coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: La joie de l’Évangile/Citation/160<>168 Dim 9 Mar - 1:01 | |
| ''Une évangélisation pour l’approfondissement du kérygme''Le mandat missionnaire du Seigneur comprend l’appel à la croissance de la foi quand il indique : « leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28, 20). Ainsi apparaît clairement que la première annonce doit donner lieu aussi à un chemin de formation et de maturation. L’évangélisation cherche aussi la croissance, ce qui implique de prendre très au sérieux chaque personne et le projet que le Seigneur a sur elle. Chaque être humain a toujours plus besoin du Christ, et l’évangélisation ne devrait pas accepter que quelqu’un se contente de peu, mais qu’il puisse dire pleinement : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20).
Il ne serait pas correct d’interpréter cet appel à la croissance exclusivement ou prioritairement comme une formation doctrinale. Il s’agit d'“ observer ” ce que le Seigneur nous a indiqué, comme réponse à son amour, d’où ressort, avec toutes les vertus, ce commandement nouveau qui est le premier, le plus grand, celui qui nous identifie le mieux comme disciples : « Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 12). Il est évident que, lorsque les auteurs du Nouveau Testament veulent réduire à une dernière synthèse, au plus essentiel, le message moral chrétien, ils nous présentent l’incontournable exigence de l’amour du prochain : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi… La charité est donc la loi dans sa plénitude » (Romains 13, 8.10). Ainsi pour saint Paul, le précepte de l’amour ne résume pas seulement la loi, mais il est le cœur et la raison de l’être :« Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Galates 5, 14). Et il présente à ses communautés la vie chrétienne comme un chemin de croissance dans l’amour : « Que le Seigneur vous fasse croître et abonder dans l’amour que vous avez les uns envers les autres » (1 Thessaloniciens 3, 12). Aussi saint Jacques exhorte les chrétiens à accomplir « la Loi royale suivant l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, alors vous faites bien » (1 Thessaloniciens 2,8 ), pour n’enfreindre aucun précepte.
D’autre part, ce chemin de réponse et de croissance est toujours précédé du don, parce que cette autre demande du Seigneur le précède : « les baptisant au nom… » (Matthieu 28,19). L’adoption en tant que fils que le Père offre gratuitement et l’initiative du don de sa grâce (Éphésiens 2, 8-9 ; 1 Corinthiens 4, 7) sont la condition de la possibilité de cette sanctification permanente qui plaît à Dieu et lui rend gloire. Il s’agit de se laisser transformer dans le Christ par une vie progressive « selon l’Esprit » (Romains 8, 5).
''Une catéchèse kérygmatique et mystagogique'' L’éducation et la catéchèse sont au service de cette croissance. Nous avons déjà à notre disposition différents textes magistériels et matériaux sur la catéchèse offerts par le Saint-Siège et par les différents Épiscopats. Je rappelle l’Exhortation apostolique Catechesi tradendae (1979), le Directoire général pour la catéchèse (1997) et d’autres documents dont il n’est pas nécessaire de répéter ici le contenu actuel. Je voudrais m’arrêter seulement sur certaines considérations qu’il me semble opportun de souligner. Nous avons redécouvert que, dans la catéchèse aussi, la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial. Le kérygme est trinitaire. C’est le feu de l’Esprit qui se donne sous forme de langues et nous fait croire en Jésus Christ, qui par sa mort et sa résurrection nous révèle et nous communique l’infinie miséricorde du Père. Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer”. Quand nous disons que cette annonce est “la première”, cela ne veut pas dire qu’elle se trouve au début et qu’après elle est oubliée ou remplacée par d’autres contenus qui la dépassent. Elle est première au sens qualitatif, parce qu’elle est l’annonce principale, celle que l’on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse sous une forme ou une autre, à toutes ses étapes et ses moments. Pour cela aussi « le prêtre, comme l’Église, doit prendre de plus en plus conscience du besoin permanent qu’il a d’être évangélisé ». On ne doit pas penser que dans la catéchèse le kérygme soit abandonné en faveur d’une formation qui prétendrait être plus “solide”. Il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce. Toute la formation chrétienne est avant tout l’approfondissement du kérygme qui se fait chair toujours plus et toujours mieux, qui n’omet jamais d’éclairer l’engagement catéchétique, et qui permet de comprendre convenablement la signification de n’importe quel thème que l’on développe dans la catéchèse. C’est l’annonce qui correspond à la soif d’infini présente dans chaque cœur humain. La centralité du kérygme demande certaines caractéristiques de l’annonce qui aujourd’hui sont nécessaires en tout lieu : qu’elle exprime l’amour salvifique de Dieu préalable à l’obligation morale et religieuse, qu’elle n’impose pas la vérité et qu’elle fasse appel à la liberté, qu’elle possède certaines notes de joie, d’encouragement, de vitalité, et une harmonieuse synthèse qui ne réduise pas la prédication à quelques doctrines parfois plus philosophiques qu’évangéliques. Cela exige de l’évangélisateur des dispositions qui aident à mieux accueillir l’annonce : proximité, ouverture au dialogue, patience, accueil cordial qui ne condamne pas.
