La fatigue qui recrée/Homélie de saint Augustin
Commentaire sur l'évangile de Jean, 15, 6-7,
On suggère d'utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans la Liturgie des Heures ou le Livre des jours, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici Jésus, fatigué par la route, s'était assis au bord du puits. Il était environ midi (Jn 4,6). Voilà que commencent les mystères. Car ce n'est pas pour rien que Jésus est fatigué; ce n'est pas pour rien, qu'est fatiguée la Force de Dieu; ce n'est pas pour rien qu'est fatigué celui qui refait les forces des fatigués; ce n'est pas sans raison qu'est fatigué celui dont l'absence cause nos fatigues, dont la présence nous fortifie. Jésus cependant est fatigué, et il est fatigué par la route; il s'assied, et il s'assied au bord du puits, et c'est à midi qu'il s'assied, fatigué.
Tout cela suggère quelque chose, veut indiquer quelque chose; tout cela nous rend attentifs, nous exhorte à frapper. Qu'il nous ouvre donc lui-même, à nous comme à vous, celui qui a daigné nous exhorter en disant: Frappez, et il vous sera ouvert (Mt 7,7). C'est pour toi que Jésus est fatigué par la route. Nous trouvons Jésus, qui est la Force même, et nous trouvons Jésus qui est faible, fort et faible. Fort, car au commencement le Verbe était, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu; il était au commencement auprès de Dieu (Jn 1,1-2). Voulez-vous voir à quel point ce Fils de Dieu est fort? Par lui tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui (Jn 1,3), et il a tout fait sans effort. Qu'y a-t-il donc de plus fort que celui par qui tout a été fait sans effort?
Veux-tu connaître sa faiblesse? Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous (Jn 1,14). La force du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a recréé. La force du Christ a fait exister ce qui n'existait pas, la faiblesse du Christ a empêché de périr ce qui existait. Il nous a créés par sa force, il est venu nous chercher par sa faiblesse.
Ainsi donc Jésus est faible, lui qui est fatigué par la route. La route, c'est la chair, assumée pour nous. Quelle route, en effet, parcourt-il, celui qui est partout, celui qui n'est absent nulle part? Où va-t-il, ou bien d'où vient-il? N'est-ce pas en ce sens qu'il vient pour nous, et qu'il a assumé la forme d'une chair visible? Parce qu'il a daigné venir à nous maintenant pour apparaître en ayant assumé la forme de serviteur, cette assomption de la chair, voilà quelle route il a prise. Aussi, cette fatigue de la route est-elle autre chose que la fatigue produite par la chair? Jésus est faible dans la c hair, mais toi, ne sois pas faible, sois fort dans sa faiblesse, car la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme (1Co 1,25).
Prière
Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi; tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage; écoute l'aveu de notre faiblesse: nous avons conscience de nos fautes, patiemment relève-nous avec amour. Par Jésus Christ.