Joseph répondit à Pharaon « Pharaon
n’a eu qu’un seul et même songe.
Ce que Dieu va faire, il l’a indiqué à Pharaon.Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis, sept années : c’est un seul et même songe ! Les sept vaches décharnées et laides qui montaient derrière les autres représentent sept années ; de même, les sept épis vides et desséchés par le vent d’est. Ce seront sept années de famine. C’est bien ce que j’ai dit à Pharaon : ce que Dieu va faire, il l’a montré à Pharaon. Voici qu’arrivent sept années de grande abondance dans tout le pays d’Égypte. Mais après elles viendront sept années de famine : alors on oubliera toute abondance dans le pays d’Égypte, la famine épuisera le pays.On ne saura plus ce que pouvait être l’abondance dans le pays, tant la famine qui suivra pèsera lourdement. Si le songe de Pharaon s’est répété une seconde fois, c’est que la décision de Dieu est bien arrêtée et qu’il va se hâter de l’exécuter. Maintenant donc, que Pharaon voie s’il y a un homme intelligent et sage pour l’établir sur le pays d’Égypte. Que Pharaon agisse en instituant des fonctionnaires sur le pays d’Égypte, afin de prélever le cinquième des récoltes pendant les sept années d’abondance.Ils recueilleront toute la nourriture de ces bonnes années qui viennent et, sous l’autorité de Pharaon, ils entasseront dans les villes du froment comme nourriture : ils le garderont en réserve. Ainsi, il y aura une réserve de nourriture pour le pays en vue des sept années de famine qui suivront dans le pays d’Égypte, et la famine ne détruira pas le pays. » Cette proposition plut à Pharaon et à tous ses serviteurs.
Pharaon leur dit : « Trouverons-nous
un homme comme celui-ci, qui a l’esprit
de Dieu en lui »
Alors, Pharaon dit à Joseph : « Dès lors que Dieu t’a fait connaître tout cela, personne ne peut être aussi intelligent et aussi sage que toi. C’est toi qui auras autorité sur ma maison ; tout mon peuple se soumettra à tes ordres ; par le trône seulement, je serai plus grand que toi. » Pharaon dit à Joseph : « Vois ! Je t’établis sur tout le pays d’Égypte. »Il ôta l’anneau de son doigt et le passa au doigt de Joseph ; il le revêtit d’habits de lin fin et lui mit autour du cou le collier d’or.43 Il le fit monter sur son deuxième char et on criait devant lui : « À genoux ! » Et ainsi il l’établit sur tout le pays d’Égypte. Pharaon dit encore à Joseph : « Je suis Pharaon. Mais sans ta permission, personne ne lèvera le petit doigt dans tout le pays d’Égypte. » Pharaon appela Joseph Safnath-Panéah et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre de One. Alors Joseph partit inspecter le pays d’Égypte. Joseph avait trente ans quand il se tint en présence de Pharaon, le roi d’Égypte. Il prit congé de lui et parcourut tout le pays d’Égypte. Pendant les sept années d’abondance, la terre produisit à plein.
Pendant les sept années d’abondance au pays d’Égypte, Joseph recueillit toute la nourriture et l’entreposa dans les villes. Il entreposait au centre de la ville la nourriture produite dans la campagne environnante.Joseph accumula tellement de froment, qu’on cessa d’en faire le compte ; on ne pouvait pas plus le mesurer que le sable de la mer.Avant l’année où survint la famine, il naquit à Joseph deux fils que lui enfanta Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre de One. Joseph appela l’aîné Manassé car, disait-il, « Dieu m’a fait oublier toute ma peine et toute celle de la maison de mon père. » Le second, il l’appela Éphraïm car, disait-il, « Dieu m’a fait fructifier dans le pays de ma misère. » Les sept années d’abondance dans le pays d’Égypte prirent fin. Alors commencèrent les sept années de famine, ainsi que Joseph l’avait annoncé. La famine sévissait partout, mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain. Puis, tout le pays d’Égypte souffrit, lui aussi, de la faim, et le peuple, à grands cris, réclama du pain à Pharaon. Mais Pharaon dit à tous les Égyptiens : « Allez trouver Joseph, et faites ce qu’il vous dira. » La famine s’étendait à tout le pays. Alors Joseph ouvrit toutes les réserves et vendit du blé aux Égyptiens, tandis que la famine s’aggravait encore dans le pays. De partout on vint en Égypte pour acheter du blé à Joseph, car la famine s’aggravait partout.
