coeurtendre Admin
Nombre de messages : 12693 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 10 /Questions posées par 10 clercs diocésains/11/Je m'appelle Père Daniele Salera Dim 20 Oct - 1:47 | |
| Question 11
(Père Daniele Salera, Vicaire paroissial à "Santa Maria Madre del Redentore" à Tor Bella Monaca, professeur de religion)...
Votre Sainteté, je m'appelle Daniele Salera, je suis prêtre depuis 6 ans, Vicaire paroissial à Tor Bella Monaca, où j'enseigne également la religion. En lisant votre lettre sur la tâche urgente de l'éducation, j'ai noté plusieurs aspects significatifs pour moi sur lesquels j'aimerais m'entretenir avec vous. Tout d'abord, je trouve importante votre lettre au diocèse et à la ville. Cette distinction reconnaît les diverses identités qui la composent et interpelle, dans la liberté à laquelle vous faites allusion, également les non croyants. Je voudrais vous présenter la beauté de travailler dans une école avec des collègues qui, pour différents motifs, n'ont plus une foi vive ou ne se reconnaissent plus dans l'Eglise, mais qui sont pourtant un exemple pour moi par leur passion pour l'éducation et la réhabilitation d'adolescents dont la vie est marquée par la délinquance et des conditions de vie difficiles. Je perçois chez de nombreuses personnes avec qui je travaille à Tor Bella Monaca un véritable désir missionnaire.
Par des voies différentes, mais convergentes, nous luttons contre cette crise d'espérance qui est toujours latente lors-qu'on s'occupe chaque jour de jeunes qui semblent intérieurement morts, sans désirs pour l'avenir ou si profondément prisonniers du mal qu'ils ne réussissent pas à sentir l'affection qu'on leur porte ou les occasions de liberté et de rédemption qui se trouvent pourtant sur leur chemin. Face à une telle urgence humaine il n'y a pas de place pour les divisions, et alors je me répète souvent une phrase du Pape Roncalli qui disait: "Je chercherais toujours ce qui unit, au lieu de ce qui sépare". Votre Sainteté, cette expérience me fait vivre quotidiennement au contact de jeunes et d'adultes que je n'aurais jamais rencontrés en me concentrant seulement sur les activités de la paroisse et je me rends ainsi compte que cela est vrai: de nombreux éducateurs renoncent à l'éthique au nom d'une affectivité qui ne donne pas de certitudes et qui crée une dépendance. D'autres ont peur de défendre les règles de la coexistence civile, car ils pensent qu'elles ne rendent pas compte des besoins, des difficultés et de l'identité des jeunes. Comme dans un slogan, je dirais qu'au niveau éducatif nous vivons dans une culture du "oui, toujours" et du "non, jamais". Mais c'est le "non" prononcé avec une passion pleine d'amour pour l'homme et son avenir qui trace souvent la frontière entre le bien et le mal; une frontière qui, à l'âge de l'évolution, est fondamentale pour la construction d'identités individuelles solides. D'une part, je suis donc convaincu que face aux urgences les différences s'atténuent, et que sur le plan éducatif nous pouvons donc vraiment trouver un terrain commun avec ceux qui, en toute liberté, ne se disent pas vraiment croyants; de l'autre, je me demande pourquoi nous, Eglise, qui avons tant écrit, pensé et vécu à propos de l'éducation comme formation à un juste usage de la liberté - comme vous le dites -, ne réussissons pas à faire passer cet objectif éducatif? Pourquoi apparaissons-nous généralement si peu libérés et libérateurs?
Pape Benoît XV1: Je vous remercie de cette description de vos expériences dans l'école d'aujourd'hui, des jeunes d'aujourd'hui, et également de ces questions autocritiques à notre égard. En cet instant, je peux seulement confirmer qu'il me semble très important que l'Eglise soit également présente à l'école, car une éducation qui n'est pas dans le même temps une éducation avec Dieu et présence de Dieu, une éducation qui ne transmet pas les grandes valeurs éthiques qui sont apparues à la lumière du Christ, n'est pas une éducation. Une formation professionnelle sans formation du cœur ne suffit jamais. Et le cœur ne peut pas s'être formé sans au moins le défi de la présence de Dieu. Nous savons que de nombreux jeunes vivent dans des milieux, dans des situations de vie qui sont un véritable esclavage, pas seulement extérieur, dans la mesure où elles provoquent un esclavage intellectuel qui obscurcit vraiment le cœur et l'esprit. Nous cherchons avec tous les moyens à la disposition de l'Eglise à leur offrir à eux aussi une possibilité de s'en sortir. Mais, quoi qu'il en soit, faisons en sorte que dans ce milieu varié de l'école - qui va des croyants jusqu'aux situations les plus tristes - la Parole de Dieu soit présente. C'est précisément ce que nous avons dit de saint Paul, qui voulait faire arriver l'Evangile à tous. Cet impératif du Seigneur - l'Evangile doit être annoncé à tous - n'est pas un impératif diachronique, n'est pas un impératif continental, qui dans toutes les cultures est annoncé avant toute chose; mais un impératif intérieur, au sens où il entre dans les diverses nuances et dimensions d'une société, pour rendre plus accessible au moins un peu de la lumière de l'Evangile; pour que l'Evangile soit réellement annoncé à tous.
Et cela me semble aussi un aspect de la formation culturelle aujourd'hui. Connaître la foi chrétienne qui a formé ce continent et qui est une lumière pour tous les continents. Les façons dont on peut rendre au maximum présente et accessible cette lumière sont différentes et je n'ai pas de recette pour cela; mais la nécessité de se prêter à cette aventure belle et difficile est réellement un élément de l'impératif de l'Evangile lui-même. Prions pour que le Seigneur nous aide toujours davantage à répondre à cet impératif de faire arriver sa connaissance, la connaissance de son visage, dans toutes les sphères de notre société.
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