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| Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ | |
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coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ Dim 23 Oct 2022 - 12:51 | |
| 1. Il serait à désirer, bien-aimés frères, que notre corps jouît d'une santé continuelle, qu'il ne souffrît jamais des atteintes de la, maladie et ne reçût pas de blessures. Si nous consultons les instincts naturels d'un esprit droit, personne d'entre nous ne consentira à se voir mutiler ou. à être cloué sur un lit de douleur. L'Apôtre en a fait la remarque: «Jamais personne n'a haï sa propre chair au contraire, il la nourrit et il en a soin (1)». Qu'involontairement on souffre d'une maladie, ou qu'on reçoive un coup de flèche, je ne dirai pas dans une partie essentielle du corps, mais seulement à la superficie d'un membre, on emploie aussitôt, et avec un soin qui ne se dément pas, tous les remèdes possibles: on bande la plaie, on fait provision de simples de toute espèce, dont l'application sur le mal peut guérir, et, s'il le faut pour obtenir la cure, on va même à l'étranger chercher ce qui est nécessaire. La dépense est comptée pour rien, et la pauvreté n'entre pas en ligne de compte; les ressources de la vie se consacrent à la maintenir; on regarde comme cause de salut des choses même plus viles que le sel, on n'épargne non plus les soins préservatifs d'aucune sorte pour empêcher le mal de couver (571) en dessous et de s'aggraver, pour préserver le malade de plus cruelles souffrances. Donc, mes frères, vous prenez toutes les précautions possibles, afin de rétablir votre santé corporelle, quand elle se trouve compromise; et, pourtant, ce corps doit mourir un jour, car sa condition le condamne à tomber plus tard en poussière. Sans doute, nous espérons qu'il ressuscitera, mais, en attendant, il faut qu'il subisse cette sentence: «Tu es terre, et tu retourneras en terre (1)». De telles paroles montrent à l'homme le peu de valeur de son enveloppe mortelle, puisqu'elles lui apprennent que, s'il a été tiré de la terre, il y rentrera. Pourquoi donc, mes très-chers frères, attacher notre coeur aux choses d'un rang inférieur? Sachez-le bien, le corps est inférieur à l'âme par la dignité; car l'âme, c'est la maîtresse du corps, les membres sont à son service, elle en dispose, à son gré, pour les usages qui, lui conviennent. Quant à elle, après avoir gouverné cet esclave soumis à ses ordres, elle reste à l'abri de la mort, même quand la mort brise les liens qui l'unissaient au corps. La condition de notre âme est donc infiniment supérieure à celle de notre corps; même dans notre façon ordinaire de parler, nous en rendons témoignage, lorsque nous disons le plus souvent: Pour le salut de notre âme, ne voulez-vous pas faire cela? La raison et l'opinion générale attribuant à l'âme la primauté d'honneur, que ne devons-nous pas faire pour conserver intact et dans toute son intégrité ce que nous a procuré notre première ou notre seconde naissance, c'est-à-dire la grâce sanctifiante ou l'innocente naturelle? A les garder consiste la beauté de l'âme, l'intégrité de sa forme, sa santé, son élégance: comme, parmi les corps, il n'y a de beaux que ceux sur lesquels on n'aperçoit ni taches, ni cicatrices; ainsi les âmes ne conservent l'éclat e leur primitive beauté qu'autant qu'elles ne sont rendues hideuses ni par les souillures ni par les blessures du péché. 2. Mais les hommes ont rarement le bonheur d'avoir toujours conservé la santé de leur âme, de parcourir le chemin de la vie sans rencontrer de pierre d'achoppement, de n'être sujet à aucune illusion: qu'ils mettent donc, du moins, à obtenir leur guérison spirituelle, un zèle pareil à celui qu'ils mettent à recouvrer la santé de leur corps. Qu'aux blessures de leur âme ils appliquent la main du conseil, et si elle a été transpercée par la lance du péché, qu'elle prenne le remède de la pénitence; et si elle gît malade, qu'on la réchauffe dans le bain des larmes. Le désespoir ne doit pas ôter à ceux qui veulent guérir l'espérance de sortir de leur maladie et la faculté de revenir à la santé. Le Prophète a dit, en effet: «Celui qui tombe ne cherchera-t-il jamais à se relever, et celui qui s'est éloigné ne se rapprochera-t-il point (1)?» Sortons donc de l'abîme de fausse honte où nous sommes tombés, relevons-nous pour aller à Dieu, et après notre chute, ne restons pas misérablement couchés par terre. N'allons pas couvrir nos ulcères du voile