coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13302 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 8/Épreuve et responsabilité/ B/ Il est nécessaire de se convertir chaque jour/ Mar 18 Juin - 21:09 | |
| Épreuve et responsabilité
On peut considérer comme le fruit d’une équivoque - pour ne pas dire de la mauvaise foi - l’opinion assez répandue selon laquelle le célibat sacerdotal dans l’Église catholique serait simplement une institution imposée par la loi à ceux qui reçoivent le sacrement de l’Ordre. Nous savons tous qu’il n’en est pas ainsi. Tout chrétien qui reçoit le sacrement de l’Ordre s’engage au célibat, en pleine conscience et en toute liberté, après une préparation de plusieurs années, une profonde réflexion et une prière assidue. La décision de vivre dans le célibat, il ne la prend qu’après être parvenu à la ferme conviction que le Christ lui concède ce " don " pour le bien de l’Église et pour le service des autres. C’est seulement alors qu’il s’engage à l’observer durant toute sa vie. Il est évident qu’une telle décision oblige non seulement en vertu de la " loi " établie par l’Église, mais aussi en vertu de la responsabilité personnelle. Il s’agit ici d’être fidèle à la Parole donnée au Christ et à l’Église. La fidélité à cette parole est à la fois un devoir et le test de la maturité intérieure du prêtre, elle est l’expression de sa dignité personnelle. Cela se manifeste dans toute sa clarté lorsque la fidélité à la parole donnée au Christ, par un engagement conscient et libre au célibat pour toute la vie, rencontre des difficultés, est mise à l’épreuve, ou bien est exposée à la tentation, toutes choses qui n’épargnent pas le prêtre, pas plus que n’importe quel homme ou n’importe quel chrétien. A ce moment, chacun doit chercher le soutien dans une prière plus fervente. Il doit, grâce à la prière, retrouver en lui-même l’attitude d’humilité et de sincérité à l’égard de Dieu et de sa propre conscience, dans laquelle justement il puise la force de soutenir ce qui vacille. C’est alors que naît en lui une confiance semblable à celle qui faisait dire à saint Paul : " Je puis tout en Celui qui me rend fort. " Ces vérités sont confirmées par l’expérience de nombreux prêtres et démontrées par les réalités de la vie. Leur acceptation constitue le fondement de la fidélité à la parole donnée au Christ, qui est en même temps le test de l’authentique fidélité à sa propre conscience, à sa propre humanité et dignité. Il faut penser à tout cela surtout dans les moments de crise, au lieu de recourir à la dispense entendue au sens d’"intervention administrative ", comme si, au contraire, il ne s’agissait pas en réalité d’une profonde question de conscience et d’une preuve de maturité humaine. Dieu a droit à ce que chacun d’entre nous lui donne cette preuve, s’il est vrai que la vie terrestre est pour tout homme un temps de mise à l’épreuve. Mais Dieu veut également que nous sortions vainqueurs de telles épreuves et il nous donne pour cela la force nécessaire.
Il faut peut-être ajouter ici, et non sans raison, que l’engagement de la fidélité conjugale, dérivant du sacrement de mariage, crée à son niveau des obligations analogues et qu’il devient parfois un terrain d’expériences et d’épreuves analogues pour les époux, maris et femmes : ces " épreuves du feu " leur fournissent également le moyen de vérifier la valeur de leur amour. L’amour en effet, dans toute sa dimension, n’est pas seulement un appel, mais encore un devoir. Ajoutons enfin que nos frères et soeurs liés par le mariage ont le droit d’attendre de nous, prêtres et pasteurs, le bon exemple et le témoignage de la fidélité à la vocation jusqu’à la mort, fidélité à la vocation que nous suivons en recevant le sacrement de l’Ordre, comme ils la suivent en recevant le sacrement de mariage. Même dans ce cadre et en ce sens, nous devons comprendre notre sacerdoce ministériel comme une " subordination " au sacerdoce commun de tous les fidèles, des laïcs, spécialement de ceux qui vivent dans le mariage et forment une famille. De cette manière nous servons " à construire le corps du Christ " ; autrement, au lieu de contribuer à son édification, nous en affaiblissons l’organisme spirituel. À cette édification du corps du Christ est étroitement lié l’authentique développement de la personnalité humaine de chaque chrétien - comme d’ailleurs de chaque prêtre qui se réalise à la mesure du don du Christ. La désagrégation de l’organisme spirituel de l’Église ne favorise certainement pas le développement de la personnalité humaine et ne constitue pas une preuve de cette dernière.
