I. Commencement de la foi.
A 1. (L'homme arrive à la vraie foi par la grâce de Dieu) Les Pélagiens et les semi-Pélagiens croyaient que l'homme peut arriver à la foi, ou du moins se disposer à la foi par ses seules forces naturelles. Mais l'Eglise Catholique enseigne que la foi est une grâce de Dieu.
2. Lorsque le Sauveur, au lendemain de la merveilleuse multiplication des pains (Jean, ch. 6), dit au peuple : "Je suis le Pain vivant qui est descendu du ciel", les Juifs se scandalisèrent de cette parole et dirent : "N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? Comment se fait-il donc qu'il dise : "Je suis descendu du ciel"? "Ne murmurez pas entre vous!" repartit Jésus, car "personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé, ne l'attire." En parlant ainsi, le Sauveur expliquait précisément, que la foi n'était pas le résultat des recherches de leur intelligence, mais que c'était la grâce de Dieu qui les avait amenés à croire à sa mission divine, et que les hommes doivent accepter les vérités que Dieu propose à leur foi, malgré la manie de douter qui est propre à tous les hommes.
3. Jésus-Christ lui-même dit : "Je vous loue, mon Père, Seigneur du Ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents de ce monde, et que vous les ayez révélés aux tout-petits." (Matthieu ch. 11, 25)
4. En une autre occasion, le Divin Sauveur dit : "C'est l'oeuvre de Dieu que vous croyiez à celui qu'il a envoyé." (Jean 6, 29). Si vous croyez, voulait dire Jésus, vous le devez, ni à vos mérites, ni à votre intelligence, mais c'est l'oeuvre de la grâce de Dieu.
5. Après avoir demandé à ses apôtres ce que les gens pensaient de lui, le Divin Sauveur leur demanda enfin ce qu'ils pensaient eux-mêmes. Et Pierre lui répondit : "Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu Vivant." Et Jésus reprit : "Ce n'est ni la chair, ni le sang qui vous ont révélé ces choses, mais mon Père qui est au Ciel." (Matthieu 16, 17). Ainsi le Sauveur attribue à Dieu la profession de foi de Pierre.
6. Les apôtres aussi, déclarent qu'ils considèrent la foi comme une grâce. L'apôtre saint Paul écrit : "C'est par grâce que vous avez été rachetés, et cela ne vient pas de vous ; c'est le don de Dieu. "(Ephésiens 2, 8 ). - Dans son épître aux Romains (12, 3), il les exhorte tous à avoir des sentiments modestes, selon la mesure de la foi que Dieu a départie à chacun
7. A l'instant où Saül en fureur et persécuteur des chrétiens se précipitait sur le chemin de Damas, et au moment où il fut frappé de cécité, un rayon de la grâce divine vint toucher son esprit. Aveugle de corps, il vit clair spirituellement (Actes ch.9), et tandis que son compagnon, par charité, le conduisait par la main jusqu'à la ville, la main miséricordieuse de Dieu l'introduisait dans le royaume de la vérité.
8. Saint Paul, l'apôtre des nations, prêchait aux femmes rassemblées dans la maison de prière à Philippes ; parmi les personnes présentes se trouvait une pieuse dame du nom de Lydia, négociante d'étoffe de pourpre à Thyatira. La Sainte Ecriture, parlant d'elle, dit : "Le Seigneur lui ouvrit le coeur pour admirer ce que Paul avait dit. Après cela, elle se fit baptiser avec toute sa maison, et elle donna des preuves de sa foi par une charité active." (Actes 16, 14).
9. Dans les guerres des Romains contre les Juifs, et les Daces, saint Eustache, qui s'appelait alors Placide, se fit remarquer par sa bravoure ; il fut nommé à l'un des premiers commandements et devint le favori des empereurs Titus et Trajan. En ce temps de paix, il allait volontiers à la chasse. Un jour, il tira sur un cerf de taille extraordinaire, et dans la chaleur qu'il mit à le poursuivre, il s'écarta bien loin de ses compagnons, sans cependant pouvoir atteindre sa proie. Pour se reposer un instant, il s'assit sur le bord du rocher afin de donner libre cours à ses pensées. Dans cette solitude où régnait tant de calme, le désir de connaître le vrai Dieu se fit sentir plus puissant que jamais. En effet, il avait compris depuis longtemps ce qu'il y avait d'humiliant dans le culte des idoles et il n'était pas resté indifférent au spectacle de la vie si tranquille, si humble et si pure des chrétiens, et il avait admiré souvent leur héroïque patience au milieu des souffrances et devant la mort. Pendant que ses pensées encore indéfinissables se croisaient dans son esprit, il entendit un bruissement sur le rocher ; il leva les yeux et vit le cerf, qu'il avait suivi, debout sur le rocher. Il remarqua entre son bois une croix brillante, et sur cette croix l'image de Jésus.
