coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Michel blogue/ Site du Vatican/Sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel/Sujet/ Sainteté/ Mer 6 Mar - 22:50 | |
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25. Comme tu ne peux pas comprendre le Christ sans le Royaume qu’il est venu apporter, ta propre mission est inséparable de la construction de ce Royaume : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Ton identification avec le Christ et avec ses désirs implique l’engagement à construire, avec lui, ce Royaume d’amour, de justice et de paix pour tout le monde. Le Christ lui-même veut le vivre avec toi, dans tous les efforts ou les renoncements que cela implique, et également dans les joies et dans la fécondité qu’il peut t’offrir. Par conséquent, tu ne te sanctifieras pas sans te donner corps et âme pour offrir le meilleur de toi-même dans cet engagement. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
39. Mais attention ! Je ne fais pas référence aux rationalistes ennemis de la foi chrétienne. Cela peut se produire dans l’Église, tant chez les laïcs des paroisses que chez ceux qui enseignent la philosophie ou la théologie dans les centres de formation. Car c’est aussi le propre des gnostiques de croire que, par leurs explications, ils peuvent rendre parfaitement compréhensibles toute la foi et tout l’Evangile. Ils absolutisent leurs propres théories et obligent les autres à se soumettre aux raisonnements qu’ils utilisent. Une chose est un sain et humble usage de la raison pour réfléchir sur l’enseignement théologique et moral de l’Evangile ; une autre est de prétendre réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure qui cherche à tout dominer[37].
42. On ne peut pas non plus prétendre définir là où Dieu ne se trouve pas, car il est présent mystérieusement dans la vie de toute personne, il est dans la vie de chacun comme il veut, et nous ne pouvons pas le nier par nos supposées certitudes. Même quand l’existence d’une personne a été un désastre, même quand nous la voyons détruite par les vices et les addictions, Dieu est dans sa vie. Si nous nous laissons guider par l’Esprit plus que par nos raisonnements, nous pouvons et nous devons chercher le Seigneur dans toute vie humaine. Cela fait partie du mystère que les mentalités gnostiques finissent par rejeter, parce qu’elles ne peuvent pas le contrôler.
Les limites de la raison 43. Nous ne parvenons à comprendre que très pauvrement la vérité que nous recevons du Seigneur. Plus difficilement encore nous parvenons à l’exprimer. Nous ne pouvons donc pas prétendre que notre manière de la comprendre nous autorise à exercer une supervision stricte sur la vie des autres. Je voudrais rappeler que dans l’Église cohabitent à bon droit diverses manières d’interpréter de nombreux aspects de la doctrine et de la vie chrétienne qui, dans leur variété, « aident à mieux expliquer le très riche trésor de la Parole ». En réalité « à ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite »[39]. Précisément, certains courants gnostiques ont déprécié la simplicité si concrète de l’Evangile et ont cherché à remplacer le Dieu trinitaire et incarné par une Unité supérieure où disparaissait la riche multiplicité de notre histoire.
Une volonté sans humilité 49. Ceux qui épousent cette mentalité pélagienne ou semi-pélagienne, bien qu’ils parlent de la grâce de Dieu dans des discours édulcorés, « en définitive font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique »[46]. Quand certains d’entre eux s’adressent aux faibles en leur disant que tout est possible avec la grâce de Dieu, au fond ils font d’habitude passer l’idée que tout est possible par la volonté humaine, comme si celle-ci était quelque chose de pur, de parfait, de tout-puissant, auquel s’ajoute la grâce. On cherche à ignorer que ‘‘tous ne peuvent pas tout’’[47], et qu’en cette vie les fragilités humaines ne sont pas complètement et définitivement guéries par la grâce[48]. De toute manière, comme l’enseignait saint Augustin, Dieu t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas [49]; ou bien à dire humblement au Seigneur : « Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux »[50].
Les nouveaux pélagiens 57. Il y a encore des chrétiens qui s’emploient à suivre un autre chemin : celui de la justification par leurs propres forces, celui de l’adoration de la volonté humaine et de ses propres capacités, ce qui se traduit par une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de l’amour vrai. Cela se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment différentes : l’obsession pour la loi, la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, l’ostentation dans le soin de la liturgie, de la doctrine et du prestige de l’Église, la vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, l’enthousiasme pour les dynamiques d’autonomie et de réalisation autoréférentielle. Certains chrétiens consacrent leurs énergies et leur temps à cela, au lieu de se laisser porter par l’Esprit sur le chemin de l’amour, de brûler du désir de communiquer la beauté et la joie de l’Evangile, et de chercher ceux qui sont perdus parmi ces immenses multitudes assoiffées du Christ[63].
Le résumé de la Loi 60. Pour éviter cela, il est bon de rappeler fréquemment qu’il y a une hiérarchie des vertus qui nous invite à rechercher l’essentiel. Le primat revient aux vertus théologales qui ont Dieu pour objet et cause. Et au centre se trouve la charité. Saint Paul affirme que ce qui compte vraiment, c’est la « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). Nous sommes appelés à préserver plus soigneusement la charité : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi […]. La charité est donc la loi dans sa plénitude » (Rm 13, 8.10). « Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (Ga 5, 14).