" Que devons-nous faire ? " : c’est ainsi, semble-t-il, que vous posez la question, chers Frères, comme tant de fois la posaient au Christ Seigneur les disciples et ceux qui les écoutaient. Que doit faire l’Église, quand il semble que les prêtres font défaut, quand leur manque se fait sentir spécialement en certains pays ou en certaines régions du monde ? De quelle façon devons-nous répondre aux immenses besoins d’évangélisation, et comment pouvons-nous rassasier ceux qui ont faim de la Parole et du Corps du Seigneur ? L’Église, qui s’engage à maintenir le célibat des prêtres comme don particulier en vue du Royaume de Dieu, professe la foi et exprime l’espérance envers son Maître, Rédempteur et Époux, et en même temps envers " celui qui est le maître de la moisson " et " le dispensateur du don " . En effet, " tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières " . Nous ne pouvons pas, en ce qui nous concerne, affaiblir cette foi et cette confiance par notre doute humain, ou notre Pusillanimité. Par conséquent, nous devons tous nous convertir chaque jour. Nous savons que c’est là une exigence fondamentale de l’Évangile adressée à tous les hommes , et nous devons d’autant plus la considérer comme adressée à nous. Si nous avons le devoir d’aider les autres à se convertir, nous devons agir de même et continuellement en ce qui concerne notre propre vie. Nous convertir signifie retourner à la grâce même de notre vocation, méditer l’infinie bonté et l’amour infini du Christ qui s’est adressé à chacun d’entre nous en nous appelant par notre nom : Suis-moi ". Nous convertir veut dire " rendre compte " de notre service, de notre zèle, de notre fidélité, devant le Seigneur de nos cœurs, parce que nous sommes " serviteurs du Christ et intendants des mystères de Dieu ". Nous convertir, cela veut dire " rendre compte " aussi de nos négligences et péchés, de notre pusillanimité, de notre manque de foi et d’espérance, de notre façon de penser seulement " de manière humaine " et non pas " à la manière de Dieu ". Souvenons-nous à ce sujet de l’avertissement que le Christ donna à saint Pierre lui-même . Nous convertir signifie, pour nous, chercher à nouveau le pardon et la force de Dieu dans le sacrement de la réconciliation et ainsi recommencer toujours et progresser chaque jour, nous maîtriser, réaliser des conquêtes spirituelles, donner joyeusement, parce que " Dieu aime celui qui aime avec joie " . Nous convertir veut dire " toujours prier sans jamais se lasser " . La prière est d’une certaine manière la condition première et ultime de la conversion, du progrès spirituel, de la sainteté. Ces dernières années - au moins en certains milieux - on a peut-être trop discuté sur le sacerdoce, sur " l’identité " du prêtre, sur la valeur de sa présence dans le monde contemporain, et peut-être, par contre, a-t-on trop peu prié. Il n’y a pas eu assez d’élan pour réaliser le sacerdoce lui-même grâce à la prière, pour rendre efficace son authentique dynamisme évangélique, pour fortifier l’identité sacerdotale. C’est la prière qui définit le style essentiel du sacerdoce ; sans elle, ce style se déforme. La prière nous aide à retrouver toujours la lumière qui nous a conduits dès le commencement de notre vie sacerdotale, et qui nous conduit continuellement, même si parfois elle semble se perdre dans l’obscurité. La prière nous permet de nous convertir sans cesse, de demeurer toujours tendus vers Dieu, ce qui est indispensable si nous voulons conduire les autres vers Lui. La prière nous aide à croire, à espérer et à aimer, même quand notre faiblesse humaine y fait obstacle. En outre, la prière nous permet de redécouvrir sans cesse les dimensions de ce Royaume pour la venue duquel nous prions quotidiennement, en