Apprenant qu’il y avait du blé en
Égypte, Jacob dit à ses fils : « Pourquoi
restez-vous là à vous regarder »
Il ajouta : « J’ai entendu dire qu’il y avait du blé en Égypte. Descendez là-bas et achetez-y du blé pour nous : ainsi nous ne mourrons pas, nous vivrons. » Dix des frères de Joseph descendirent acheter du froment en Égypte. Mais Benjamin, frère de Joseph, Jacob ne l’envoya pas avec ses frères, car il se disait : « J’ai peur qu’il lui arrive malheur ! » Les fils d’Israël, c’est-à-dire de Jacob, parmi beaucoup d’autres gens, vinrent donc pour acheter du blé, car la famine sévissait au pays de Canaan. C’était Joseph qui organisait la vente du blé pour tout le peuple du pays, car il avait pleins pouvoirs dans le pays. En arrivant, les frères de Joseph se prosternèrent devant lui, face contre terre. Dès qu’il les vit, il les reconnut, mais il se comporta comme un étranger à leur égard et il leur parla avec dureté. Il leur dit : « D’où venez-vous ? » Ils répondirent : « Du pays de Canaan, pour acheter du blé en nourriture. » Joseph avait reconnu ses frères, mais eux ne l’avaient pas reconnu.
Joseph se rappela les songes qu’il avait
eus à leur sujet et leur dit : « Vous êtes
des espions !
C’est pour découvrir les points faibles du pays que vous êtes venus ! »
Ils répondirent : « Non, mon seigneur, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé en nourriture. Nous sommes tous fils du même homme. Nous sommes de bonne foi : tes serviteurs ne sont pas des espions. » Joseph leur répéta : « Non ! C’est pour découvrir les points faibles du pays que vous êtes venus. » Alors ils ajoutèrent : « Tes serviteurs étaient douze frères. Nous sommes fils d’un même homme, au pays de Canaan. Aujourd’hui le plus jeune est resté avec notre père, et l’un de nous n’est plus. » Joseph leur déclara : « Je maintiens ce que je vous ai dit, vous êtes des espions ! Voici l’épreuve que vous devrez subir : Par la vie de Pharaon, vous ne sortirez de ce pays que si votre plus jeune frère vient ici ! Envoyez l’un de vous chercher votre frère. Mais vous, vous resterez prisonniers. On va vérifier vos paroles : est-ce la vérité ? Si c’est non, par la vie de Pharaon, vous êtes vraiment des espions ! »Il les retint au poste de garde pendant trois jours.
Le troisième jour, il leur dit : « Faites ce que je vais vous dire, et vous resterez en vie, car je crains Dieu.Si vous êtes de bonne foi, que l’un d’entre vous reste prisonnier au poste de garde. Vous autres, partez en emportant ce qu’il faut de blé pour éviter la famine à votre clan. Puis vous m’amènerez votre plus jeune frère : ainsi vos paroles seront vérifiées, et vous ne serez pas mis à mort. » Ils acceptèrent, et ils se disaient l’un à l’autre : « Hélas ! nous sommes coupables envers Joseph notre frère : nous avons vu dans quelle détresse il se trouvait quand il nous suppliait, et nous ne l’avons pas écouté. C’est pourquoi nous sommes maintenant dans une telle détresse. »
Roubène, alors, prit la parole : « Je vous l’avais bien dit : “Ne commettez pas ce crime contre notre jeune frère !” Mais vous ne m’avez pas écouté, et maintenant il faut répondre de son sang. » Comme il y avait un interprète, ils ne se rendaient pas compte que Joseph les comprenait.Alors Joseph se retira pour pleurer. Ensuite il revint près d’eux et leur parla. Parmi eux, il choisit Siméon et le fit enchaîner sous leurs yeux. Alors Joseph ordonna de remplir de froment leurs bagages, de replacer l’argent de chacun dans son sac et de leur donner des provisions pour la route. C’est ainsi qu’il agit envers eux. Ils chargèrent le blé sur leurs ânes et partirent. À l’étape, l’un d’eux ouvrit son sac pour donner du fourrage à son âne et il découvrit son argent : il était sur le dessus de la besace ! Il dit à ses frères : « On m’a rendu mon argent, il est là dans ma besace. » Le cœur leur manqua, ils tressaillirent, se regardant l’un l’autre, et dirent :