Son étonnement s'accrut, lorsqu'il entendit retentir ces paroles : "Placide, Placide, pourquoi me poursuis-tu?" Revenu un peu de son effroi, il dit : "Seigneur, qui êtes-vous?" Et la voix répondit : "Je suis le Christ, qui suis monté sur la croix, pour ton salut et celui de l'humanité toute entière, et qui ai subi la mort sur le bois de la croix pour te faire arriver au salut éternel." Lorsque cette vision eut disparu, Placide retourna tout transformé chez lui, où il trouva son épouse. Pendant la nuit, elle avait eu une apparition semblable, et elle se trouvait dans les mêmes dispositions que son mari. Tous deux allèrent trouver un prêtre chrétien et ils se firent instruire et baptiser par lui.
10. Ici, on peut aussi mentionner ce qui se passa à Berytus. (Voir le mot "crucifix" et aussi la conversion des Libères et celle d'Alphonse Ratisbonne, à l'article "conversion" nos 12 à 52). L'Eglise s'est exprimée aussi très clairement à ce sujet. Le Concile d'Orange a déclaré dans son chapitre 5 : "Si quelqu'un dit que l'accroissement ou le commencement de la foi et des sentiments de la foi, qui nous font croire en celui qui justifie l'impie... est en nous, non par l'effet de la grâce... mais de façon naturelle, celui-là se comporte comme un adversaire de la doctrine apostolique."
12. Le Concile de Trente parle de la même manière : Celui qui affirme que, sans une inspiration prévenante du Sainte-Esprit, et sans son recours, l'homme peut croire, espérer et aimer, etc., que celui-là soit anathème. "(Sess. VI can3,) B(par sa propre coopération).
13. C'est uniquement parce que l'homme n'est pas contraint à croire, mais seulement invité et intérieurement pressé par la grâce, et que, de cette façon, il conserve toujours sa liberté de suivre la grâce ou de lui résister, que la foi est méritoire pour lui, et que l'incrédulité lui est reprochée comme une faute. (Jean, 5, 24.)
14. C'est vers ceux qui sont de bonne volonté que les troupes angéliques descendues du ciel pendant la nuit de Noël, ont annoncé la paix, c'est-à-dire la délivrance du lien de l'esclavage du "père du mensonge".
15. Lorsque le Sauveur commença ses prédications, son enseignement fut facilement accepté des bons ; mais le coeur des méchants se ferma devant lui.
16. Nathanaël, ce véritable Israélite, crut bien vite en Jésus, tandis que les pharisiens, au coeur corrompu, se levèrent et luttèrent avec la plus opiniâtre obstination, contre la force convaincante des miracles incontestables du Christ. (Jean, 1, 48.)
17. Marie aux pieds de Jésus, nous fournit un touchant exemple, qui prêche avec quelle assiduité il faut entendre et avec quelle joie il faut accepter l'enseignement divin. (Luc, 10, 38.)
18. Tous les auditeurs de la parole de Pierre, au jour de la Pentecôte, ne crurent pas, mais il y en eut seulement 3.000 dont elle "toucha le coeur", et ceux-là seul, qui l'acceptèrent de bon coeur, se firent baptiser. (Actes 2, 37.)
19. Le saint martyr Justin était encore Païen, et déjà il brûlait d'un vif désir d'arriver à une parfaite connaissance du vrai Dieu. Dans ce but, il se tourna vers les diverses écoles de philosophie, il s'adressait d'abord à l'école des Stoïciens, qui passaient alors pour les plus savants ; mais ils ne savaient pas qui était Dieu, ni quels étaient ses attributs. Il s'adressa à l'école philosophique des Péripatéticiens ; là, il entendit un maître qui parlait longuement de la nature, mais qui ne savait rien de l'auteur de la nature.
Il demanda ensuite à un Pythagoricien de donner satisfaction à ses désirs, mais celui-ci ne savait lui parler que des arts et des sciences ; sur Dieu, il ne savait rien. Il interrogea les plus savants des écoles de son temps et tous lui parurent n'avoir de Dieu qu'une idée bien obscure.
