coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13281 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 10 /Questions posées par 10 clercs diocésains/4/Je m'appelle père Graziano Bonfitto Sam 19 Oct - 22:35 | |
| Question 4 La jeunesse qui croit cependant aujourd'hui, même si elle se sent assaillie, est convaincue que Dieu est l'espérance qui résiste à toutes les déceptions, que seul son amour ne peut être détruit par la mort, même s'il n'est pas facile la plupart du temps de trouver l'espace et le courage pour en témoigner. Que faire alors? Comment se comporter? Cela vaut-il effectivement la peine de continuer à parier sa vie sur le Christ? Je m'appelle (père Graziano Bonfitto, vicaire paroissial de la paroisse d'Ognissanti) Saint-Père, je suis originaire d'une région de la Province de Foggia, San Marco in Lamis. Je suis un religieux de Don Orione et prêtre depuis un an et demi environ, actuellement vicaire de la paroisse d'Ognissanti, dans le quartier Appio. Je ne vous cache ni mon émotion ni la joie incroyable que j'éprouve en ce moment privilégié. Vous êtes l'Évêque et le Pasteur de notre Eglise diocésaine, mais vous êtes avant tout le Pape, et donc le Pasteur de l'Église universelle. Et cela redouble irrémédiablement mon émotion.
Je voudrais avant toute chose vous exprimer ma gratitude pour tout ce que, jour après jour, vous faites non seulement pour le diocèse de Rome mais aussi pour toute l'Église. Vos paroles et vos gestes, vos attentions envers nous, peuple de Dieu, sont signe de l'amour et de la proximité que vous nourrissez pour tous et pour chacun d'entre nous. J'exerce mon apostolat sacerdotal surtout parmi les jeunes. Et c'est en leur nom que je veux aujourd'hui vous dire merci. Mon saint fondateur, saint Luigi Orione, disait que les jeunes sont le soleil ou la tempête de demain.
Je crois qu'en ce moment historique où nous vivons, les jeunes sont autant le soleil que la tempête, non du lendemain mais du présent, de maintenant. Nous ressentons aujourd'hui, nous les jeunes, plus que jamais le besoin d'avoir des certitudes. Nous souhaitons la sincérité, la liberté, la justice, la paix. Nous voulons à nos côtés des personnes qui nous accompagnent, qui nous écoutent. Exactement comme Jésus avec les disciples d'Emmaüs. La jeunesse souhaite des personnes capables de leur indiquer la voie de la liberté, de la responsabilité, de l'amour, de la vérité. Autrement dit, les jeunes ont aujourd'hui une soif insatiable du Christ. Une soif de témoins joyeux qui ont rencontré Jésus et qui ont parié sur Lui toute leur existence.
Les jeunes veulent une Eglise toujours en action et toujours plus proche de leurs exigences. Ils la veulent présente dans leurs choix de vie, même s'ils cultivent un certain sens du détachement de l'Eglise elle-même. Le jeune cherche une espérance fiable - comme vous l'avez écrit dans la dernière lettre que vous nous avez adressée, à nous, fidèles de Rome - pour éviter de vivre sans Dieu. Saint-Père - permettez-moi de vous appeler "papa" -, qu'il est difficile de vivre en Dieu, avec Dieu et par Dieu. La jeunesse se sent piégée de toutes parts. Les faux prophètes et les vendeurs d'illusions sont nombreux. Les insinuateurs de fausses vérités et d'idéaux ignobles sont trop nombreux.
