IV. Source de la foi.
39. A. (La Bible. Voir l'article "Bible"). B. (La Tradition. voir l'article "tradition.")
V. La foi est absolument nécessaire à tout homme, car sans la foi il est impossible de plaire à Dieu.
40. Jésus-Christ Lui-même, nous dit (Jean 14, 6) : "Je suis la voie, la vérité et la vie. Celui qui ne reçoit pas Jésus et la foi, mais qui les repousse, ne peut pas être en communauté avec Dieu et entrer dans la béatitude."
41. "Sans la foi", écrit l'apôtre saint Paul, "il est impossible de plaire à Dieu ; car celui qui veut aller à Dieu doit croire qu'il existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent." (Hébreux. 11, 6.)
42. Saint Jean aussi confirme les paroles du Sauveur : "Celui qui croit en lui, (Jésus-Christ), ne sera pas jugé ; mais celui qui ne croit pas, celui-là est déjà jugé", etc. (Jean, 3, 18)
43. Pendant que Paul et Silas se trouvaient dans la prison de Philippe et qu'ils priaient Dieu et chantaient des louanges, il se produisit tout d'un coup un terrible tremblement de terre. Les fondements de la prison en furent ébranlés, les portes s'ouvrirent et les entraves tombèrent de leurs pieds. Le gardien de la prison, témoin de cette oeuvre de Dieu, tomba à genoux tout tremblant devant Paul et Silas, les fit sortir de la prison et leur demanda : "Seigneurs, que dois-je faire pour être sauvé?", et les apôtres lui dirent : "Croyez au Seigneur Jésus, et vous serez sauvés, vous et toute votre maison." (Actes. chapitre 16)
44. C'est pour cela que le Concile de Trente appelle la foi "le commencement du salut de l'homme". Celui qui veut avoir part au moyen de salut, doit avant tout croire à celui qui le donne, croire à sa vérité et à sa puissance, avoir la foi, le fondement et la racine de la justification.
45. Deux personnes faisaient un jour ensemble un même voyage ; la première avait deux-cents pièces d'or, et l'autre n'avait qu'une bouteille de vin et un peu de pain. elles arrivèrent dans un grand désert où on ne pouvait rien se procurer. Le premier aurait volontiers donné tout son argent pour avoir un verre d'eau et un morceau de pain ; avec son argent, il était exposé à mourir de faim, tandis que l'autre avait de quoi la satisfaire - il en est de même de la foi. On peut avoir en sa possession le monde entier, si l'on n'a pas la foi, la vraie foi chrétienne, on se perd toujours avec tout son argent et tous ses biens. Que sert à l'homme d'avoir une âme immortelle, qu'importe ses qualités et ses talents, à quoi lui servirait le sang même du Sauveur s'il lui manque la foi? Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu. (Westermayer, prédication 1, 495)
46. Origène, aussi célèbre par sa science que par sa chute, était le fils de martyrs ; il était lui-même le père spirituel des martyrs, et il désirait si ardemment mourir de la mort du martyr, que sa mère se vit obligée de cacher ses habits pour l'empêcher d'aller se présenter devant les tyrans, de se livrer au glaive du bourreau et de mourir pour la foi chrétienne. Et avec cela, il était si pur et si exempt de tache, qu'il ressemblait à un ange revêtu de chair ; il était si appliqué à la vie contemplative, qu'on aurait pu croire qu'il avait été élevé comme ermite dans le désert de la Thébaïde ; il était rempli d'un zèle si apostolique, qu'il propagea la foi catholique dans un grand nombre de contrées ; il possédait une science si étendue, que plusieurs secrétaires n'étaient pas en état d'écrire ce que son esprit si fécond pouvait produire ; et cependant, l'édifice de sa perfection, qui était si haut, coula tout à coup. Le fondement qui est la foi, céda, parce qu'il avait été ébranlé par des subtilités, et cette chute fut un scandale pour un grand nombre. (Scaramelli, vie ascétique ; partie 4, 28.)
47. Le grand philosophe Aristote semble avoir entrevu cette vérité ; il avait l'idée qu'il est impossible, sans la vraie foi, de plaire à Dieu, et par conséquent de bien mourir car, après une vie consacrée toute entière à la science, il se serait écrié en mourant : "J'ai vécu dans le doute et je meurs dans l'angoisse, je ne sais pas où je vais. "Ô Être de tous les êtres, ayez pitié de moi!" (Krönes, lexique VII 231.)
