coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 77/La formation humaine, fondement de toute la formation sacerdotale/ Jeu 20 Juin - 22:02 | |
| « Sans une formation humaine adéquate, la formation sacerdotale tout entière serait privée de son fondement nécessaire » . Cette affirmation des Pères synodaux n'exprime pas seulement une donnée toujours suggérée par la raison et confirmée par l'expérience : c'est une exigence qui trouve son motif le plus profond et le plus spécifique dans la nature même du prêtre et de son ministère. Le prêtre, appelé à être « image vivante » de Jésus Christ, Tête et Pasteur de l'Église, doit chercher à refléter en lui-même, dans la mesure du possible, la perfection humaine, qui resplendit dans le Fils de Dieu fait homme et qui transparaît avec une singulière efficacité dans ses attitudes avec les autres, comme les évangélistes les présentent. Le ministère du prêtre est, certes, d'annoncer la Parole, de célébrer les sacrements, de guider la communauté chrétienne « au nom et dans la personne du Christ », mais cela, en s'adressant toujours à des hommes concrets : « Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu » (He 5, 1). C'est pourquoi la formation humaine du prêtre revêt une importance particulière en raison de sa relation aux destinataires de sa mission. En effet, pour que son ministère soit humainement plus crédible et plus acceptable, il faut que le prêtre modèle sa personnalité humaine de façon à en faire un « pont » et non un obstacle pour les autres dans la rencontre avec Jésus Christ Rédempteur de l'homme. Il est nécessaire qu'à l'exemple de Jésus qui « savait ce qu'il y a dans l'homme » (Jn 2, 25 ; 8, 3-11), le prêtre soit capable de connaître en profondeur l'esprit humain, d'avoir l'intuition des difficultés et des problèmes, de faciliter la rencontre et le dialogue, d'obtenir confiance et collaboration, d'exprimer des jugements sereins et objectifs.Ce n'est donc pas seulement pour acquérir un nécessaire et juste épanouissement et pour se réaliser eux-mêmes, mais aussi pour la pratique de leur ministère, que les futurs prêtres doivent cultiver un ensemble de qualités humaines, indispensables à la construction de personnalités équilibrées, fortes et libres : c'est pour être capables de porter le poids des responsabilités pastorales.
D'où la nécessité de l'éducation à l'amour de la vérité, à la loyauté, au respect de toute personne, au sens de la justice, à la fidélité à la parole donnée, à la véritable compassion, à la cohérence et en particulier à l'équilibre du jugement et du comportement . Dans sa lettre aux Philippiens, l'Apôtre Paul propose un programme simple et exigeant pour cette formation humaine : « Tout ce qu'il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper » (Ph 4, . Il est intéressant de noter que Paul, précisément dans ces qualités profondément humaines, se donne comme modèle à ses fidèles : « Ce que vous avez appris - poursuit-il immédiatement -, reçu, entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que vous devez pratiquer » (Ph 4, 9). La relation avec les autres est d'une particulière importance. C'est un élément vraiment essentiel pour celui qui est appelé à être responsable d'une communauté et à être un « homme de communion ». Cela exige que le prêtre ne soit ni arrogant, ni chicanier, mais qu'il soit affable, accueillant, sincère dans ses propos et dans son cœur , prudent et discret, généreux et prêt à rendre service, capable d'établir avec les autres et de susciter chez tous des relations sincères et fraternelles, prompt à comprendre, à pardonner et à consoler (aussi 1 Tm3, 1-5 ; Tt 1, 7-9). L'humanité actuelle, souvent condamnée à des situations de massification et de solitude, surtout dans les grandes concentrations urbaines, est de plus en plus sensible à la communion : celle-ci est aujourd'hui l'un des signes les plus éloquents et l'une des voies les plus efficaces du message évangélique.La formation à la maturité affective du candidat au sacerdoce s'inscrit dans ce contexte comme un élément important et décisif, véritable aboutissement de l'éducation à l'amour vrai et responsable. La maturité affective suppose que l'on ait conscience de la place centrale de l'amour dans l'existence humaine. En réalité, comme je l'ai écrit dans l'encyclique Redemptor hominis, « l'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement » . Il s'agit d'un amour qui englobe la personne entière, dans ses dimensions et ses composantes physiques, psychiques et spirituelles, et qui se traduit dans la « signification nuptiale » du corps humain, grâce auquel la personne se donne à l'autre et l'accueille. C'est à la compréhension et à la réalisation de cette « vérité » de l'amour humain que tend l'éducation sexuelle correctement comprise. On note aujourd'hui une situation sociale et culturelle diffuse « qui "banalise" en grande partie la sexualité humaine, en l'interprétant et en la vivant de façon réductrice et appauvrie, en la reliant uniquement au corps et au plaisir égoïste » . Les situations mêmes des familles d'où proviennent les vocations sacerdotales présentent souvent à cet égard des carences notables et parfois de graves déséquilibres. Dans ce contexte, il devient plus difficile mais aussi plus urgent d'assurer une éducation de la sexualité qui soit vraiment et pleinement personnelle et qui ouvre à l'estime et à l'amour de la chasteté, « vertu qui développe la maturité authentique de la personne, en la rendant capable de respecter et de promouvoir la "signification nuptiale" du corps » .
