coeurtendre Admin

Nombre de messages : 12069 Age : 66 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
 | Sujet: Deuxième retraite spirituelle guidée par le Pape à l'occasion du jubilé des prêtres/7/Des cœurs re-créés/ Jeu 15 Juin - 12:39 | |
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Des cœurs re-créés

Cependant, nous pouvons faire un pas de plus dans cette miséricorde de Dieu qui es toujours ‘‘plus grande que notre conscience’’ du péché. Non seulement le Seigneur ne se lasse pas de nous pardonner mais aussi il renouvelle l’outre dans laquelle nous recevons le pardon. Il utilise une outre neuve pour le vin nouveau de sa miséricorde pour que ce ne soit pas un vêtement rapiécé ou une vieille outre. Et cette outre, c’est sa miséricorde même : sa miséricorde telle qu’elle est expérimentée en nous-mêmes et telle que nous la mettons en pratique en aidant les autres. Le cœur qui a bénéficié de miséricorde n’est pas un cœur rapiécé mais un cœur nouveau, re-créé. Celui dont David dit : « Crée en moi un cœur pur, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit » (Psaumes 50, 12). Ce cœur nouveau, re-créé, est un bon récipient. La liturgie exprime l’âme de l’Église lorsqu’elle nous fait dire cette merveilleuse prière : « Seigneur notre Dieu, toi qui as fait merveille en créant l’homme et plus grande merveille encore en le sauvant » (Prière de la veillée pascale, après la Première Lecture). Par conséquent, cette seconde création est plus merveilleuse que la première. C’est un cœur qui se sait recréé grâce à la fusion de sa misère avec le pardon de Dieu et donc c’‘‘est un cœur qui a reçu la miséricorde et fait miséricorde’’. C’est ainsi : il expérimente les bénéfices de la grâce sur sa blessure et sur son péché, il sent comment la miséricorde pacifie sa faute, inonde avec amour sa sécheresse, rallume son espérance. Voilà pourquoi, lorsqu’en même temps et avec la même grâce, celui-là pardonne à qui a une dette envers lui et a compassion de ceux qui sont également pécheurs, cette miséricorde s’enracine dans une bonne terre, d’où l’eau ne s’échappe pas mais donne vie. Dans l’exercice de cette miséricorde qui répare le mal d’autrui, personne n’est mieux placé pour aider à le soigner que celui qui maintient vive l’expérience d’avoir été objet miséricorde pour ce même mal. Regarde-toi ; souviens-toi de ton histoire, raconte-toi ton histoire ; et tu y trouveras beaucoup de miséricorde. Nous voyons que, parmi ceux qui travaillent à combattre la toxicodépendance, ceux qui se sont libérés sont généralement ceux qui comprennent mieux, qui aident et savent exiger des autres.

Et le meilleur confesseur est d’ordinaire celui qui se confesse le mieux

Et nous pouvons nous poser la question : comment est-ce que je me confesse ? Presque tous les grands saints ont été de grands pécheurs ou, comme la petite sainte Thérèse, ils étaient conscients que ne pas l’avoir été était une pure grâce prévenante. Ainsi, le vrai récipient de la miséricorde est la miséricorde même que chacun a reçue et qui lui a recréé le cœur, voilà l’‘‘outre neuve’’ dont parle Jésus Luc 5, 37), la ‘‘source régénérée’’. Nous nous situons ainsi dans le domaine du mystère du Fils, de Jésus, qui est la miséricorde du Père faite chair. L’image définitive du réceptacle de la miséricorde, nous la trouvons dans les plaies du Seigneur ressuscité, image de l’empreinte du péché restauré par Dieu, qui ne s’efface pas totalement ni ne suppure : c’est une cicatrice, non une blessure purulente. Les plaies du Seigneur. Saint Bernard a deux sermons très beaux sur les plaies du Seigneur. Là, dans les plaies du Seigneur, nous trouvons la miséricorde. Il est courageux, il dit : tu te sens perdu ? Tu te sens mal ? Entre là, entre dans les entrailles du Seigneur et là tu trouveras miséricorde. C’est dans cette ‘‘sensibilité’’ propre aux cicatrices, qui nous rappellent la blessure sans forte douleur et la guérison sans que nous n’oubliions la fragilité, que réside la miséricorde divine : dans nos cicatrices. Les plaies du Seigneur, qui restent encore, il les a emportées avec lui : le corps très beau, les bleusn’y sont pas, mais les plaies, il a voulu les emporter avec lui. Et nos cicatrices. Cela arrive à nous tous, quand nous allons faire une visite médicale et que nous avons des cicatrices, le médecin nous dit : « mais cette intervention, c’était pourquoi ? » Regardons les cicatrices de l’âme : cette intervention que Toi tu as faite, avec ta miséricorde, que Toi tu as guéries… Dans la sensibilité du Christ ressuscité qui conserve ses plaies, - non seulement aux pieds et aux mains, mais aussi dans son cœur qui est un cœur blessé - nous trouvons le juste sens du péché et de la grâce. Là, dans le cœur blessé. En contemplant le cœur blessé du Seigneur, nous nous voyons en lui comme dans un miroir. Notre cœur et le sien se ressemblent en ceci que les deux sont blessés et ressuscités. Mais nous savons que son amour était un amour pur et qu’il a été blessé parce qu’il a accepté d’être vulnérable ; notre cœur, en revanche, était pure plaie, qui a été guérie parce qu’elle a accepté d’être aimée. Dans cette acceptation se forme le réceptacle de la Miséricorde.

 Et demandons à la Vierge Marie de prier avec nous et pour nous le Père céleste, afin qu’il répande sur tous les croyants l’Esprit Saint, feu divin qui réchauffe les cœurs et nous aide à être solidaires avec les joies et les souffrances de nos frères.
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