coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 65/Un appel « spécifique » à la sainteté/ Jeu 20 Juin - 14:15 | |
| « L'Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4,18). L'Esprit ne se tient pas seulement « sur » le Messie, mais il le remplit, le pénètre, le rejoint dans son être et dans son action. L'Esprit, en effet, est le principe de la « consécration » et de la « mission » du Messie : « Parce qu'il m'a consacré par l'onction et m'a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres... » (Lc 4,18). Par la force de l'Esprit, Jésus appartient totalement et exclusivement à Dieu, il participe à l'infinie sainteté de Dieu qui l'appelle, le choisit et l'envoie. Ainsi, l'Esprit du Seigneur se révèle source de sainteté et appel à la sanctification. Ce même « Esprit du Seigneur » est « sur » le peuple de Dieu tout entier, qui est constitué comme peuple « consacré » à Dieu et « envoyé » par Dieu pour annoncer l'Évangile qui sauve. De l'Esprit, les membres du peuple de Dieu sont « enivrés » et « marqués » (1 Co 12, 13 ; 2 Co 1, 21-22 ; Ep 1, 13 ; 4, 30) et appelés à la sainteté. En particulier, l'Esprit nous révèle et nous communique la vocation fondamentale que le Père depuis l'éternité adresse à tous : la vocation d'être « saints et immaculés en sa présence dans l'amour », en vertu de la prédestination « à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ » (Ep 1, 4-5). Non seulement il nous révèle et nous communique cette vocation, mais l'Esprit se fait en nous principe et source de sa réalisation : lui, l'Esprit du Fils (Ga 4, 6), nous conforme au Christ Jésus et nous rend participants de sa vie filiale, c'est-à-dire de sa charité envers le Père et envers ses frères. « Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir » (Ga 5, 25). Par ces paroles, l'Apôtre Paul nous rappelle que l'existence chrétienne est « vie spirituelle », c'est-à-dire vie animée et guidée par l'Esprit vers la sainteté et la perfection de la charité. L'affirmation du Concile : « L'appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s'adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur état ou leur forme de vie » s'applique tout spécialement aux prêtres : ils sont appelés, non seulement en tant que baptisés, mais aussi et spécifiquement en tant que prêtres, à savoir à un titre nouveau et selon des modalités propres, découlant du sacrement de l'Ordre. Au sujet de la « vie spirituelle » des prêtres, et du don de la sainteté et de la responsabilité de devenir « saints », le décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres nous offre une synthèse riche et stimulante : « Les prêtres sont ministres du Christ Tête pour construire et édifier son Corps tout entier, l'Église, comme coopérateurs de l'Ordre épiscopal : c'est à ce titre que le sacrement de l'Ordre les configure au Christ Prêtre. Certes, par la consécration baptismale, ils ont déjà reçu, comme tous les chrétiens, le signe et le don d'une vocation et d'une grâce qui comporte pour eux la possibilité et l'exigence de tendre, malgré la faiblesse humaine, à la perfection dont parle le Seigneur: "Vous, donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 48). Mais cette perfection, les prêtres sont tenus de l'acquérir à un titre particulier : en recevant l'Ordre, ils ont été consacrés à Dieu d'une manière nouvelle pour être les instruments vivants du Christ Prêtre éternel, habilités à poursuivre au long du temps l'action admirable par laquelle, dans sa puissance souveraine, il a restauré la communauté humaine tout entière. Dès lors qu'il tient à sa manière la place du Christ en personne, tout prêtre est, de ce fait, doté d'une grâce particulière ; cette grâce lui permet de tendre, par le service des hommes qui lui sont confiés et du peuple de Dieu tout entier, vers la perfection de Celui qu'il représente ; c'est encore au moyen de cette grâce que sa faiblesse d'homme charnel se trouve guérie par la sainteté de Celui qui est devenu pour nous le Grand Prêtre "saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs" (He 7, 26) ». Le concile affirme avant tout la vocation « commune » à la sainteté. Cette vocation s'enracine dans le baptême, qui définit le prêtre comme un « fidèle » (Christifideles Laici), comme « un frère parmi des frères », inséré et uni au peuple de Dieu, dans la joie de partager les dons du salut (Ep 4, 4-6) et dans le devoir commun de marcher « selon l'Esprit », à la suite de l'unique Maître et Seigneur. Souvenons-nous de la célèbre parole de saint Augustin : « Pour vous, je suis évêque ; avec vous, je suis chrétien. Le premier nom est celui d'un office reçu ; le second, de la grâce ; le premier nom est celui d'un danger ; le second, du salut ». Avec la même clarté, le texte conciliaire parle aussi d'une vocation « spécifique » à la sainteté, plus précisément d'une vocation qui se fonde sur le sacrement de l'Ordre, comme sacrement propre du prêtre, donc en raison d'une nouvelle consécration à Dieu au moyen de l'ordination. À cette vocation spécifique, saint Augustin fait allusion également en faisant suivre l'affirmation « Pour vous, je suis évêque ; avec vous, je suis chrétien », de ces autres paroles : « Si donc être avec vous comme racheté m'apporte plus de joie que d'être placé à votre tête, en suivant le commandement du Seigneur, je tâcherai de vous servir, avec le plus grand dévouement, pour ne pas être ingrat envers celui qui m'a racheté au prix de m'avoir fait votre serviteur ». Le texte du Concile continue en signalant quelques éléments nécessaires pour définir le contenu spécifique de la vie spirituelle des prêtres. Ces éléments sont liés à la « consécration » propre aux prêtres qui les configure à Jésus Christ Tête et Pasteur de l'Église. Ils sont liés à la « mission » ou au ministère particulier des prêtres eux-mêmes, qui les habilitent et les engagent à être des « instruments vivants du Christ Prêtre éternel » et à agir « au nom et en la personne du Christ lui-même » ; ils sont aussi liés à toute leur « vie », devant manifester et témoigner d'une façon originale le « radicalisme évangélique ». | |
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