La jeunesse qui croit cependant aujourd'hui, même si elle se sent assaillie, est convaincue que Dieu est l'espérance qui résiste à toutes les déceptions, que seul son amour ne peut être détruit par la mort, même s'il n'est pas facile la plupart du temps de trouver l'espace et le courage pour en témoigner. Que faire alors? Comment se comporter? Cela vaut-il effectivement la peine de continuer à parier sa vie sur le Christ? La vie, la famille, l'amour, la joie, la justice, le respect des opinions de l'autre, la liberté, la prière, et la charité sont-elles encore des valeurs à défendre? La vie des bienheureux, c'est-à-dire celle qui se mesure aux béatitudes, est-elle une vie adaptée à l'homme, aux jeunes du troisième millénaire? Merci infiniment de votre attention, de votre affection et de votre attention pour les jeunes. La jeunesse est avec vous: elle vous estime, vous aime et vous attend. Soyez toujours proche de nous, indiquez-nous avec toujours plus de force le chemin qui mène au Christ, la voie, la vérité et la vie. Encouragez-nous à voler haut. Toujours plus haut. Et priez toujours pour nous. Merci.
Merci pour ce beau témoignage d'un jeune prêtre qui chemine avec les jeunes, les accompagne, comme vous l'avez dit, et les aide à aller avec le Christ, avec Jésus. Que dire? Nous savons tous combien il est difficile pour un jeune de vivre aujourd'hui en chrétien. Le contexte culturel, le contexte médiatique, offre tout autre chose que la route vers le Christ. C'est comme s'il empêchait de voir le Christ comme centre de la vie et de vivre sa vie comme Jésus nous le montre. Cependant, il me semble également que beaucoup ressentent toujours plus fortement l'insuffisance de toutes ces offres, de ce style de vie qui, à la fin, nous laisse vides.
En ce sens, il me semble justement que la lecture de la liturgie d'aujourd'hui, celle du Deutéronome (30, 15-20) et l'extrait de l'Évangile de Luc (9, 22-25), répondent à ce que, en substance, nous devrions dire aux jeunes et nous répéter toujours à nous-mêmes. Comme vous l'avez dit, la sincérité est fondamentale. Les jeunes doivent sentir que nous ne disons pas des paroles que nous n'avons pas nous-mêmes vécues, mais que nous parlons parce que nous avons trouvé et que nous essayons de trouver chaque jour à nouveau la vérité en tant que vérité pour notre vie. Ce n'est que si nous sommes sur cette voie, si nous essayons de ressembler nous-mêmes à cette vie et de faire ressembler notre vie à celle du Seigneur, que nos paroles pourront être crédibles et avoir une logique visible et convaincante. Je le répète: c'est aujourd'hui la grande règle fondamentale, non seulement pour le Carême mais pour toute la vie chrétienne: choisis la vie. Tu as devant toi la mort et la vie: choisis la vie. La réponse me semble être toute naturelle. Très peu de personnes nourrissent au fond d'elles-mêmes une volonté de destruction, de mort, au point de ne plus vouloir être, vivre, parce que tout est contradiction pour elles. Malheureusement, on parle d'un phénomène qui prend de l'ampleur. Avec toutes ses contradictions, ses fausses promesses, la vie apparaît finalement contradictoire, elle n'est plus un don mais une condamnation et c'est pour cela que certains veulent plus la mort que la vie. Mais normalement l'homme répond: oui, je veux la vie.
Mais reste à savoir cependant comment trouver la vie, que choisir et comment choisir la vie. Et les offres qui sont normalement faites, nous les connaissons: aller en discothèque, prendre tout ce qu'il est possible de prendre, considérer la liberté comme la possibilité de faire tout ce que l'on veut, tout ce qui nous vient à l'esprit sur le moment. Mais nous savons en revanche - et nous pouvons le montrer - que cette route est une route de mensonge car on y trouve à la fin non la vie mais réellement l'abîme du rien. Choisis la vie. Cette lecture dit: Dieu est ta vie, tu as choisi la vie et tu as fait ton choix: Dieu. Cela me semble fondamental. Ce n'est qu'ainsi que notre horizon est suffisamment large et que nous sommes à la source de la vie, qui est plus forte que la mort, que toutes les menaces de mort. Le choix fondamental est donc celui qui est indiqué ici: choisis Dieu. Il faut comprendre que celui qui va sur la route sans Dieu se retrouve à la fin dans l'obscurité, même s'il peut y avoir des moments dans lesquels il nous semble avoir trouvé la vie.
