Les cinq questions sont très intéressantes, pour ne pas écrire très enrichissantes, surtout pour les internautes impliqués en pastorale diocésaine. Mais chose certaine, il faut faire la différence entre une bonne autorité comme celle de Jésus, et cette mauvaise autorité sous forme d'autoritarisme qui très malheureusement est encore utilisée en 2024. Personnellement j'ai toujours utilisé l'autorité dans un esprit communautaire, et non individualiste, où je me retrouve toujours seul devant les personnes que j'ai accompagnées durant plusieurs années, pour leur venir en aide, parce que très souvent elles se retrouvaient entre les mains d'une personne qui usait d'une autorité sous forme de mauvais contrôle.Pour répondre à une des 5 questions sur la page Facebook du Diocèse de Rouyn Noranda clique sur le mot autorité. Pour moi, c'était ma mission de faire comprendre que la meilleure autorité doit se vivre dans un esprit communautaire, où chaque personne a le droit de parole. Il y aurait beaucoup à écrire concernant cette autorité de Jésus, et par ailleurs cette autorité malsaine qui peut détruire plusieurs vies en peu de temps.
J'encourage les internautes du diocèse de Rouyn Noranda à lire et méditer les documents des 5 questions, y compris le merveilleux texte sur l’autorité de Jésus (inspiré de Marc 1, 21-28). Si au moins chaque internaute pouvait répondre à une des 5 questions, on pourrait s'enrichir le coeur pour mieux comprendre le sens profond de l'autorité de Jésus. Si quelqu'un me pose une question, je vais y répondre avec plaisir. Pour faire quelques pas de plus, voici des exemples, ci-dessous, à partir de 4 faits vécus.
Fait vécu 1
Si je me guide sur ma vie d'enfance, entre ma 7e et ma 9e année, j'ai vécu dans une famille où l'autorité était le contraire de l'autorité de Jésus (inspirée de Mc 1, 21-28). Feu mon pauvre père était pervers narcissique au plus haut degré. Juste entre mes 2 ans et 3 ans, j'ai eu deux cuisses et une jambe de cassées ; à 2 ans, parce que le bébé que j'étais avait couru dans la maison. Ensuite j'ai eu le bras gauche de cassé parce que j'étais gaucher. Ensuite, quand feu mon pauvre père a perdu la garde de ses enfants, j'ai été placé dans 7 foyers nourriciers différents en 7 ans, où nous étions gardés comme des petits esclaves, beaucoup plus pour permettre aux familles de faire de l'argent que pour être aimés. Entre les années 57 et les années 80, il n'existait pas du tout d'endroit pour dénoncer toutes les formes de maltraitance des femmes et des enfants.
Ensuite, dans plusieurs familles, c'était le père qui bossait sa femme et ses enfants. Ma mère n'a pas eu de membre cassé mais elle subissait une maltraitance physique et psychologique incroyable. Je mettrai un lien à la fin de ma réflexion, qui raconte un certain nombre de faits vécus par ma riche maman. Nous étions 10 enfants, 5 garçons et 5 filles. Il n'y a que 3 filles sur les 10 enfants qui n'ont pas subi la violence, mais plusieurs fois elles ont été témoin de la violence que les 7 enfants ont vécue.
Fait vécu 2
Personnellement, moi et feue ma riche maman, nous avons été protégés par Dieu. Nous avons tourné la page de notre malheureux passé de maltraitance en pardonnant à feu mon pauvre père, pour nous apprivoiser à vivre au présent de Jésus-Christ. Aujourd'hui je peux écrire que je suis allé à l'école de la vie sur le terrain des grandes souffrances de la vie. Dans les années qui ont suivi, je n'avais que 18 ans et un prêtre qui avait fondé un assosciation pour personnes handicapées, m'a donné la responsabilité d'un foyer pour 9 personnes, dont certaines avaient un handicap physique ou mental. Cette responsabilité m'a été confiée 5 ans, mais je ne travaillais pas tout seul, je travaillais en équipe, y compris avec les familles et des personnes ressources.
