Qu'est-ce que l'avenir nous réserve Seul Dieu le sait. En écoutant la vidéo, j'aime beaucoup quand la dame dit au Dr Patrick Vinay : "C'est une grâce d'accompagner quelqu'un." Cette petite phrase a séduit mon coeur, en me rappelant un de mes faits vécus. Si je me guide sur mon expérience d'accompagnement, j'aurais le goût d'écrire que pour devenir une personne qui accompagne quelqu'un qui vit ses derniers moments, il faut avant tout que nous-même soyons accompagné par Dieu qui est Don de chacune de nos vies. Notre mission comme accompagnateur(trice), c'est de reproduire chez les personnes qui souffrent soit au début de leur vie ou au dernier moment de leur vie que l'on appelle fin de vie:c'est de reproduire La Présence de l'Amour Compassion du Christ auprès des personnes qui souffrent y compris des personnes qui se retrouve en fin de vie.
Comme j'ai fait de l'accompagnement sur le terrain des grandes souffrances de la vie, je comprends en profondeur l'importance de l'accompagnement, non seulement en fin de vie mais pour plusieurs personnes qui en éprouvent un immense besoin tout au long de leur parcours de vie, et autant les jeunes qui commencent leur vie de jeunes adultes, mais qui très malheureusement n'ont pas été aimés durant leur vie d'enfance.
Pour avoir cette grâce de l'accompagnement, il faut commencer par accueillir le Pardon et l'Amour de Dieu, car c'est Lui Seul qui, par le Don de Son Pardon, ensemence en nous la grâce d'accompagner les personnes qui souffrent comme Lui-Même nous a accompagné. Si chaque personne qui accompagne des personnes qui souffrent tout au long de leur vie ou qui sont en fin de vie, pouvait les accompagner à l'exemple de Jésus avec la Samaritaine au Puits de Jacob, alors l'aide à mourir n'existerait sûrement pas comme elle existe aujourd'hui.
Voici un fait vécu qui exprime vraiment le sens profond de l'accompagnement, où c'est l'amour qui accompagne comme c'est le coeur qui aime et qui écoute, à l'exemple de Jésus au Puits de Jacob, qui est allé au-delà des apparences. Je me souviendrai toujours de mes premières visites dans les Centres Hospitaliers. La première des choses que j'ai remarquée, c'est le crucifix juste au-dessus du lit de chaque personne malade. On voyait le Christ cloué sur une croix, mais aujourd'hui il n'y a plus rien, tout a disparu, même à l'Assemblée Nationale. En y réfléchissant, j'ai compris que si le crucifix avait disparu du mur, il n'avait pas disparu dans le lit où Jésus-Christ est et sera toujours présent dans chaque personne malade. Ça, il ne faut jamais l'oublier.
Un jour, j'ai reçu une demande pour aller donner la communion dans un foyer où il y avait 9 patients(es) en fin de vie. Sur les 9 patients, il y en avait une qui était toujours enfermée dans sa chambre, mais je ne savais pas pourquoi ; je l'ai appris par moi-même, sans que personne me dise pourquoi. Je suis allé frapper à la porte de sa chambre et la dame m'a ouvert la porte en pleurant et en me disant : J'ai hâte de mourir, Monsieur. Ha, Mon Dieu, viens me chercher! J'ai pris le temps qu'il fallait et non le temps que j'avais, pour l'écouter comme Jésus avait écouté la Samaritaine. J'entendais un bruit dans sa chambre, mais je ne savais pas trop d'où ça venait. J'ai demandé à la dame si elle aussi entendait le bruit que j'entendais. Elle me répondit en pleurant : Le bruit, c'est en moi, c'est pour cela que je reste tout le temps dans ma chambre car les personnes n'aiment pas entendre ce bruit. La pauvre dame pleurait.
Je la regardais en la prenant par la main et je lui dis : Moi, je vous aime, et le bruit ne me dérange pas ; oui, je vous le redis, je vous aime et je vous promets de revenir vous voir, vous ne serez plus seule, nous allons être trois, moi, vous et Jésus. À ma très grande surprise, la dame attrapa le fou-rire et elle me dit : Vous êtes le premier à m'avoir dit que vous m'aimez, et que mon bruit ne vous dérange pas. Ensuite elle me dit : Comme ça vous allez revenir me voir. . . Je lui répondis : Oui, je vous le promets de tout mon coeur
Comme c'est drôle, la vie. Dans les jours qui ont suivi, je suis revenu au foyer et la responsable m'a dit que la dame avait été transportée d'urgence à l'hôpital. Je me suis rendu à l'hôpital pour lui rendre visite. Quand elle m'a vu arriver, elle était toute surprise de me voir. Elle était tout sourire toute joie de me voir, puis elle me dit : Je pensais ne jamais vous revoir, surtout à l'hôpital, pour moi c'est un vrai miracle,c'est le plus beau souvenir que Dieu me permet de vivre avant de mourir. Après être resté une heure en sa présence, je lui promis de revenir.
Avant de partir, elle me dit : Je ne m'attendais pas du tout à votre visite à l'hôpital. Elle poursuivit le dialogue en me disant : Depuis notre première rencontre au foyer, je ne vous ai jamais oublié, surtout quand vous m'avez dit que le bruit qui sortait de mes poumons ne vous dérangeait pas et que ma personne était plus importante que ma maladie qui provoquait ce bruit dans mon corps ; ça, je ne l'oublierai jamais, surtout quand vous m'avez dit : Madame, je vous aime, si ça ne vous dérange pas trop, je vais revenir vous voir avec plaisir.
Quand je suis parti, en m'éloignant très lentement, j'ai tourné le dos vers elle avant d'entrer dans l'ascenseur, et elle me fit un signe de la main avec un beau sourire. Cette rencontre fut pour moi une leçon de vie qui m'a fait comprendre l'importance d'acompagner les personnes qui sont malades. Je me suis toujours demandé pourquoi les responsables du foyer n'ont pas pensé à apprivoiser les autres pensionnaires afin d'éviter à cette dame de se retrouver seule jour et nuit dans sa pauvre petite chambre.
Personnellement j'ai été responsable d'un foyer de 9 personnes avec un handicap physique et mental, et pourtant j'ai apprivoisé chaque personne pour que tous puissent s'accueillir en acceptant la différence, la pauvreté, la richesse, et les limites de chaque personne. Malheureusement, aujourd'hui en 2024, on entend beaucoup trop parler de l'aide à mourir, de l'avortement, du suicide assisté, et du suicide causé par l'alcool et la consommation de cannabis, du fémicide, mais les soins palliatifs, on en entend parler de moins en moins, nous sommes en train de perdre le vrai sens de la vie. Qu'est-ce que l'avenir nous réserve Seul Dieu le sait.