Quant il eut écouté les leçons de tous ces savants philosophes, sans être pour cela plus instruit, ou plus avancé dans la connaissance de Dieu et des choses divines, il vit paraître devant lui un vieillard respectable aux cheveux blancs. C'était l'envoyé de Dieu, qui lui apprit à le connaître, et qui lui dit que Dieu ne peut pas être connu parfaitement, si la révélation divine et la foi n'éclairent pas l'intelligence.
20. Un Indien nous montre, par son exemple, quel doit être le zèle de celui qui cherche la foi, et quelles sont les bonnes dispositions de ceux dont le coeur est resté saint et qui mènent, au sein de l'idolâtrie, une vie irréprochable. Cet Indien ne trouvait pas de paix pour son âme en restant païen ; il s'en alla chez les Turcs pour apprendre à connaître la religion de Mahomet. Mais elle ne le satisfit pas. Alors, il fit l'essai de la religion des Juifs, mais celui-ci ne lui donna pas non plus une paix parfaite. Alors, il s'adressa à Dieu et lui dit en suppliant : "Donnez-moi, ô Dieu, de voir qui vous êtes, et comment je dois faire pour vous servir et vous plaire ; en-dehors de cela, je ne désire rien."
A ce moment-là même, saint François-Xavier arrivait dans la ville, où se trouvait l'Indien. Il entend dire que celui-ci prêche sur la place publique ; la grande foule des auditeurs l'attire ; il approche du saint et il lui semble entendre une voix qui lui dit : "Avancez et vous trouverez votre Dieu." Il suivit cette voix intérieure de la grâce, il écouta le saint, il fut touché profondément, il désira et reçut le saint baptême. Et alors, il sentit que son âme avait trouvé la paix parfaite, dans la confiance qu'il avait de se trouver dans la vraie religion, qui devait l'aider à faire son salut. (Krönes, lex ; VII, 229.)
21. Dans l'île de Liu-kiu où tous ceux qui se convertissaient à la foi chrétienne étaient punis de mort, un païen se présenta chez les missionnaires et demanda à être instruit de la foi chrétienne. "Je sais très bien", disait-il, "à quel danger je m'expose ; mais j'entends en moi une voix qui me dit que votre religion est la vraie. "Après deux mois d'instruction, il reçut le saint baptême. (P. Turdu, Miss. en Chine 1856)
22. Pendant la Révolution, un Français nommé Isnard, ayant perdu tout sentiment de foi, était devenu ce qu'on appelle un libre penseur. La fortune qui l'avait longtemps favorisé, changea tout-à-coup, et il se trouva en danger de perdre la vie. Pendant un an et demi, il fut obligé de se tenir caché dans Paris pour échapper à ses ennemis, et, dans la sombre retraite où il s'était retiré, ses yeux s'ouvrirent à la vérité, il s'appliqua avec ardeur à l'étude de la religion chrétienne. Il écrivit un livre dans lequel il dit : "Je ne tardai pas à remarquer bientôt que, dans les recherches des vérités divines, je n'arrivais pas aussi vite, par les efforts de l'esprit qui pense, que par les sentiments et les qualités du coeur. La raison se trompe et erre à l'aventure, quand la vertu ne lui donne pas la main et que la charité ne détache pas le bandeau dont la corruption et les vices recouvrent l'oeil de l'esprit. La vérité ressemble à une lumière qu'allume l'humble prière, et que la fière présomption éteint. J'ai commencé par prier en jetant vers Dieu un regard plein de confiance, je suis ainsi devenu meilleur et apte à connaître la vérité. "(sa notice biographique)
23. Dans la cathédrale de Lubeck, se trouve un vieux tableau où on lit cette inscription : Le Christ Notre-Seigneur nous parle ainsi : Vous m'appelez Maître et vous ne m'interrogez pas. Vous m'appelez Lumière et ne me voyez pas. Vous m'appelez Voix et vous ne me suivez pas. Vous m'appelez Vie et ne me désirez pas. Vous m'appelez Sage et ne me croyez pas. Vous m'appelez Beauté et ne m'aimez pas. Vous m'appelez Riche et ne me priez pas. Vous m'appelez Eternel et ne me cherchez pas. Vous m'appelez Miséricordieux et n'avez pas confiance en moi. Vous m'appelez Noble et ne me servez pas. Vous m'appelez Tout-Puissant et ne m'honorez pas. Vous m'appelez Juste et ne me craignez pas. Si je vous condamne, ne me le reprochez pas.