''Le chemin de la prière''
Dans la tradition vivante de la prière, chaque Église propose à ses fidèles, selon le contexte historique, sociale et culturel, le langage de leur prière : paroles, mélodies, gestes, iconographie. Il appartient au magistère de discerner la fidélité de ces chemins de prière à la tradition de la foi apostolique, et il revient aux pasteurs et aux catéchètes d’en expliquer le sens, toujours relatif à Jésus Christ.
''La prière au Père''
Il n’est pas d’autre chemin de la prière chrétienne que le Christ. Que notre prière soit communautaire ou personnelle, vocale ou intérieure, elle n’a accès au Père que si nous prions " dans le Nom " de Jésus. La sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint nous apprend à prier Dieu notre Père.
''La prière à Jésus''
La prière de l’Église, nourrie par la Parole de Dieu et la célébration de la Liturgie, nous apprend à prier le Seigneur Jésus. Même si elle est surtout adressée au Père, elle comporte, dans toutes les traditions liturgiques, des formes de prière adressées au Christ. Certains psaumes, selon leur actualisation dans la Prière de l’Église, et le Nouveau Testament mettent sur nos lèvres et gravent dans nos cœurs les invocations de cette prière au Christ : Fils de Dieu, Verbe de Dieu, Seigneur, Sauveur, Agneau de Dieu, Roi, Fils bien-aimé, Fils de la Vierge, bon Berger, notre Vie, notre Lumière, notre Espérance, notre Résurrection, Ami des hommes...
Mais le Nom qui contient tout est celui que le Fils de Dieu reçoit dans son Incarnation : Jésus. Le Nom divin est indicible par les lèvres humaines (cf. Ex 3, 14 ; 33, 19-23), mais en assumant notre humanité le Verbe de Dieu nous le livre et nous pouvons l’invoquer : " Jésus ", " YHWH sauve " (cf. Mt 1, 21). Le Nom de Jésus contient tout : Dieu et l’homme et toute l’Economie de la création et du salut. Prier " Jésus ", c’est l’invoquer, l’appeler en nous. Son Nom est le seul qui contient la Présence qu’il signifie. Jésus est Ressuscité, et quiconque invoque son Nom accueille le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui (cf. Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 3, 15-16 ; Ga 2, 20).
Cette invocation de foi toute simple a été développée dans la tradition de la prière sous maintes formes en Orient et en Occident. La formulation la plus habituelle, transmise par les spirituels du Sinaï, de Syrie et de l’Athos est l’invocation : " Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de nous, pécheurs ! " Elle conjugue l’hymne christologique de Ph 2, 6-11 avec l’appel du publicain et des mendiants de la lumière (cf. Mc 10, 46-52 ; Lc 18, 13). Par elle, le cœur est accordé à la misère des hommes et à la Miséricorde de leur Sauveur.
L’invocation du saint Nom de Jésus est le chemin le plus simple de la prière continuelle. Souvent répétée par un cœur humblement attentif, elle ne se disperse pas dans un " flot de paroles " (Mt 6, 7), mais " garde la Parole et produit du fruit par la constance " (cf. Lc 8, 15). Elle est possible " en tout temps ", car elle n’est pas une occupation à côté d’une autre mais l’unique occupation, celle d’aimer Dieu, qui anime et transfigure toute action dans le Christ Jésus.
La prière de l’Église vénère et honore le Cœur de Jésus, comme elle invoque son Très saint Nom. Elle adore le Verbe incarné et son Cœur qui par amour des hommes, s’est laissé transpercer par nos péchés. La prière chrétienne aime suivre le chemin de la croix à la suite du Sauveur. Les stations du Prétoire au Golgotha et au Tombeau scandent la marche de Jésus qui a racheté le monde par sa sainte Croix.