Une autre caractéristique de la catéchèse, qui s’est développée ces dernières années est celle de l’initiation mystagogique, qui signifie essentiellement deux choses : la progressivité nécessaire de l’expérience de formation dans laquelle toute la communauté intervient et une valorisation renouvelée des signes liturgiques de l’initiation chrétienne. De nombreux manuels et beaucoup de programmes ne se sont pas encore laissés interpeller par la nécessité d’un renouvellement mystagogique, qui pourrait assumer des formes très diverses en accord avec le discernement de chaque communauté éducative. La rencontre catéchétique est une annonce de la Parole et est centrée sur elle, mais elle a toujours besoin d’un environnement adapté et d’une motivation attirante, de l’usage de symboles parlants, de l’insertion dans un vaste processus de croissance et de l’intégration de toutes les dimensions de la personne dans un cheminement communautaire d’écoute et de réponse.
Il est bien que chaque catéchèse prête une attention spéciale à la “voie de la beauté” (via pulchritudinis). Annoncer le Christ signifie montrer que croire en lui et le suivre n’est pas seulement quelque chose de vrai et de juste, mais aussi quelque chose de beau, capable de combler la vie d’une splendeur nouvelle et d’une joie profonde, même dans les épreuves. Dans cette perspective, toutes les expressions d’authentique beauté peuvent être reconnues comme un sentier qui aide à rencontrer le Seigneur Jésus. Il ne s’agit pas d’encourager un relativisme esthétique, qui puisse obscurcir le lien inséparable entre vérité, bonté et beauté, mais de récupérer l’estime de la beauté pour pouvoir atteindre le cœur humain et faire resplendir en lui la vérité et la bonté du Ressuscité. Si, comme affirme saint Augustin, nous n’aimons que ce qui est beau, le Fils fait homme, révélation de la beauté infinie, est extrêmement aimable, et il nous attire à lui par des liens d’amour. Il est donc nécessaire que la formation à la via pulchritudinis soit insérée dans la transmission de la foi. Il est souhaitable que chaque Église particulière promeuve l’utilisation des arts dans son œuvre d’évangélisation, en continuité avec la richesse du passé, mais aussi dans l’étendue de ses multiples expressions actuelles, dans le but de transmettre la foi dans un nouveau “langage parabolique”. Il faut avoir le courage de trouver les nouveaux signes, les nouveaux symboles, une nouvelle chair pour la transmission de la Parole, diverses formes de beauté qui se manifestent dans les milieux culturels variés, y compris ces modalités non conventionnelles de beauté, qui peuvent être peu significatives pour les évangélisateurs, mais qui sont devenues particulièrement attirantes pour les autres. Pour ce qui concerne la proposition morale de la catéchèse, qui invite à grandir dans la fidélité au style de vie de l’Évangile, il est opportun d’indiquer toujours le bien désirable, la proposition de vie, de maturité, de réalisation, de fécondité, à la lumière de laquelle on peut comprendre notre dénonciation des maux qui peuvent l’obscurcir. Plus que comme experts en diagnostics apocalyptiques ou jugements obscurs qui se complaisent à identifier chaque danger ou déviation, il est bien qu’on puisse nous regarder comme de joyeux messagers de propositions élevées, gardiens du bien et de la beauté qui resplendissent dans une vie fidèle à l’Évangile. | |
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