de la confusion, car la corruption s'étendrait infailliblement plus loin et atteindrait bientôt les parties nobles. Laissons-nous relever par l'espoir de guérir le mal que la honte dérobe aux regards; ce sentiment de fausse pudeur est ridicule, car rien n'échappe à la vue de celui-là seul dont l'oeil est à craindre. A quoi bon des hommes cacheraient-ils ce que Dieu connaît par lui-même? Si le juge sait les fautes du coupable, de quel avantage sera pour celui-ci que tous les autres les ignorent? Ce juge est celui dont le Psalmiste a dit: «Dieu scrute les reins et les coeurs (1)». «Il démêle», ajoute l'Apôtre, «les pensées et les mouvements du coeur (2)». «Aucune créature n'est invisible pour lui, mais tout est à nu et à découvert devant ses yeux (3)». Pourquoi donc nous tromper au point de croire que nous pouvons lui dérober la connaissance de nos misères? De ce que les hommes ignorent nos fautes, s'ensuit-il que le voile épais dont nous les couvrirons suffira à les dérober à la vue de Dieu? Mes frères, rien de plus dangereux pour une âme pécheresse que de se refuser à avouer ses faiblesses, ou de s'étudier à les cacher. Comment, en effet, guérir celui qui, malgré ses trop réelles blessures, veut paraître bien portant? C'est impossible, mais il est bien près de revenir à la santé celui qui, repoussant les appréhensions d'une fausse honte, va se montrer au médecin et lui dit: «Prenez pitié de moi, Seigneur, car je suis infirme: «guérissez-moi, parce que je vous ai offensé (4)»; qui lui révèle la plaie hideuse de ses fautes, et en parle hautement en ces termes: «Je vous ai déclaré mon crime et n'ai point caché mon iniquité. Je confesserai contre moi mes prévarications; Seigneur, vous m'avez pardonné l'énormité de mon crime (1)». Voyez, mes bien-aimés frères, quels sont les fruits et les avantages de la confession de nos fautes! «Seigneur, je confesserai contre moi mes prévarications». Qu'est-ce que le Psalmiste ajoute immédiatement après ces paroles? «Et vous m'avez pardonné l'énormité de mon crime». Quel remède efficace! Quelle rapide guérison! Montrer ses plaies au médecin, et en recevoir aussi vite la santé! Lui faire voir la cause du mal, et se trouver, au même instant, garanti contre la douleur! A peine as-tu ouvert la bouche pour faire l'aveu de tes faiblesses, que déjà tu as obtenu ton pardon. Est-il à mépriser le médecin qui, sans tarder un moment, «guérit les coeurs brisés et cicatrise leurs blessures (2)», qui ne manifeste à ses malades aucun ennui de les entendre, et n'épouvante aucun de ceux qui ont recours à lui, en leur parlant de la gravité de leurs blessures; qui les invite, au contraire, à s'approcher de lui, et leur adresse ces pressantes paroles par la bouche du prophète Isaïe: «J'effacerai moi-même tes iniquités; je veux oublier tes crimes (1)?» Mais toi, ne les oublie pas: «Confesse d'abord tes iniquités, et tu seras justifié (2)». Admirable bonté de Dieu! Que son indulgence est digne de nos louanges! L'aveu de nos fautes sera suivi, non pas du châtiment, mais du pardon; il nous le promet, car il dit: «Confesse d'abord tes iniquités, et tu seras justifié». Ce que les justes obtiennent en travaillant à l'oeuvre de leur sanctification, tu l'obtiendras toi-même en faisant pénitence. 3. Profitons avec empressement, mes très chers frères, de la bonté sans égale du médecin qui nous appelle à lui; ne rougissons pas de lui dévoiler les plaies de nos égarements; ainsi pourrons-nous revenir à la santé. N'allons pas dissimuler les infirmités de notre âme et traîner longuement dans nos mauvaises habitudes; car, évidemment, nous tomberions en danger de mort. Daigne nous préserver d'un pareil danger celui qui a dit: «Je ne veux point la mort de l'impie, mais je veux qu'il se convertisse et qu'il vive (3)». N'est-il pas le maître des destinées de l'homme? Gloire donc à lui, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il
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| | | coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Re: Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ Dim 23 Oct 2022 - 12:55 | |
