doucecolombe
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 | Sujet: Michel blogue avec le père Jean Compazieu/Sujet/Vie Libre, alcooliques anonymes…/  Ven 13 Déc - 3:49 | |
|   Jean Compazieu a écrit : Dans ma vie de prêtre, je suis régulièrement affronté à des personnes alcooliques. Deux de mes cousins sont morts à 50 ans. Le petit-fils de l'un d'entre eux (que j'avais baptisé) est tombé à 20 ans. Quand on se trouve devant le cercueil pour présider la sépulture, c'est très dur. Ce que je voudrais dire c'est que l'alcoolisme n'est pas un vice. C'est une maladie parmi d'autres qui se soigne. Les médecins font ce qu'ils peuvent. Mais ça ne suffit pas. Il faut être aidé par les proches. Il existe des associations qui font un travail extraordinaire : Vie Libre, alcooliques anonymes…
Il faut aussi l'aide et l'encouragement de la famille. Nous devons changer notre regard sur le malade et tout faire pour lui redonner confiance. S'il veut que tout aille bien, il ne doit plus boire une goutte d'alcool. C'est un combat de tous les jours. Mais il peut être gagné grâce à l'aide des autres. Ceux qui le souhaitent peuvent réagir et donner leur témoignage.
Bonjour père Jean Compazieu, votre nom rime avec contagieux, surtout par vos homélies, vous êtes un contagieux de Dieu et j'en suis heureux parce que vous avez cette passion d'annoncer l'Évangile avec un coeur passionné par l'Amour compassion de Dieu.
Mon très cher père Jean, concernant les alcooliques, s'il y a une personne qui comprend votre douleur, c'est bien moi. Car feu mon pauvre père a tellement été alcoolique durant chaque jour de sa vie, qu'il en est mort en sortant d'un bar avec le désir de se rendre dans un autre bar, mais très malheureusement à la sortie il est tombé pour ne jamais plus se relever. J'étais allé passer trois mois en Gaspésie avec le désir de le rencontrer à jeun, mais en l'espace de trois mois, je n'ai réussi à le rencontrer que seulement trois fois où il avait consommé comme toujours.
Par la suite c'est une des raisons qui m'a motivé à aller vivre dans la grande Ville de Montréal pendant 25 ans, pour me mettre à l'écoute des alcooliques, des consommateurs de drogue et des enfants de la rue.
Je savais que mon pauvre père consommait pour oublier le mal qu'il avait fait à ma mère et à ses enfants. Il souffrait de cruauté mentale ; il battait ses enfants, ensuite il buvait pour oublier son propre passé de vie d'enfance. Mon désir, en vivant trois mois auprès de lui, était de lui venir en aide au moment où il serait à jeun, mais impossible de le trouver à jeun une seule fois. Il est mort la soirée où j'avais appelé ma mère pour lui dire : "Maman, après trois mois je dois partir, parce qu'il est impossible de rencontrer papa à jeun." Je devais partir le lendemain, mais trois heures après, c'est ma maman qui m'appelle pour me dire : "Ne t'en fais plus, ton père est mort en sortant d'un bar." Ensuite il m'a fallu aller identifier son corps à l'Hôpital, avec un de mes frères qui souhaitait sa mort depuis toujours à cause de la maltraitance qu'il avait subie durant son enfance.
J'ai beaucoup plus souffert du départ de feu mon pauvre père que du départ de ma mère qui est décédée de deux cancers, celui des poumons et celui du sein. Mais maman était prête à partir, et voici pourquoi, j'en étais convaincu à 100%.
Un jour elle m'appelle par téléphone pour me demander si je savais pourquoi elle avait pardonné toute la violence que mon père lui avait fait subir tout au long de sa vie. Je répondis : Non, maman, je ne le sais pas. Elle me demanda : Veux-tu le savoir? Je lui répondis : Oui, j'aimerais le savoir, mais tu me connais, je veux à 100% que tu te sentes libre de me le dire ou de le conserver dans ton coeur comme un secret entre toi et Dieu.