« Qu’est-ce que Dieu nous a fait »
De retour au pays de Canaan chez Jacob, leur père, ils lui rapportèrent tout ce qui leur était arrivé. Ils dirent : « L’homme qui est le maître du pays nous a parlé avec dureté, il nous a pris pour des espions du pays. Nous lui avons dit : “Nous sommes de bonne foi, nous ne sommes pas des espions. Nous étions douze frères, fils d’un même père : l’un de nous n’est plus, et aujourd’hui le plus jeune est resté avec notre père, au pays de Canaan.” Alors, l’homme qui est le maître du pays nous a dit : “Voici comment je saurai si vous êtes de bonne foi. Laissez avec moi l’un de vos frères, prenez de quoi éviter la famine à votre clan et partez ! Puis amenez-moi votre plus jeune frère pour que je sache que vous n’êtes pas des espions mais que vous êtes de bonne foi. Je vous rendrai votre autre frère, et vous pourrez aller et venir dans le pays.” » Ils se mirent à vider leurs sacs, et voici que chacun trouvait, dans son sac, la bourse avec son argent ! Quand eux-mêmes et leur père virent les bourses avec leur argent, ils eurent peur.Jacob, leur père, dit alors : « Vous me privez de mes enfants ! Roubène dit à son père : « Tu pourras faire mourir mes deux fils, si je ne te ramène pas Benjamin. Remets-le entre mes mains et je te le rendrai. »Mais Jacob reprit : « Mon fils ne descendra pas avec vous. Son frère est mort, il ne me reste que lui. S’il lui arrivait malheur sur la route que vous allez prendre, c’est dans la douleur que vous feriez descendre mes cheveux blancs au séjour des morts. »La famine continuait à peser sur le pays.
Joseph n’est plus ! Siméon n’est plus !
Et vous voulez me prendre Benjamin ! Tout
est contre moi. »
Aussi, quand ils eurent fini de manger le blé rapporté d’Égypte, leur père leur dit : « Retournez nous acheter un peu de nourriture. » Juda lui répondit : « L’homme nous a déclaré expressément : “Vous ne serez pas admis en ma présence si votre frère n’est pas avec vous.” Si tu laisses notre frère partir avec nous, nous descendrons acheter de la nourriture. Mais si tu ne le laisses pas partir, nous ne descendrons pas, puisque l’homme nous a dit : “Vous ne serez pas admis en ma présence si votre frère n’est pas avec vous.” » Israël dit alors : « Pourquoi m’avoir fait du mal en apprenant à l’homme que vous aviez encore un frère ? » Ils répondirent : « L’homme nous a pressés de questions sur nous et notre parenté : “Votre père est-il encore en vie ?” disait-il. “Avez-vous un frère ?” Nous avons répondu à ces questions. Est-ce que nous pouvions savoir qu’il dirait : “Amenez ici votre frère” ? » Juda dit alors à son père Israël : « Laisse partir le jeune homme avec moi. Debout ! Allons, si nous voulons vivre et non pas mourir, nous, toi et nos jeunes enfants ! Moi, je me porte garant de lui, tu pourras m’en demander compte. Si je ne le ramène pas auprès de toi, si je ne le présente pas devant toi, j’aurai commis une faute envers toi pour toujours ! Si nous n’avions pas tellement hésité, nous serions déjà revenus deux fois ! » Leur père Israël reprit : « Si c’est le cas, eh bien ! faites ceci : prenez dans vos bagages des produits du pays pour en faire présent à cet homme, un peu de baume, un peu de miel, des aromates et de la myrrhe, des pistaches et des amandes. Prenez avec vous deux fois la somme d’argent ; ainsi l’argent remis sur le dessus de vos besaces, vous pourrez le restituer. C’était peut-être une erreur.
Emmenez votre frère ! Debout, retournez chez cet homme !
