coeurtendre Admin
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| Sujet: Une expérience du Dieu vivant/La Trinité/R/C/1/ Dim 30 Mai - 23:46 | |
| « La Trinité n’est pas seulement un mystère et un article de notre foi, c’est une réalité vivante et palpitante », explique le p. Raniero Cantalamessa, capucin, prédicateur de la Maison pontificale dans cette seconde prédication de l’Avent donnée ce vendredi matin 14 décembre 2018 en la chapelle Redemptoris Mater du Vatican, pour le pape François et ses collaborateurs de la curie romaine. « Le Dieu vivant de la Bible que nous recherchons n’est autre que la Trinité vivante. Que l’Esprit nous y introduise nous aussi et nous fasse goûter sa douce compagnie », a insisté le p. Cantalamessa. Voici la traduction officielle en français de la prédication prononcée en italien.
En ce qui concerne la connaissance du Dieu vivant, une expérience valant plus que de nombreux arguments, je voudrais commencer cette deuxième méditation justement en vous en partageant une. Il y a quelque temps, j’ai reçu une lettre d’une personne que j’accompagnais spirituellement, une femme mariée décédée il y a quelques années. L’authenticité de ses expériences est confirmée par le fait qu’elle les a emportées avec elle dans sa tombe, sans jamais en parler à personne en dehors de son père spirituel. Mais toute grâce appartenant à l’Église, je souhaite partager ceci avec vous, maintenant que cette femme est auprès de Dieu. Cela m’a rappelé l’expérience de Moïse devant le buisson ardent.
Voici ce que la lettre disait :Je n’avais pas encore quatre ans et j’étais à la campagne chez ma grand-mère. Un matin, alors que j’attendais dans ma chambre qu’on vienne m’habiller, j’ai regardé un grand tilleul qui déployait ses branches devant la fenêtre. Le soleil levant l’éclairait. J’étais enchantée par sa beauté, et tout à coup mon attention fut attirée par une splendeur inhabituelle, un blanc extraordinaire. Chaque feuille, chaque branche s’est mise à vibrer comme la flamme de mille bougies. J’étais plus émerveillée que lorsque j’avais vu tomber la neige pour la première fois de ma vie. Et mon étonnement a encore augmenté lorsque – était-ce avec les yeux du corps ou pas, je ne sais – au centre de tout ce miroitement, j’ai vu comme un regard et un sourire d’une beauté et d’une bienveillance indescriptibles. Mon cœur battait à tout rompre. J’ai senti une puissance d’amour me pénétrer et j’ai eu la sensation d’être aimée jusqu’au plus intime de mon être. Cela a duré une minute, une minute et demie, je ne sais, pour moi ce fut comme une éternité. Je fus ramenée à la réalité par un frisson qui envahit tout mon corps, et avec grande tristesse, je réalisai que le regard et le sourire avaient disparu et que la splendeur de l’arbre s’éteignait peu à peu. Les feuilles retrouvèrent leur apparence ordinaire et le tilleul, bien qu’investi de la lumière rayonnante de ce soleil d’été, en comparaison de sa splendeur précédente, m’apparut – à ma grande déception – aussi sombre que sous un ciel pluvieux. Je n’en ai parlé à personne, mais peu de temps après, j’ai entendu la cuisinière et une autre femme parler de Dieu entre elles. Je me suis déplacée et je leur ai demandé : « Dieu ? Qui est-ce ? » sentant quelque mystère planer. « Pauvre petitoune », dit la cuisinière à l’autre femme, « sa grand-mère est païenne et ne lui enseigne pas ces choses ! » « Dieu – dit-elle en se tournant vers moi – est celui qui a créé le ciel et la terre, les hommes et les animaux. Il est tout-puissant et habite au ciel ». Je suis restée silencieuse, mais me suis dit en moi-même : « C’est lui que j’ai vu ! »
Cependant j’étais perdue. À mes yeux, ma grand-mère était bien au-dessus de ces femmes de service, mais la cuisinière avait dit qu’elle était païenne parce qu’elle ne connaissait pas Dieu. J’avais bien compris qu’il s’agissait d’un terme péjoratif. Qui avait raison ? Un matin où j’attendais de nouveau qu’on vienne m’habiller, j’étais impatiente, regrettant bien que mes vêtements de bébé se boutonnent à l’arrière. J’ai tout mis sur le dos de la « méchanceté des grands envers les plus petits en leur pouvoir ». Finalement, ne voulant pas attendre davantage, j’ai dit : « Mon Dieu, si tu existes et que tu es vraiment tout-puissant, alors boutonne ma robe derrière pour que je puisse descendre au jardin ». Je n’avais pas fini de prononcer ces mots que ma robe était boutonnée. Bouche-bée, j’étais terrifiée de voir l’effet de mes paroles. Jambes tremblantes, je me suis assise devant le miroir de l’armoire pour voir si c’était bien vrai et pour reprendre mon souffle. Je ne savais pas encore ce que signifiait l’expression « tenter Dieu », mais j’ai compris que j’aurais été réduite en poussière si je m’étais opposée à sa volonté.
Toute une vie de sainteté consécutive à cette expérience témoigne qu’elle n’avait pas été le songe ou l’imagination d’une petite fille.
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