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 Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre

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coeurtendre
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coeurtendre

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Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre Empty
MessageSujet: Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre   Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre Icon_minitimeMar 15 Oct - 17:05

Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre 206640364E57B95223FD03

Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre Icon_exclaim  Réflexion du Pape Benoît XVI aux membres du
 Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre  Question 21/9 Questions des membres du Clergé des Diocèses de Belluno-Feltre Icon_exclaim

Merci, c'est une question importante et que je connais très bien. Moi aussi j'ai vécu les temps du Concile, en ayant été dans la Basilique Saint-Pierre avec un grand enthousiasme et voyant comment s'ouvraient de nouvelles portes et que cela paraissait réellement être la nouvelle Pentecôte, où l'Église pouvait à nouveau convaincre l'humanité, après l'éloignement du monde de l'Église des XIX et XX siècles, il semblait que se rencontraient à nouveau l'Église et le monde et que renaissaient à nouveau un monde chrétien et une Eglise du monde et véritablement ouverte au monde. Nous avons tant espéré, mais les choses en réalité se sont révélées plus difficiles. Toutefois demeure le grand héritage du Concile, qui a ouvert une route nouvelle, qui est toujours une magna charta du chemin de l'Église tout à fait essentielle et fondamentale. Mais pourquoi les choses sont-elles allées ainsi? Tout d'abord, je voudrais peut-être commencer avec une remarque historique. Les temps d'un post-Concile sont presque toujours très difficiles. Après le grand Concile de Nicée - qui est pour nous réellement le fondement de notre foi, en effet nous confessons la foi formulée à Nicée - n'a pas vu le jour une situation de réconciliation et d'unité comme l'avait espéré Constantin, promoteur de ce grand Concile, mais une situation réellement chaotique de conflits de tous contre tous. Saint Basile dans son livre sur l'Esprit Saint compare la situation de l'Église après le Concile de Nicée à une bataille navale de nuit où personne ne connaît plus l'autre, mais tous sont contre tous. C'était réellement une situation de chaos total:  ainsi saint Basile décrit-il avec des couleurs fortes le drame de l'après-Concile, de l'après-Nicée. Puis cinquante ans après, lors du le Premier Concile de Constantinople, l'empereur invite saint Grégoire de Nazianze à participer à celui-ci et saint Grégoire de Nazianze répond:  Non je ne viens pas, parce que je connais ces choses, je sais que de tous les Conciles naissent seulement confusion et conflits, et donc je ne viens pas.

 Et il n'y est pas allé. Ainsi, ce n'est pas maintenant rétrospectivement une surprise tellement grande comme elle l'était pour nous dans un premier temps d'assimiler le Concile, ce grand message. L'insérer dans la vie de l'Eglise, le recevoir pour qu'il devienne vie de l'Église, le mettre en œuvre dans les diverses réalités de l'Eglise, est une souffrance, et c'est seulement dans la souffrance que se réalise également la croissance. Croître signifie toujours aussi souffrir, parce que c'est sortir d'un état et passer dans un autre. Et dans le concret de l'après-Concile, nous devons constater qu'il y a deux grandes césures historiques. Dans l'après-Concile, la césure de 1968, le début ou l'explosion - dirais-je - de la grande crise culturelle de l'Occident. La génération de l'après-guerre s'était éteinte, une génération qui après toutes les destructions et en voyant l'horreur de la guerre, des combats et en constatant le drame de ces grandes idéologies qui avaient réellement conduit les personnes vers le gouffre de la guerre, nous avions redécouvert les racines chrétiennes de l'Europe  et  nous  avions  commencé à reconstruire l'Europe sur ces grandes inspirations. Mais avec la fin de cette génération, on constatait également tous les échecs, les lacunes de cette reconstruction, la grande misère dans le monde et ainsi commença, explosa la crise de la culture occidentale, je dirais une révolution culturelle qui veut changer radicalement. Elle dit:  non n'avons pas créé en deux mille ans de christianisme un monde meilleur. Nous devons reprendre à zéro de manière absolument nouvelle; le marxisme semble la recette scientifique pour créer finalement le nouveau monde. Et là, - disons - dans ce grave et grand conflit entre la nouvelle et saine modernité, voulue par le Concile, et la crise de la modernité, tout devient difficile comme après le Concile de Nicée. Une partie était de l'avis que cette révolution culturelle était ce qu'avait voulu le Concile, elle confondait cette nouvelle révolution culturelle marxiste avec la volonté du Concile; elle disait:  c'est cela le Concile. Dans leur lettre, les textes sont encore un peu désuets, mais derrière les paroles écrites, il y a cet esprit, telle est la volonté du Concile, nous devons faire ainsi. Et de l'autre côté, naturellement, la réaction:  de cette manière, vous détruisez l'Eglise. La réaction - disons - absolue contre le Concile, l'anti-conciliarité et - disons - une timide, humble recherche d'appliquer le véritable esprit du Concile. Et comme le dit le proverbe "Si tombe un arbre, il fait beaucoup de bruit, si pousse une forêt l'on n'entend rien parce que se développe un processus sans bruit" et donc durant ces grands bruits du progressisme erroné, de l'anti-conciliarisme, le chemin de l'Eglise grandit très silencieusement, avec beaucoup de souffrance et aussi avec tant de pertes dans la construction d'un nouveau passage culturel.

