(B/La foi par les œuvres)
133. Joseph d'Egypte avait une foi si vive en la présence universelle de Dieu, qu'il prit en toute hâte la fuite devant la tentation, (Genèse ; chapitre 39)
134. Suzanne résista à la tentation par sa foi vive en la science universelle de Dieu. (Daniel 13, 23)
135. Tobie, non seulement croyait au vrai Dieu, mais il vivait aussi selon ses commandements. Pendant sa jeunesse, d'autres adoraient les veaux d'or que Jeroboam avait fait fabriquer, mais lui seul évitait leur société, et il se rendait à Jérusalem pour y adorer le vrai Dieu. Ses œuvres de miséricorde témoignaient de la vivacité de sa foi ; c'est à ses fruits que l'on reconnaît le vrai serviteur de Dieu (Tobie, chapitre 1)
136. Job, le aptriarches, les Macchabées, avaient une foi tout aussi vivante.
137. Le Divin Sauveur a dit (Matthieu 7, 21 : « Ce n'est pas celui qui m'écrie : Seigneur, Seigneur ! - « C'est celui qui professe seulement par la bouche, qui est mon serviteur et mon partisan « , qui entrera dans le royaume des Cieux ; mais c'est celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans le Ciel, qui entrera dans le royaume du Ciel. » Il a dit aussi qu'il jugerait les hommes d'après leurs œuvres (Matthieu 16, 27)
138. L'apôtre des nations écrit (dans Galates 5, 6 : « Aux yeux du Christ-Jésus..., c'est la foi agissante par la charité, qui a de la valeur », et (Corinthiens 13, 2 : « quand j'aurai assez la foi pour transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. »)
139. Saint Paul avait aussi cette foi qui pousse à al charité, et qui, par la charité, aboutit à la plus grande activité. Quel voyage n'entreprit-il pas pour des motifs surnaturels ! À quels dangers ne s'exposé-t-il pas ! Quels sacrifices ne fit-il pas ! C'est sept fois que le Christ a loué à maintes reprises, lorsqu'il disait, par exemple : « C'est votre foi qui vous a sauvés ! La foi qu'il loue, ce n'est pas la foi inerte de ceux qui croient simplement qu'il est le Sauveur, mais la foi vivante de ceux qui sont disposés à la suivre, à l'invoquer et à ne pas l'abandonner jusqu'à ce qu'il ait secouru. (Matthieu 15, 22 : La femme cananéenne : Matthieu 8, 5. Le centurion. Dans son épître aux Hébreux, il parle des œuvres merveilleuses que produit la foi : Il ne s'agit pas de la foi qui n'est qu'une simple adhésion de l'intelligence, mais de la foi de gens convaincus de ce qu'ils croient et qui, sous l'action de cette conviction, sont disposés à faire de grandes choses.
140. De ceux qui avaient été convertis à la foi par la prédication de saint Pierre, au jour de la Pentecôte (Actes 2, 42) : « Ils étaient assidus aux prédications des apôtres, aux réunions communes, à la fraction du pain et aux prières. Tous les fidèles ne formaient qu'un cœur et qu'une âme, et possédaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et ils les partageaient entre tous, à chacun selon ses besoins. Chaque jour, ils se retrouvaient réunis dans l'église, ils rapportaient le pain dans leur maison et ils prenaient leur nourriture dans la sérénité et la cordialité ; ils chantaient les louanges de Dieu et ils étaient aimés de tout le peuple. » (Actes 4, 32)
141. Saint Clément, qui fut pape vers la fin du Ier siècle, loue, dans sa lettre, les chrétiens de Corinthe : « Vous avez la bonne réputation d'être les disciples les plus parfaits de Paul parmi toutes les communautés. Qui a habité au milieu de vous sans avoir estimé votre foi inébranlable et votre vie vertueuse ? Qui n'a pas admiré votre réserve et la modestie de votre conduite ? Aucun d'entre vous ne s'est jamais soustrait à un devoir, mais, sous la douce direction de vos vies spirituelles, vous avez fait de grands progrès dans les voies de l'Evangile. Vous donnez à vos parents le respect qui leur est dû ; jeunes gens, vous avez été des modèles de modestie et de loyauté. Vous avez été humbles sans bassesse et sans orgueil, plus portés à obéir qu'à commander, plus disposés à donner qu'à recevoir. Semblables à des voyageurs qui ont hâte de retourner dans leur patrie, vous avez cherché en ce monde ce qui vous était nécessaire pour vivre, mais vous avez tenu constamment les yeux fixés sur le royaume du Ciel, et vous vous en êtes tenus étroitement aux prescriptions de l'Evangile. De cette façon votre vie s'est écoulée tranquille et paisible. Avec le calme d'un cœur innocent, avec une confiance légitime, vous avez élevé vos mains vers votre Père du Ciel, en lui demandant de vous pardonner vos petites faiblesses ; mais vous l'avez prié avec d'autant plus d 'instance qu'il ne laisse aucun de vous devenir chancelant dans la foi et se perdre. Dans votre vie, brillent l'innocence et la droiture, toute malice et toute susceptibilité en ont été écartées. Et si quelqu'un s'est éloigné de vous, vous avez pleuré sa chute, vous avez pris à cœur les fautes des autres comme si c'était les vôtres ». (Bérault – Bel Castel, 1.)
