" La grâce du Saint-Esprit "
La grâce du Saint-Esprit propre à ce sacrement est celle d’une configuration au Christ Prêtre, Maître et Pasteur dont l’ordonné est constitué le ministre. Pour l’évêque, c’est d’abord une grâce de force (" L’Esprit qui fait chefs " : Prière de consécration de l’évêque du rite latin – Pontificale Romanum.Celle de guider et de défendre avec force et prudence son Église comme un père et un pasteur, avec un amour gratuit pour tous et une prédilection pour les pauvres, les malades et les nécessiteux. Cette grâce le pousse à annoncer l’Evangile à tous, à être le modèle de son troupeau, à le précéder sur le chemin de la sanctification en s’identifiant dans l’Eucharistie avec le Christ Prêtre et Victime, sans craindre de donner sa vie pour ses brebis :
Accorde, Père qui connais les cœurs, à ton serviteur que tu as choisi pour l’épiscopat, qu’il fasse paître ton saint troupeau et qu’il exerce à ton égard le souverain sacerdoce sans reproche, en te servant nuit et jour ; qu’il rende sans cesse ton visage propice et qu’il offre les dons de ta sainte Église ; qu’il ait en vertu de l’esprit du souverain sacerdoce le pouvoir de remettre les péchés suivant ton commandement, qu’il distribue les charges suivant ton ordre et qu’il délie de tout lien en vertu du pouvoir que tu as donné aux apôtres ; qu’il te plaise par sa douceur et son cœur pur, en t’offrant un parfum agréable, par ton Enfant Jésus-Christ ... (Saint-Hippolyte).
Le don spirituel que confère l’ordination presbytérale est exprimé par cette prière propre au rite byzantin. L’évêque, en imposant la main, dit entre autres :Seigneur, remplis du don du Saint-Esprit celui que tu as daigné élever au degré du sacerdoce afin qu’il soit digne de se tenir sans reproche devant ton autel, d’annoncer l’Evangile de ton Royaume, d’accomplir le ministère de ta parole de vérité, de t’offrir des dons et des sacrifices spirituels, de renouveler ton peuple par le bain de la régénération ; de sorte que lui-même aille à la rencontre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, ton Fils unique, au jour de son second avènement, et qu’il reçoive de ton immense bonté la récompense d’une fidèle administration de son ordre.
Quant aux diacres, " la grâce sacramentelle leur donne la force nécessaire de servir le peuple de Dieu dans la ‘diaconie’ de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium ".
Devant la grandeur de la grâce et de la charge sacerdotales, les saints docteurs ont ressenti l’urgent appel à la conversion afin de correspondre par toute leur vie à Celui dont le sacrement les constitue les ministres. Ainsi, SAINT- Grégoire de Nazianze, tout jeune prêtre, s’écrie :Il faut commencer par se purifier avant de purifier les autres ; il faut être instruit pour pouvoir instruire ; il faut devenir lumière pour éclairer, s’approcher de Dieu pour en rapprocher les autres, être sanctifié pour sanctifier, conduire par la main et conseiller avec intelligence. Je sais de qui nous sommes les ministres, à quel niveau nous nous trouvons et quel est celui vers lequel nous nous dirigeons. Je connais la hauteur de Dieu et la faiblesse de l’homme, mais aussi sa force.
[Qui est donc le prêtre ? Il est] le défenseur de la vérité, il se dresse avec les anges, il glorifie avec les archanges, il fait monter sur l’autel d’en haut les victimes des sacrifices, il partage le sacerdoce du Christ, il remodèle la créature, il rétablit [en elle] l’image [de Dieu], il la recrée pour le monde d’en haut, et, pour dire ce qu’il y a de plus grand, il est divinisé et il divinise.
Et le saint Curé d’Ars : " C’est le prêtre qui continue l’œuvre de rédemption sur la terre " ... " Si l’on comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour " ... " Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus " (Nodet, Jean-Marie Vianney 100).
" Conclusion "
1/ Saint-Paul dit à son disciple Timothée : " Je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en toi par l’imposition de mes mains " (2 Tm 1, 6), et " celui qui aspire à la charge d’évêque, désire une noble fonction " (1 Tm 3, 1). A Tite, il disait : " Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour y achever l’organisation, et pour établir dans chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions " (Tt 1, 5).
2/ Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au Baptême, tous les fidèles participent au sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle " sacerdoce commun des fidèles ". Sur sa base et à son service existe une autre participation à la mission du Christ ; celle du ministère conféré par le sacrement de l’Ordre, dont la tâche est de servir au nom et en la personne du Christ-Tête au milieu de la communauté.
3/ Le sacerdoce ministériel diffère essentiellement du sacerdoce commun des fidèles parce qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de Dieu par l’enseignement (munus docendi), le culte divin (munus liturgicum) et par le gouvernement pastoral (munus regendi).
4/ Depuis les origines, le ministère ordonné a été conféré et exercé à trois degrés : celui des Évêques, celui des presbytres et celui des diacres. Les ministères conférés par l’ordination sont irremplaçables pour la structure organique de l’Église : Sans l’Evêque, les presbytres et les diacres, on ne peut parler d’Église (Saint- Ignace d’Antioche.
5/ L’Evêque reçoit la plénitude du sacrement de l’Ordre qui l’insère dans le Collège épiscopal et fait de lui le chef visible de l’Église particulière qui lui est confiée. Les Évêques, en tant que successeurs des Apôtres et membres du Collège, ont part à la responsabilité apostolique et à la mission de toute l’Église sous l’autorité du Pape, successeur de Saint- Pierre.
6/ Les presbytres sont unis aux évêques dans la dignité sacerdotale et en même temps dépendent d’eux dans l’exercice de leur fonctions pastorales ; ils sont appelés à être les coopérateurs avisés des Évêques ; ils forment autour de leur Evêque le " presbyterium " qui porte avec lui la responsabilité de l’Église particulière. Ils reçoivent de l’évêque la charge d’une communauté paroissiale ou d’une fonction ecclésiale déterminée.
7/ Les diacres sont des ministres ordonnés pour les tâches de service de l’Église ; ils ne reçoivent pas le sacerdoce ministériel, mais l’ordination leur confère des fonctions importantes dans le ministère de la Parole, du culte divin, du gouvernement pastoral et du service de la charité, tâches qu’ils doivent accomplir sous l’autorité pastorale de leur Evêque.
8/ Le sacrement de l’Ordre est conféré par l’imposition des mains suivie d’une prière consécratoire solennelle qui demande à Dieu pour l’ordinand les grâces du Saint Esprit requises pour son ministère. L’ordination imprime un caractère sacramentel indélébile.
9/ L’Église confère le sacrement de l’Ordre seulement à des hommes (viris) baptisés, dont les aptitudes pour l’exercice du ministère ont été dûment reconnues. C’est à l’autorité de l’Église que revient la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un à recevoir les ordres.
10/ Dans l’Église latine, le sacrement de l’Ordre pour le presbytérat n’est conféré normalement qu’à des candidats qui sont prêts à embrasser librement le célibat et qui manifestent publiquement leur volonté de le garder pour l’amour du Royaume de Dieu et du service des hommes.
11/ Il revient aux Évêques de conférer le sacrement de l’Ordre dans les trois degrés.