Question 8
Je m'appelle Dom Lorenzo, je suis curé.
Très Saint-Père, les fidèles n'attendent des
prêtres qu'une seule chose: qu'ils soient
des spécialistes dans la promotion de la
rencontre de l'homme avec Dieu. Ce ne sont
pas mes paroles, mais celles de Votre Sainteté
dans une intervention au clergé. Mon père
spirituel au séminaire, au cours de ces séances
très dures de direction spirituelle, me disait:
"Mon petit Lorenzo, humainement, nous y
sommes, mais..." et quand il disait "mais" il
voulait dire que je préférais jouer au ballon
que participer à l'adoration eucharistique. Et
que cela n'était pas bon pour ma vocation,
que ce n'était pas une bonne chose de critiquer
les leçons de morale et de droit, parce que les
professeurs en savaient davantage que moi. Et
avec ce "mais" qui sait combien d'autres choses
encore il voulait dire. A présent, je pense à
lui qui est au ciel et je dis aussi pour lui quelques
requiem. Malgré tout, voilà 34 ans que je suis
prêtre et j'en suis même heureux: je n'ai pas
fait de miracles, pas de désastres connus non
plus, inconnus peut-être. "Humainement nous
y sommes", pour moi c'est un grand compliment.
Mais rapprocher l'homme de Dieu et Dieu de
l'homme ne passe-t-il pas surtout à travers ce
que nous appelons l'humanité à laquelle nous
ne pouvons renoncer, nous aussi les prêtres?
Merci
Je dirais simplement oui à ce que vous avez dit à la fin. Le catholicisme, de manière un peu simpliste, a toujours été considéré comme la religion du grand et : non de grandes choses qui s'excluent, mais de la synthèse. Catholique veut précisément dire "synthèse". C'est pourquoi je serais contraire à une alternative: ou bien jouer au ballon ou bien étudier l'Ecriture Sainte ou le Droit canonique. Faisons les deux choses. Il est beau de faire du sport, je ne suis pas un grand sportif, mais j'aimais toutefois aller en montagne lorsque j'étais plus jeune encore, à présent je ne fais que des marches très faciles, mais je trouve toujours très beau de marcher ici sur cette belle terre que le Seigneur nous a donnée. Nous ne pouvons donc pas toujours vivre dans la haute méditation, peut-être un Saint sur la dernière marche de son chemin terrestre peut arriver à ce point, mais normalement nous vivons avec les pieds sur terre et les yeux tournés vers le ciel. Les deux choses nous sont données par le Seigneur et donc aimer les choses humaines, aimer les beautés de sa terre non seulement est très humain, mais aussi très chrétien et proprement catholique.
Je dirais que - et il me semble l'avoir déjà évoqué tout à l'heure - cet aspect fait aussi partie d'une bonne pastorale réellement catholique: vivre dans l'et et; vivre l'humanité et l'humanisme de l'homme, tous les dons que le Seigneur nous a offerts et que nous avons développés et, dans le même temps, ne pas oublier Dieu, parce qu'à la fin, la grande lumière vient de Dieu et seulement de Lui vient ensuite la lumière qui donne la joie à tous ces aspects des choses qui existent. Je voudrais donc simplement m'engager pour la grande synthèse catholique, pour ce "et et"; être vraiment homme et chacun selon ses dons et son son charisme aimer la terre et les belles choses que le Seigneur nous a données, mais être aussi reconnaissants parce que sur la terre resplendit la lumière de Dieu, qui donne splendeur et beauté à tout le reste. Vivons en ce sens joyeusement la catholicité. Voilà quelle serait ma réponse.