coeurtendre Admin
Nombre de messages : 12693 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Question 3 / avec les curés et le clergé du diocèse de Rome Ven 25 Oct - 14:58 | |
| Question 3 / avec les curés et le clergé du diocèse de Rome Remarque : Dans cette approche avec le pape Benoît,
il n'y a pas de question de la part du père Giuseppe Forlai,
mais les sujets abordés par le prêtre sont très sensibles et
méritent une réaction du pape. Très Saint-Père, je suis le père Giuseppe Forlai, vicaire de la paroisse "San Giovanni Crisostomo", située dans le secteur nord du diocèse. L'urgence éducative, dont vous avez parlé de manière faisant autorité, est également, comme nous le savons tous, une urgence d'éducateurs, particulièrement sous deux aspects. Tout d'abord, il est nécessaire d'être plus attentifs à la continuité de la présence de l'éducateur-prêtre. Un jeune n'accepte pas de confier sa croissance à quelqu'un qui s'en va après deux ou trois ans, également parce qu'il est déjà occupé émotivement à gérer des relations avec des parents qui quittent la maison, les nouveaux partenaires de sa mère ou de son père, des professeurs vacataires qui changent chaque année. Pour éduquer, il faut rester. La première nécessité que je ressens est donc celle d'une certaine stabilité sur place de l'éducateur-prêtre. Deuxième aspect: je crois que la partie fondamentale de la pastorale des jeunes se joue dans le domaine de la culture. Une culture entendue comme compétence au niveau émotif et relationnel et comme maîtrise des mots que les concepts contiennent. Sans cette culture, un jeune peut devenir le pauvre de demain, une personne à risque d'échec affectif et un naufragé dans le monde du travail. Sans cette culture, un jeune risque de rester un non croyant ou, pire encore, un pratiquant sans foi car l'incompétence dans les relations déforme la relation avec Dieu et l'ignorance des mots bloque la compréhension de l'excellence de la parole de l'Évangile. Il ne suffit pas que les jeunes remplissent physiquement l'espace des aumôneries pour passer un peu de temps libre. Je voudrais que l'aumônerie soir un lieu où l'on apprend à développer des compétences relationnelles et où l'on trouve une écoute et un soutien scolaire. Un lieu qui ne soit pas le refuge constant de celui qui n'a pas envie d'étudier ou de s'appliquer, mais une communauté de personnes qui élaborent les questions justes qui ouvrent au sentiment religieux et où l'on fasse la grande charité d'apprendre à penser. Et on devrait commencer là une série de réflexions sur la collaboration entre les aumôneries et les enseignants de religion. Votre Sainteté, adressez-nous encore une parole faisant autorité sur ces deux aspects de l'urgence éducative: la nécessité de créer des agents stables et l'urgence d'avoir des éducateurs-prêtres bien formés d'un point de vue culturel. Merci.Pape Benoit XVI: Commençons par le second point. Disons qu'il est plus vaste et, dans un certain sens, plus facile aussi. Il est certain qu'une aumônerie paroissiale dans laquelle on ne ferait que des jeux, dans lequel on ne ferait que consommer des boissons, serait absolument superflue. Le sens d'une aumônerie doit réellement être celui de la formation culturelle, humaine et chrétienne d'une personnalité qui doit gagner en maturité. Sur ce point, nous sommes parfaitement d'accord et il me semble qu'il y a, aujourd'hui particulièrement, une pauvreté culturelle: on connaît beaucoup de choses, mais il n'y a pas de cœur, il n'y a pas de lien intérieur parce qu'il manque une vision commune du monde. Et c'est pourquoi une solution culturelle inspirée de la foi de l'Eglise, de la connaissance de Dieu qu'elle nous a donnée, est absolument nécessaire. Je dirais que c'est cela la fonction d'une aumônerie: qu'un jeune trouve non seulement des activités pour son temps libre, mais qu'il trouve surtout une formation humaine intégrale qui complète sa personnalité.Naturellement, le prêtre éducateur doit lui-même être bien formé et être présent dans la culture d'aujourd'hui. Il doit posséder une grande culture, pour pouvoir aider les jeunes à entrer dans une culture inspirée de la foi. J'ajouterais naturellement que le point d'orientation de toute culture est finalement Dieu, Dieu présent dans le Christ. Nous voyons aujourd'hui qu'il y a des personnes qui ont beaucoup de connaissances, mais qui n'ont pas d'orientation intérieure. Dans ce cas, la science peut être dangereuse pour l'homme parce que si l'homme n'a pas d'orientations éthiques profondes, elle l'abandonne à l'arbitraire, et il avance, privé