coeurtendre Admin
Nombre de messages : 12693 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: 10 /Questions posées par 10 clercs diocésains/3/Je m'appelle Giuseppe Corona Sam 19 Oct - 22:10 | |
| Question 3 Je m'appelle Giuseppe Corona :Très Saint-Père, je voudrais exprimer avant tout ma gratitude et celle de mes confrères diacres pour le ministère que l'Église a providentiellement rétabli avec le Concile, ministère qui nous permet de donner une expression entière à notre vocation. Nous sommes engagés dans une grande variété de tâches touchant des domaines très différents: la famille, le travail, la paroisse, la société, ainsi que dans les missions en Afrique et en Amérique latine, des domaines sur lesquels vous êtes revenus lors de l'audience que vous nous avez accordée à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire du diaconat romain. Nous sommes à ce jour plus nombreux puisque nous sommes . Et nous aimerions que Votre Sainteté nous indique une initiative pastorale qui puisse devenir le signe d'une présence plus incisive du diaconat permanent dans la ville de Rome, comme cela eut lieu au cours des premiers siècles de l'Eglise romaine. En effet, le partage d'un objectif significatif, commun, d'une part ferait croître la cohésion de la fraternité diaconale, de l'autre donnerait une plus grande visibilité à notre service dans cette ville. Nous soumettons à Votre Sainteté ce désir de bien vouloir nous indiquer une initiative à partager dans les modalités et dans des formes que vous voudrez nous signifier. Au nom de tous les diacres, je salue Votre Sainteté avec une affection filiale.
Merci pour ce témoignage d'un des plus de cent diacres de Rome. Je voudrais exprimer moi aussi ma joie et ma gratitude à l'égard du Concile pour avoir rétabli ce ministère important dans l'Église universelle. Je dois dire que, quand j'étais archevêque de Munich, je n'ai pas trouvé plus de trois ou quatre diacres et j'ai beaucoup encouragé ce ministère, parce qu'il me semble qu'il appartient à la richesse du ministère sacramentel dans l'Église. Dans le même temps, cela peut être aussi un lien entre le monde laïc, le monde professionnel, et le monde du ministère sacerdotal. Et cela parce que beaucoup de diacres poursuivent leur activité professionnelle et conservent leurs postes, importants ou modestes, tandis qu'il travaillent dans l'Eglise le samedi et le dimanche. Ils témoignent ainsi dans le monde d'aujourd'hui, comme dans le monde du travail, de la présence de la foi, du ministère sacramentel et de la dimension diaconale du sacrement de l'Ordre. C'est cela qui me semble très important: la visibilité de la dimension diaconale.
Tous les prêtres demeurent naturellement diacres et doivent toujours penser à cette dimension, parce que le Seigneur lui-même s'est fait notre ministre, notre diacre. Nous pensons au geste du lavement des pieds, par lequel on montre explicitement que le Maître, le Seigneur, fait le diacre et veut que tous ceux qui le suivent soient diacres, suivent ce ministère pour l'humanité, jusqu'à aider aussi à laver les pieds sales des hommes qui nous sont confiés. Cette dimension me semble d'une grande importance.
A ce propos, il me vient à l'esprit - même si cela ne touche pas directement le sujet - une petite expérience dont a pris note Paul VI. Chaque jour du Concile, l'Évangile était intronisé. Et le Pape avait demandé une fois aux cérémoniaires de faire lui-même cette intronisation de l'Évangile. Ceux-ci lui avaient répondu: non, c'est la tâche des diacres et non du Pape, du Souverain Pontife, ou des Évêques. Il a noté dans son journal: mais moi aussi je suis diacre, je reste diacre et je voudrais exercer ce ministère du diaconat en mettant la Parole de Dieu sur le trône. Cela nous concerne donc tous. Les prêtres demeurent diacres et les diacres témoignent dans l'Église et dans le monde de cette dimension diaconale de notre ministère. Cette intronisation liturgique de la Parole de Dieu chaque jour pendant le Concile était toujours pour nous un geste d'une grande importance: il nous disait qui était le véritable Seigneur de cette assemblée, il nous disait que c'est la Parole de Dieu qui est sur le trône et que nous exerçons le ministère pour écouter et pour interpréter, pour offrir aux autres cette Parole. Cela est très significatif pour tout ce que nous faisons: introniser dans le monde la Parole de Dieu, la Parole vivante, le Christ. Que ce soit réellement Lui qui dirige notre vie personnelle et notre vie au sein des paroisses.