| 1. Jamais le Dieu tout-puissant ne refusera sa miséricorde aux hommes qui obéiront avec foi à ses commandements, et toutes les fois que notre coeur sera prêt à reconnaître ses fautes, le Seigneur nous en accordera aussitôt le pardon. C'est son désir constant, pourvu que le pécheur ne se complaise pas dans le mal; car voici ce qu'il dit par l'intermédiaire du Prophète: «Revenez à moi, et je reviendrai à vous (1)». Il envoie des hérauts, on les méprise; il appelle à lui les pécheurs, et les pécheurs ne se convertissent pas. Viendra le jour du jugement, où ils demanderont et ne seront pas exaucés. Le Sauveur leur dit: «Revenez de vos voies criminelles (2)»; ils répondent: Nous resterons dans le mauvais chemin. Ne sont-ce point d'impudents contempteurs du Très-Haut? aussi une condamnation à mort les attend. Puisse chacun de nous dire à Dieu: «J'ai péché (1)», car aussitôt il répondra: J'ai pardonné. Par l'effet ordinaire de sa bonté, Dieu veut accorder aux pécheurs le pardon de leurs fautes, mais, par l'effet habituel de leur malice, les coupables sont tout prêts à refuser leur grâce. 2. La source du pardon est ouverte à quiconque veut vivre. Mes frères, vivons, et vivons bien; car la vie présente passera avec le temps, mais la vie future ne finira jamais. Mais on vous voit aimer cette vie terrestre de manière à réaliser en vous ce que dit Salomon: «Je me suis créé des musiciens et des musiciennes, des échansons et des femmes chargées de me verser à boire» (2), et le reste «et je n'ai rien trouvé de mieux que de boire et de manger (3)». Tu choisis volontiers un pareil genre de vie; pourquoi donc ne pas faire encore ce qu'il ajoute: «Je n'ai rien trouvé de mieux que de boire et de manger, et cela est vanité des vanités (4)?» C'était justice, car il n'y a vraiment en cela que vanité. Vivre et bien faire, voilà ce qui s'appelle vivre; mais vivre et mal agir, ce n'est pas réellement vivre. Vivons donc ce petit espace de temps, de manière à mériter de vivre beaucoup dans le séjour éternel qui nous attend. Ici-bas, en effet, ne sommes-nous pas comme en un lieu de passage? un jour viendra où nous devrons en sortir, et tu nourris des désirs pareils à ceux que tu nourrirais, si tu ne savais pas d'où tu viens. Le monde est devenu la demeure de ton corps, et celui-ci le domicile de ton âme. Ton corps est comme un prolongement du monde, et ton âme lui est étrangère. Le séjour de ton corps est ici-bas; celui de ton âme, c'est le ciel; car «ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit (5)». La chair est venue de la terre et y retournera; l'esprit est venu du ciel, et quand se briseront les liens qui l'unissent au corps, il y rentrera. Mais quelle dure nécessité, sortir de ce monde! Où iras-tu donc à ce moment-là? tu sortiras du monde pour aller au ciel. On redoute de pénétrer dans la maison d'un grand personnage inconnu: par quel moyen gravir les degrés de l'échelle qui aboutit au ciel? Malgré une conscience pure, on tremble en face d'un tribunal de la terre; la voix et l'aspect d'un juge remplissent l'âme d'épouvante quelles seront donc les émotions des pécheurs, quand il leur faudra paraître devant Dieu, eux que la seule vue des Anges suffit à jeter dans le trouble? 3. Si je ne me trompe, mes frères, la comparaison que je viens d'employer ne manque pas de justesse; mais si la crainte a glacé nos coeurs, que la prière s'échappe vite de nos lèvres; que notre pénitence efface, en un clin d'oeil, les fautes que notre ignorance a été si longtemps à commettre. Croyez-moi, mes frères, puisqu'en agissant ainsi vous ajoutez foi, non pas à mes propres paroles, mais au commandement du Seigneur, que vous venez d'entendre. La population de Ninive vivait, mais elle ne vivait pas bien; c'est pourquoi le Seigneur dit au prophète Jonas: «Va dans la grande ville; là, prêche avec force contre elle, parce que le bruit de sa malice est monté jusqu'à moi (1)». Sa mission avait été d'être un humble prédicateur, et, de fait, il se montra un grand contempteur. On l'avait envoyé à Ninive, et ce fut à Tarse qu'il se rendit. Il méprisa Dieu et s'enfuit dans un vaisseau, comme si la puissance de Dieu ne s'étendait pas jusque sur mer! Alors il se mit à dormir; sa sécurité était telle que, durant son sommeil, il ronflait. Pendant ce temps-là, les nautonniers jetaient à l'eau tous les vases qui se trouvaient sur le navire, ils pleuraient, car ils se croyaient condamnés à périr misérablement. Lève-toi! s'écrièrent-ils enfin; il faut que nous sachions par le fait de qui nous vient notre malheur. Désigné publiquement par les sorts, il ne chercha point à nier sa faute; au contraire, il se condamna lui-même. «Prenez-moi», dit-il, «jetez-moi dans la mer, et la tempête s'apaisera (2)». Les matelots le précipitèrent du haut du vaisseau et, en-dessous des flots, se trouva une baleine qui l'engloutit. Au sein des abîmes son tombeau fut le ventre d'un