doucecolombe
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| Sujet: 95/Si nous nous en tenons à l’Évangile, Jésus assigne aux 72 disciples une mission semblable à celle des Douze.../ Sam 22 Juin 2019 - 13:41 | |
| Si nous nous en tenons à l’Évangile, Jésus assigne aux 72 disciples une mission semblable à celle des Douze : les disciples sont envoyés pour annoncer la venue du Royaume de Dieu. Ils exerceront cette prédication au nom du Christ, avec son autorité : “ Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m’a envoyé ” (Lc 10, 16). Comme les Douze (Mc 6, 7 ; Lc 9, 1), les disciples reçoivent le pouvoir d’expulser les esprits mauvais, si bien que, après les premières expériences, ils disent à Jésus : “ Seigneur, même les démons nous étaient soumis en ton nom ”. Ce pouvoir est confirmé par Jésus lui-même : “ Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ! Je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions et toute la puissance de l’Ennemi ” (Lc 10, 17-19).
Il s’agit également pour eux de participer avec les Douze à l’œuvre rédemptrice de l’unique Prêtre de la nouvelle Alliance, le Christ, qui a voulu leur confier, à eux aussi, une mission et des pouvoirs semblables à ceux des Douze. L’institution du presbytérat ne correspond donc pas seulement à une nécessité pratique des évêques qui ressentent le besoin d’avoir des collaborateurs, mais découle d’une intention explicite du Christ. De fait, nous trouvons que, dès les premiers temps du christianisme, les prêtres (presbyteroi) sont présents et exercent des fonctions dans l’Église des Apôtres et des premiers évêques, leurs successeurs (Ac 11, 30 ; 14, 23 ; 15, 2. 4. 6. 22. 23. 41 ; 16, 4 ; 20, 17 ; 21, 18 ; 1 Tm 4, 14 ; 5, 17. 19 ; Tt 1, 5 ; Jc 5, 14 ; 1 P 5, 1. 5. 15 ; 2 Jn 1 ; 3 Jn 1). Il n’est pas toujours facile de distinguer, dans ces livres du Nouveau Testament, les “ prêtres ” des “ évêques ” en ce qui concerne les tâches qui leur sont attribuées. Mais, très vite, on voit se délimiter, dans l’Église des Apôtres, les deux catégories de participants à la mission et au sacrifice du Christ, que l’on retrouve ensuite, mieux spécifiées, dans les œuvres des écrivains post-apostoliques (comme la Lettre aux Corinthiens du Pape saint Clément, les Lettres de saint Ignace d’Antioche, le Pasteur d’Hermas, etc.), si bien que, dans le langage employé dans l’Église à Jérusalem, à Rome et dans les autres communautés d’Orient et d’Occident, on finit par réserver le nom d’évêque au chef et pasteur unique de la communauté, alors que celui de prêtre désigne un ministre qui travaille en dépendance de l’évêque. Dans le sillage de la tradition chrétienne et en conformité avec la volonté du Christ attestée par le Nouveau Testament, le Concile Vatican II parle des prêtres comme de ministres qui ne possèdent pas le “ sacerdoce suprême ” et qui, dans l’exercice de leur pouvoir, dépendent des évêques, mais qui, par ailleurs, leur sont unis dans “ l’honneur sacerdotal ”. Cette conjonction s’enracine dans le sacrement de l’Ordre : “ La fonction des prêtres, en tant qu’elle est étroitement unie à l’Ordre épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps ” . Les prêtres, aussi, portent en eux “ l’image du Christ, Prêtre souverain et éternel ” . Ils participent donc à l’autorité pastorale du Christ, et c’est là la note spécifique de leur ministère, fondée sur le sacrement de l’Ordre qui leur est conféré. Comme nous le lisons dans le Décret Presbyterorum ordinis, “ le sacerdoce des prêtres, s’il présuppose les sacrements de l’initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen du sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les marque d’un caractère spécial et les configure ainsi au Christ prêtre pour les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en personne ”. Ce caractère, conféré par l’onction sacramentelle de l’Esprit Saint, est, pour ceux qui le reçoivent, un signe : le signe d’une consécration plus spéciale, par rapport au baptême et à la confirmation, au Christ Prêtre, qui en fait ses ministres actifs, dans le culte officiel rendu à Dieu et dans la sanctification des frères ; le signe des pouvoirs ministériels à exercer au nom du Christ, Chef et Pasteur de l’Église. Le caractère est aussi le signe et l’instrument, dans l’âme du prêtre, des grâces spéciales pour l’exercice du ministère, liées à la grâce sanctifiante que l’Ordre comporte en tant que sacrement, que ce soit au moment où il est conféré ou dans tout l’exercice et le développement dans le ministère. Il implique donc le prêtre dans une économie de sanctification, que le ministère même comporte en faveur de celui qui l’exerce comme de ceux qui en bénéficient par les divers sacrements et les autres activités qu’exercent leurs pasteurs. L’Église tout entière reçoit les fruits de la sanctification opérée par le ministère des prêtres-pasteurs : le ministère des prêtres diocésains comme de ceux qui, à quelque titre et sous quelque forme que ce soit, ayant reçu l’Ordre sacré, exercent leur activité en communion avec les évêques diocésains et avec le successeur de Pierre.L’ontologie profonde de la consécration de l’Ordre et le dynamisme de sanctification qu’elle comporte dans le ministère, excluent certainement toute interprétation sécularisée du ministère presbytéral, comme si le prêtre était simplement consacré pour l’instauration de la justice ou la diffusion de l’amour dans le monde. Le prêtre est ontologiquement participant du sacerdoce du Christ, vraiment consacré, “ homme du sacré ”, député, comme le Christ, au culte qui monte vers le Père, et à la mission évangélisatrice par laquelle il répand et distribue à ses frères ce qui est sacré : la vérité, la grâce de Dieu. Voilà la véritable identité sacerdotale, voilà l’exigence essentielle du ministère sacerdotal, également dans le monde d’aujourd’hui. | |
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