Il y a ensuite un autre pas à faire: comment trouver Dieu, comment choisir Dieu. Nous arrivons ici à l'Évangile: Dieu n'est pas un inconnu, une hypothèse probable de la naissance de l'univers. Dieu est fait de chair et d'os. Il est un des nôtres. Nous le connaissons avec son visage, par son nom. C'est Jésus Christ qui nous parle dans l'Évangile. Il est homme et Il est Dieu. Et parce qu'Il est Dieu, il a choisi l'homme pour nous permettre de choisir Dieu. Il faut donc entrer dans la connaissance et puis dans l'amitié de Jésus pour faire route avec lui.
Il me semble que cela est le point fondamental dans notre soin pastoral pour les jeunes, pour tous mais surtout pour les jeunes: attirer leur attention sur le choix de Dieu, qui est la vie. Sur le fait que Dieu existe. Et qu'il existe de façon très concrète. Et enseigner l'amitié avec Jésus Christ.
Il y a également un troisième pas à effectuer. Cette amitié avec Jésus n'est pas une amitié avec une personne irréelle, avec quelqu'un qui appartient au passé ou qui est éloigné des hommes, à la droite de Dieu. Il est présent dans son corps, qui est encore un corps en chair et en os: c'est l'Eglise, la communion de l'Église. Nous devons construire et rendre plus accessibles des communautés qui reflètent, qui sont le miroir de la grande communauté de l'Eglise vivante. C'est tout un ensemble: l'expérience vivante de la communauté, avec toutes ses faiblesses humaines, mais néanmoins réelles, avec une route claire, et une solide vie sacramentelle, dans laquelle nous pouvons toucher aussi ce qui peut nous sembler si éloigné, la présence du Seigneur. De cette façon, nous pouvons aussi apprendre les commandements - pour retourner au Deutéronome, duquel je suis parti. Parce que sa lecture nous dit: choisir Dieu signifie choisir selon Sa Parole, vivre selon Sa Parole. Pendant un instant, cela peut nous apparaître un peu positiviste, voire plus: ce sont des impératifs. Mais la première chose, c'est le don: son amitié. Ensuite nous pouvons comprendre que les bornes du chemin sont des explications de la réalité de cette amitié qui est la nôtre.
Cela, nous pouvons le dire, est une vision générale, qui jaillit du contact avec les Saintes Écritures et avec la vie de l'Église de tous les jours. Puis elle se traduit pas à pas dans les rencontres concrètes avec les jeunes: les mener au dialogue avec Jésus dans la prière, dans la lecture des Saintes Écritures - surtout la lecture en commun mais aussi la lecture personnelle - et dans la vie sacramentelle. Ce sont tous des pas à effectuer pour rendre ces expériences présentes dans la vie professionnelle, même si le contexte est souvent marqué par l'absence totale de Dieu et même s'il semble impossible qu'il soit présent. Mais c'est alors justement à travers notre vie et notre expérience de Dieu que nous devons essayer de faire entrer aussi dans ce monde éloigné de Dieu la présence du Christ.
La soif de Dieu existe. J'ai reçu récemment la visite ad limina d'Évêques d'un pays où plus de cinquante pour cent des personnes se déclarent athées ou agnostiques. Mais ils m'ont dit: en réalité, ils ont tous soif de Dieu. Cette soif existe de façon cachée. Aussi commençons-nous d'abord avec les jeunes que nous pouvons rencontrer. Formons des communautés dans lesquelles se reflète l'Église, apprenons l'amitié avec Jésus. Ainsi remplis de cette joie et de cette expérience, nous pourrons aussi rendre Dieu présent dans notre monde. Le paradis est la justice réalisée
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