coeurtendre Admin
Nombre de messages : 12693 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Questions posées par 10 clercs diocésains/9/Je m'appelle Mgr Renzo Martinelli Dim 20 Oct - 0:36 | |
| Question 9 "Si, par exemple, on conçoit l'homme selon une tendance aujourd'hui très répandue de manière individualiste", comment justifier l'effort pour la construction d'une communauté juste et solidaire. Que dire de cette mentalité individualiste?Comment proposer cette conversion, cette nouvelle modalité, cette originalité chrétienne de la communion, qui propose de façon efficace la nouveauté de l'expérience chrétienne? Je m'appelle(Mgr Renzo Martinelli, Délégué de l'Académie pontificale de l'Immaculée) Saint-Père, je voulais avant tout vous remercier pour les explications que vous avez données dimanche dernier à l'Angelus au sujet de vos intentions, parce que nous apprenons toujours à nos fidèles à prier pour le Pape, et quand vous appelez à prier pour les personnes consacrées, à prier pour la journée de la vie, à prier pour les fruits de conversion du Carême, et quand vous expliquez tout cela, vous rendez encore plus évidente une communion intérieure mais vous nous rendez aussi conscients d'être proches de vos intentions. Ces jours-ci, nous avons aussi la grâce de pouvoir prier devant l'Immaculée en l'anniversaire de Lourdes. Pour revenir sur le problème de l'urgence de l'éducation, je poserai cette question: vous avez déclaré récemment aux Évêques slovènes: "Si, par exemple, on conçoit l'homme selon une tendance aujourd'hui très répandue de manière individualiste", comment justifier l'effort pour la construction d'une communauté juste et solidaire. Que dire de cette mentalité individualiste? Je suis entré au séminaire à onze ans et j'ai été élevé dans une mentalité où il y avait mon "je" et à côté à mon "je" un autre "je" un peu moraliste pour se conformer au Christ et à la fin, comme vous le dites dans votre livre Jésus de Nazareth, ma liberté était comme gérée sur le mode de l'esclave, comme esclavage, quand vous commentez le frère aîné de la parabole du fils prodigue. Et tout cela crée une division: comment proposer en revanche aux jeunes, une chose sur laquelle vous avez toujours insisté, que le "je" du chrétien, une fois qu'il est investi par le Christ n'est plus un "je". L'identité du chrétien, vous l'avez dit à Vérone de manière approfondie, est le "je" qui n'est plus un "je" parce qu'existe le sujet communional du Christ. Votre Sainteté, comment proposer cette conversion, cette nouvelle modalité, cette originalité chrétienne de la communion, qui propose de façon efficace la nouveauté de l'expérience chrétienne? C'est la grande question que chaque prêtre qui est responsable pour d'autres se pose tous les jours. Il se la pose naturellement aussi pour lui-même. Il est vrai qu'au XX siècle, on avait tendance à une dévotion individualiste, pour sauver surtout son âme et créer également des mérites calculables, que l'on pouvait aussi présenter par des numéros dans des listes sûres. Tout le mouvement autour du Concile Vatican II a certainement voulu dépasser cette individualisme.
Pape Benoît XV1: Je ne voudrais pas aujourd'hui juger de ces générations d'hier, qui à leur façon ont cependant essayé de servir les autres sur le même mode. Mais il y avait toujours le risque de vouloir sauver sa propre âme; suivait alors une extériorisation de la piété qui à la fin trouvait la foi comme un poids et non comme une libération. Et cela fut certainement une volonté fondamentale de la nouvelle pastorale présentée au Concile Vatican II que de sortir cette vision étriquée du christianisme et de faire découvrir qu'on ne sauve son âme qu'en la donnant, comme nous l'a dit le Seigneur aujourd'hui dans l'Évangile, qu'en se libérant de soi-même, qu'en sortant de soi-même; comme Dieu a fait que son fils sorte de lui-même. Et nous entrons dans ce mouvement du Fils, nous essayons de sortir de nous-mêmes parce que nous savons où arriver. Et nous ne tombons pas dans le vide, mais nous nous délaissons nous-mêmes,en nous abandonnant au Seigneur, en sortant, et en nous mettant à sa disposition, comme Il le veut et non comme nous le pensons.
Voilà la vraie obéissance chrétienne, qui est liberté: non pas comme je le voudrais moi, dans mon projet de vie pour moi, mais en me mettant à sa disposition, pour qu'il dispose de moi. Et en me mettant entre ses mains, je suis libre. Mais c'est un grand saut qui n'est jamais complètement réalisé. Je pense ici à Saint Augustin qui nous a dit ceci tant de fois. Au début, après sa conversion, il pensait être arrivé au sommet et vivre dans le paradis de la nouveauté d'être chrétien. Puis il a découvert que le chemin difficile de la vie continuait, quoique désormais toujours dans la lumière de Dieu, et qu'il était nécessaire de faire chaque jour de nouveau ce saut hors de soi-même; donner ce "je" pour qu'il meure et renaisse dans le grand "je" du Christ qui est, ce qui dans un certain sens est très vrai, le "je" commun de nous tous, notre "nous".
Mais je dirais que nous-mêmes devons notamment dans la célébration de l'Eucharistie - qui est cette grande et profonde rencontre avec le Seigneur où on s'abandonne entre ses mains - nous exercer à ce grand pas. Plus nous en faisons nous-mêmes l'apprentissage,
plus nous sommes capables de l'exprimer aux autres et de le rendre compréhensible,
accessible aux autres. Ce n'est seulement qu'en allant avec le Seigneur,en nous abandonnant dans la communion de l'Eglise à son ouverture, en ne vivant pas pour soi-même, soit pour une vie terrestre heureuse soit pour sa seule béatitude personnelle, mais en se faisant l'instrument de sa paix, que je vis bien et que j'apprends ce courage face aux défis quotidiens, toujours nouveaux et importants, et souvent presque irréalisables. Je me délaisse parce que tu le veux et je suis sûr qu'ainsi je progresse correctement. Nous pouvons seulement prier le Seigneur qu'il nous aide à faire ce chemin tous les jours, pour ainsi aider, éclairer et motiver les autres pour qu'ils puissent à leur tour être libres et sauvés. | |
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