coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Michel blogue page /16/Sujet/ Motif du Jubilé: la grâce s'est manifestée/ Mar 27 Fév - 22:48 | |
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Dans le mystère de l'Incarnation, l'œuvre de l'Esprit, «qui donne la vie», atteint son sommet. Il n'est possible de donner la vie, dont la plénitude est en Dieu, qu'en en faisant la vie d'un Homme, à savoir le Christ dans son humanité personnifiée par le Verbe dans l'union hypostatique. Et en même temps, par le mystère de l'Incarnation, jaillit d'une nouvelle manière la source de cette vie divine dans l'histoire de l'humanité: l'Esprit Saint. Le Verbe, «premier-né de toute créature», devient «l'aîné d'une multitude de frères» et il devient ainsi la tête du corps qu'est l'Eglise, laquelle naîtra de la Croix et sera manifestée le jour de la Pentecôte, et, dans l'Eglise, il sera la tête de l'humanité, des hommes de toute nation, de toute race, de tout pays et de toute culture, de toute langue et de tout continent, tous appelés au salut. «Le Verbe s'est fait chair», lui en qui «était la vie et la vie était la lumière des hommes ... A tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu». Mais tout cela s'est accompli et s'accomplit sans cesse «par l'Esprit Saint». Ils sont en effet «enfants de Dieu», d'après l'enseignement de l'Apôtre, «tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu». La filiation de l'adoption divine naît dans les hommes à partir du mystère de l'Incarnation, donc grâce au Christ, le Fils éternel. Mais la naissance, ou la renaissance, se réalise lorsque Dieu le Père «envoie dans nos cœurs l'Esprit de son Fils». Car nous recevons alors «un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier: "Abba! Père! "». Ainsi donc, cette filiation de Dieu, greffée dans l'âme humaine par la grâce sanctifiante, est l'œuvre de l'Esprit Saint. «L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ». La grâce sanctifiante est dans l'homme le principe et la source de la vie nouvelle: vie divine, surnaturelle.
Le don de cette vie nouvelle est comme la réponse définitive de Dieu aux paroles du psalmiste, dans lesquelles, en quelque sorte, la voix de toutes les créatures trouve un écho: «Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre». Celui qui, dans le mystère de la création, donne à l'homme et au cosmos la vie sous ses multiples formes visibles et invisibles, la renouvelle encore par le mystère de l'Incarnation. La création est ainsi complétée par l'Incarnation et pénétrée dès lors par les forces de la Rédemption qui envahissent l'humanité et toute la création. C'est ce que dit saint Paul; sa vision cosmique et théologique semble reprendre les termes du psaume ancien: «La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu», c'est-à-dire de ceux que Dieu a «d'avance discernés», et aussi «prédestinés à reproduire l'image de son Fils». Les hommes connaissent ainsi une «adoption filiale» surnaturelle, et le Saint-Esprit, Amour et Don, en est l'origine. Comme tel, il est donné aux hommes. Et de la surabondance du Don incréé, chaque homme reçoit dans son cœur le don créé particulier par lequel les hommes «deviennent participants de la nature divine». Ainsi, la vie humaine est pénétrée de la vie divine à laquelle elle participe, et elle acquiert, elle aussi, une dimension divine, surnaturelle. Ainsi naît la vie nouvelle, par laquelle, en participant au mystère de l'Incarnation, «les hommes... accèdent, dans l'Esprit Saint, auprès du Père». Il y a donc une étroite dépendance de causalité entre l'Esprit qui donne la vie, la grâce sanctifiante, et la vitalité surnaturelle multiforme qui en découle dans l'homme: entre l'Esprit incréé et l'esprit humain créé.
