer la joie de la jeunesse d’un faux culte à la jeunesse que quelques-uns utilisent pour séduire les jeunes et les utiliser à leurs fins.181. Pensez à cela : si quelqu’un vous fait une proposition et vous dit d’ignorer l’histoire, de ne pas reconnaître l’expérience des aînés, de mépriser le passé et de regarder seulement vers l’avenir qu’il vous propose, n’est-ce pas une manière facile de vous piéger avec sa proposition afin que vous fassiez seulement ce qu’il vous dit ? Cette personne vous veut vides, déracinés, méfiants de tout, pour que vous ne fassiez confiance qu’à ses promesses et que vous vous soumettiez à ses projets. C’est ainsi que fonctionnent les idéologies de toutes les couleurs, qui détruisent (ou dé-construisent) tout ce qui est différent et qui, de cette manière, peuvent régner sans opposition. Pour cela elles ont besoin de jeunes qui méprisent l’histoire, qui rejettent la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations, qui ignorent tout ce qui les a précédés.182. En même temps, les manipulateurs utilisent d’autres moyens : une vénération de la jeunesse, comme si tout ce qui n’est pas jeune était détestable et caduque. Le corps jeune devient le symbole de ce nouveau culte, et donc tout ce qui a rapport avec ce corps est idolâtré, désiré sans limites ; et ce qui n’est pas jeune est regardé avec mépris. Mais c’est une arme qui, surtout, finit par dégrader les jeunes eux-mêmes, les vide des vraies valeurs, les utilise pour obtenir des avantages personnels, économiques ou politiques.183. Chers jeunes, n’acceptez pas qu’on utilise votre jeunesse pour favoriser une vie superficielle qui confond beauté et apparence. Il est mieux que vous sachiez découvrir qu’il y a de la beauté chez le travailleur qui rentre chez lui sale et décoiffé, mais avec la joie d’avoir gagné le pain pour ses enfants. Il y a une beauté extraordinaire dans la communion de toute une famille à table, et dans le pain partagé avec générosité, même si la table est très pauvre. Il y a de la beauté chez l’épouse mal coiffée et un peu âgée qui reste à s’occuper de son mari malade, au-delà de ses forces et de sa propre santé. Même si le printemps des fiançailles est passé, il y a de la beauté dans la fidélité des couples qui s’aiment à l’automne de leur vie, et chez ces vieillards qui marchent de pair. Il y a de la beauté, au-delà des apparences et de l’esthétique en vogue, en tout homme et en toute femme qui vit avec amour sa vocation personnelle, dans le service désintéressé de la communauté, de la patrie, dans le travail anonyme et gratuit pour rétablir l’amitié sociale. Découvrir, montrer et mettre en avant cette beauté, qui ressemble à celle du Christ sur la croix, c’est poser les fondations de la véritable solidarité sociale et de la culture de la rencontre.184. Avec les stratégies du faux culte de la jeunesse et de l’apparence, on promeut aujourd’hui une spiritualité sans Dieu, une affectivité sans communauté et sans engagement envers ceux qui souffrent, une crainte des pauvres vus comme des personnes dangereuses, et une série d’offres qui prétendent vous créer un avenir paradisiaque qui sera sans cesse reporté à plus tard. Je ne veux pas vous proposer cela, et, avec toute mon affection, je veux vous mettre en garde de ne pas vous laisser dominer par cette idéologie qui ne vous rendra pas davantage jeunes, mais qui fera de vous des esclaves. Je vous propose un autre chemin, fait de liberté, d’enthousiasme, de créativité, d’horizons nouveaux, mais en cultivant en même temps ces racines qui nourrissent et soutiennent.185. Dans ce sens, je veux souligner que « de nombreux Pères synodaux provenant de milieux non occidentaux signalent que, dans leurs pays, la mondialisation porte en elle d’authentiques formes de colonisation culturelle, qui déracinent les jeunes des appartenances culturelles et religieuses dont ils proviennent. Un engagement de l’Église est nécessaire pour les accompagner dans ce passage sans qu’ils perdent les traits les plus précieux de leur identité ».[99]186. Nous voyons aujourd’hui une tendance à homogénéiser les jeunes, à dissoudre les différences propres à leur lieu d’origine, à les transformer en êtres manipulables, fabriqués en série. Il se produit ainsi une destruction culturelle qui est aussi grave que la disparition des espèces animales et végétales.[100] C’est pourquoi, dans un message aux jeunes indigènes réunis à Panama, je les ai exhortés à « assumer leurs racines, parce que c’est des racines que vient la force qui vous fera grandir, fleurir, porter des fruits ».[101]
Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères.
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