poisson, et celui-ci le garda intact, dans ses entrailles, l'espace de trois jours. Jonas en sortit aussi sain qu'il y était entré; alors il se montra docile et accomplit les ordres divins qu'il avait d'abord méprisés et éludés; aussi le peuple et la ville tout entière firent-ils pénitence en versant des larmes, tandis que Jonas attendait au loin que Dieu fît périr Ninive; mais le feu, envoyé, pour la réduire en cendres, s'éteignit sous le torrent des larmes de ses habitants. Dieu leur pardonna donc leurs égarements, et, au même instant, le Prophète fut saisi de douleur. Seigneur, dit-il, je savais que vous êtes prompt à pardonner, voilà pourquoi je m'étais enfui à Tarse, au lieu d'exécuter vos ordres. Un peu de fatigue avait rempli son âme de tristesse, et nul sentiment de joie ne s'empara de son coeur, lorsque, à l'égard de Ninive, l'indulgence succéda aux menaces de la justice divine. Il en sortit donc et s'endormit bientôt; car il avait vu un grand concombre élever au-dessus de sa tête son épais feuillage, pour le défendre contre les ardeurs brûlantes du soleil: cet arbrisseau, sorti de terre par l'ordre du Seigneur, sécha bientôt après sous l'influence de la même volonté divine. subitement élevé, il disparut tout aussi vite. Il n'y avait pas d'autre nécessité à ce qu'il sortît de terre que celle-ci: Dieu avait promis son pardon aux pécheurs, afin de les exciter à se convertir. - Mais, me diras-tu, qui est-ce qui t'autorise à parler ainsi? - Lis le livre de Jonas et tu verras que le Prophète pleure sur le sort du concombre; puis, si tu pousses plus loin la lecture, le Seigneur t'apparaîtra, comme épargnant la ville. «Jonas», dit-il, «tu gémis sur le sort d'une plante qui est venue sans toi, qui s'est accrue en une nuit et qui a péri le lendemain; et moi, je n'épargnerais pas la grande ville de Ninive, où il y a plus de cent vingt mille hommes (1)?» 4. Mes frères, un seul: Pardonne, suffit à délivrer de la mort un grand nombre. Il y en a beaucoup (je dirais même qu'ils sont en énorme quantité) pour dire: «Mangeons et buvons (2)», car c'est notre nature: une fois enfermés dans le tombeau, nous n'avons plus de vie, nous n'avons plus, de châtiment à redouter. Non, sans doute, tu n'éprouveras pas de châtiment, si tu te convertis et obtiens ton pardon. Avant la passion de ton Sauveur, ton premier père ne pleurait-il pas? Ignores-tu donc que si Jésus-Christ n'était pas venu, Adam aurait pour toujours été enseveli dans l'enfer? Jésus-Christ homme est venu pour ce motif: il s'est anéanti à cause de toi, et afin de te trouver. D'abord, tu avais péché par ignorance, et il t'a purifié par l'effusion de son sang; mais si, après avoir été instruit, tu recommences à pécher, il est sûr que tu éprouveras toute la sévérité de sa justice. Donc, en tout ceci, mes frères, obéissons à ses commandements, et nous deviendrons participants de la récompense qu'il nous a promise. Ainsi soit-il.
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| | | coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Re: Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ Dim 23 Oct 2022 - 13:06 | |
| 1. La fragilité humaine, empoisonnée par le venin du péché comme par la morsure d'un serpent, n'offrirait plus de ressource, si la pénitence ne venait y appliquer le remède, et si une humble confession ne lui obtenait la grâce de l'indulgence divine. Comme, dans le corps humain, les parties corrompues d'une plaie s'enlèvent au moyen de l'instrument du chirurgien, ainsi l'âme, blessée par le péché, se refait sous l'influence douloureuse de la pénitence: une douleur qui enlève les grandes douleurs, une peine salutaire, un chagrin de courte durée, préparent des joies éternelles; une tribulation nous garantit des autres tribulations, et l'inquiétude enfante pour nous la sécurité. En effet, le Dieu de miséricorde n'a jamais voulu la mort du pécheur, autant qu'il a voulu le voir se convertir et vivre: par une raison tout opposée, et parce qu'il est un juste juge, il ne veut point que le péché demeure impuni. Le pénitent s'inflige donc lui-même le châtiment qu'il mérite, et ainsi va-t-il au-devant de la main de Dieu, qui venait le frapper et ne viendra plus que pour le secourir. Il humilie donc son esprit dans la tristesse et les gémissements, dans la douleur et les larmes, il tire lui-même vengeance de ses iniquités, et, par là, il ne laisse rien à la justice divine qu'elle puisse exiger de lui, il offre à la bonté paternelle du Très-Haut une belle occasion de