coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Sujet /19/Mariage/L'Amour dans la famille/saint Augustin, « plus le danger a été grand dans le combat, plus intense est la joie dans le triomphe »/ Sam 14 Jan - 22:36 | |
|
127/ L’amour d’amitié s’appelle ‘‘charité’’ quand on saisit et apprécie la ‘‘grande valeur’’ de l’autre. La beauté – la ‘‘grande valeur’’ de l’autre qui ne coïncide pas avec ses attraits physiques ou psychologiques – nous permet d’expérimenter la sacralité de sa personne, sans l’impérieuse nécessité de la posséder. Dans la société de consommation, le sens esthétique s’appauvrit, et ainsi la joie s’éteint. Tout est fait pour être acheté, possédé ou consommé ; les personnes aussi. La tendresse, en revanche est une manifestation de cet amour qui se libère du désir de possession égoïste. Elle nous conduit à vibrer face à une personne avec un immense respect et avec une certaine peur de lui faire du tort ou de la priver de sa liberté. L’amour de l’autre implique ce goût de contempler et de valoriser le beau et la sacralité de son être personnel, qui existe au-delà de mes nécessités. Cela me permet de chercher son bien quand je sais qu’il ne peut être à moi ou quand il est devenu physiquement laid, agressif ou gênant. Voilà pourquoi « c'est parce qu'on aime une personne qu'on lui fait don de quelque chose ».
128/ L’expérience esthétique de l’amour s’exprime dans ce regard qui contemple l’autre comme un fin en soi, même s’il est malade, vieux ou privé d’attraits perceptibles. Le regard qui valorise a une énorme importance, et le refuser fait, en général, du tort. Que ne font pas parfois les conjoints et les enfants pour être regardés et pris en compte ! Beaucoup de blessures et de crises ont pour origine le fait que nous arrêtons de nous contempler. C’est ce qu’expriment certaines plaintes ou réclamations qu’on entend dans les familles : ‘‘Mon époux ne me regarde pas, il semble que je suis invisible pour lui’’. ‘‘S’il te plaît, regarde-moi quand je te parle’’. ‘‘Mon épouse ne me regarde plus, elle n’a d’yeux, désormais, que pour ses enfants’’. ‘‘Dans ma maison, je ne compte pour personne, ils ne me voient même pas, comme si je n’existais pas’’. L’amour ouvre les yeux et permet de voir, au-delà de tout, combien vaut un être humain.
129/ La joie de cet amour contemplatif doit être cultivée. Puisque nous sommes faits pour aimer, nous savons qu’il n’y a pas de plus grande joie que dans un bien partagé : « Offre et reçois, trompe tes soucis, ce n'est pas au shéol qu'on peut chercher la joie » (Siracide 14, 16). Les joies les plus intenses de la vie jaillissent quand on peut donner du bonheur aux autres, dans une anticipation du ciel. Il faut rappeler la joyeuse scène du film Le festin de Babette, où la généreuse cuisinière reçoit une étreinte reconnaissante et un éloge : « Avec toi, comme les anges se régaleront ! ». Elle est douce et réconfortante la joie de contribuer à faire plaisir aux autres, de les voir prendre plaisir. Cette satisfaction, effet de l’amour fraternel, n’est pas celle de la vanité de celui qui se regarde lui-même, mais celle de celui qui aime, se complaît dans le bien de l’être aimé, se répand dans l’autre et devient fécond en lui.
130/ D’autre part, la joie se renouvelle dans la souffrance. Comme le disait
saint Augustin, « plus le danger a été grand dans le combat, plus intense est la joie dans le triomphe ». Après avoir souffert et lutté unis, les conjoints peuvent expérimenter que cela en valait la peine, parce qu’ils sont parvenus à quelque chose de bon, qu’ils ont appris quelque chose ensemble, ou parce qu’ils peuvent mieux valoriser ce qu’ils ont. Peu de joies humaines sont aussi profondes et festives que lorsque deux personnes qui s’aiment ont conquis ensemble quelque chose qui leur a coûté un grand effort commun.
Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères. | |
|