Voici, chère Mme Fanny Brémond, le récit de la seule rencontre de ma vie que j'aie eue avec un psychiatre, consécutive à ma première rencontre avec mon premier médecin de médecine générale, mais quelle chance j'ai eu de rencontrer un psychiatre qui avait une écoute très particulière, pour ne pas écrire un psychiatre qui écoutait très longtemps avant de prendre la parole.
Il était loin, très loin, extra-loin des psychiatres qui parlent beaucoup et écoutent si peu, comme ça se voit sur certaines vidéos de YouTube, y compris sur le Web en général. Surtout les psychiatres ou des psychologues, y compris des patients bien ordinaires, qui ont écrit un livre sur un sujet donné, et dont le seul et unique désir est de faire connaître leur livre. Je ne suis pas contre cette approche, mais quand elle devient une approche excessive, là est la différence. Créer des vidéos ou écrire des livres, c'est beau comme c'est bien, mais l'important c'est de ne pas perdre l’équilibre, il faut conserver les belles richesses que nous avons acquises pour sauver des vies, surtout si la richesse de cette écoute extra-sensible fait partie de nos richesses.
Ne l'oublions jamais, quelle que soit le titre de notre profession, le jour où nous allons mourir, l'argent que nous aurons gagné, cet argent ne fera pas beaucoup de bruit, mais notre écoute extra-sensible qui aura sauvé plusieurs vies, elle portera toujours des fruits au coeur de notre humanité.
Je vous laisse lire ce fait vécu qui vous permettra de constater par vous-même que si mon premier médecin généraliste avait été lui-même le psychiatre, sûrement que je ne me serais pas lancé dans cette grande aventure concernant mes 30 ans de relation d'aide, qui se poursuit aujourd'hui et porte beaucoup de fruit en passant par le chemin de l'écriture. Ce qui est drôle dans ma première rencontre avec mon premier médecin, c'est il n'arrivait pas à comprendre comment un jeune pouvait aussi facilement tourner la page des 15 années de maltraitance vécues dans son milieu familial.
Aujourd'hui nous avons des privilèges pour dénoncer plusieurs formes de violence qu'il n'était pas possible de dénoncer autrefois. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il n'y ait plus de problèmes grâce aux nouvelles technologies, celles qui permettent aux femmes battues comme à leurs enfants de briser les mauvais silences qu'il n'était pas possible de briser autrefois.
Selon moi, nous sommes passés d'un extrême à l'autre : Autant nous n'avions pas le droit de parler autrefois, autant aujourd'hui tout le monde peut parler. Mais très malheureusement, presque plus personne n'écoute ceux qui veulent exprimer leur souffrance. Comme je suis un survivant de la maltraitance et que j'ai cette facilité à la verbaliser autant qu'il m'est possible d'écrire sur elle ouvertement, je ne suis pas surpris qu'il y ait peu de commentaires de la part des psychologues et des psychiatres qui réagissent sur la sujet de la maltraitance,surtout quand une personne arrive à s'en sortir.Les psychologues comme les psychiatres garde le grand silence orgueilleux...
.Ha, comme c'est merveilleux un psychiatre qui écoute longtemps avant de prendre la parole, en utilisant un langage simple et humain pour toucher le coeur du patient, qui lui aussi est un être humain souffrant et fragilisé par son douloureux passé. Ce lourd passé qu'il ne parvient pas à dépasser pour tourner la page du passé au présent, à cause du fait qu'il a accumulé une montagne de douloureuses blessures, trop profondes pour guérir tout seul en ruminant les mauvais souvenirs de son passé.
Il ne lui sera jamais possible de s'en sortir tout seul s'il ne rencontre pas une personne qui aura reçu cet héritage d'une écoute extra-sensible, qui lui permettra de prendre son courage à deux mains pour gravir cette montagne qui, très souvent, nous réserve des surprises, autant sur le dessus où elle nous fait découvrir de merveilleux paysages, que dessous où elle cache de multiples trésors.
Autrefois, quand nous étions triste ou quand on pleurait, personne n'osait dire pourquoi, car si on parlait, on pouvait subir le double de violence, alors on gardait le silence. Plusieurs gardaient le silence avec la crainte d'être enfermés en psychiatrie, car si tu osais en dire trop sur ta maltraitance, on pensait que tu étais devenu fou.
Quand j'écris que nous sommes passés d'un extrême à l'autre, je pense surtout aux institutions de santé publique. Autrefois, on était fier pour d'autre extra-fier d'avoir trouvé le chemin de notre profession, aujourd'hui chacun fait sa job pourvu que ça paye bien. Je me souviens que, quand j'étais enfant, mon médecin de famille m'avait demandé comment ça s'était passé dans mon milieu familial :Il me demanda est-ce que tu as encore de bons contacts avec ta famille?
Vous comprendrez qu'au moment où je lui ai expliqué que j'avais vécu le syndrome de l'enfant battu sur une période de 15 ans 1/2,il a voulu en savoir plus et encore plus. Je lui ai expliqué simplement que mon père m'avait cassé deux cuisses et une jambe à 2 ans, un bras à trois ans, etc., etc. Je lui ai expliqué calmement que j'étais heureux et que j'avais pardonné à mon pauvre père, pour ensuite tourner la page du passé au présent. Pour rassurer mon médecin, je lui ai expliqué qu'avant mon départ, j'ai dit à mon père : Je dois partir, parce que je veux sauver ma peau et mes os et ma santé mentale, mais je te promets que plus tard je reviendrai te voir pour te dire que je t'aime.
Après quelques secondes, mon médecin me dit ceci : Avec tout ce que vous venez de me partager en lien avec l'histoire tragique de votre milieu familial, je vous propose d'aller voir un de mes amis psychiatre, il saura sûrement mieux vous conseiller que moi. Comme j'étais jeune, je n'ai pas dit un mot et je me suis rendu voir le psychiatre qu'il m'avait proposé... J'ai rencontré ce psychiatre, il avait une écoute beaucoup plus sensible et performante par son observation, que mon médecin généraliste ; lui, il était triplement présent. Je lui ai parlé de mon expérience autant que j'en ai parlé avec mon médecin, celle de mes 15 années 1/2 de maltraitance dans mon milieu familial, en lui expliquant que dès mon départ, j'avais prévenu mon père que je lui pardonnais toute cette maltraitance et que je tournais la page du passé au présent. La réaction du psychiatre a été très différente de celle de mon médecin, qui a été très mal à l'aise d'en entendre autant.
Le psychiatre, à l'opposé de mon médecin, me regarda en souriant et me dit : C'est plus que parfait, ce que vous avez fait ; je ne comprends pas du tout la raison pour laquelle votre médecin vous a envoyé me voir. Dites-lui donc qu'il m'appelle, je vais lui expliquer qu'il n'a pas à s'en faire pour vous, que vous avez pris la meilleure décision, celle que je propose très souvent à mes patients, mais la plupart ont de la difficulté à franchir cette étape, comme vous l'avez fait si facilement sans aucun conseil.
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Mer 11 Mar - 16:26