On peut dire que tout cela rentre dans le cadre du grand Jubilé déjà évoqué. Car il faut dépasser la dimension historique du fait, considéré superficiellement. Il faut joindre au contenu christologique de l'événement la dimension pneumatologique, en regardant dans la foi l'ensemble des deux millénaires où s'est exercée l'action de l'Esprit de vérité: celui-ci, au cours des siècles, a puisé au trésor de la Rédemption du Christ, donnant aux hommes la vie nouvelle, réalisant en eux l'adoption dans le Fils unique, les sanctifiant, en sorte qu'ils peuvent redire à la suite de saint Paul: « Nous avons reçu l'Esprit de Dieu». Mais, en considérant ce motif du Jubilé, il n'est pas possible de se limiter aux deux mille ans écoulés depuis la naissance du Christ. Il faut remonter en arrière, embrasser aussi toute l'action de l'Esprit Saint avant le Christ - depuis le commencement - dans le monde entier et spécialement dans l'économie de l'Ancienne Alliance. Cette action, en effet, en tout lieu et en tout temps, même en tout homme, s'est accomplie selon l'éternel dessein de salut, dans lequel elle est étroitement unie au mystère de l'Incarnation et de la Rédemption; ce mystère avait lui-même exercé son influence sur ceux qui croyaient au Christ à venir. La Lettre aux Ephésiens l'atteste de façon particulière. Ainsi la grâce comporte en même temps un caractère christologique et un caractère pneumatologique, qui se retrouvent surtout en ceux qui adhèrent explicitement au Christ: «En lui (dans le Christ) ... vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s'est acquis».
Mais, toujours dans la perspective du grand Jubilé, nous devons aussi porter plus loin notre regard et avancer «vers le large», en sachant que «le vent soufile où il veut», selon l'image employée par Jésus dans la conversation avec Nicodème. Le Concile Vatican II, centré principalement sur le thème de l'Eglise, nous rappelle que l'Esprit Saint agit aussi «à l'extérieur» du corps visible de l'Eglise. Il parle justement de «tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au mystère pascal ». «Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent adorer». Ces paroles, Jésus les a dites à la Samaritaine dans un autre de ses dialogues. Le grand Jubilé, qui sera célébré au terme de ce millénaire et au début du suivant, doit être un puissant appel adressé à tous ceux qui «adorent Dieu dans l'esprit et la vérité». Il doit être pour tous une occasion particulière de méditer le mystère de Dieu un et trine, qui, en lui-même, est absolument transcendant par rapport au monde, spécialement par rapport au monde visible; il est en effet Esprit au sens absolu, «Dieu est esprit»; et, en même temps, d'une façon admirable, il est non seulement proche de ce monde, mais il y est présent et, en un sens, immanent, il le pénètre et le vivifie de l'intérieur.
Cela vaut d'une manière spéciale pour l'homme: Dieu est présent dans la profondeur de son être, de sa pensée, de sa conscience, de son cœur; réalité psychologique et ontologique, qui faisait dire à saint Augustin, en parlant de Dieu: «interior intimo meo». Ces paroles nous aident à mieux comprendre celles que Jésus adressait à la Samaritaine: «Dieu est esprit». Seul l'Esprit peut être interior intimo meo - plus intime à moi que moi-même -, au niveau de l'être ou au niveau de l'expérience spirituelle; seul l'Esprit peut être à ce point immanent à l'homme et au monde, en demeurant inviolable et sans changement dans son absolue transcendance. Mais, en Jésus Christ, la présence divine dans le monde et dans l'homme s'est manifestée de façon nouvelle et sous forme visible. En lui véritablement «la grâce s'est manifestée». L'amour de Dieu le Père, Don, grâce infinie, principe de vie, est devenu visible dans le Christ, et, par l'humanité du Christ, il est devenu «partie» de l'univers, du genre humain, de l'histoire. Cette «manifestation» de la grâce dans l'histoire de l'homme, en Jésus Christ, s'est accomplie par l'Esprit Saint, qui est le principe de toute action salvifique de Dieu dans le monde, lui, le «Dieu caché» qui, comme Amour et Don, «remplit l'univers». Toute la vie de l'Eglise, telle qu'elle se manifestera dans le grand Jubilé, signifie aller à la rencontre du Dieu invisible, à la rencontre de l'Esprit qui donne la vie.
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