Question 9
Je m'appelle dom Arnaldo. Très Saint-Père,
des exigences pastorales et de ministère, en
plus du nombre réduit de prêtres, sollicitent
nos Évêques à revoir la distribution du clergé,
en accumulant souvent des engagements et
plusieurs paroisses pour la même personne.
Cela touche la sensibilité de beaucoup de
communautés de baptisés et notre disponibilité
à nous, prêtres, à vivre ensemble - prêtres et
laïcs - le ministère pastoral. Comment vivre ce
changement d'organisation pastorale, en
privilégiant la spiritualité du bon Pasteur?
Merci, Sainteté...
Merci:Oui, nous revenons à cette question des priorités pastorales et comment être prêtre aujourd'hui. Il y a quelques temps, un Évêque français, qui était religieux et n'a donc jamais été prêtre, m'a dit: "Votre Sainteté, je voudrais que vous m'éclairiez sur ce qu'est un curé. Nous, en France, nous avons ces grandes unités pastorales avec 5-6-7 paroisses et le curé devient un coordinateur d'organismes, de travaux différents", mais il lui semblait que, étant tellement occupé par la coordination de ces diverses institutions dont il s'occupait, il n'avait plus la possibilité de la rencontre personnelle avec ses brebis et lui, qui était Évêque, et donc un grand curé, se demandait si ce système était juste ou si nous ne devrions pas retrouver une possibilité afin que le curé soit réellement curé et donc Pasteur de son troupeau. Naturellement, je ne pouvais pas immédiatement donner une recette pour résoudre cette situation de la France, mais le problème se pose en général que le curé, malgré de nouvelles situations et de nouvelles formes de responsabilité, ne doit pas perdre la proximité avec les personnes, être réellement en personne le Pasteur de ce troupeau qui lui est confié par le Seigneur.
Les situations sont différentes: je pense aux Évêques dans leurs diocèses avec des situations très diverses; ils doivent bien voir comment assurer que le curé demeure un Pasteur et ne devienne pas un bureaucrate sacré. Quoi qu'il en soit, il me semble qu'une première opportunité dans laquelle nous pouvons être présents auprès des personnes qui nous sont confiées est précisément la vie sacramentelle: dans l'Eucharistie, nous sommes ensemble et nous pouvons et nous devons nous rencontrer; le Sacrement de la pénitence et de la réconciliation est une rencontre très personnelle; tout comme le Baptême qui est une rencontre personnelle et pas seulement au moment d'administrer le Sacrement. Je dirais que ces Sacrements ont tous un contexte: baptiser veut dire d'abord catéchiser un peu cette jeune famille, parler avec elle afin que le Baptême soit aussi une rencontre personnelle et une occasion pour une catéchèse très concrète. Tout comme la préparation à la Première Communion, à la Confirmation et au Mariage sont toujours des occasions où réellement le curé, le prêtre, rencontre lui-même les personnes; il est le prédicateur et l'administrateur des Sacrements dans un sens qui implique toujours la dimension humaine. Le Sacrement n'est jamais seulement un acte rituel, mais l'acte rituel et sacramentel est le condensé d'un contexte humain dans lequel vit le prêtre, le curé. Il me semble ensuite très important de trouver des systèmes adaptés de délégation.
Il n'est pas juste que le curé doive faire seulement le coordinateur d'organismes; il doit plutôt déléguer de diverses manières et assurément dans les synodes - et dans ce diocèse vous avez réuni le synode - l'on trouve la manière de pouvoir libérer suffisamment le curé, afin que d'un côté, il conserve la responsabilité de cette totalité de l'unité pastorale qui lui est confiée, mais qu'il ne se réduise pas en substance et surtout à un bureaucrate qui coordonne, mais qu'il soit celui qui tient dans la main les fils essentiels, et qu'il ait également des collaborateurs. Il me semble que cela est l'un des résultats importants et positifs du Concile: la coresponsabilité de toute la paroisse: ce n'est plus seulement le curé qui doit tout vérifier mais, puisque nous sommes tous la paroisse, nous devons tous collaborer et aider, afin que le curé ne demeure pas isolé au dessus comme un coordinateur, mais qu'il se trouve réellement en tant que Pasteur aidé dans ces travaux communs dans lesquels, ensemble, se réalise et vive la paroisse. Je dirais donc que - d'un côté - cette coordination est la responsabilité vitale de toute la paroisse et - de l'autre - la vie sacramentelle et l'annonce comme centre de la vie paroissiale pourraient permettre aujourd'hui aussi, dans des circonstances certainement plus difficiles, d'être un curé qui ne connaît peut-être pas chacun par son nom, comme le Seigneur nous dit du Bon Pasteur, mais qui connaît réellement ses brebis et qui est réellement le Pasteur qui les appelle et qui les guide.