pardonner. Dès lors donc, il exercé contre sa propre personne tous les droits de la justice, puisqu'il se déteste le premier comme pécheur. L'accord s'établit entre lui et Dieu, ne hait-t-il pas, en effet, ce que hait en lui le Seigneur? Il se punit, mais que cette punition est, peu de chose! Il s'irrite contre sa faiblesse, il se soumet aux rigueurs de la pénitence; mais qu'est-ce que cela? Que c'est peu de chose en comparaison des flammes éternelles! Mais quand il en est encore temps, avant que luise le jour de la colère divine et de la manifestation des coeurs, qui doit se faire au jugement de la justice éternelle, si le pécheur, attaché en quelque sorte au pilori de sa conscience, s'irrite contre lui-même et se condamne aux déchirements de la pénitence, la colère de Dieu n'est plus allumée contre lui; bien au contraire, il se réjouit plus de la conversion de ce seul pécheur, que de la persévérance dans le bien de quatre-vingt-dix-neuf justes qui ne sont point égarés (1). Il met d'autant plus d'empressement à pardonner les crimes des pécheurs repentants, qu'il a montré plus de patience à différer l'heure de les punir. Car «s'il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et tomber la pluie sur les justes et sur les pécheurs (2)», c'est afin que, tout en continuant à manifester sa miséricorde aux bons, il force les méchants à rougir de leur persistance dans le mal. 2. Aussi, vénérable pape, dois agenouillés, non-seulement en présence du Seigneur, mais encore à tes pieds, ceux que, dans sa patience, Dieu invitait à se repentir. Aujourd'hui, ils ne se détournent plus de lui et ne s'amassent plus des trésors de colère; car ils sont convertis et crient miséricorde. Ils demandent leur pardon, ils le cherchent, ils frappent à la porte. Tu es rempli des dons de la grâce, accorde-les donc à leur repentante; tu es éclatant de lumière, guide donc leurs pas vers le but où ils veulent parvenir; tu as les clefs en tes mains, ouvre-leur donc la porte puisqu'ils y frappent. Puissent tes entrailles de pasteur se sentir émues à la vue de ces brebis que l'Agneau a rachetées de sols sang, et qu'il a, par le secours mystérieux de sa grâce, arrachées à la dent des loups. Elles te montrent leurs blessures, elles mettent à nu devant toi leurs consciences déchirées par des bêtes féroces: jette sur elles tes regards, reçois-les dans tes bras. Elles ne diffèrent nullement de te manifester leurs plaies, ne diffère pas non plus d'y appliquer un prompt remède. Ces pécheurs se tenaient dans l'Eglise, comme s'ils eussent été au paradis l'antique ennemi en est devenu jaloux:. ils ont manqué une seconde fois de vigilance, et le serpent, se traînant sur sa poitrine et son ventre, est tombé sur eux, il les a de nouveau trompés, il en a fait de nouveau ses esclaves. Au souvenir de la condamnation de notre premier père, ils ont été saisis de crainte; mais au lieu de fuir la présence du Très-Haut, au lieu de se cacher à l'ombre d'une excuse, loin de déguiser la honte de leurs désordres sous le voile inutile de paroles de justification, et de les envelopper comme d'un vêtement de feuilles (1), ils ouvrent devant toi leurs coeurs et répandent leurs âmes en ta présence. La crainte ne les éloigne pas; au contraire, ils se rapprochent, et, par ton intermédiaire, ils veulent revenir à Dieu. Essuie donc leurs larmes, guéris leurs pieds de leurs faux pas. Ils arrivent d'un pays lointain; va au-devant d'eux. En toi se trouve celui qui a ainsi agi à l'égard de son plus jeune fils, de ce fils pour qui ses désordres furent la source des souffrances de l'exil et des privations de la misère (2). Que ceux-ci se nourrissent, comme lui, du veau gras. Que d'eux on dise aussi: Ils étaient morts, et ils sont ressuscités; ils étaient perdus, et ils sont retrouvés (1). Laisse-toi attendrir par les larmes de leurs frères, par les sanglots de tous ces assistants qui prient, non pour leurs propres fautes, mais pour celles des pécheurs; néanmoins, ces fautes ne nous sont point complètement étrangères, car nous ne formons qu'un seul et même corps avec ces membres souffrants: nous avons le même chef, et nous compatissons à leurs maux. Nous sommes animés, à leur égard, de l'esprit de douceur, car nous craignons d'être nous-mêmes soumis à l'épreuve. Pourrions-nous nous croire dispensés de pleurer pour des frères tombés et repentants, quand le Christ nous a commandé de prier même pour nos ennemis? 