142. On voit combien la foi chrétienne était vive et féconde en bonnes œuvres chez les premiers chrétiens, dont la vie faisait honneur à leur foi, comme le témoigne le saint martyr Justin dans l'apologie qu'il avait adressée, après sa conversion du paganisme au christianisme, à l'empereur et au sénat de Rome. Il établissait que les chrétiens étaient les hommes les plus nobles et les plus pieux, et que leurs œuvres donnaient le témoignage le plus convaincant de la vérité de leur foi. « Nous, qui étions autrefois adonnés à la débauche, » écrivaient-ils, « nous n'aimons plus maintenant que la pureté angélique ; auparavant nous nous livrions au culte des idoles, nous étions superstitieux, et maintenant nous sommes les serviteurs du seul vrai Dieu. Autrefois l'argent et les biens de la terre étaient pour nous au-dessus de tout ; actuellement, nous partageons avec tous ceux qui sont dans le besoin. Autrefois, nous vivions dans l'inimitié et nous attentions à la vie des uns et des autres ; maintenant que le Christ nous est connu, nous vivons avec tous dans l'union la plus paisible et nous prions aussi pour nos ennemis. » (Justin, apol., 1.)
143. Pline le jeune, un païen qui était gouverneur au commencement du IIème siècle, surveillait avec la plus grande attention les chrétiens qui vivaient dans sa province et, à la fin de toutes ses enquêtes et recherches, quoiqu'il eût même fait mettre à la torture quelques femmes chrétiennes pour arriver à découvrir les prétendus crimes des chrétiens, il n'eut pas d'autre chose à dire des chrétiens à l'empereur Trajan, que de lui rapporter qu'ils se réunissaient à certains jours, pour chanter les louanges du Christ, qu'ils considéraient comme un vrai Dieu, et qu'ils s'obligeaient solennellement à s'abstenir de l'impiété, à ne jamais commettre de vol ou de parjure, à ne jamais manquer à leur parole, ou à renier un objet déposé ou confié en dépôt. (Pline. Epître à Trajan)
144. Au commencement du IIIème siècle, Tertullien écrivit sa « Défense du Christianisme » et la dédia, sans les nommer, aux gouverneurs des provinces. « J'avoue, » écrivait-il entre autres choses, « que quelques païens se plaignent avec raison des chrétiens, parce qu'ils ne leur rapportent rien. Se plaignent, en effet, d'abord ceux qui spéculent sur les vices ; puis des assassins, qui se louent pour exercer leur profession, c'est-à-dire les empoisonneurs, les magiciens, les devins et les astrologues. Nous chrétiens, nous n'avons besoin que de ceux qui font un commerce légitime. Chez vous, on a même, en effet, chaque jour des criminels, des filous, des séducteurs, des voleurs de toute sorte. Trouvez-vous parmi eux des chrétiens ? Quand on vous amène des chrétiens, parce qu'ils sont chrétiens, peut-on leur imputer un de ces crimes ? Les criminels sont chez vous ; ils sont de chez vous ceux qui gémissent dans vos prisons, ceux qui sont condamnés à travailler au fond des mines ; ils sont de chez vous les mauvais sujets qui servent au combat des bêtes, quand vous donnez des jeux. Nous, nous sommes des innocents : Et ce Maître, nous le suivons fidèlement :" Puis, il ajoute qu'"aux chrétiens il est non seulement défendu de tuer, mais aussi de se mettre en colère ; qu'il leur est défendu non seulement de commettre des impuretés, mais encore de jeter autour d'eux des regards avides ; qu'il leur est défendu non seulement d'outrager en acte, mais aussi de redire le mal ; qu'il est ordonné aux chrétiens de répondre au mal, non par le mal, mais par le bien. (Tertullien, apolog.)