76. La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, elle est capable de toucher les profondeurs de la vie et d’être authentiquement heureuse[70]. Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des autres et elle cesse de fuir les situations douloureuses. De cette manière, elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. Cette personne sent que l’autre est la chair de sa chair, elle ne craint pas de s’en approcher jusqu’à toucher sa blessure, elle compatit jusqu’à se rendre compte que les distances ont été supprimées. Il devient ainsi possible d’accueillir cette exhortation de saint Paul : « Pleurez avec qui pleure » (Rm 12, 15). Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté !
« Heureux les affamés et les assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés » 77. ‘‘Avoir faim et soif’’ sont des expériences très intenses, parce qu’elles répondent à des besoins vitaux et sont liées à l’instinct de survie. Il y a des gens qui avec cette même intensité aspirent à la justice et la recherchent avec un désir vraiment ardent. Jésus dit qu’ils seront rassasiés, puisque, tôt ou tard, la justice devient réalité, et nous, nous pouvons contribuer à ce que ce soit possible, même si nous ne voyons pas toujours les résultats de cet engagement.
78. Mais la justice que Jésus propose n’est pas comme celle que le monde recherche ; une justice tant de fois entachée par des intérêts mesquins, manipulée d’un côté ou de l’autre. La réalité nous montre combien il est facile d’entrer dans les bandes organisées de la corruption, de participer à cette politique quotidienne du “donnant-donnant”, où tout est affaire. Et que de personnes souffrent d’injustices, combien sont contraintes à observer, impuissantes, comment les autres se relaient pour se partager le gâteau de la vie. Certains renoncent à lutter pour la vraie justice et choisissent de monter dans le train du vainqueur. Cela n’a rien à voir avec la faim et la soif de justice dont Jésus fait l’éloge.
79. Une telle justice commence à devenir réalité dans la vie de chacun lorsque l’on est juste dans ses propres décisions, et elle se manifeste ensuite, quand on recherche la justice pour les pauvres et les faibles. Il est vrai que le mot “justice” peut être synonyme de fidélité à la volonté de Dieu par toute notre vie, mais si nous lui donnons un sens très général, nous oublions qu’elle se révèle en particulier dans la justice envers les désemparés : « Recherchez le droit, redressez le violent ! Faites droit à l’orphelin, plaidez pour la veuve ! » (Is 1, 17). Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté !
« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». 83. Cette béatitude concerne les personnes qui ont un cœur simple, pur, sans souillure, car un cœur qui sait aimer ne laisse pas entrer dans sa vie ce qui porte atteinte à cet amour, ce qui le fragilise ou ce qui le met en danger. Dans la Bible, le cœur, ce sont nos intentions véritables, ce que nous cherchons vraiment et que nous désirons, au-delà de ce qui nous laissons transparaître : « Car ils [les hommes] ne voient que les yeux, mais le Seigneur voit le cœur » (1 S 16, 7). Il cherche à parler à notre cœur (Os 2, 16) et il désire y écrire sa Loi (Jr. 31, 33). En définitive, il veut nous donner un cœur nouveau ( Ez 36, 26).
88. Les pacifiques sont source de paix, ils bâtissent la paix et l’amitié sociales. À ceux qui s’efforcent de semer la paix en tous lieux, Jésus a fait une merveilleuse promesse : « Ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). Il a demandé à ses disciples de dire en entrant dans une maison : « Paix à cette maison ! » (Lc 10, 5). La Parole de Dieu exhorte chaque croyant à rechercher la paix ‘‘en union avec tous’’ (2 Tm 2, 22), car « un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix » (Jc 3, 18). Et si parfois, dans notre communauté, nous avons des doutes quant à ce que nous devons faire, « poursuivons donc ce qui favorise la paix » (Rm 14, 19), parce que l’unité est supérieure au conflit[74].
94. Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, parce qu’aujourd’hui également, nous en subissons, que ce soit d’une manière sanglante, comme tant de martyrs contemporains, ou d’une façon plus subtile, à travers des calomnies et des mensonges. Jésus dit d’être heureux quand « on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie » (Mt 5, 11). D’autres fois, il s’agit de moqueries qui cherchent à défigurer notre foi et à nous faire passer pour des êtres ridicules. 99. Pour les chrétiens, cela implique une saine et permanente insatisfaction. Bien que soulager une seule personne justifierait déjà tous nos efforts, cela ne nous suffit pas. Les Evêques du Canada l’ont exprimé clairement en soulignant que, dans les enseignements bibliques sur le Jubilé, par exemple, il ne s’agit pas seulement d’accomplir quelques bonnes œuvres mais de rechercher un changement social : « Pour que les générations futures soient également libérées, il est clair que l’objectif doit être la restauration de systèmes sociaux et économiques justes de manière que, désormais, il ne puisse plus y avoir d’exclusion »[83].