3. Pour donner aux gémissements de tous une nouvelle force, joins-y les tiens; unis à leurs faibles mérites tes mérites bien plus grands, car ils sont comme les cheveux blancs de ton âme: prosterne-toi, en faveur de tes enfants, aux pieds de ton Dieu. Cette humiliation t'élèvera davantage; ta douleur sera pour toi une source de joie; en te faisant esclave, tu règneras. Tu es la bonne odeur du Christ, joins-y le feu de la commisération, et brûle pour apaiser le Seigneur. Ils méritent pitié, ton coeur est rempli de miséricorde, mets-le donc sur l'autel de la charité. Tu es assis sur le trône élevé des Apôtres, que ton affection pour ces malheureux t'en fasse descendre jusque dans l'abîme où ils sont tombés. Imite le Père, dont la volonté est que pas un de ces petits ne périsse (2). Imite le Fils bien qu'il eût la forme de Dieu, il a pris la forme d'esclave (3), il est venu pour servir et non pour être servi (4). Imite le Saint-Esprit, qui, selon Dieu, intercède pour les saints (5). Il t'engage, lui aussi, à prier pour eux; car c'est par lui que la charité a été répandue dans ton coeur. Jadis, quand ils marchaient dans les voies de l'erreur, tu les rappelais au bon chemin; maintenant qu'ils y reviennent, offre les à Dieu et les lui réconcilie. Tu courais à leur recherche quand ils étaient perdus; aujourd'hui qu'ils sont retrouvés, prie pour eux. Constitués dans l'état du péché, ils se sont éloignés de la vraie vie et approchés des portes de l'enfer, qui ne prévaudront jamais contre celui dont tu tiens la place. Depuis quatre jours Lazare se trouvait enfermé dans le tombeau par une lourde pierre aussi son cadavre exhalait-il déjà une odeur insupportable; le Sauveur l'a rappelé du séjour de la mort et lui a commandé, d'une voix forte, de sortir de son sépulcre (1): mais, bien que déjà rendu à la vie, il se trouvait encore paralysé dans ses mouvements par ses funèbres liens; il n'appartenait donc pas encore à la société des vivants. «Déliez-le», dit Jésus, «et laissez-le aller (2)». Ainsi l'intervention de l'homme devait achever l'oeuvre bienfaisante de Dieu. Je comparerais ces pécheurs à Lazare. Leurs iniquités les avaient fait mourir; ils gisaient sans vie, écrasés par le désespoir, et répandaient autour d'eux l'odeur fétide de la corruption de leurs moeurs. Ramenés à la vie par la puissance divine, ils confessent leurs égarements et sortent déjà des profondeurs de leurs ténèbres; mais comme ils sont encore enveloppés dans l'étroit linceul de leur culpabilité, ils se trouvent toujours séparés de la communion des saints. Dieu les a ressuscités, mais nous te les présentons pour que tu les délies, surtout parce que tu occupes le siège de l'Apôtre à qui il a été dit: «Tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel (3)». Sans doute, tes entrailles, qui sont celles de la sainteté et de la miséricorde, n'ont pas besoin de nos exhortations pour s'émouvoir; ce que je demande en leur faveur sera moins le fruit de mes prières que celui de ta paternelle affection. Néanmoins, les bons offices que nous leur rendons aujourd'hui ne leur paraîtront pas hors de propos, puisque nos paroles leur feront estimer davantage les dons de Dieu, et mieux comprendre ce qu'ils devront à tes mérites. Notre Père, qui est au ciel, sait, en effet, ce qui nous est indispensable, avant même que nous le lui demandions (4); et, pourtant, il nous engage à le lui demander, et, quand nous le lui demandons, il nous l'accorde. A voir sa générosité répondre à nos demandes, nous l'aimons plus vivement, et nous reconnaissons mieux en lui notre Père; si, au contraire, il nous accordait ses bienfaits, avant que nous lui en ayons manifesté le désir, nous les regarderions, non comme des dons gratuits, mais comme des redevances obligées. 4. Voilà mon devoir accompli; j'ai parlé de mon mieux, et, toutefois, mes paroles ont à peine été dignes que tu y prêtes une oreille favorable, bien que j'aie voulu aider à guérir les plaies de mes frères. A toi maintenant d'accomplir la tâche dont tu es redevable, comme pasteur, à l'égard de toutes tes brebis sans exception: à toi de céder aux aveux des coupables, aux gémissements des justes, aux supplications de tous. Daigne le Seigneur notre Dieu faire ce qu'il a promis, recevoir, comme un sacrifice agréable, le repentir de ces malheureux, ne point mépriser leur coeur contrit et humilié, écouter miséricordieusement leurs gémissements et leurs supplications, les épargner dans l'avenir, puisque, dans le présent, ils reviennent au bien, et les délier dans le ciel, puisque tu les auras déliés sur la terre.