Que le Dieu-Puissant vous donne de susciter la compassion de cet homme : que celui-ci vous laisse ramener votre autre frère, et aussi Benjamin. Pour moi, si je dois être privé d’enfants, que j’en sois privé ! » Les hommes prirent avec eux le présent et la double somme d’argent ; ils emmenèrent aussi Benjamin. Ils se levèrent, descendirent en Égypte et se présentèrent devant Joseph. Apercevant Benjamin avec eux, Joseph dit à son intendant : « Fais entrer ces hommes dans la maison. Tue une bête et apprête-la, car ces hommes mangeront avec moi ce midi. » L’intendant exécuta les ordres de Joseph et fit entrer les hommes dans la maison. Mais ceux-ci eurent peur car on les faisait entrer dans la maison de Joseph. Ils se disaient : « C’est à cause de l’argent remis dans nos besaces la fois passée, c’est pour cela qu’on nous amène ici. Ils vont se ruer sur nous, tomber sur nous, nous garder comme esclaves, avec nos ânes. » Ils s’approchèrent de l’intendant de Joseph et lui parlèrent à l’entrée de la maison,en disant : « Pardon, mon seigneur. Nous sommes déjà descendus, une première fois, pour acheter de la nourriture. Or, quand nous sommes arrivés à l’étape et avons ouvert nos besaces, chacun a retrouvé son argent sur le dessus de sa besace. La somme exacte, nous la rapportons avec nous.2 Et nous sommes descendus avec une autre somme d’argent pour acheter de la nourriture. Nous ne savons pas qui avait remis notre argent dans nos besaces. »
L’intendant répondit : « Soyez en paix ! N’ayez pas peur ! C’est votre Dieu, le Dieu de votre père, qui a caché un trésor dans vos besaces. Votre argent m’était bien parvenu. » Et il leur relâcha Siméon.L’homme les fit entrer dans la maison de Joseph. Il leur apporta de l’eau et ils se lavèrent les pieds. Puis il donna du fourrage à leurs ânes. Ils préparèrent le présent en attendant l’arrivée de Joseph pour midi, car ils avaient appris qu’ils prendraient là leur repas.Joseph entra dans la maison, et ils lui offrirent le présent qu’ils tenaient entre les mains. Puis ils se prosternèrent devant lui jusqu’à terre.Il leur demanda comment ils allaient et ajouta : « Comment va votre vieux père dont vous m’aviez parlé ? Est-il toujours en vie ? »Ils répondirent : « Ton serviteur, notre père, se porte bien. Il est toujours en vie. » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent.
Joseph leva les yeux et aperçut son
frère Benjamin, le fils de sa mère.
Il dit : « Est-ce lui, votre plus jeune frère,
celui dont vous m’aviez parlé »
Puis il ajouta : « Dieu te prenne en grâce, mon fils. » Ému jusqu’aux entrailles à la vue de son frère, Joseph chercha en toute hâte un endroit pour pleurer. Il entra dans sa chambre et là, il pleura. Il se lava le visage et ressortit. Il se domina et dit : « Servez le repas. »On le servit à part ; on les servit à part, eux aussi, et on servit à part les Égyptiens qui mangeaient chez lui, car les Égyptiens ne peuvent prendre un repas avec les Hébreux : ce serait une abomination pour les Égyptiens ! Les Hébreux se placèrent devant Joseph par rang d’âge, depuis l’aîné selon son droit d’aînesse jusqu’au plus jeune ; et ils se regardaient l’un l’autre avec étonnement. Puis Joseph leur fit servir des portions de ce qui était devant lui. Et la portion de Benjamin était cinq fois plus copieuse que celle de tous les autres. Ils burent et s’enivrèrent avec lui. Joseph donna ses ordres à son intendant : « Remplis de nourriture les besaces de ces hommes, dit-il, autant qu’ils pourront en porter, et remets l’argent de chacun sur le dessus de la besace.Puis, ma coupe, la coupe d’argent, tu la mettras sur le dessus de la besace du plus jeune, avec l’argent de son blé. » Il fit ce que Joseph lui avait dit. Aux premières lueurs du matin, on renvoya ces hommes avec leurs ânes. Comme ils étaient sortis de la ville mais n’étaient pas encore loin, Joseph dit à son intendant : « Debout ! Poursuis ces hommes, rattrape-les, et tu leur diras : “Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? N’y a-t-il pas ici cet objet dont mon maître se sert pour boire et pratiquer la divination ?