48. On raconte quelque chose de semblable de Mélanchton, qui s'était laissé détourner de la vraie foi par Luther. La mère de Mélanchton, étendue sur son lit de souffrance, lui avait demandé avec angoisse si elle devait rester fidèle à la foi catholique ou si elle devait embrasser la foi nouvelle. Et Mélanchton, dont le coeur, d'ailleurs excellent, était en ce moment particulièrement ému et porté à dire vrai, lui répondit : "Chère mère, gardez votre ancienne foi catholique ; car, dans la foi nouvelle, s'il est plus facile de vivre, c'est dans l'ancienne foi qu'il est plus facile et meilleur de mourir.
51. Un pieux professeur, grand admirateur du Christianisme, faisait un jour à ses élèves ce touchant récit : "J'ai vécu cinquante ans et j'ai goûté un grand nombre des joies de la vie ; mais de toutes ces joies, il n'y en a pas eu de plus durable et de plus pure que celle que mon coeur a goûtée dans son attachement à la foi et dans la fidélité avec laquelle j'ai suivi ses directions. Je le dis en homme et en conscience. J'ai vécu cinquante ans et j'ai beaucoup souffert, mais nulle part je n'ai trouvé plus de lumière au milieu de mes ténèbres, plus de force, plus de consolation et plus de courage dans mes souffrances, qu'aux sources de la foi ; je vous l'affirme encore en homme et en conscience. J'ai vécu cinquante ans, et plusieurs fois je me suis trouvé aux portes du tombeau ; j'ai expérimenté que rien, absolument rien, en-dehors de la force divine, de la religion, ne m'a aidé à triompher des frayeurs de la mort ; que rien, en-dehors de la sainte foi en notre Sauveur et Seigneur, n'est capable de fortifier l'âme altérée devant le terrible pas à faire pour entrer dans son Eternité, et que rien, en-dehors de la foi, n'est capable de tranquilliser la conscience qui accuse ; et ceci, je l'atteste devant Dieu."
52. L'histoire du paganisme nous donne la preuve indéniable que l'humanité, sans la lumière de la vraie foi, non seulement ne peut pas parvenir à la connaissance de la vérité divine, mais qu'au contraire, elle arrive toujours aux erreurs les plus grossières. Et ce sont précisément les peuples les plus civilisés de l'Antiquité, qui ont erré davantage. Plus ils avaient fait de progrès dans les sciences terrestres (tels les Egyptiens et les Phéniciens, les Grecs et les Romains), plus ils ont été loin de la science du Ciel, de la connaissance du Dieu éternel, et des devoirs que nous avons à remplir vis-à-vis de lui, plus ils ont multiplié leurs divinités.
53. L'apôtre saint Paul décrit ainsi brièvement leurs erreurs religieuses : "Ils se donnaient pour sages, et ils sont devenus insensés ; ils ont échangé la Majesté de Dieu incorruptible pour des images représentant l'homme corruptible, les oiseaux, les quadrupèdes et les reptiles." Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions d'ignominie, etc. (Romains 1, 22 et suivre)
54. Tertullien nous dit aussi comment les partisans du paganisme, livrés à leurs propres forces, sont restés en arrière des Chrétiens, éclairés par la lumière de la sainte révélation. (Apologie. 46)
55. Platon faisait cet aveu dans Epilome : "L'homme ne peut arriver à la religion, c'est-à-dire à l'adoration et à l'amour de Dieu, que si quelqu'un les lui apprend. Et personne ne pourra les lui apprendre, si un Dieu ne lui vient pas en aide." Et ailleurs, Alcibiade, II (Il exprime la même idée, en disant que si quelqu'un ne vient pas pour écarter l'épais nuage, il n'est pas possible de savoir comment on doit se comporter vis-à-vis de Dieu et des hommes).
56. On voit tous les jours dans quel abîme d'erreur peut tomber celui qui n'a pas la foi. Les neo-païens n'ont pas honte de revenir au culte des idoles anciennes. C'est tout à fait "le progrès". V (elle est la meilleure consolatrice)
57. C'est parce qu'il était guidé par sa foi, qu'Abel offrait à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn, et qu'il reçut en récompense le titre de juste. Dieu rendit ainsi témoignage à ses oeuvres, et c'est à cause d'elles, que, il parle encore.
