Père Gordon A. Rixon, SJ : Citation 1/Faire face à l’ambiguïté religieuse invite au développement spirituel et à l’engagement social. Saint Ignace et ses Exercices spirituels ont beaucoup à offrir, notamment en matière de discernement. Comment identifier en moi-même les mouvements positifs et négatifs, dans l’Église et dans la société ? Comment tracer un chemin d’avenir qui améliore la vie ? Ignace a un véritable génie pour ces tâches spirituelles.
Bonjour à tous les pères Jésuites, y compris aux internautes qui prennent le temps de lire un article pour ensuite réagir à partir de leur expérience acquise sur le terrain de la vie, comme le font si souvent le pape François SJ et le père Henri Boulad S.J Tous deux sont très présents et actifs sur le Web en présentant leurs homélies à partir de plusieurs faits vécus.
J'aime beaucoup la question du P. Gordon A. Rixon SJ, et je voudrais bien, à l'exemple du pape François et du père Henri Boulad S.J, réagir à partir de faits vécus. Si je me guide sur ma propre expérience personnelle, je suis venu au monde dans le négatif extrême pour renaître au-delà du positif. Mais comment comprendre et expliquer le parcours du chemin qui m'a conduit du négatif extrême au positif, où j'ai abouti sur le chemin de l'Évangile?
Pour vous permettre de comprendre le négatif extrême que j'ai vécu à partir de mes 2 ans, voici le résultat de cette trop longue expérience. Deux cuisses et une jambe de cassées à l'âge de deux ans parce que le bébé que j'étais a couru dans la maison. Mon pauvre père m'a monté dans le grenier de la maison et il m'a battu à plusieurs coups de bâton. À ma sortie de l'hôpital, feu mon père m'avait fait une petite chaise berçante, sûrement en pensant me faire oublier la violence qu'il avait fait subir à mon corps d'enfant.
Comme j'étais gaucher, feu mon pauvre père devenait fou de colère quand il me voyait manger de la main gauche. Un jour, il se lève en s'exprimant avec plusieurs sacres et en me traitant de tous les noms, puis il me frappe le bras gauche sur la table à plusieurs reprises ; je me suis retrouvé une deuxième fois à l'Hôpital, avec le bras gauche cassé.
Quelques années après, j'ai eu le nez de fracturé, comme ce fut le cas pour une de mes soeurs et un de mes frères. Mon pauvre père souffrait de cruauté mentale que l'on aurait appelée aujourd'hui perversion narcissique au plus haut degré. Mon père avait la mauvaise manie de me soulever le corps en me prenant par les deux oreilles, ainsi je me suis retrouvé une grande partie de ma vie avec les oreilles ensanglantées.
Je n'en ai jamais voulu à mon pauvre père. Le jour de mon départ de la maison, je lui ai dit : (Pa), tu sais toute la maltraitance que tu m'as fait subir de ma naissance jusqu'à ce jour, je te pardonne, mais aujourd'hui je dois partir pour sauver le reste de mes os et ma santé psychologique. Un jour, quand je serai plus grand, je reviendrai te voir pour te dire que je t'aime. Quand il a vu que je partais, il s'est mis à sacrer après moi mais je lui ai fait la remarque que les voisins nous regardaient. La violence exercée sur mes oreilles m'a rendu sourd à 100% de mon oreille droite, et il me reste 30% d'écoute à gauche avec une instabilité constante à cause d'acouphènes sévères.
Aujourd'hui, très malheureusement, quand on parle de violence, de négativisme ou de positivisme, y compris dans le sujet sensible et mal expliqué de la pédophilie, on se branche sur l'Église en oubliant le reste de la société.
Pour moi, ce fut une drôle de coïncidence, pour ne pas écrire une drôle de coïncidence branchée sur la Providence de Dieu, car le jour où j'ai quitté la maison de mon père de sang est aussi celui où j'ai rencontré mon Père du Ciel. Ma vie est passée du (((négatif))) au ((( positif ))), ma vie est passée du malheur à un bonheur indescriptible, à cause d'une intervention de Dieu que je ne voulais pourtant connaître à aucun prix, et en voici la raison. Un jour une de mes professeures avait dit ceci à tous les élèves : "Vous savez, connaître Dieu c'est très facile, car Dieu c'est Quelqu'un qui ressemble à votre père." Moi qui vivais la maltraitance depuis l'âge de 2 ans jusqu'à mes 9 ans 1/2, c'était la pire des phrases que je pouvais entendre. J'avais déjà de la difficulté à dormir à cause de la maltraitance que je subissais plusieurs fois par semaine, alors vous comprendrez que la comparaison de ma professeure a été un choc qui a duré plusieurs mois.
