Citation présentée par Djamila Papillon : 
Parfois, je m'assois tranquillement et m'étonne de ne pas être dans un asile psychiatrique. Ensuite, je regarde le monde autour de moi et je réalise que j'y suis peut-être. Djamila Papillon a écrit sur Facebook: Cette citation mérite réflexion !
Yann Hode a répondu: Elle mérite réflexion pour 2 raisons: d'une part l'emploi du mot asile, concept populaire mais inadapté et associe à une psychiatrie qui ne soigne pas mais qui héberge (ou plutôt enferme). D'autre part elle donne une image de ma maladie mentale comme de la "folie" alors que ce qu'on appelle la folie ce n'est pas une maladie, sont des épisodes de "déraison majeure" ce qui est loin d'être le cas pour la majorité du temps des gens qui souffrent de troubles psychiatriques et que la caractéristique de ce qu'ils vivent c'est plutôt la souffrance , la fatigue ou le handicap et parfois les trois à la fois.
1- Première réponse de Michel: Bonjour Djamila Papillon, il y a beaucoup à réfléchir concernant cette citation. Dites-moi, si le coeur vous en dit, est-ce une citation de vous à partir de votre ressenti en lien avec votre expérience personnelle, ou est-ce une citation d'un autre auteur que vous ?
2-Deuxième réponse de Michel: Bonjour Djamila Papillon, y compris tous les autres. Oui, vous avez raison, Djamila Papillon, d'écrire au psychiatre Yann Hode que c'est son analyse à lui, mais entre moi et vous, c'est une analyse très intéressante qui explique la différence entre les emplois des mots asile, folie, maladie mentale, si on fait la comparaison avec le douloureux langage de la psychiatrie des années 60 et celui de l'aujourd'hui.
Quand j'étais un jeune élève, entre les années 70 et 80, très souvent à l'école on subissait de l'intimidation, pour la simple raison que nous étions des enfants vivant dans un foyer nourricier et non dans notre milieu familial. Quand les (élèves de l'intimidation) apprenaient qui nous étions, des enfants demeurant dans une famille d'accueil, ils s'approchaient de nous et ils nous disaient : (T-Fou!). Personnellement, je répondais ceci : Si j'étais fou, je ne serais pas libre, je serais enfermé dans un asile pour les fous.
Ensuite, dans les années qui ont suivi, avant que le gouvernement décide de fermer les asiles, on s'est aperçu qu'il y avait des (Fous-Fins) présents parmi les fous. Vous allez peut-être vous demandé ce que je veux dire par des (Fous-Fins)? Je m'explique ci-dessous.
En général des (Fous-Fins), c'était des personnes qui ne travaillaient pas, elles avaient peu d'argent pour vivre, pas beaucoup de scolarité, mais assez d'intelligence pour être des acteurs qui se faisaient passer pour des (Fous-Fins) afin de ne pas mourir de faim. Comme ils avaient peur de manquer de nourriture et de se retrouver dans la rue, ils avaient cette facilité de jouer la comédie pour paraître assez fous et obtenir leur place dans un asile pour les fous.
Un jour, un psychiatre hyper-intelligent a eu l'idée merveilleuse de créer un projet pour faire un suivi auprès d'un certain nombre de (Fous-Fins), sans qu'ils sachent qu'ils étaient suivis. Avec humour j'écris que si le psychiatre qui a pris cette initiative d'improviser un suivi pour découvrir qu'il y avait des Fins qui se cachaient derrière un acteur qui se faisait passer pour fou, ce psychiatre était habité par une passion concernant sa profession, qui lui a permis d'aller au-delà des fausses apparences où se cachait un Acteur de (Fou-Fin) chez certains de ses patients.
En suivant un certain nombre de cas pendant plusieurs mois, dans les endroits différents qu' ils fréquentaient, comme les bars, les restaurants, les salles de quilles, les piscines, etc., les personnes qui les ont suivis se sont aperçu que leur comportement était trop différent en dehors de l'asile psychiatrique pour les (Fous) qu'à l'intérieur. La différence était comme le jour et la nuit.
Tout pour écrire que je crois que la connaissance que les psychiatres ont aujourd'hui sur les multiples sujets sensibles en lien avec plusieurs maladies dont les maladies mentales, leur connaissance n'est pas comparable avec la méconnaissance qu'avaient les psychiatres des années 60 et 70. Autant on ne peut pas reprocher aux pompiers des années 70 d'avoir été moins performants que ceux des années 2021, autant on ne peut le faire pour toutes les autres professions.
Chaque personne, dans chaque génération, fonctionne avec les connaissances qu'elle a acquises, y compris selon le charisme que chacun a développé avant et durant sa formation. Les mots charismatique et charisme ne doivent pas être juste utilisés dans la religion ou en politique, car le mot charisme joue un rôle très important auprès de ceux qui exercent une profession comme psychiatre, ou toute autre profession dans l'institution de la santé publique.
Dernièrement, dans un article sur le sujet de l'avenir de la psychiatrie, je lisais ceci : "Le charisme semble être une dimension indispensable du chef qui va pouvoir mettre en place efficacement son leadership et la gestion de son équipe. Bien au-delà de la psychiatrie, ces réflexions nous semblent utiles à l'ensemble de la médecine.
L'article explique le but de cette étude...
Proposer quelques réflexions sur le charisme et le leadership et les moyens de les développer dans trois situations courantes en pratique clinique : la double communication (entre soignants ou avec les patients), la communication orale (par exemple lors d'un symposium) et la gestion d'une équipe de soins de santé mentale."
Pour lire l'article en entier, mettre dans le navigateur Google ((( Charisme et leadership : de nouveaux défis pour la psychiatrie))).
Selon moi, que ce soit sur les sujets en lien avec la santé mentale, les alcooliques, les toxicomanes, ou les pervers narcissiques, etc., je crois que la meilleure façon de découvrir la vraie personnalité des uns comme celle de tous les autres, c'est de faire un suivi d' improvisation en sortant de nos bureaux pour nous rendre directement sur le terrain de la vie, afin de permettre à la vie de rencontrer la vie dans toute sa simplicité.
Deuxième réponse de Michel, pour le Dr. Yann Hode psychiatre.
Bonjour, Yann Hode. Quand une personne n'est pas correcte, il faut le lui dire délicatement, mais si c'est le contraire, il faut aussi lui dire la vérité alors je prend un risque avec le psychiatre Yann Hode.
J'aime beaucoup votre approche en passant par le chemin de l'écriture sur cette page de santé mentale, ça m'impressionne, pour moi vous êtes un psychiatre modèle. On sent comme on ressent à travers vos réponses, cette simplicité du coeur, et le respect pour chaque sujet que vous abordez.
On dirait que vous avez le code de déontologie greffé dans le coeur, qui rayonne sur votre visage. Oui, je vous le redis, on sent dans votre écriture comme dans votre personnalité que pour vous, Dr Yann Hode, votre titre de psychiatre ce n'est pas juste une (((job payante))) mais une profession habitée par cette passion de servir en donnant le meilleur de vous-même.
Vous attachez beaucoup plus d'importance à la qualité des soins qu'à la quantité des patients. Ce que j'aime de vous, c'est qu'en écrivant vos commentaires sur différents sujets sensibles, vous restez attentif aux commentaires des autres, surtout si ceux-ci respectent les sujets abordés. Vôtre présence elle est très instructive et inspirante sur la page de santé mentale. Toutes mes Félicitations Dr.Yann Hode.
Ven 23 Avr - 2:34