doucecolombe
Nombre de messages : 25779 Age : 67 Réputation : 13 Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Page 41 Sujet/À l’écoute du peuple Jeu 2 Juin - 15:27 | |
| À l’écoute du peuple154. Le prédicateur doit aussi se mettre à l’écoute du peuple, pour découvrir ce que les fidèles ont besoin de s’entendre dire. Un prédicateur est un contemplatif de la Parole et aussi un contemplatif du peuple. De cette façon, il découvre « les aspirations, les richesses et limites, les façons de prier, d’aimer, de considérer la vie et le monde qui marquent tel ou tel ensemble humain », prenant en considération « le peuple concret avec ses signes et ses symboles et répondant aux questions qu’il pose ».[120] Il s’agit de relier le message du texte biblique à une situation humaine, à quelque chose qu’ils vivent, à une expérience qui a besoin de la lumière de la Parole. Cette préoccupation ne répond pas à une attitude opportuniste ou diplomatique, mais elle est profondément religieuse et pastorale. Au fond, il y a une « sensibilité spirituelle pour lire dans les événements le message de Dieu »[121] et cela est beaucoup plus que trouver quelque chose d’intéressant à dire. Ce que l’on cherche à découvrir est « ce que le Seigneur a à dire dans cette circonstance ».[122] Donc la préparation de la prédication se transforme en un exercice de discernement évangélique, dans lequel on cherche à reconnaître – à la lumière de l’Esprit – « un appel que Dieu fait retentir dans la situation historique elle-même ; aussi, en elle et par elle, Dieu appelle le croyant ».[123]155. Dans cette recherche, il est possible de recourir simplement à certaines expériences humaines fréquentes, comme la joie d’une rencontre nouvelle, les déceptions, la peur de la solitude, la compassion pour la douleur d’autrui, l’insécurité devant l’avenir, la préoccupation pour une personne chère, etc. ; il faut cependant avoir une sensibilité plus grande pour reconnaître ce qui intéresse réellement leur vie. Rappelons qu’on n’a jamais besoin de répondre à des questions que personne ne se pose ; il n’est pas non plus opportun d’offrir des chroniques de l’actualité pour susciter de l’intérêt : pour cela il y a déjà les programmes télévisés. Il est quand même possible de partir d’un fait pour que la Parole puisse résonner avec force dans son invitation à la conversion, à l’adoration, à des attitudes concrètes de fraternité et de service, etc., puisque certaines personnes aiment parfois entendre dans la prédication des commentaires sur la réalité, mais sans pour cela se laisser interpeller personnellement.Instruments pédagogiques156. Certains croient pouvoir être de bons prédicateurs parce qu’ils savent ce qu’ils doivent dire, mais ils négligent le comment, la manière concrète de développer une prédication. Ils se fâchent quand les autres ne les écoutent pas ou ne les apprécient pas, mais peut-être ne se sont-ils pas occupés de chercher la manière adéquate de présenter le message. Rappelons-nous que « l’importance évidente du contenu de l’évangélisation ne doit pas cacher l’importance des voies et des moyens ».[124] La préoccupation pour les modalités de la prédication est elle aussi une attitude profondément spirituelle. Elle signifie répondre à l’amour de Dieu, en se dévouant avec toutes nos capacités et notre créativité à la mission qu’il nous confie ; mais c’est aussi un exercice d’amour délicat pour le prochain, parce que nous ne voulons pas offrir aux autres quelque chose de mauvaise qualité. Dans la Bible, par exemple, nous trouvons la recommandation de préparer la prédication pour lui assurer une mesure correcte : « Résume ton discours. Dis beaucoup en peu de mots » (Si 32, 8 ).157. Seulement à titre d’exemples, rappelons quelques moyens pratiques qui peuvent enrichir une prédication et la rendre plus attirante. Un des efforts les plus nécessaires est d’apprendre à utiliser des images dans la prédication, c’est-à-dire à parler avec des images. Parfois, on utilise des exemples pour rendre plus compréhensible quelque chose qu’on souhaite expliquer, mais ces exemples s’adressent souvent seulement au raisonnement ; les images, au contraire, aident à apprécier et à accepter le message qu’on veut transmettre. Une image attrayante fait que le message est ressenti comme quelque chose de familier, de proche, de possible, en lien avec sa propre vie. Une image adéquate peut porter à goûter le message que l’on désire transmettre, réveille un désir et motive la volonté dans la direction de l’Évangile. Une bonne homélie, comme me disait un vieux maître, doit contenir “une idée, un sentiment, une image”.158. Paul VI disait déjà que les fidèles « attendent beaucoup de cette prédication et de fait en reçoivent beaucoup de fruits, pourvu qu’elle soit simple, claire, directe, adaptée ».[125] La simplicité a à voir avec le langage utilisé. Il doit être le langage que les destinataires comprennent pour ne pas courir le risque de parler dans le vide. Il arrive fréquemment que les prédicateurs se servent de paroles qu’ils ont apprises durant leurs études et dans des milieux déterminés, mais qui ne font pas partie du langage commun des personnes qui les écoutent. Ce sont des paroles propres à la théologie ou à la catéchèse, dont la signification n’est pas compréhensible pour la majorité des chrétiens. Le plus grand risque pour un prédicateur est de s’habituer à son propre langage et de penser que tous les autres l’utilisent et le comprennent spontanément. Si l’on veut s’adapter au langage des autres pour pouvoir les atteindre avec la Parole, on doit écouter beaucoup, il faut partager la vie des gens et y prêter volontiers attention. La simplicité et la clarté sont deux choses différentes. Le langage peut être très simple, mais la prédication peut être peu claire. Elle peut devenir incompréhensible à cause de son désordre, par manque de logique, ou parce qu’elle traite en même temps différents thèmes. Par conséquent une autre tâche nécessaire est de faire en sorte que la prédication ait une unité thématique, un ordre clair et des liens entre les phrases, pour que les personnes puissent suivre facilement le prédicateur et recueillir la logique de ce qu’il dit.159. Une autre caractéristique est le langage positif. Il ne dit pas tant ce qu’il ne faut pas faire, mais il propose plutôt ce que nous pouvons faire mieux. Dans tous les cas, s’il indique quelque chose de négatif, il cherche toujours à montrer aussi une valeur positive qui attire, pour ne pas s’arrêter à la lamentation, à la critique ou au remords. En outre, une prédication positive offre toujours l’espérance, oriente vers l’avenir, ne nous laisse pas prisonniers de la négativité. Quelle bonne chose que prêtres, diacres et laïcs se réunissent périodiquement pour trouver ensemble les instruments qui rendent la prédication plus attrayante !
Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères.
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