Je n'entendais rien depuis 5 minutes, alors je lui ai demandé : Tu es toujours là, maman? Tu sais, tu n'es pas obligée de me le dire, l'important c'est que je sais que tu lui as pardonné avec ton coeur. Encore 5 minutes puis elle commença la récitation du Notre Père. Quand elle fut rendue à "Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé", elle haussa le volume de sa voix, et elle me dit : Voilà pourquoi j'ai pardonné à ton père.
Je lui ai répondu : Maman, tu sais, nous avons un point commun toi et moi, nous sommes de grands amoureux du pardon ; comme je suis heureux de te l'entendre dire! Ce sera pour moi un des plus grands souvenirs de ma vie, que je vais conserver dans mon coeur ; je t'aime, ma petite maman au grand coeur qui déborde d'amour et de tendresse, qui t'a fait découvrir la grande richesse du pardon.
Quand moi et mon épouse nous nous sommes rendus aux funérailles de ma mère, il y a eu des problèmes sur les routes de la Gaspésie, ce qui nous a obligés à faire de longs détours ; ainsi, quand nous sommes entrés dans l'église on était proche du début de l'Évangile. À notre très grande surprise, l'Évangile du jour se situait au moment où les disciples de Jésus Lui demandaient de leur apprendre à prier : L'Évangile du Notre Père,(ha, quelle merveille!), et personne n'avait choisi cet Évangile. Pas besoin de vous dire que dès que le prêtre a commencé à lire l'Évangile de la liturgie du jour, j'ai tout de suite pensé à la question que ma mère m'avait posée : Sais-tu pourquoi j'ai pardonné à ton père? Sa réponse fut le Notre Père.
Ma chère maman a souffert beaucoup de vivre toute sa vie avec un alcoolique, et qui souffrait de cruauté mentale. Quand elle a commencé à être malade, elle a été dans l'obligation de divorcer, 10 ans avant la mort de mon père, parce que celui-ci devenait de plus en plus extra exigeant et dangereux à son égard, surtout quand elle conduisait l'auto : lui ne pouvait plus conduire à cause de son alcoolisme.
Accompagner des alcooliques ou vivre avec un(e) alcoolique, surtout si celui-ci ou celle-ci a en plus un problème de santé mentale, on ne sait jamais où ça va nous conduire, même si on le vit comme une mission en lien avec l'Évangile.
Si mon père avait vécu son problème de santé mentale dans le monde de l'aujourd'hui, on l'aurait catégorisé parmi les hommes pervers narcissiques au plus haut degré de perversité. La mère de mon père avait demandé à une de ses filles de faire parvenir une de ses lettres à ma mère, voulant la prévenir de ne pas se marier avec son fils parce qu'il avait des problèmes de santé mentale en plus d'être alcoolique. La soeur de mon père a oublié de lui faire parvenir la lettre avant le mariage. Ma mère l'a reçue seulement trois mois après son mariage.
Cela lui a pris trois mois après le décès de mon père, pour ouvrir son coeur et raconter ce qu'elle avait vécu sous le mauvais contrôle d'un homme très dangereusement pervers narcissique, au plus haut degré. Si je compare juste avec ma situation à moi, j'ai eu deux cuisses et une jambe de cassées à l'âge de 2 ans, et un bras de cassé à 3 ans parce que j'étais gaucher. Dans les années qui ont suivi, jusqu'à mes 15 ans 1/2, j'ai eu le nez de cassé et la perte auditive à 100% de mon oreille droite, il me reste seulement 30 % d'instabilité à l'oreille gauche où je porte un appareil auditif.