Puis la seconde césure en 1989. L'effondrement des régimes communistes, mais la réponse ne fut pas le retour à la foi, comme on pouvait peut-être s'y attendre, ce ne fut pas la redécouverte du fait que l'Église avait justement apporté la réponse à travers le Concile authentique. La réponse fut en revanche le scepticisme total, ce qu'on appelle la post-modernité. Rien n'est vrai, chacun doit envisager sa manière de vivre; c'est le temps où s'affirment un matérialisme, un scepticisme pseudo-rationaliste aveugle qui finit dans la drogue, qui finit dans tous ces problèmes que nous connaissons et ferme à nouveau les chemins de la foi, parce que cela est si simple, si évident. Non, il n'y rien de vrai. La vérité est intolérante, nous ne pouvons pas prendre ce chemin. Voilà, dans les contextes de ces deux chocs culturels, la première, la révolution culturelle de 1968, la seconde, la chute pourrions-nous dire du nihilisme après 1989, l'Église, avec humilité, au milieu des passions du monde et la gloire du Seigneur, suit sa route. Sur cette route, nous devons croître avec patience et nous devons à présent apprendre d'une nouvelle façon ce que veut dire renoncer au triomphalisme. Le Concile avait dit de renoncer au triomphalisme - et il avait pensé au baroque, à toutes ces grandes cultures de l'Eglise. L'on dit:  commençons de manière moderne, nouvelle. Mais un autre triomphalisme avait grandi, celui de penser:  nous, à présent, nous faisons les choses, nous avons trouvé la route et nous trouvons sur celle-ci un monde nouveau. Mais l'humilité de la Croix, du Crucifié, exclut justement aussi ce triomphalisme, nous devons renoncer au triomphalisme selon lequel naît à présent réellement la grande Eglise de l'avenir. L'Église du Christ est toujours humble et c'est précisément ainsi qu'elle est grande et joyeuse.

 Il me semble très important qu'à présent, nous puissions voir, les yeux grand ouverts, ce qu'il y a également eu de positif dans l'après-Concile:  dans le renouveau de la liturgie, dans les synodes, les synodes romains, les synodes universels, les synodes diocésains, dans les structures paroissiales, dans la collaboration, dans la nouvelle responsabilité des laïcs, dans la grande coresponsabilité interculturelle et intercontinentale, dans une nouvelle expérience de la catholicité de l'Église, de l'unanimité qui croît dans l'humilité et toutefois qui est la véritable espérance du monde. Et ainsi, nous devons, me semble-t-il, redécouvrir le grand héritage du Concile qui n'est pas un esprit reconstruit derrière les textes, mais ce sont justement les grands textes conciliaires relus à présent avec les expériences que nous avons eues et qui ont porté du fruit dans de nombreux mouvements, de nombreuses nouvelles communautés religieuses. Au Brésil, je suis arrivé en sachant que se répandent les sectes et que l'Église catholique semble un peu sclérosée; mais une fois là-bas, j'ai vu que presque chaque jour au Brésil naît une nouvelle communauté religieuse, naît un nouveau mouvement, et les sectes ne sont pas les seules à croître. L'Église croît avec de nouvelles réalités pleines de vitalité, pas de manière à remplir les statistiques - cela est une espérance fausse, la statistique n'est pas notre divinité - mais elles croissent dans les âmes et elles créent la joie de la foi, elles créent la présence de l'Évangile, elles créent de cette manière aussi le vrai développement du monde et de la société. Ainsi me semble-t-il que nous devons conjuguer la grande humilité du Crucifié, d'une Eglise qui est toujours humble et toujours entravée par les grands pouvoirs économiques, militaires, etc., mais nous devons apprendre ensemble également avec cette humilité le vrai triomphalisme de la catholicité qui croît dans tous les siècles.  La  présence  du Crucifié ressuscité, qui a et porte encore ses blessures croît aujourd'hui encore; il est blessé, mais c'est précisément ainsi qu'il renouvelle le monde, qu'il donne son souffle qui renouvelle aussi l'Église malgré toute notre pauvreté. Et je dirais que, dans cet ensemble d'humilité de la Croix et de joie du Seigneur ressuscité, qui dans le Concile nous a donné un grand indicateur sur la route à suivre, nous pouvons aller de l'avant avec joie et emplis d'espérance.
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