115. Les chrétiens aussi peuvent faire partie des réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums ou espaces d’échange digital. Même dans des milieux catholiques, on peut dépasser les limites, on a coutume de banaliser la diffamation et la calomnie, et toute éthique ainsi que tout respect de la renommée d’autrui semblent évacués. Ainsi se produit un dangereux dualisme, car sur ces réseaux on dit des choses qui ne seraient pas tolérables dans la vie publique, et on cherche à compenser ses propres insatisfactions en faisant déferler avec furie les désirs de vengeance. Il est significatif que parfois, en prétendant défendre d’autres commandements, on ignore complètement le huitième : ‘‘Ne pas porter de faux témoignage ni mentir’’, et on détruit l’image de l’autre sans pitié. Là se manifeste sans contrôle le fait que la langue est un « monde du mal » et « elle enflamme le cycle de la création, enflammée qu’elle est par la Géhenne » (Jc 3, 6).
117. Il n’est pas bon pour nous de regarder de haut, d’adopter la posture de juges impitoyables, d’estimer les autres indignes et de prétendre donner des leçons constamment. C’est là une forme subtile de violence[95]. Saint Jean de la Croix proposait autre chose : « Préfère être enseigné de tout le monde que d’instruire le moindre de tous »[96]. Et il ajoutait un conseil pour tenir éloigné le démon : « [...| Te réjouir du bien d’autrui comme du tien propre, [...] désirer que les autres te soient préférés en toutes choses, le désirer, dis-je, très sincèrement. De cette façon, tu surmonteras le mal par le bien, tu repousseras le démon loin de toi, tu auras le cœur dans la joie. Et tout cela, tu chercheras à l’exercer envers les personnes qui te reviendront le moins. Sache que si tu n’en viens là, tu n’arriveras pas à la parfaite charité, et que même tu n’en approcheras point »[97].
121. Cette attitude suppose un cœur pacifié par le Christ, libéré de cette agressivité qui jaillit d’un ego démesuré. La même pacification que réalise la grâce nous permet de garder une assurance intérieure et de supporter, de persévérer dans le bien même en traversant « un ravin de ténèbres » (Ps 23, 4), ou même si une armée vient « camper contre moi » (Ps 27, 3). Fermes dans le Seigneur, le Rocher, nous pouvons chanter : « En paix, tout aussitôt, je me couche et je dors : c’est toi, Seigneur, qui m’établis à part, en sûreté » (Ps 4, 9). En définitive, le Christ « est notre paix » (Ep 2, 14), il vient « guider nos pas dans le chemin de la paix » (Lc 1, 79). Il a communiqué à sainte Faustine Kowalska : « L’humanité ne trouvera pas la paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde divine »[98]. Ne tombons donc pas dans la tentation de chercher l’assurance intérieure dans le succès, dans les plaisirs vides, dans la possession, dans la domination des autres ou dans l’image sociale : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27).
127. Son amour paternel nous invite : « Mon fils, traite-toi bien […]. Ne te refuse pas le bonheur présent » (Si 14, 11.14). Il nous veut positifs, reconnaissants et pas trop compliqués : « Au jour du bonheur, sois heureux […]. Dieu a fait l’homme tout droit, et lui, cherche bien des calculs » (Qo 7, 14.29). En toute circonstance, il faut garder un esprit souple, et faire comme saint Paul : « J’ai appris en effet à me suffire en toute occasion » (Ph 4, 11). C’est ce que vivait saint François d’Assise, capable d’être ému de gratitude devant un morceau de pain dur, ou bien, heureux de louer Dieu uniquement pour la brise qui caressait son visage.
135. Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. Il nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. Dieu n’a pas peur ! Il n’a pas peur ! Il va toujours au-delà de nos schémas et ne craint pas les périphéries. Lui-même s’est fait périphérie (Ph 2, 6-8 ; Jn 1, 14). C’est pourquoi, si nous osons aller aux périphéries, nous l’y trouverons, il y sera. Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà. 137. L’accoutumance nous séduit et nous dit que chercher à changer quelque chose n’a pas de sens, que nous ne pouvons rien faire face à cette situation, qu’il en a toujours été ainsi et que nous avons survécu malgré cela. À cause de l’accoutumance, nous n’affrontons plus le mal et nous permettons que les choses ‘‘soient ce qu’elles sont’’, ou ce que certains ont décidé qu’elles soient. Mais laissons le Seigneur venir nous réveiller, nous secouer dans notre sommeil, nous libérer de l’inertie. Affrontons l’accoutumance, ouvrons bien les yeux et les oreilles, et surtout le cœur, pour nous laisser émouvoir par ce qui se passe autour de nous et par le cri de la Parole vivante et efficace du Ressuscité.
[37] Comme l’enseigne saint Bonaventure, on doit « laisser en arrière toutes les opérations de l’intelligence, puis transporter et transformer en Dieu le foyer de toutes nos affections […] Il faut accorder peu à la recherche et beaucoup à l’onction ; peu à la langue et le plus possible à la joie intérieure ; peu aux discours et aux livres, et tout au don de Dieu, c’est-à-dire au saint Esprit ; peu ou rien à la créature et tout à l’Être créateur : Père, Fils et saint Esprit »
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