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| | | coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Re: Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ Dim 23 Oct 2022 - 13:11 | |
| ANALYSE. - 1. Motifs pour lesquels l'évêque doit donner l'absolution aux pécheurs. - 2. Trompés d'abord par le diable, ils confessent maintenant leurs fautes et demandent leur pardon. - 3. Prières et gémissements des justes en leur faveur. 1. «Voici le temps favorable, voici les jours de salut (1)». Puissent t'émouvoir, vénérable pape, les larmes des pénitents qui désirent obtenir, par ton intermédiaire, le pardon de celui qui habite en toi! Ils viennent, ils se prosternent et ils pleurent devant le Dieu qui les a créés, afin qu'il anéantisse leurs oeuvres et répare en eux la sienne. Puisse-t-il détourner ses regards, non pas de leurs personnes, mais de leurs iniquités! Qu'il ne jette plus ses yeux sur eux, comme sur des pécheurs, pour effacer de la terre jusqu'à leur souvenir (2), mais comme sur des pénitents qui ont soif de la justice, pour prêter l'oreille à leurs supplications (3). C'est leur corps qui a été, pour eux, l'instrument du péché; aussi le châtient-ils sévèrement. Après avoir tiré vengeance de leur méchanceté, ils demandent au Dieu clément leur pardon. Pour l'apaiser, ils s'irritent contre eux-mêmes; ils se punissent, afin qu'il ne les punisse pas. Ils lui offrent en sacrifice un esprit repentant: ainsi lui font-ils agréer leur coeur humilié et contrit (4); car il résiste aux superbes, et aux humbles il accorde sa grâce (1). Le baptême avait fait d'eux des hommes nouveaux; mais, puisqu'ils se sont blessés, poissent-ils trouver leur guérison dans la pénitence. Devenus infidèles à leurs promesses, puissent-ils ne point éprouver plus fard les supplices qu'ils ont fait profession de croire. Ils n'ont étendu sur personne leur bras vengeur: Dieu doit-il se venger d'eux? Puisqu'ils se sont montrés miséricordieux, ne méritent-ils pas d'obtenir miséricorde? Ils ont pardonné, qu'on leur pardonne donc; ils ont été généreux, qu'on se montre tel à leur égard. A la voix du Christ s'est fendu le rocher de leurs instincts pervers, qui écrasait de son poids leurs ténébreuses consciences; et, par la vertu de leur confession, ils semblent sortir d'un tombeau et paraître au grand jour. Délie-les donc et laisse-les aller, car tu as les clefs, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel (2). Autrefois le péché régnait en maître sur leurs membres; aujourd'hui que la justice a triomphé d'eux, ils reviennent à elle. Ne vois-tu pas un torrent de larmes s'échapper de ces yeux qu'avaient fascinés les illusions du mal? Les gémissements et les sanglots qu'ils poussent en leur propre faveur ne retentissent-ils pas à leurs oreilles, jadis si facilement ouvertes à tous les propos condamnables? Les mains dont ils se sont servis pour faire le mal, ils les tendent maintenant suppliantes, pour obtenir le remède à leurs maux. Leurs pieds couraient dans le mauvais chemin; ils ont changé de voie, et où sont-ils venus? Nous le voyons présentement; et, nous en sommes également témoins, leur corps, tout à l'heure vil instrument des plus sales jouissances, se roule maintenant dans la poussière et les larmes. Ces mouvements extérieurs ne sont-ils pas l'indice évident de la victoire que le Christ a intérieurement remportée sur eux? L'ennemi a été chassé de leur âme; qu'il soit torturé. Le fort a vu sa maison pillée parle plus fort (1); il a été enchaîné et forcé de rendre ceux qu'il avait fait esclaves. A entendre ces pécheurs confesser leurs égarements, on ne saurait, un instant, douter de leur repentir; mais Dieu est tout près de ceux qui ont le coeur brisé par la douleur. Cette douleur est un remède, et non un châtiment. Ah! il désirait les soins du médecin, celui qui s'écriait: «Brûlez mes reins et mon coeur (2)». Cette douleur fait disparaître la corruption et ne tue:pas, car «Dieu ne veut pas tant la mort du pécheur que sa conversion et sa vie (3)». «Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin du médecin, mais les malades (4)». Le Christ n'est pas venu appeler les justes à la pénitente, mais les pécheurs. Or, s'il les appelle, ce n'est point afin qu'ils se réjouissent d'être des pécheurs, mais c'est pour qu'ils gémissent de leurs prévarications et en fassent l'aveu. Qu'ils détestent donc-en leur propre personne ce qu'y déteste Dieu lui-même; par là ils se sauveront et mériteront d'être agréables à ses yeux. De même que, loin de se complaire dans la pensée que ses clients sont malades, le médecin cherche, au contraire, à les guérir de leurs infirmités; ainsi le Christ sanctifie les pécheurs au lieu d'aimer leur état de péché. Qu'est-ce donc que faire pénitence? C'est tirer vengeance de ses iniquités, afin d'éviter la vengeance divine: la pénitence est une peine qui préserve d'autres peines, un jugement qui va au-devant du jugement de Dieu, un châtiment qui adoucit la sévérité de celui qui sait tout, une sentence portée contre l'homme pour son bien, une accusation faite par le coupable pour empêcher sa condamnation. 