Un jour, un autre prêtre m'a demandé de venir rendre témoignage de mon pardon accordé à feu mon pauvre père. Le prêtre m'a fait venir dans son diocèse par trois fois, chaque invitation a duré de 2 semaines à trois mois. Il me faisait rencontrer les responsables de la pastorale, et il m'a demandé de m'adresser aux paroissiens et à plusieurs autres mouvements, dont des communautés religieuses. Après avoir fait trois mois, il m'a fait la demande de venir travailler avec lui dans sa paroisse, alors que je partageais la vie communautaire avec les frères des écoles chrétiennes depuis 20 ans. J'ai reçu une lettre de 4 pages de ce prêtre, qui voulait absolument que je vienne m'impliquer dans sa paroisse. Mon choix a été très difficile, mais le supérieur m'a encouragé en me disant que le fait que la demande venait d'un prêtre, c'était un signe que l'appel venait de Dieu. Au début, le prêtre voulait surtout que je rencontre les jeunes dans les écoles. Le prêtre savait que j'avais le don de permettre aux jeunes comme aux adultes d'exprimer leur trop-plein de souffrance que la vie leur avait imposé, parce qu'ils étaient entre les mains de personnes qui très souvent utilisaient une autorité d'autoritarisme.
Mon approche auprès de la religieuse responsable de la pastorale dans les écoles, a été un gros zéro, pour la simple raison que l'animatrice de pastorale avait peur de perdre sa place. Une des raisons qui avait motivé cette animatrice à raconter des mensonges sur ma personne, était qu'elle s'était confiée à moi sur sa vie intime les trois fois où le prêtre m'avait invité dans sa paroisse. Autant elle que moi, nous n'aurions jamais, au grand jamais, pensé que le prêtre me demanderait de venir travailler à temps plein dans sa paroisse. Cette animatrice avait sûrement la crainte que je partage les confidences qu'elle m'avait faites, avec le prêtre qui m'avait invité à demeurer au presbytère.
Je n'étais pas prêtre comme je ne le suis pas aujourd'hui, mais pour moi la confidentialité dans mon travail d'accompagnement en pastorale, elle se faisait avec une écoute du coeur, car pour moi l'écoute du coeur est une confidentialité sacrée. Cette animatrice de pastorale avait tellement peur de ma présence au presbytère, qu'elle racontait des histoires incroyables à la religieuse qui devait m'accueillir, à la demande du curé ; celui-ci m'avait permis de recevoir un mandat de l'évêque comme de quoi il acceptait que je m'engage à répondre à la mission pastorale, selon le voeu du curé.
Le curé a été très déçu du comportement de cette animatrice de pastorale, et aussi de la religieuse qui a refusé la proposition pour que je puisse rencontrer les étudiants. Le curé était un homme de prière, un homme de bonne autorité à l'exemple de Jésus, il ne voulait déplaire à personne, pas même à ses ennemis(es) qu'il accueillait comme ses amis(es). Alors il m'a offert de prendre la responsabilité d'une soupe populaire où on servait deux repas par jour à une cinquantaine de personnes. J'ai refusé trois fois avant de dire oui, et voici pourquoi.
La dame qui en avait été responsable pendant 20 ans, ne connaissait aucune règlementation pour sécuriser les catégories de personnes qui venaient prendre leurs repas deux fois par jour. Comme il n'y avait aucun règlement, les policiers devaient intervenir plusieurs fois auprès des hommes et des femmes qui vivaient sous la dépendance de la drogue et de l'alcool. Il y avait proche 10 catégories de personnes fragilisées qui fréquentaient cette soupe populaire, et ça prenait absolument une règlementation pour la protection des membres du personnel et des enfants.
Comme j'avais travaillé de longues années dans la grande Ville de Montréal en accompagnant des jeunes toxicomanes et des adultes qui consommaient drogues, alcools et médicaments en vente libre, j'étais conscient qu'il fallait absolument une règlementation dans un organisme où l'on accueille plusieurs catégories de personnes. Comme la dame avait le titre de présidente depuis 20 ans, le curé insistait pour que je prenne la relève en tant que président.
