coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13281 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Michel blogue 2 sujets sensibles avec Mme Fanny Brémond/Les enfants de la rage/Les enfants de la maltraitance/ Dim 23 Mai - 23:25 | |
| Fanny Brémond demande : Cher Michel, quand on regarde des jeunes qui ont des problèmes parce qu'ils souffrent d'abus sexuels, de troubles mentaux, qui veulent se suicider, comment vois-tu ton approche avec ces personnes-là, en 2020? Existe-t-il des méthodes éprouvées pour les accompagner et les aider à guérir?
Merci pour tes réponses, issues de ton expérience "au long cours"... Michel partage : Chère Mme Fanny Brémond, j'aimerais vous répondre à partir d'une vidéo que j'ai écoutée il y a quelques jours et qui a pour titre Mais avant de parler de cette vidéo, je vais vous parler de ma propre expérience où, encore aujourd'hui, je suis surpris de na pas être devenu un enfant de la rage. Je reviendrai sur cette vidéo des enfants de la rage dans ma prochaine réponse, pour expliquer que les enfants de la rage où de la maltraitances ne viennent pas au monde avec la rage, mais que, pour plusieurs d'entre eux, elle leur est transmise par un des deux parents ou parfois par les deux très malheureusement.
Commençons par moi-même. Je suis convaincu que la plupart de ceux qui vont me lire vont être surpris que je ne sois pas devenu pire que cette jeune fille. Moi, la durée de la maltraitance a commencé à 2 ans pour se terminer à 15 ans 1/2. Beth, elle, l'a vécue 3 années avec son père abuseur pour ensuite se retrouver avec de bons parents adoptifs qui lui ont permis de renaître à la vraie vie. Ce qui est surprenant pour moi, c'est que j'ai commencé à faire de l'accompagnement à l'âge de 18 ans en prenant la responsabilité d'un foyer de personnes qui avaient de lourds handicaps physiques et mentaux. C'était pour moi un privilège d'avoir été choisi, surtout que je n'avais reçu aucune formation, alors vous comprendrez que je me demandais pourquoi on m'avait choisi comme responsable d'un foyer de 9 personnes handicapées. Pour moi, c'était comme dans un rêve, mais je n'y comprenais rien du tout ; aujourd’hui, je comprends tout en quelques mots. Vivre 15 ans 1/2 l'expérience de la maltraitance, c'est ce qui m'a conduit sur un long chemin de multiples souffrances, qui m'a permis de me servir de cette souffrance pour m'en faire une école de vie,non seulement pour ma vie mais pour comprendre la vie de tout les autres sans exception.
Très souvent, plusieurs personnes avec qui je travaillais auprès des personnes handicapées et des personnes âgées, me disaient que j'avais reçu le don de l'écoute et celui de transmettre les paroles qui correspondaient exactement au besoin de chaque personne qui avait besoin d'une écoute attentive que j'appelle l'écoute du coeur. Ce qui surprenait les membres de l'association, c'est surtout quand ils me voyaient sur la rue en train de parler avec une personne handicapée que personne d'autre n'avait réussi à contacter avant moi. Très souvent les responsables de l'Association me demandaient : Mais comment t'y prends-tu pour approcher des personnes que nous n'avons jamais réussi à approcher depuis plusieurs années alors que toi tu ne les connais pas du tout et tu réussis dans une première rencontre à établir un dialogue avec eux ? Je n'avais pas de formule spéciale à leur donner comme réponse, mais j'avais seulement le désir de les rencontrer pour les aimer pour les écouter, sans jamais les juger.Je vois en peu de temps dans leur regard qu'ils sont consentant en plus d'avoir la désir de cette rencontre. Je comprends très bien aujourd'hui, que les mauvais silences imposés par mon père au coeur de la maltraitance qu'il ma fait subir pendant toute ma vie d'enfance, ne m'ont pas détruit, mais ces mauvaises expériences m'ont beaucoup instruit sans que je comprenne comment j'en suis arrivé à devenir ce que je suis devenu. Pour moi, il vaut mieux ne pas comprendre comment je suis devenu heureux dans un grand malheur sans fin, plutôt que de vivre dans l'incompréhension, à me demander pourquoi j'ai vécu 15 ans 1/2 de ma vie sans jamais connaître le vraie joie de vivre le bonheur en famille. Comme j'avais vécu une enfance difficile, je suis devenu malgré moi un enfant silencieux à partir de 2 ans jusqu'à mes 15 ans /12. C'est la violence que j'ai vécue qui a fait de moi l'enfant du silence. Après avoir eu les deux cuisses et une jambe de cassées à l'âge de 2 ans, c'est à partir de cette expérience de la violence que le silence a pris possession de ma petite personne qui ne savait même pas dire papa et maman. À ma sortie de l'Hôpital, mon pauvre père m'avait fabriqué une petite chaise berçante, sûrement en pensant réparer le mal qu'il m'avait fait subir et qui m'avait conduit à l'Hôpital pour 3 mois. Ma mère ne savait pas, dans ces années-là, que le fait qu'un père casse les membres de son enfant de 2 ans, celui-ci pouvait par la suite, devenir un enfant paralysé par la peur, au point de ne plus parler, même à l'école. À la maison je restais assis dans la petite chaise berçante que mon père m'avait fabriquée comme si j'étais sourd et muet.