2. L'antique ennemi a porté plus d'envie à ces pécheurs déjà rachetés par le Christ, qu'il n'en a porté au premier homme avant sa chute: il a déployé plus de malice et de ruse dans l'Eglise qu'au paradis. Dans ce lieu de délices, il était facile à Adam de se laisser tromper; car, n'ayant point encore perdu son innocence, il n'avait devant les yeux aucun exemple qui pût le détourner du mal; comme il n'avait pas encore fait l'expérience de la mort, il ne pouvait se figurer qu'il fût exposé à ses coups. Aujourd'hui, il est tombé: parce que nous sommes ses descendants, nous avons été condamnés, par le fait même de notre naissance, à mourir corporellement; quant à la mort de notre âme, le dangereux serpent, voulant nous séduire, nous a fait croire aussi. qu'elle ne nous atteindrait pas, et il a osé nous dire encore: Si tu désobéis à Dieu, tu ne mourras pas de mort (1). Ce tentateur, homicide dès le commencement (2), a renouvelé son mensonge; on l'a cru encore une fois; il a frappé l'homme à nouveau et précipité dans la mort les pécheurs en faveur desquels le Christ avait triomphé de la mort même. Ceux-ci se montrent plus prudents; au lieu d'excuser leurs égarements, ils s'en accusent; aussi reviennent-ils à la vie. Loin de se dérober aux regards de l'Eternel, loin de se mettre à l'abri derrière des paroles inutiles comme derrière un rideau de feuilles, ils versent des larmes salutaires, ils montrent au grand jour ce qu'ils ont fait, ils offrent à leurs propres regards le spectacle de leurs crimes. Par leur aveu, ils préviennent les accusations que leur ennemi dirigerait plus tard contre eux, et ainsi triomphent-ils de lui; car, dans sa miséricorde, le Seigneur aime mieux céder à la prière du Christ et les délivrer, puisqu'ils confessent leurs iniquités, que de les punir quand le démon viendrait les attaquer et de les convaincre à son tribunal. Il s'entendent et accomplissent cette parole du Prophète: «Confessez-vous à Dieu, parce qu'il est bon (3)». Pourquoi a-t-on peur d'avouer ses crimes à un juge de ce monde? C'est qu'un pareil aveu serait immédiatement suivi d'une condamnation; tandis que, auprès du Dieu bon, à qui l'on ne peut rien cacher, il suffit de confesser ses égarements pour en être purifié. Insiste donc, en leur faveur, auprès de celui dont tu es le représentant, afin qu'il se montre indulgent pour toutes leurs faiblesses. Qu'il guérisse leurs langueurs, qu'il délivre leur vie de la corruption, qu'il redresse ceux qui sont courbés, qu'il brise les chaînes des captifs, qu'il justifie les pécheurs (1) et chérisse les justes, qu'il daigne intercéder auprès du père de famille, qui menaçait d'arracher l'arbre stérile. Tu les as excommuniés, et, par là, tu n'as pas inutilement creusé autour d'eux un fossé profond, pour le remplir de sales mais fertiles ordures, comme tu aurais fait d'une corbeille de fumier; ils te donneront lieu de te réjouir des résultats heureux de ton travail; tu seras heureux d'avoir demandé leur pardon. 8. Beaucoup de sacrifices s'offrent pour eux; une foule immense d'assistants présentent à Dieu l'offrande d'un esprit tourmenté par le chagrin: ils ne sont pas restés fidèles aux promesses de leur baptême, mais de nouvelles eaux baptismales coulent sur leurs têtes; ce sont les larmes abondantes de leurs proches: en effet, «que ceux qui se croient fermes prennent garde de tomber (1)». Les uns associent leur douleur aux souffrances des autres, afin de se réjouir avec ceux-ci de leur guérison. Les uns s'abaissent pour relever les autres, car ceux-ci ne se prosternent que pour se relever. Et parce que Dieu est charité, il opère en eux tous. Puisses-tu donc te sentir ému à l'égard de tous par les sentiments de la charité qui habite en toi d'une manière si admirable; que, par ton intercession, le Seigneur prête une oreille favorable aux prières et aux gémissements de ceux qui pleurent leurs propres péchés et de ceux qui pleurent les péchés de leurs frères. Qu'il daigne accorder à tous le salut, puisque tous pleurent également les mêmes fautes. Puisse la société des membres du Christ goûter la joie après avoir ressenti la douleur! Tous, sans doute, n'ont pas péché; mais parce que tous sont unis dans les liens d'une mutuelle charité, ils éprouvent un chagrin égal. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l'honneur pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il. | |
| | | | Saint-Augustin/La pénitence que tout chrétien doit pratiquer,s'il veut guérir son âme.../ | |
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