Il n'y avait personne qui voulait prendre la relève, alors le curé a fini par me convaincre. J'ai reçu le mandat devant la direction de l'organisme, les marguilliers de la paroisse et les chevaliers de Colomb. Mais une surprise attendait le curé ainsi que les personnes mentionnées ci-dessus. Le curé m'a posé la question : Michel, acceptes-tu d'être le président de cette organisme? J'ai dit oui, mais à une seule condition. Ma réponse a été simple pour moi, mais incompréhensible et compliquée pour toutes les personnes présentes dans la salle.
Le curé m'a demandé : Quelle condition? Je lui ai répondu devant l'assemblée que je voulais avoir un titre dont le mot serait plus long que le mot président. Comme le curé me connaissait, il s'attendait à une réponse qui ferait rire toute l'assemblée. Alors il me demanda : Michel, quel est ce mot qui remplacerait le mot président? Je répondis que j'étais allergique au titre de président, car je ne voulais pas que les gens, en particulier les pauvres, me regardent d'en bas comme quelqu'un de plus grand qu'eux. Alors je demandais à la direction de remplacer le mot (président) par le mot (responsable). J'ai poursuivi en disant : Ensemble, moi et le personnel, y compris ceux qui viendront prendre leur repas, alors tous nous serons responsables, tous(tes) ensemble, nous disons adieu au titre de président et bienvenue à tous(tes), ensemble nous partagerons en prenant une responsabilité selon la capacité de chacun(e).
Le curé me dit que c'était la première fois que cette assemblée entendait un dialogue sur l'égalité et la responsabilité. L'assemblée se leva avec un fou-rire, en applaudissant et en criant de tout leur coeur : Adieu le président et bienvenue à tous les responsables, bravo, bravo, Michel!. . . Mais, mais, mais, une mauvaise surprise m'attendait dès la première soirée de mon implication comme responsable de la soupe populaire.
Fait vécu 3
L'ex-présidente a été mise au courant de mon approche avec le conseil d'administration de la soupe populaire, les marguilliers et les chevaliers de Colomb. Elle était tellement mécontente qu'elle était prête à tout faire pour reprendre sa première place comme présidente. Au début de ma première soirée, nous étions tous dans la joie, mais à notre très grande surprise, un homme qui faisait partie de la clientèle, est entré avec une pelle à neige en se dirigeant vers moi pour me frapper. Il frappa partout, après le comptoir, le mur, les tables, ensuite il prit une assiette pleine de nouriture et me la lança en plein visage en criant : Je sais que tu es un pédophile, ce n'est pas ta place, ici.
Un des responsables a fait appel au service de police, et trois policiers sont intervenus auprès de cet homme. Dans les jours qui ont suivi, nous avons appris que la dame lui avait donné de la drogue et fait boire de l'alcool, pour ensuite lui dire que celui qui la remplaçait était un pédophile. Vous comprendrez que le fait d'être sous l'emprise de la boisson et de la drogue était une façon pour cette dame d'éviter d'être pointée du doigt par les policiers. L'homme a fait 3 mois de prison, avec l'interdiction de revenir se présenter à la soupe populaire. On peut comprendre que cette dame était loin, très loin d'exercer l'autorité de Jésus. Fait vécu 4, clique sur le lien ci-dessous . . .
Cette dame mentionnée dans le fait vécu du lien ci-dessus, est toujours celle qui a perdu son poste de présidente, dont j'ai pris la relève comme responsable, là où le personnel et la clientèle avaient chacun leur part de responsabilité, selon le talent de chacun(e), y compris des enfants. Je mets une photo ci-dessus, des enfants qui venaient s'engager bénévolement au service de la soupe populaire. Il y a un souvenir que je n'oublierai jamais. Celui d'une jeune maman qui avait mis sa petite fille assise dans un panier d'épicerie, avec une cinquantaine de canettes de liqueur. La petite fille de 5 ans avait du plaisir à les donner à chaque membre de la soupe populaire. Ce qui m'a surpris, c'est le fait que cette petite fille a réussi à faire sourire des personnes qui n'avaient jamais souri. Même que parfois, quand la petite fille se levait debout dans le panier, pour allonger son petit bras et servir ceux qui étaient trop loin du panier, certains attrapaient le fou-rire tellement c'était merveilleux de voir la plus jeune bénévole de 5 ans servir la clientèle pour la première fois.