répétant les paroles que le Christ nous a enseignées. Nous percevons alors quelle est notre place dans la réalisation de cette demande : " Que ton Règne vienne ", et nous voyons combien nous sommes nécessaires pour qu’une telle demande se réalise. Et peut-être, lorsque nous prions, apercevrons-nous plus facilement ces " champs qui sont déjà blancs pour la moisson " , et comprendrons-nous le sens des paroles que le Christ prononça en les voyant : " Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson . " Nous devons joindre la prière à un continuel travail sur nous-mêmes : c’est la formation permanente. Comme le rappelle justement le document publié à ce sujet par la S. Congrégation pour le Clergé , une telle formation doit être aussi bien intérieure, c’est dire visant à l’approfondissement de la vie spirituelle du prêtre, que pastorale et intellectuelle (philosophique et théologique). Si donc notre activité pastorale, l’annonce de la Parole et l’ensemble du ministère sacerdotal dépendent de l’intensité de notre vie intérieure, celle-ci doit également trouver son soutien dans une étude assidue. Il ne suffit pas d’en rester à ce que nous avons appris au séminaire, même s’il s’agit d’études accomplies au niveau universitaire, vers lesquelles la Congrégation pour l’Éducation Catholique oriente résolument. Ce processus de formation intellectuelle doit se prolonger durant toute la vie, spécialement à l’époque actuelle, caractérisée - en beaucoup de régions du moins - par un développement général de l’instruction publique et de la culture. Devant les hommes qui bénéficient de ce développement, nous devons être des témoins de Jésus-Christ, adéquatement qualifiés. Comme maîtres de la vérité et de la morale, nous devons leur rendre compte, de manière convaincante et efficace, de l’espérance qui nous vivifie. Cela fait aussi partie du processus de la conversion quotidienne à l’amour, grâce à la vérité. Chers frères, vous qui " supportez le poids du jour et la chaleur " , vous qui avez mis la main à la charrue et qui ne regardez pas en arrière , et vous, peut-être plus encore, qui doutez du sens de votre vocation ou de la valeur de votre service : pensez a ces lieux où les hommes attendent avec angoisse un prêtre, où, depuis des années, ressentant son absence, ils ne cessent de souhaiter sa présence. Il arrive parfois qu’ils se réunissent dans un sanctuaire abandonné et qu’ils mettent sur l’autel l’étole encore conservée et récitent toutes les prières de la liturgie eucharistique ; et voici qu’au moment qui correspondrait à la transsubstantiation, descend parmi eux un profond silence, parfois peut-être interrompu par un sanglot... tant ils désirent ardemment entendre les paroles que seules les lèvres d’un prêtre peuvent prononcer efficacement ! Ils désirent si vivement la communion eucharistique, à laquelle ils ne peuvent participer que par l’intermédiaire du ministère sacerdotal, et ils attendent de même avec tant d’anxiété de pouvoir entendre les paroles divines du pardon : (Latin Ego te absolvo a peccatis tuis !) (Traduction en français (Je t'absout de tes péchés ) ils ressentent si profondément l’absence d’un prêtre au milieu d’eux !... De tels lieux ne manquent pas dans le monde. Si donc quelqu’un parmi vous doute du sens de son sacerdoce, s’il pense que celui-ci est " socialement "infructueux ou inutile, qu’il réfléchisse sur tout cela. ! Il faut nous convertir chaque jour, redécouvrir chaque jour le don obtenu du Christ lui-même dans le sacrement de l’Ordre, en approfondissant l’importance de la mission salvifique de l’Église et en réfléchissant sur la signification élevée de notre vocation à la lumière de cette mission. | |
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