Or l'éducation à l'amour responsable et la maturation affective de la personne sont absolument nécessaires à celui qui, comme le prêtre, est appelé au célibat, c'est-à-dire à offrir, avec la grâce de l'Esprit et par la libre réponse de sa volonté propre, la totalité de son amour et de sa sollicitude à Jésus Christ et à l'Église. En vue de l'engagement au célibat, la maturité affective doit savoir inclure dans les rapports humains de sereine amitié et de profonde fraternité un amour ardent, vif et personnel pour Jésus Christ. Comme l'ont écrit les Pères synodaux, « l'amour du Christ, prolongé par une offrande de soi universelle, est de la plus haute importance pour susciter la maturité affective. C'est ainsi que le candidat appelé au célibat trouvera dans la maturité affective un ferme appui pour vivre la chasteté dans la fidélité et la joie .
Le charisme du célibat, même authentique et éprouvé, laisse intactes les inclinations de l'affectivité et les pulsions de l'instinct : aussi les candidats au sacerdoce ont-ils besoin d'une maturité affective, qui les rende capables de prudence, de renoncement à tout ce qui peut la compromettre, de vigilance corporelle et spirituelle, d'estime et de respect dans les relations interpersonnelles entre hommes et femmes. Une aide précieuse peut être apportée par une éducation adaptée à la véritable amitié, à l'image des liens de fraternelle affection que le Christ lui-même a vécus pendant son existence ( Jn 11, 5). La maturité humaine et en particulier la maturité affective exigent une formation limpide et forte à la liberté qui prend les traits d'une obéissance convaincue et cordiale à la « vérité » de son être propre, au « sens » de son existence, c'est-à-dire au don sincère de soi, comme route et contenu fondamental de l'authentique réalisation de soi. Ainsi comprise, la liberté exige que la personne soit vraiment maîtresse d'elle-même, décidée à combattre et à surmonter les diverses formes d'égoïsme et d'individualisme qui menacent la vie de chacun, prompte à s'ouvrir aux autres, généreuse dans le dévouement et le service du prochain. Cela est important pour la réponse à donner à la vocation, spécialement la vocation au sacerdoce, pour la fidélité à celle-ci et aux engagements qui lui sont liés, surtout dans les moments difficiles. La vie communautaire du séminaire peut apporter une aide en vue de cette progression de l'éducation vers une liberté mûre et responsable .
L'éducation de la conscience morale est intimement liée à la formation à la liberté responsable. La conscience morale sollicite, du plus profond du « moi », l'obéissance aux obligations morales ; en même temps, elle révèle la signification profonde de cette obéissance, réponse consciente et libre, donc motivée par l'amour, aux demandes de Dieu et de son amour. « La maturité humaine du prêtre - écrivent les Pères synodaux - doit inclure spécialement la formation de sa conscience. En effet, pour que le candidat puisse fidèlement satisfaire à ses obligations envers Dieu et l'Église et sagement guider la conscience des fidèles, il doit s'habituer à écouter la voix de Dieu qui lui parle au cœur et adhérer avec amour et fermeté à sa volonté » . | |
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