C’est très mal, ce que vous avez fait.” » L’intendant les rattrapa et leur répéta ces paroles. Ils répondirent :
« Pourquoi mon seigneur parle-t-il ainsi
Loin de tes serviteurs d’avoir agi de cette façon ! L’argent que nous avions trouvé sur le dessus de nos besaces, nous te l’avons rapporté du pays de Canaan. Comment donc aurions-nous pu voler de l’or ou de l’argent dans la maison de ton maître ? Celui de tes serviteurs que l’on trouvera en possession de cet objet, il mourra, et nous mêmes, nous deviendrons esclaves de mon seigneur. »Il répondit : « Eh bien, qu’il en soit comme vous avez dit ! Celui que l’on trouvera en possession de l’objet deviendra mon esclave, et vous, vous serez quittes ! » Vite, chacun déposa sa besace à terre et l’ouvrit. L’intendant se mit à fouiller, en commençant par l’aîné et en terminant par le plus jeune. Et l’on trouva la coupe dans la besace de Benjamin. Ils déchirèrent leurs vêtements, chacun rechargea son âne et ils retournèrent en ville.Juda et ses frères arrivèrent à la maison de Joseph. Il y était encore. Ils se jetèrent devant lui, face contre terre.
Joseph leur dit : « Qu’avez-vous donc fait !
Ne saviez-vous pas qu’un homme comme moi
pratique la divination
» Juda répondit : « Qu’allons-nous pouvoir dire à mon seigneur ? Quels mots prononcer ? Quelles justifications avancer ? Dieu a trouvé que tes serviteurs étaient en faute. Nous serons donc les esclaves de mon seigneur, nous et celui qui a été trouvé en possession de la coupe. » Joseph répliqua : « Loin de moi d’agir ainsi, c’est l’homme trouvé en possession de la coupe qui sera mon esclave. Vous autres, retournez en paix chez votre père ! »Alors Juda s’approcha de lui et dit : « De grâce, mon seigneur, permets que ton serviteur t’adresse une parole sans que la colère de mon seigneur s’enflamme contre ton serviteur, car tu es aussi grand que Pharaon !Mon seigneur avait demandé à ses serviteurs : “Avez-vous encore votre père ou un autre frère ?”Et nous avons répondu à mon seigneur : “Nous avons encore notre vieux père et un petit frère, l’enfant qu’il a eu dans sa vieillesse ; celui-ci avait un frère qui est mort, il reste donc le seul enfant de sa mère, et notre père l’aime !” Alors tu as dit à tes serviteurs : “Amenez-le-moi : je veux m’occuper de lui.”Nous avons dit à mon seigneur :
“Le garçon ne peut pas quitter son père ; s’il
quittait son père, celui-ci mourrait.”
Alors tu as dit à tes serviteurs : “Si votre plus jeune frère ne revient pas avec vous, vous ne serez plus admis en ma présence.” Donc, lorsque nous sommes retournés auprès de notre père, ton serviteur, nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur. Et, lorsque notre père a dit : “Repartez pour nous acheter un peu de nourriture”,nous lui avons répondu : “Nous ne pourrons pas repartir si notre plus jeune frère n’est pas avec nous, car nous ne pourrons pas être admis en présence de cet homme si notre plus jeune frère n’est pas avec nous.” Alors notre père, ton serviteur, nous a dit : “Vous savez bien que ma femme Rachel ne m’a donné que deux fils.Le premier a disparu. Sûrement, une bête féroce l’aura mis en pièces, et je ne l’ai jamais revu. Si vous emmenez encore celui-ci loin de moi et qu’il lui arrive malheur, vous
ferez descendre misérablement mes cheveux blancs au séjour des morts.”
