L'aumône, la prière et le jeûne sont les trois clefs du carême… J’allais écrire : du Royaume ! Quelles portes ouvrent-elles ?
Nous délester (nous alléger) de nos biens matériels superflus, ou même nécessaires, nous apprend à nous détacher de ce à quoi nous tenons peut-être, en vue du seul Bien qu’est Dieu… "Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent.
Mais amassez-vous des trésors dans le ciel : là, point de mite ni de ver qui consument, point de voleurs qui perforent et cambriolent.Car où est ton trésor, là sera aussi ton coeur." Mt 6, 19-21
Y compris à nous détacher de l’amour de nous-même, de notre amour-propre qui nous fait oublier l’autre – tous les autres !Dans nos sociétés occidentales, il est de bon ton de prôner tous les plaisirs, et à la première personne ! « Je » prépare mes vacances, « je » prends soin de moi, « je » me dorlote, « je » craque », etc…C’est le mot d’ordre d’une société de consommation à tout crin, qui tend à enfermer l’individu dans un hédonisme (une recherche du plaisir personnel) illusoire et limité.L’homme se veut alors sa propre fin, sa propre raison d’être, il se prend pour un dieu !!
Comme le paon s’admire de toute part, dans la splendeur de sa livrée – au lieu d’admirer Celui qui l’a créé dans une telle magnificence -, comme le Pharisien s’auto-admire et s’auto-congratule pour sa vie réglée et conformée à une Loi vidée de son sens – lui qui croit s’adresser à Dieu alors qu’il ne s’adresse qu’à lui-même -, ainsi l’homme moderne occulte-t-il sa pauvreté pour se glorifier lui-même en méprisant son prochain…"Il dit encore, à l'adresse de certains qui se flattaient d'être des justes et n'avaient que mépris pour les autres, la parabole que voici :
"Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre publicain.Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ;je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers.Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis!Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé." Lc 18, 9-1.
Une vie ne prend pourtant de sens qu’à partir du moment où elle est donnée ; ainsi de la personne grabataire, qui offre au Seigneur tout ce qu’elle est, dans l’apparente paralysie de sa vie… Or le don de soi est étroitement lié à la prière, au ressourcement intime en Dieu, dispensateur de toute vie. « Sans la prière, je suis foutu », affirme le Père Guy Gilbert, dans son langage fleuri…
Si je ne reçois pas, je suis incapable de donner ! C’est ainsi que plus nous accueillons les dons immenses de Dieu, plus nous avons de trésors à distribuer !! des trésors de compassion et d’Amour. La prière dit notre reconnaissance éperdue envers l’Être qui nous Aime jusqu’à épouser notre condition, c’est-à-dire pour le meilleur et… pour le pire ; pour la Passion et la Croix – là où s’est concentrée toute la souffrance de l’Humanité ; là où s’est vainement acharné le mal, qui n’a trouvé aucune résistance, aucune haine, aucune source pour l’alimenter, si ce n’est en Amour !! Le mal qui croyait vaincre et qui a essuyé sa plus cuisante défaite… Ce qui était vil, le Christ l’a transmuté en or :"Voici que je t'ai acheté mais non pour de l'argent, je t'ai choisi au creuset du malheur. " Is 48, 10
La prière est ce cordon ombilical qui nous nourrit de la vie même de Dieu, petits enfants que nous sommes, appelés à (re)naître en Lui !! "Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant les genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés. "
Is 66, 12-13
Si donc l’aumône de nous-même prend sa source dans notre Amour envers notre Père, dans notre relation à Lui dans la prière, c’est parce que nous acceptons de nous reconnaître petits et pauvres devant Lui, affamés par un jeûne salutaire (quel paradoxe ! un jeûne qui nous redonne la santé ! de nos propres désirs et ambitions…)
« Kyrie, Eleison ! » : Seigneur, prends pitié ! Parce que Dieu a eu pitié de Son peuple et de tous les hommes, alors devons-nous à notre tour témoigner notre compassion à notre prochain par des actes de charité (c’est le sens originel du mot « aumône »).
Et c’est tout le sens du Notre Père :
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés… » Aie pitié comme nous avons pitié de nos frères… Accorde-nous, Seigneur, l’Aumône de Ton Infinie Miséricorde, puisque nous acceptons en toute humilité et commisération de pardonner à tous nos frères humains. Amen !
Fanny a écrit : L’aumône, la prière et le jeûne sont les trois clefs du carême… J’allais écrire : du Royaume !
Michel partage: Dans ces trois clefs, l'aumône, la prière et le jeûne, si j'avais à choisir une des trois, je me demanderais intérieurement laquelle des trois clefs je choisirais? Certainement que je choisirais la clef de la prière, comme premier point de départ pour vivre mon carême dans la joie de Dieu avec Dieu.
Je le reconfirme encore une fois, je choisirais la prière, car la prière élargit le coeur du pauvre qui choisit librement de vivre sous la dépendance de Dieu. Lui Dieu, Il donne un sens Surnaturel à l'aumône naturelle chaque fois que notre coeur fait l'aumône de Dieu à un pauvre. Je veux écrire encore mieux ; à chaque fois que notre coeur fait l'aumône de la Présence de Dieu envers un pauvre, et que nous nous présentons devant Dieu avant de nous présenter devant ce pauvre, nous sommes assurés que cette semence portera beaucoup de fruit à l'heure qu'il conviendra à Dieu.
"Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ.C'est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c'est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s'abriter dans ses branches." Mt 13, 31-32
Le temps du carême est un temps pour sortir de notre ''chez moi en nous'', pour faire une sortie avec Dieu qui viendra nous prendre chez nous en faisant de notre chez-nous son chez-Lui à Lui, directement chez-nous en nous. Inviter Dieu dans notre coeur pour qu'il touche notre coeur de Son Coeur, afin que notre coeur devienne Son Coeur. Le défi de tous(tes) les chrétiens(nes) pendant le carême, c'est de permettre à Dieu de reprendre sa place dans chacun de nos coeurs, si un jour nous voulons que Dieu Lui-Même nous conduise dans Sa Demeure qui deviendra aussi notre demeure.
Parole de Dieu : "Je crois! Viens en aide à mon peu de foi!" Mc 9, 24
Michel partage:Chaque chrétien devrait comprendre que quand il reçoit Dieu dans son coeur, c'est pour Le donner à un autre coeur plus pauvre que son coeur. Quand Dieu entre dans un coeur, c'est toujours pour entrer de nouveau dans un nouveau coeur en passant par le coeur de notre coeur. L'aumône fait beaucoup plus que de nous rapprocher de Dieu, elle nous permet de rencontrer Dieu en personne dans la personne du pauvre.
Parole de Dieu : "Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir?Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." Mt 25, 37-40
Michel partage:Mais le point de départ, c'est dans la prière qu'il doit se réaliser ; car dans la prière c'est Dieu qui nous conduit à Lui en passant par notre vie intérieure. La prière c'est comme deux coeurs en fleur qui se rencontrent dans un silence intérieur où le dialogue devient comme un bouquet de coeurs fleurissant devant Dieu. La prière c'est Dieu qui me regarde en attirant mon regard souffrant vers Son regard compatissant. La compassion du regard de Dieu qui me regarde, change ma désespérance en espérance pour que ma souffrance devienne porteuse d'espérance.
Parole de Dieu : "Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima." Mc 10, 21
Michel partage:Pendant le carême Dieu nous apprivoise à rester présent devant Lui pour nous apprendre à détecter Sa douce Présence invisible grâce à la prière et l'oraison qui, en passant par le chemin du jeûne, nous font rajeunir par en dedans en nous transformant de l'extérieur. Après le carême ce sera la grande surprise florissante de Dieu en nous, car Dieu permettra au pauvre que nous sommes de Le rendre Présent là où nous Le croyons absent autour de nous. Quand il nous est impossible de sentir la Présence de Dieu dans notre coeur, impossible pour nous de voir Dieu dans un coeur plus pauvre que le nôtre. C'est pour cette raison que je choisis la clef de la prière qui me conduira sur la montagne de l'oraison, sur cette montagne où il y aura transfiguration de mon regard qui rencontrera le regard de Dieu ; où l'impossible deviendra possible avec Dieu.
Parole de Dieu : "...le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom..." Lc 1, 49
Michel partage:Par ce temps de carême, pour ne pas écrire par ce temps qui appartient à Dieu, Dieu par son silence doux et mystérieux nous apprendra de nouveau à plonger au coeur du renouveau de Sa Parole qui renouvellera notre coeur de disciple. Oui, c'est vraiment cela que je voulais écrire, le carême est un temps privilégié pour apprendre ou réapprendre à plonger de nouveau au coeur de la Parole de Dieu avec Dieu comme Guide. Plonger dans la prière au coeur de la Parole de Dieu pour retrouver Dieu et Le rendre visible là où notre pauvreté de coeur et d'esprit rendait Sa Présence invisible.
La vraie prière détourne notre regard de nos misères pour que notre misérabilité prenne un bain de Dieu, pour que notre regard tourné vers Dieu devienne regard de Dieu avec Dieu. Misérabilité rime avec vérité, mais en vérité nous sommes misérables quand nous nous éloignons de Dieu. Le rapprochement de notre misérabilité près de la miséricorde de Dieu fait de nous des disciples de Sa Miséricorde en nous redonnant le souffle de Son Esprit qui nous fait reprendre le vrai chemin de la vraie vie en Dieu avec Dieu.
Parole de Dieu : "...qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle." Jn 4, 14
Michel partage:Misère rime avec prière, mais notre propre misère nous fait descendre vers le bas à la rencontre de nous-mêmes et de nos pauvretés, et la prière est un cri qui monte vers Dieu et fait descendre Dieu vers nous, Dieu qui vient à notre secours. Notre misère exprime notre faiblesse et la prière exprime la force de Dieu qui Sauve et qui transforme le mal en bien quand notre coeur se sauve en Dieu en mendiant son secours. La prière nous conduit du naturel que nous sommes au Surnaturel de Dieu par Sa grâce qui est toute Grâce. Le Surnaturel c'est le monde de Dieu ; ce doit être aussi le nôtre depuis notre élévation à l'ordre du Surnaturel.
Jeu 27 Fév - 14:40