coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: La joie de l’Évangile/Citation/209<>216 Sam 14 Mar - 5:39 | |
| Jésus, l’évangélisateur par excellence et l’Évangile en personne, s’identifie spécialement aux plus petits. (Matthieu 25, 40). Ceci nous rappelle que nous tous, chrétiens, sommes appelés à avoir soin des plus fragiles de la terre. Mais dans le modèle actuel de “succès” et de “droit privé”, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir afin que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie. Il est indispensable de prêter attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité dans lesquelles nous sommes appelés à reconnaître le Christ souffrant, même si, en apparence, cela ne nous apporte pas des avantages tangibles et immédiats : les sans-abris, les toxico - dépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées toujours plus seules et abandonnées etc. Les migrants me posent un défi particulier parce que je suis Pasteur d’une Église sans frontières qui se sent mère de tous. Par conséquent, j’exhorte les pays à une généreuse ouverture, qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, soit capable de créer de nouvelles synthèses culturelles. Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre ! La situation de ceux qui font l’objet de diverses formes de traite des personnes m’a toujours attristé. Je voudrais que nous écoutions le cri de Dieu qui nous demande à tous : « Où est ton frère ? » (Genèse 4, 9). Où est ton frère esclave Où est celui que tu es en train de tuer chaque jour dans la petite usine clandestine, dans le réseau de prostitution, dans les enfants que tu utilises pour la mendicité, dans celui qui doit travailler caché parce qu’il n’a pas été régularisé ? Ne faisons pas semblant de rien. Il y a de nombreuses complicités. La question est pour tout le monde ! Ce crime mafieux et aberrant est implanté dans nos villes, et beaucoup ont les mains qui ruissellent de sang à cause d’une complicité confortable et muette. Doublement pauvres sont les femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence, parce que, souvent, elles se trouvent avec de plus faibles possibilités de défendre leurs droits. Cependant, nous trouvons tout le temps chez elles les plus admirables gestes d’héroïsme quotidien dans la protection et dans le soin de la fragilité de leurs familles. Parmi ces faibles, dont l’Église veut prendre soin avec prédilection, il y a aussi les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous, auxquels on veut nier aujourd’hui la dignité humaine afin de pouvoir en faire ce que l’on veut, en leur retirant la vie et en promouvant des législations qui font que personne ne peut l’empêcher. Fréquemment, pour ridiculiser allègrement la défense que l’Église fait des enfants à naître, on fait en sorte de présenter sa position comme quelque chose d’idéologique, d’obscurantiste et de conservateur.
Et pourtant cette défense de la vie à naître comme celle du petit Samuel est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n’importe quelle situation et en toute phase de son développement. Elle est une fin en soi, et jamais un moyen pour résoudre d’autres difficultés. Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. La seule raison est suffisante pour reconnaître la valeur inviolable de toute vie humaine, mais si nous la regardons aussi à partir de la foi, « toute violation de la dignité personnelle de l’être humain crie vengeance en présence de Dieu et devient une offense au Créateur de l’homme ». Précisément parce qu’il s’agit d’une question qui regarde la cohérence interne de notre message sur la valeur de la personne humaine, on ne doit pas s’attendre à ce que l’Église change de position sur cette question. Je veux être tout à fait honnête à cet égard. Cette question n’est pas sujette à de prétendues réformes ou à des “modernisations”. Ce n’est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine. Mais il est vrai aussi que nous avons peu fait pour accompagner comme il convient les femmes qui se trouvent dans des situations très dures, où l’avortement se présente à elles comme une solution rapide à leur profonde angoisse, en particulier quand la vie qui croît en elles est la conséquence d’une violence, ou dans un contexte d’extrême pauvreté. Qui peut ne pas comprendre ces situations si douloureuses ? Il y a d’autres êtres fragiles et sans défense, qui très souvent restent à la merci des intérêts économiques ou sont utilisés sans discernement. Je me réfère à l’ensemble de la création. En tant qu’êtres humains, nous ne sommes pas les simples bénéficiaires, mais les gardiens des autres créatures. Moyennant notre réalité corporelle, Dieu nous a unis si étroitement au monde qui nous entoure, que la désertification du sol est comme une maladie pour chacun ; et nous pouvons nous lamenter sur l’extinction d’une espèce comme si elle était une mutilation. Ne faisons pas en sorte qu’à notre passage demeurent des signes de destruction et de mort qui frappent notre vie et celle des générations futures. En ce sens, je fais mienne la belle et prophétique plainte, exprimée il y a plusieurs années par les évêques des Philippines : « Une incroyable variété d’insectes vivait dans la forêt et ceux-ci étaient engagés dans toutes sortes de tâches propres […] Les oiseaux volaient dans l’air, leurs brillantes plumes et leur différents chants ajoutaient leurs couleurs et leurs mélodies à la verdure des bois […]
Dieu a voulu cette terre pour nous, ses créatures particulières, mais non pour que nous puissions la détruire et la transformer en sol désertique […] Après une seule nuit de pluie, regarde vers les fleuves marron-chocolat, dans les parages, et souviens-toi qu’ils emportent le sang vivant de la terre vers la mer […] Comment les poissons pourront-ils nager dans cet égout comme le rio Pasig, et tant d’autres fleuves que nous avons contaminés ? Qui a transformé le merveilleux monde marin en cimetières sous-marins dépourvus de vie et de couleurs ? ». Nous tous, les chrétiens, petits mais forts dans l’amour de Dieu, comme saint François d’Assise, nous sommes appelés à prendre soin de la fragilité du peuple et du monde dans lequel nous vivons. | |
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