Maintenant, si je retourne, sans le garçon, chez mon père, ton serviteur, ils sont tellement attachés l’un à l’autre que mon père mourra quand il s’apercevra de son absence ; et c’est dans la douleur que tes serviteurs auront fait descendre les cheveux blancs de leur père au séjour des morts.Or, ton serviteur s’est porté garant du garçon auprès de son père, en disant : “Si je ne le ramène pas auprès de toi, j’aurai commis une faute envers toi, mon père, pour toujours !” Maintenant donc, que ton serviteur reste à la place du garçon comme esclave de mon seigneur et que le garçon retourne avec ses frères ! Comment retournerai-je vers mon père sans que le garçon soit avec moi ? Je ne veux pas voir le malheur atteindre mon père ! »
Joseph ne put se contenir devant
tous les gens de sa suite, et il s’écria :
« Faites sortir tout le monde. »
Quand il n’y eut plus personne auprès de lui, il se fit reconnaître de ses frères. Il pleura si fort que les Égyptiens l’entendirent, et même la maison de Pharaon. Il dit à ses frères : « Je suis Joseph ! Est-ce que mon père vit encore ? » Mais ses frères étaient incapables de lui répondre, tant ils étaient bouleversés de se trouver en face de lui. Alors Joseph dit à ses frères : « Approchez-vous de moi ». Ils s’approchèrent, et il leur dit : « Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour qu’il soit emmené en Égypte. Mais maintenant ne vous affligez pas, et ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu, car c’est pour vous conserver la vie que Dieu m’a envoyé ici avant vous. Voici déjà deux ans que la famine sévit dans le pays, et cinq années passeront encore sans labour ni moisson. Dieu m’a envoyé ici avant vous, afin de vous assurer un reste dans le pays et ainsi vous maintenir en vie en prévision d’une grande délivrance. Non, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu. C’est lui qui m’a élevé au rang de Père de Pharaon, maître de toute sa maison, gouverneur de tout le pays d’Égypte. Dépêchez-vous de retourner chez mon père pour lui dire : Ainsi parle ton fils Joseph : “Dieu m’a élevé au rang de maître de toute l’Égypte. Rejoins-moi. Ne t’arrête pas ! Tu habiteras le pays de Goshèn et tu seras près de moi, toi, tes fils, les fils de tes fils, ton petit et ton gros bétail, tout ce qui t’appartient. Là, je veillerai à ta subsistance – car il y aura encore cinq années de famine –, afin que tu ne manques de rien, toi, ta famille et tout ce qui t’appartient.”Vous le voyez de vos yeux, et mon frère Benjamin aussi le voit : c’est bien ma bouche qui vous parle.Vous rapporterez à mon père tout le prestige que j’ai en Égypte et tout ce que vous avez vu.
Dépêchez-vous d’amener mon père ici. »
Il se jeta au cou de son frère Benjamin et pleura, et Benjamin pleura dans ses bras. Il embrassa tous ses frères, en les couvrant de larmes. Puis tous ses frères se mirent à converser avec lui.La rumeur se répandit dans la maison de Pharaon. On disait : « Les frères de Joseph sont arrivés ! » Pharaon et ses serviteurs virent cela d’un bon œil.Pharaon dit à Joseph : « Dis à tes frères : “Faites ceci : chargez vos bêtes et partez ; rentrez au pays de Canaan !Puis, prenez votre père et vos familles, et revenez chez moi pour que je vous offre ce qu’il y a de mieux au pays d’Égypte et que vous mangiez les meilleurs produits du pays.Quant à toi, transmets-leur cet ordre : Faites ceci : au pays d’Égypte, procurez-vous des chariots pour vos jeunes enfants et vos femmes ; amenez votre père et revenez !Ne jetez pas un regard désolé sur vos affaires, car ce qu’il y a de mieux dans tout le pays d’Égypte vous appartiendra.” »Ainsi firent les fils d’Israël. Sur l’ordre de Pharaon, Joseph leur donna des chariots et des provisions de route. Il distribua à chacun des vêtements de rechange, mais à Benjamin, il donna trois cents pièces d’argent et cinq vêtements de rechange. Il envoya également à son père dix ânes chargés de ce qu’il y a de mieux en Égypte, et dix ânesses chargées de froment, de pain, de vivres, pour le voyage de son père.
Puis il renvoya ses frères qui se mirent
en route. Joseph leur avait dit : « Ne vous
disputez pas en chemin ! »
Ils remontèrent donc d’Égypte et arrivèrent au pays de Canaan chez leur père Jacob.Ils lui annoncèrent la nouvelle : « Joseph est encore vivant, et c’est lui qui est gouverneur de tout le pays d’Égypte ! » Mais le cœur de Jacob demeurait insensible, car il ne les croyait pas. Alors ils lui répétèrent toutes les paroles que Joseph leur avait dites, et Jacob vit les chariots que Joseph avait envoyés pour le transporter. Alors l’esprit de leur père Jacob reprit vie. Israël s’écria : « Il ne m’en faut pas plus, mon fils Joseph est encore vivant ! Je veux partir et le revoir avant de mourir. »