doucecolombe
Nombre de messages : 25781 Age : 67 Réputation : 13 Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: /91 D/saint-Jean-Paul ll/Sujet 2/ curé d'Ars/Les diverses approches apostoliques, orientées vers l’essentiel/ Sam 22 Juin - 10:25 | |
| Jean-Marie Vianney se consacrait essentiellement à l’enseignement de la foi, à la purification des consciences, et ces deux ministères convergeaient vers l’Eucharistie. Ne faut-il pas voir là, aujourd’hui encore, les trois pôles du service pastoral du prêtre ?Si le but est assurément de rassembler le peuple de Dieu autour du mystère eucharistique avec la catéchèse et la pénitence, d’autres approches apostoliques, suivant les circonstances, sont aussi nécessaires : parfois c’est une simple présence, durant des années, avec le témoignage silencieux de la foi dans les milieux non chrétiens ; ou encore une proximité des personnes, des familles et de leurs soucis ; c’est une première annonce qui essaie d’éveiller à la foi les incroyants et les tièdes ; c’est le témoignage de charité et de justice partagé avec les laïcs chrétiens, qui rend plus crédible la foi et le met en pratique. De là, toute une série de travaux ou d’œuvres apostoliques, qui préparent ou poursuivent la formation chrétienne. Le Curé d’Ars lui-même s’ingénia à prendre des initiatives adaptées à son temps et à ses paroissiens. Cependant, toutes ses activités sacerdotales étaient centrées sur l’Eucharistie, la catéchèse et le sacrement de la réconciliation. Le sacrement de la réconciliation C’est sans aucun doute son inlassable dévouement au sacrement de pénitence qui a révélé le charisme principal du Curé d'Ars et fait à juste titre sa renommée. Il est bon qu’un tel exemple nous entraîne aujourd’hui à redonner au ministère de la réconciliation toute la place qui lui revient et que le Synode des Évêques de 1983 a si justement mise en évidence (7). Sans la démarche de conversion, de pénitence et de demande de pardon que les ministres de l’Église doivent inlassablement encourager et accueillir, l’aggiornamento tant désiré resterait superficiel et illusoire. Le Curé d’Ars veillait d’abord à former les fidèles au désir du repentir. Il soulignait la beauté du pardon de Dieu. Toute sa vie sacerdotale et ses forces n’étaient-elles pas consacrées à la conversion des pécheurs? Or c’est au confessionnal que se manifestait par-dessus tout la miséricorde de Dieu. Il ne voulait donc pas se dérober aux pénitents qui venaient de toute part et auxquels il consacrait souvent dix heures par jour, parfois quinze ou plus. C’était sans doute pour lui la plus grande de ses ascèses, un "martyre"; physiquement d’abord, dans la chaleur, le froid ou l’atmosphère suffocante, moralement aussi, car il souffrait lui-même des péchés accusés et plus encore du manque de repentir. "Je pleure de ce que vous ne pleurez pas". A côté de ces indifférents, qu’il accueillait de son mieux et essayait d’éveiller à l’amour de Dieu, le Seigneur lui donnait de réconcilier de grands pécheurs repentants, et aussi de guider vers la perfection des âmes qui en avaient soif. C’était là surtout que Dieu lui demandait de participer à la Rédemption.Pour nous, nous avons redécouvert, mieux qu’au siècle dernier, l’aspect communautaire de la pénitence, de la préparation au pardon, de l’action de grâce après le pardon. Mais le pardon sacramentel demandera toujours une rencontre personnelle avec le Christ crucifié par l’intermédiaire de son ministre. Malheureusement, souvent, les pénitents ne se pressent pas avec ferveur au confessionnal, comme au temps du Curé d’Ars. Or, là même où un grand nombre, pour de multiples raisons, semble s’abstenir totalement de la confession, c’est le signe qu’il est urgent de développer toute une pastorale du sacrement de réconciliation, en faisant redécouvrir sans cesse aux chrétiens les exigences d’une relation vraie avec Dieu, le sens du péché où l’on se ferme à l’Autre et aux autres, la nécessité de se convertir et de recevoir, par l’Église, le pardon comme un don gratuit de Dieu, et aussi les conditions qui permettent de bien célébrer le sacrement, en dépassant à son égard les préjugés, les fausses craintes et la routine. Une telle situation requiert en même temps que nous demeurions très disponibles pour ce ministère du pardon, prêts à y consacrer le temps et le soin nécessaires, et, je dirais même, à lui donner la priorité sur d’autres activités. Les fidèles sauront ainsi le prix que nous y attachons, comme le Curé d’Ars. Certes, comme je l’écrivais dans l’exhortation post-synodale sur la pénitence (10), le ministère de la réconciliation reste sans doute le plus difficile et le plus délicat, le plus fatigant et le plus exigeant - surtout lorsque les prêtres sont en petit nombre. Il suppose aussi, chez le confesseur, de grandes qualités humaines, pardessus tout une vie spirituelle intense et sincère ; il est nécessaire que le prêtre recoure pour lui-même régulièrement à ce sacrement. Soyez-en toujours convaincus, chers Frères prêtres : ce ministère de la miséricorde est l’un des plus beaux et des plus consolants. Il vous permet d’éclairer les consciences, de leur apporter le pardon et de leur redonner vigueur au nom du Seigneur Jésus, d’être pour elles médecin et conseiller spirituel; il demeure "la manifestation irremplaçable et le test du ministère sacerdotal". | |
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