Ma mère s'est tellement inquiétée de ne plus m'entendre parler, qu'elle a fini par cacher ma chaise en pensant que ça me redonnerait la parole que j'avais commencé à avoir avant de me faire casser les membres. M'être fait casser le bras gauche dans l'année suivante, à 3 ans, tout simplement parce que je mangeais de la main gauche, était la meilleure façon d'avoir de plus en plus peur de mon père, et le silence est devenu mon meilleur ami jusqu'à mon départ de chez moi à 15 ans 1/2. Fanny Brémond a écrit : Existe-t-il des méthodes éprouvées pour les accompagner et les aider à guérir?
Vous comprendrez, chère Mme Fanny Brémond, qu'habituellement on doit recevoir beaucoup de formation en plus de se rendre jusqu'à l'Université, pour en arriver à découvrir des méthodes éprouvées afin d'accompagner et aider des personnes à guérir, quelle que soit leur maladie qui peut souvent les conduire sur le chemin du suicide. Si je me guide sur ma propre vie d'enfance, je suis triplement surpris de faire partie des survivants de cette maltraitance, mais surtout de ma longue implication en relation d'aide sans aucune formation, par exception seulement celle que j'ai reçue de mon père qui aurait dû faire de moi un adulte malheureux et dangereux.
Mais, attention, attention, soyons prudents comme des présidents, parce que même si un enfant n'a pas encore toutes ses dents quand il vit plusieurs expériences de maltraitance que l'on fait passer pour des accidents, un jour cet enfant peut s'en sortir à 100% en devenant vainqueur de toutes les souffrances qu'il aura subies, afin d'utiliser l'expérience de son lourd passé pour devenir un passionné pour la vie avec le désir de sauver des vies, pour la simple raison qu'il a réussi à sauver sa propre vie. Qui sauve sa propre vie sans même savoir comment il est parvenu à la sauver, deviendra un grand passionné pour la vie avec le désir de sauver plusieurs vies dans une seules vie.
Au moment où j'ai vu votre question, j'en étais à écouter la vidéo de cette petite fille dont la mère est morte quand elle avait seulement 1 an, et dont le père commence à abuser d'elle sexuellement vers l'âge de 1 an, dès la mort de sa mère. C'est pourquoi, dans la suite de ma réponse, je vais faire le lien entre les abus sexuels que cette petite fille a subis à 1 an, et la maltraitance que j'ai vécue à partir de 2 ans, tout en les différenciant. Car la différence est considérable. En écoutant la vidéo de cette petite fille, je me dis triplement chanceux de ne pas avoir été abusé sexuellement, car je préfère avoir vécu la maltraitance pendant 15 1/2 que d'avoir vécu les abus sexuels de cette petite fille qui semblent avoir duré trois années avant son adoption. Heureusement qu'elle est tombée entre les mains d'un couple qui, en plus d'avoir la patience, avait un bon psychiatre et des organismes qui sont venus en aide à cette enfant qui a été chanceuse dans sa malchance, car elle a réussi à renaître à la vie ; mais sûrement qu'elle va avoir besoin d'un suivi à long terme. Ce qui est très intéressant, c'est que cette petite fille a fait le choix de devenir infirmière, c'est presque incroyable...
J'ai tellement été touché par la vidéo, que je l'ai écoutée 4 fois. J'ai beaucoup d'admiration pour le psychiatre qui interroge la petite fille, laquelle répond avec une simplicité si naturelle que l'on n'a pas l'impression qu'elle a juste 5 ans. Quand nous avons vécu un très long parcours sur le chemin des multiples souffrances de la vie, notre façon d'écouter cette vidéo sera très différente de celle d'un médecin généraliste, d'un psychiatre ou d'un psychologue, qui n'ont que leur diplôme comme référence. D'ailleurs je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais sur la page de santé mentale, les psychiatres, les psychologues, et y compris les personnes impliquées dans la pair-aidance, la plupart répondent à coups de liens virtuels. C'est très malheureux qu'il en soit ainsi, car ces psychiatres comme ces psychologues, etc., sans même s'en rendre compte, ils privent les internautes de la richesse de leur expérience au naturel. Moi au contraire d'eux, je partage mon expérience de terrain depuis mon inscription sur cette page de santé mentale qui date du mois de janvier 2020. S'exprimer à partir de faits vécus, n'est-ce pas là l'un des meilleurs choix naturels qui prouve indéniablement que nous avons entendu, que nous avons vu, ce qui prouve aussi que nous sommes présents sur le terrain de la vie en ayant cette écoute sensible, tellement meilleure que le fait de mettre des liens virtuels sans jamais y mettre notre petit grain de sel pour donner du goût au vrai dialogue auprès des patients(es) inscrits qui passent par le chemin de l'écriture avec le désire de recevoir des conseils? (((Ha qu'elle tristesse et qu'elle déception pour eux. ))) | |
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