Ce qui m'a sauvé la vie, c'est qu'avant mon départ de la maison, le jour de mes 15 ans 1/2, je me suis éloigné à une très longue distance de mon père et je lui ai dit ceci : P'a, je te pardonne tout le mal que tu m'as fait subir depuis ma naissance jusqu'à aujourd'hui, je tourne la page du passé pour vivre au présent. Aujourd'hui, je dois partir pour sauver ma peau, mes os et ma vie psychologique. Si tu me fais poursuivre par la police, je leur montre les marques sur mon corps en témoignant de toute cette maltraitance que tu m'as fait subir. Comme il y avait des voisins témoins, il a dû se retenir ; il a sacré à plusieurs reprises puis il est entré dans la maison.
Un mois après mon départ, certains de mes frères et soeurs m'ont appris que la journée même il avait sorti de la maison tout ce qui m'appartenait, pour le jeter au feu derrière la cour de notre maison, tellement il était en colère contre moi parce que j'avais réussi mon départ de la maison, que j'avais manqué à l'âge de 9 ans 1/2. Je lui avais promis que plus tard, quand je serais grand, je reviendrais lui dire que je l'aime. C'est ce que j'ai fait avant que ma mère divorce d'avec lui.
Ps: J'aimerais vous faire une petite remarque sur votre citation dernière, que voici :
Père Jean a écrit : Il faut aussi l'aide et l'encouragement de la famille. Nous devons changer notre regard sur le malade et tout faire pour lui redonner confiance. S'il veut que tout aille bien, il ne doit plus boire une goutte d'alcool. C'est un combat de tous les jours. Mais il peut être gagné grâce à l'aide des autres. Ceux qui le souhaitent peuvent réagir et donner leur témoignage.
Michel partage : J'aime beaucoup votre citation ci-dessus, elle correspond à une vidéo que Fanny Brémond m'a fait parvenir hier, de Mgr Gérald-Cyprien Lacroix, qui a passé à l'une des émissions KTOTV que vous connaissez sûrement autant que moi. La première fois que j'ai lu votre nom Compazieu - il y a longtemps -, ce nom de Compazieu a conduit ma pensée à la Compassion de Dieu qui déborde d'un confiance évangélique. Le fait de mettre vos homélies à la disposition du public nous fait comprendre sans aucun effort votre participation à la nouvelle évangélisation. Je ne connais pas votre expérience comme prêtre en milieu hospitalier, mais quand vous écrivez qu'il faudrait changer notre regard sur les personnes malades, je suis d'accord à 100% avec vous. Je crois que, autant en France qu'au Canada, l'institution hospitalière a attrapé le cancer de la bureaucratie. Cela devient un obstacle gigantesque dans notre monde déchristianisé. Votre citation pour laquelle je réagis, est très évangélisatrice pour tous ceux et celles qui s'intéressent à suivre le Christ sur le Chemin de l'Évangile, Chemin de la nouvelle évangélisation. Ce que j'admire en vous, c'est que vous avez su nourrir votre coeur de pasteur pour devenir une nourriture spirituelle dans le monde du virtuel. Votre coeur de pasteur ne s'est pas laissé figer par les nouvelles technologies, que vous utilisez avec un parfait équilibre. Vous êtes un modèle de pasteur pour tous les prêtres, qui devraient vous emboîter le pas à faire connaître et aimer le Christ en rendant disponibles leurs homélies sur le Web, avec cette gratuité du coeur qui est la vôtre.
Voilà, cher père Jean, soyez certain que je compatis de tout coeur à votre douleur, et que je la porte moi aussi dans mon coeur depuis ma plus tendre enfance. Moi et mon épouse, et un de mes amis prêtre, ainsi que Mme Brémond, nous prions pour votre merveilleux ministère. J'espère de tout coeur que votre santé se porte toujours bien. D'un ami, d'un pauvre au coeur simple qui vous porte dans ses prières depuis toujours. Chaque soir, je parle avec mon père en lui rappelant que mon pardon sera toujours présent pour lui, toujours et à jamais.  | |
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