Mais Dieu l'a voulu ainsi pour moi, car le jour même de mon départ de chez moi, je n'avais que 15 ans 1/2, je n'avais pas d'argent, pas de valise, aucun endroit où aller. À peine 3 ou 4 heures après mon départ, j'étais heureux de m'être éloigné de la violence, mais quelques heures après, j'ai paniqué et je me suis mis à pleurer, sans comprendre pourquoi cette phrase est sortie de ma bouche : Mon Dieu, Mon Dieu, je ne veux ni or ni argent, mais si Tu existes vraiment, fais-moi connaître la joie de ta Présence. Ensuite, le fait d'avoir dit Dieu m'a rappelé la comparaison de ma professeure : Vous savez, connaître Dieu c'est très facile, car Dieu c'est Quelqu'un qui ressemble à votre père.
Sur le coup, j'ai eu un second et dernier choc, car quelques secondes après, j'ai été envahi par une joie indescriptible. Aujourd'hui, à 64 ans, j'ai toujours cette même joie qui ne m'a jamais quitté tout au long de mon long parcours de vie, même au moment de chaque épreuve vécue en dehors de mon milieu familial.
Ma vie est passée de l'extrême négatif à un positif où les mots n'existent pas pour exprimer le ressenti de ma joie. Comme si Dieu m'avait permis d'aller à l'école de la vie, pour ne pas écrire à l'école de la maltraitance à partir de mes 2 ans, afin de me permettre de comprendre qu'avec Dieu, le miracle de Son Amour peut transformer le négatif en positif.
Le fait d'avoir vécu dans un milieu familial triplement négatif, d'une dangerosité extrême, ma rencontre avec Dieu m'a permis de toujours avoir un regard positif, même auprès des personnes qui ont une apparence négative, y compris les personnes qui voient du négatif partout excepté en elles-mêmes. Quand je travaillais en relation d'aide auprès de 10 catégories différentes de personnes en difficulté, très souvent des personnes venaient me voir pour me parler négativement d'une ou de plusieurs personnes. J'écoutais de tout mon coeur pendant une heure et plus, et juste à la fin de notre rencontre, je remerciais la personne des informations négatives qu'elle m'avait transmises et je lui lançais un défi en lui disant ceci : Est-ce possible pour toi de revenir me voir dans deux semaines, pour me transmettre une seule qualité concernant cette personne que tu rencontres souvent? Jamais personne n'est revenu pour me transmettre une seule qualité.
Dans ma prochaine réponse, je vous partagerai mon expérience qui vous permettra de comprendre que très souvent Dieu met volontairement sur notre chemin des personnes qui sont négatives ou qui semblent l'être, pour voir si notre développement spirituel est assez bien nourri par la prière méditative, source de La Parole de Dieu. Cette expérience méditative doit nous conduire au coeur d'une oraison en floraison. Cette expérience de vie méditative nous permet de savoir si nous avons cette capacité spirituelle de changer le négatif en positif, ou de détecter les fausses apparences du négatif que dégage l'enveloppe corporelle des personnes que Dieu met sur notre chemin de vie, pour nous permettre de découvrir les richesses positives qui sont cachées dans l'invisibilité du coeur de chaque pauvre.
Voilà, cher ami père Gordon A. Rixon SJ, c'est avec plaisir que j'ai partagé ma première expérience personnelle en lien avec la question : Comment identifier en moi-même les mouvements positifs et négatifs, dans l’Église et dans la société ? J'ai commencé à partir de mon expérience de vie familiale car très souvent le négativisme commence durant notre vie d'enfance, parce que nous avons manqué de modèles positifs ; car les enfants en général ont beaucoup plus besoin de modèles que de critiques. Entre moi et vous, c'est un sujet qui ne peut pas s'expliquer en quelques paragraphes.