doucecolombe
Nombre de messages : 25779 Age : 67 Réputation : 13 Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: 98/« Tu ne me laveras pas les pieds, non, jamais! » (Jn 13, 8)/ Sam 22 Juin - 22:11 | |
| Dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai dit que le véritable héritage du grand Jubilé est l'expérience d'une rencontre plus intense avec le Christ. Parmi les nombreux aspects de cette rencontre, il me plaît aujourd'hui de choisir, pour la présente réflexion, celui de la réconciliation sacramentelle: c'est d'ailleurs un aspect qui a été au centre de l'Année jubilaire, notamment parce qu'il est intimement lié au don de l'indulgence. Je suis sûr que vous aussi en avez fait l'expérience dans les Églises locales. Il est certain qu'ici, à Rome, l'affluence importante de personnes qui se sont approchées du sacrement de la miséricorde a été l'un des phénomènes les plus manifestes du Jubilé. Même des observateurs laïcs en ont été impressionnés. Les confessionnaux de Saint-Pierre, comme ceux des autres Basiliques, ont été comme « pris d'assaut » par les pèlerins, souvent contraints de suivre de longues files et d'attendre patiemment leur tour. Et l'intérêt montré pour ce sacrement par les jeunes lors de la semaine splendide de leur Jubilé a été particulièrement significatif. Vous savez bien qu'au cours des dernières décennies ce sacrement a été marqué, pour plus d'un motif, par une certaine crise. C'est précisément pour affronter cette crise que fut réuni en 1984 un Synode, dont les conclusions furent synthétisées dans l'exhortation apostolique post-synodale Reconciliatio et paenitentia. Il serait naïf de penser que la pratique plus intense du sacrement du pardon au cours de l'Année jubilaire constitue à elle seule la preuve d'une inversion de tendance désormais acquise. Mais il y a eu là un signal encourageant. Il nous pousse à reconnaître que les exigences profondes de l'esprit humain, auxquelles répond le dessein de salut de Dieu, ne peuvent pas être effacées par des crises temporaires. Il faut recevoir comme une indication d'en haut ce signal jubilaire et en faire le motif d'une nouvelle audace pour proposer à nouveau le sens et la pratique de ce sacrement. Mais ce n'est pas tellement sur le problème pastoral que je veux m'attarder. Le Jeudi saint, journée spéciale de notre vocation, nous invite à réfléchir surtout sur notre « être » et en particulier sur notre chemin de sainteté. C'est de ce dernier que découle aussi l'élan apostolique.Eh bien, en regardant le Christ lors de la dernière Cène, en le voyant se faire « pain rompu » pour nous, se pencher en humble service aux pieds des Apôtres, comment ne pas éprouver, avec Pierre, le même sentiment d'indignité devant la grandeur du don reçu? « Tu ne me laveras pas les pieds, non, jamais! » (Jn 13, 8 ). Pierre avait tort de refuser le geste du Christ. Mais il avait raison de s'en sentir indigne. Il est important, en cette journée par excellence de l'amour, que nous sentions la grâce du sacerdoce comme une surabondance de miséricorde. | |
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