des orientations nécessaires pour devenir réellement un homme. En ce sens, le cœur de toute formation culturelle, particulièrement nécessaire, doit sans aucun doute être la foi: connaître le visage de Dieu qui s'est révélé dans le Christ, et avoir ainsi un point d'orientation pour toute la culture, qui, autrement, est désorientée et déstabilisante. Une culture sans connaissance personnelle de Dieu et sans connaissance du visage de Dieu dans le Christ est une culture qui pourrait être destructrice, parce qu'elle ne reconnaît pas les orientations éthiques nécessaires. En ce sens, il me semble que nous avons réellement une mission de formation culturelle et humaine profonde, qui s'ouvre à toutes les richesses de la culture de notre temps, mais qui nous donne aussi un critère, un discernement pour montrer dans quelle mesure il s'agit d'une culture véritable et dans quelle mesure elle pourrait devenir une anti-culture.La première question est beaucoup plus difficile pour moi - la question est aussi adressée à Son Eminence. Elle concerne la durée du séjour du jeune prêtre pour que celui-ci puisse donner une orientation aux jeunes. La relation personnelle avec l'éducateur est sans aucun doute importante, de même que celle de pouvoir compter sur une certaine durée pour s'orienter ensemble. Et, en ce sens, je suis d'accord sur le fait que le prêtre, point de référence pour les jeunes, ne peut pas changer tous les jours, sinon les jeunes perdent justement cette orientation. Mais d'un autre côté, le jeune prêtre doit aussi faire des expériences différentes dans des contextes culturels variés, pour arriver finalement à acquérir le bagage culturel nécessaire pour être, comme curé, un point de référence à long terme dans la paroisse. Et je dirais que, dans la vie d'un jeune, les dimensions du temps sont différentes de celles d'un adulte. Les trois années, de 16 à 19 ans, sont au moins aussi longues et importantes que les années entre quarante et cinquante ans. C'est à ce moment-là, en effet, que la personnalité se forme: c'est un chemin intérieur de grande importance, de grande extension existentielle. C'est pourquoi je dirais que trois ans pour un vicaire, c'est une bonne période pour former une génération de jeunes; et il peut ainsi, d'autre part, connaître d'autres contextes, expérimenter d'autres situations dans d'autres paroisses, enrichir son bagage humain. C'est une période assez longue pour avoir une certaine continuité, un chemin éducatif de l'expérience commune, de l'apprentissage comme être humain. Par ailleurs, comme je l'ai dit, trois ans pour la jeunesse constituent un temps décisif et très long, parce que c'est là que se forme réellement la personnalité future. Il me semble donc que l'on pourrait concilier les deux besoins: d'une part, que le jeune prêtre ait la possibilité de vivre des expériences différentes pour enrichir son bagage d'expérience humaine; d'autre part, la nécessité de rester un temps déterminé avec les jeunes pour les introduire réellement dans la vie, pour leur enseigner à être des personnes humaines. En ce sens, je pense qu'il faut concilier les deux aspects: des expériences différentes pour un jeune prêtre et la continuité de l'accompagnement des jeunes pour les guider dans la vie. Mais je ne sais pas ce que le cardinal vicaire pourrait nous dire en ce sens.Le cardinal Vallini:"Très Saint-Père, je suis naturellement d'accord avec ces deux exigences, la nécessité de conjuguer ces deux exigences. Il me semble, pour le peu que j'ai pu constater, qu'on conserve à Rome une certaine stabilité des jeunes prêtres dans les paroisses, pendant au moins quelques années, sauf exceptions. Il peut toujours y avoir des exceptions. Mais le vrai problème, parfois, naît de graves exigences ou de situations concrètes, surtout dans les relations entre curé et vicaire - et je touche ici un point sensible - et aussi la rareté des jeunes prêtres. Comme j'ai eu l'occasion de le dire quand vous m'avez reçu en audience, l'un des graves problèmes de notre diocèse est justement le nombre des vocations au sacerdoce. Personnellement, je suis persuadé que le Seigneur appelle, qu'il continue à appeler. Peut-être devrions-nous aussi faire plus. Rome peut donner des vocations, elle les donnera, j'en suis convaincu. Mais dans cette question complexe, s'insèrent parfois de nombreux aspects. Je crois que nous avons vraiment garanti une certaine stabilité et je ferai tout mon possible pour me conformer aux grandes lignes que nous a indiquées le Saint-Père".
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