Vous m'avez ensuite posé une question qui, je dois le dire, va un peu au-delà de mes possibilités: quelles seraient les tâches propres aux diacres de Rome. Je sais que le Cardinal-Vicaire connaît bien mieux que moi les réalités de la ville, de la communauté diocésaine de Rome. Je pense qu'une des caractéristiques du ministère des diacres est justement la multiplicité des applications du diaconat. Il y a quelques années, au sein de la Commission théologique internationale, nous avons étudié longuement le diaconat dans l'histoire et dans le présent de l'Église. Et nous avons découvert justement cela: il n'y a pas de profil unique. Ce qui doit être fait dépend de la préparation des personnes, des situations dans lesquelles on se trouve. On peut rencontrer des applications et des réalités très diverses mais, naturellement, toujours en communion avec l'Évêque et avec la paroisse. Dans les différentes réalités, les possibilités varient également en fonction de la préparation professionnelle qu'ont reçue les diacres: ils pourraient être engagés dans le secteur culturel, qui est aujourd'hui très important, ou ils pourraient avoir une position ou une tâche significative dans le domaine de l'éducation. Cette année, nous considérons la question de l'éducation comme centrale pour notre avenir, pour l'avenir de l'humanité.
Le domaine de la charité était certainement à Rome le domaine originel parce que les titres de prêtres et les diaconies étaient des centres de la charité chrétienne. C'était, dès les débuts, un domaine fondamental dans la ville de Rome. Dans mon Encyclique Deus caritas est, j'ai montré que ce ne sont pas seulement la prédication et la liturgie qui sont essentielles pour l'Église et pour le ministère de l'Église, mais que le sont tout autant l'être pour les pauvres, pour les indigents, le service de la caritas dans ses multiples dimensions. J'espère donc qu'à toutes les époques, dans tous les diocèses, même si les situations sont différentes, cela reste une dimension fondamentale voire prioritaire pour l'engagement des diacres, même si elle n'est pas la seule, comme nous le montre l'Église primitive, où les sept diacres avaient été élus pour permettre justement aux apôtres de se consacrer à la prière, à la liturgie, à la prédication. Même si, par la suite, Étienne se trouva dans la situation de devoir prêcher aux grecs, aux juifs de langue grecque, élargissant ainsi le champ de la prédication. Il fut, disons, conditionné en cela par les situations culturelles où il était écouté pour rendre présente dans ce domaine la Parole de Dieu et par là, rendre encore plus possible l'universalité du témoignage chrétien, ouvrant les portes à saint Paul, qui fut témoin de sa lapidation et qui fut, dans un certain sens, son successeur dans l'universalisation de la Parole de Dieu. Je ne sais pas si le Cardinal-Vicaire veut ajouter un mot; je ne suis pas aussi proche que lui des situations concrètes.
Saint-Père, je peux seulement confirmer, comme vous le disiez, qu'à Rome aussi les diacres travaillent dans plusieurs domaines, le plus souvent dans leurs paroisses, où ils s'occupent de la pastorale de la charité, mais aussi pour nombre d'entre eux dans la pastorale de la famille par exemple. Comme ils sont presque tous mariés, les diacres préparent au mariage, suivent les jeunes couples, etc. Ils apportent également une forte contribution à la pastorale de la santé, mais aussi au Vicariat - certains y travaillent - et, comme vous l'avez entendu, dans les missions. On note une certaine présence missionnaire de diacres. Je crois que du point de vue des chiffres, l'engagement de loin le plus significatif est naturellement celui dans les paroisses, mais il y aussi d'autres domaines qui s'ouvrent et c'est pour cela que nous avons plus d'une centaine de diacres permanents.
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