58. C'est pas sa foi, qui lui inspirait la crainte, que Noé prépara l'Arche pour sauver toute sa maison, quand il reçut la révélation de choses qu'il ne voyait pas encore.
59. Job restait longtemps couché sur son fumier et abandonné de tous, dans une misère indicible ; la foi seule ne l'abandonnait pas et lui apprit à prier et à dire : "Je sais que mon Sauveur est vivant." Job. 19, 25-29.
60. Abraham obéissait à sa foi, lorsqu'il se rendit au lieu qu'il avait reçu en héritage ; il partait cependant sans savoir où il se rendait.
61. La foi descendit sur Jacob endormi : elle fut pour lui comme un ange protecteur et elle soulagea son coeur. (Genèse 28, 13-16)
62. C'est la foi qui consola et protégea Joseph dans la terre étrangère. (Genèse 39, 2-3)
63. C'est la foi qui soutint Etienne , tandis qu'il allait au supplice de la lapidation, qui fit chanter un cantique de louange aux trois jeunes gens dans la fournaise, qui rasséréna Daniel dans la fosse aux lions, qui fortifia le vieil Eléazar et qui donna à la mère des Macchabées le courage de voir les supplices infligés à ses sept fils. La foi trempa le courage de Judas Macchabée et de ses compagnons de lutte.
64. C'est la foi qui donna à Marie la fermeté héroïque dont elle fit preuve jusqu'au pied de la croix de son Fils (Jean 19, chapitres 25-27) ; qui rappela aux apôtres, au milieu des persécutions qu'ils eurent à subir, la grande récompense qui les attendait au Ciel, et qui apprit aux saints martyrs à mourir avec la joie pour le Christ.
65. En l'année 1849 on donna à Toulon une mission aux prisonniers des galères. Dans les écrits qui ont été publiés sur ce sujet, on raconte comment la foi en Jésus, le Sauveur, toucha les coeurs les plus endurcis, et combien elle apporta de consolation et de soulagement aux plus grands pécheurs, même à ceux qui avaient été jusque-là, plongés dans le désespoir. La foi, qui les délivrait des chaînes de Satan, leur rendait plus légères aussi, leurs chaînes matérielles, et leur donnait le courage, la force d'accepter et de supporter leurs souffrances, d'ailleurs si pénibles, comme des oeuvres expiatoires pour leurs péchés. "On a le droit", écrivait l'un d'eux dans une lettre, "de m'attacher avec des chaînes, mais, maintenant, j'ai le courage de les porter. Auparavant, étendu sur des planches bien dures pour faire mon pénible travail, je pleurais ; ce n'était pas des larmes d'une contrition sincère, mais celles d'un désespoir sans limite ; maintenant, on peut me jeter dans la prison la plus sombre, je m'adresserai en suppliant à Dieu, comme un enfant à son père, et il soulagera mes tortures." (Krönes, lexique VII, 232.)
66. La foi est surtout la plus douce des consolatrices sur le lit de la mort. Voir sur ce sujet des exemples cités plus haut, Aristote et Mélanchon numéros 47 et 48.
67. Aux Etats-unis, la fille d'un officier tomba malade ; son père était libre penseur et athée, et, ostensiblement, il travaillait à propager l'irrréligion. Cependant, l'heure de la mort était proche pour sa chère enfant. elle fit appeler son père auprès de son lit, elle lui prit la main et lui dit d'une voix ardente : "Père, dans quelques minutes, je vais mourir ; dites-moi donc maintenant, bien ouvertement, si je dois croire ce que vous m'avez appris : qu'il n'y a ni Dieu, ni Ciel, ni Enfer, ou si je dois m'en tenir à ce que ma mère m'a enseigné?" Sa mère était une pieuse chrétienne et une vraie croyante. L'officier demeura un instant abasourdi, comme s'il venait d'être frappé par la foudre, les yeux fixés sur son enfant mourante. Une douleur aiguë tourmentait son coeur et contractait ses lèvres ; il s'inclina sur le lit de son enfant, et d'une voix, dans laquelle il y avait des sanglots, il lui dit : "Mon enfant, ne croyez que ce que votre mère vous a appris." (Morale en exemple, 273.)