145. Au XVIème siècle saint François-Xavier convertit un grand nombre de Japonais au christianisme. Tout ce qui s'appelle vertu fleurissait admirablement parmi ces chrétiens nouvellement convertis, leur zèle était vraiment édifiant. Cependant, toujours mécontents d'eux-mêmes, ils se plaignaient sans cesse de leur paresse et s'imaginaient qu'ils étaient à peine dignes du nom de chrétiens. Leur délicatesse de conscience était si grande, qu'après les plus petites fautes, ils était presque impossible de les tranquilliser. Ils étaient si pénétrés de l'esprit de pénitence, que les missionnaires devaient veiller sérieusement pour les empêcher de commettre des excès dans leur austérité. Un Portugais qui avait été témoin oculaire, écrivait en Europe que, dans toute l'Eglise, il n'y avait pas d'ordre religieux qui surpassât les nouveaux convertis du Japon par la rigueur du jeûne et dans tous les genres de mortification. Quand on voyait ces nouveaux convertis en prière, on aurait cru voir des saints. En un mot, depuis qu'il avait vu les chrétiens au Japon, il lui semblait qu'il n'était plus chrétien lui-même. (Histoire Ecclésiastique du Japon, i, 4)
146. Nous trouvons un autre bel exemple des fruits magnifiques que produit une foi vive, dans celui des nouveaux convertis du Paraguay. Ils avaient été sauvages et ils avaient mangé de la chair humaine. Les efforts des zélés missionnaires les avaient convertis au christianisme, et leur vie ressemblait presque à celle des premiers chrétiens de Jérusalem. On entendait chez eux parler ni d'intempérance, ni d'impureté, ni de haine, ni d'orgueil. Chaque matin, au lever du soleil, ils disaient ensemble, dans leur église, leurs prières du matin ; plus tard, on célébrait la sainte messe, pendant laquelle il y avait une courte instruction. Puis, tous se rendaient à leur travail. Le soir, quand venait la brune, ces mêmes chrétiens revenaient ensemble dans l'église et faisaient en commun leurs prières du soir. Chaque Réduction formait comme une famille dont les missionnaires étaient les Pères. Tout leur temps était partagé entre le travail et leurs prières ; ils étaient toujours gais, la Paix de Dieu se reflétait sur leur visage. Par eux, il n'y avait pas de pauvres, on ne connaissait ni hôpitaux, ni aumônes, car ils possédaient tout en commun comme les premiers chrétiens. Si quelqu'un s'était rendu coupable de quelque péché, il était conduit à l'église ; là, il avouait sa faute et il recevait, souvent sur-le-champ, une correction publique. Les rechutes étaient rares. Celui qui avait péché en secret le déclarait ouvertement et demandait un châtiment public. Tous s'approchaient de la sainte table presque tous les mois, et la plupart recevaient, comme au premier âge du Christianisme, la sainte Communion tous les dimanches. Chacun semblait transporté de joie, quand il s'agissait de célébrer une fête. (Annegarn, histoire du monde, VII.)
147. Comme la vie de chaque saint montre comment la foi doit se montrer par les œuvres, il nous semble inutile de rapporter ici un plus grand nombres d'exemples. (Nous renvoyons à l'article « Martyrs »)
148. Quand on compare la doctrine luthérienne, qui prétend que la foi seule suffit pour la justification, avec la doctrine catholique qui produit ces fruits admirables que nous venons de constater, comme la première semble misérable et stérile! On trouve, il est vrai, dans la Sainte Ecriture, des passages où il n'est parlé que de la nécessité de la foi, comme celui-ci par exemple : « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé : Celui qui ne croit pas sera damné. » (Marc, 16, 16.) Mais celui qui voudrait conclure de ce passage et d'autres semblables, que la foi seule, même sans les bonnes œuvres, suffit pour être sauvé, devrait rompre, non seulement avec la tradition chrétienne de tous les siècles, comme les protestants l'ont fait en réalité, mais ils devraient être aveugles ou ne pas vouloir lire les innombrables passage où il est parlé plus en détail de la foi, et où il est dit qu'elle est « vive par la charité » (Galates 5, 6), et qu'elle est morte sans les œuvres, et semblable à la foi telle que l'ont le démons (Saint Jacques 2, 17-20). Ils devraient être aveugles pour ne pas avoir connaissance des nombreux textes de la Sainte Ecriture dans lesquels l'observation des commandements est prescrite comme une condition de salut (Matthieu 19, 17), l'omission des bonnes œuvres menacées du feu éternel (Matthieu 25, 41 ), et où il est formellement déclaré que Dieu récompensera chacun selon ses œuvres (Matthieu 16, 27).
149. Comme dans tous les temps, il y eut aussi, au temps des apôtres, un certain nombre de chrétiens qui se contentaient d'accepter la foi, sans se soucier de pratiquer les œuvres de la foi. C'est pour ne pas les laisser se bercer d'une fausse sécurité que l'apôtre Jacques écrit sa lettre dans laquelle il s'élève avec beaucoup d 'énergie contre cette foi morte. Après avoir parlé du devoir d'observer tous les commandements, il continue ainsi : « A quoi sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, quand il n'en fait pas les œuvres ? La foi pourra-t-elle sauver ? » (Jacques 2, 14) Puis il montre combien il est insensé de mettre sa confiance dans la foi sans les œuvres.
150. Luther s'était tellement fourvoyé dans sa « justification par la foi seule », qu'il finit pas s'aventurer à dire que l'observation des commandements était chose impossible, que le Christ, par sa Grâce, nous avait dispensés du devoir de les observer, que l'homme n'était pas libre et ne pouvait que pécher, etc. Il ne trouva pas, pour expliquer la parole si claire et si irréfutable de l'apôtre saint Jacques, d'autre moyen que de déclarer que cette lettre était une lettre de rien du tout.
Page 233 n° 151