Les questions de Françoise à Michel
concernant le visuel de son coeur
Liturgique.
Françoise : Quelle belle préparation au mariage (à votre mariage!), cher Michel, que ce coeur illustré de multiples mots et de petits coeurs... Je me suis demandé comment vous aviez eu l'idée, France et toi-même, de créer ce beau symbole de votre union (?).
Michel : Ha, comme c'est drôle la vie, car moi-même je n'aurais jamais pensé fabriquer un coeur pour notre mariage en juillet 2008! Mais comme je suis extra sensible à l'écoute du coeur, et très imaginatif et simple concernant l'aspect décoratif sur le plan liturgique, alors, dès que mon épouse m'a dit, la veille de notre mariage : Je ne sais pas où on pourrait se trouver un coussin pour déposer nos alliances?
Je me suis dit intérieurement que le plus beau coussin que l'on pourrait trouver, ce serait de faire la création d'un coeur liturgique où chacun de nos coeurs allait devenir le coussin de l'Amour de Jésus-Christ, Celui qui va nous Unir pour la vie pour nous conduire au Paradis de Son Amour Éternel. Quand Jésus-Christ séduit deux coeurs, c'est pour en faire un seul bonheur afin que chacune de nos vies devienne une seule vie en branchant nos deux coeurs sur le Coeur de Jésus-Christ. Mais chose certaine, je ne m'attendais pas du tout à ce que la création de ce coeur liturgique serve à la création d'une page liturgique sur le sujet du mariage en 2023, avec les liens du site du Vatican.
Françoise : Et puis, avez-vous suivi des séances de préparation au mariage? Avec un prêtre? Comment cela se passait-il? Et pourquoi doit-on se préparer?
Pas facile de répondre à cette question, mais cela ne m'empêche pas d'y répondre, et voici la raison. Le prêtre qui nous a mariés me connaissait depuis 40 ans. Il connaissait mon engagement en pastorale depuis plusieurs années, y compris mon accompagnement auprès de plusieurs couples en difficulté. Je pourrais écrire que j'ai eu le grand privilège d'accompagner plusieurs couples en difficulté, c'est ce qui m'a apporté l'équivalent de plusieurs cours de préparation au mariage.
Ensuite, comme j'ai vécu moi-même dans une famille où mon pauvre père avait un profil d'homme pervers narcissique au plus haut degré, on peut comprendre pourquoi je ne pensais pas me marier un jour. Je vivais dans la peur de revivre la même situation que nous avait fait vivre mon père. En outre, comme j'ai vécu dans 7 foyers nourriciers différents seulement entre mes 4 ans et mes 9 ans 1/2, j'ai eu l'occasion de vivre avec 7 familles différentes ; c'est ce qui m'a permis de voir sur le terrain de la vie, comment fonctionnent 7 couples différents, 8 avec mes parents, où j'ai eu le privilège de recevoir comme héritage le merveilleux profil de ma riche maman. En un seul mot, mon passé a été une richesse, qui m'a permis de me lancer dans cette grande aventure de l'accompagnement des couples et de plusieurs autres catégories de personnes en difficulté. J'ai vécu ma formation sur le terrain des grandes souffrances de la vie avec Jésus-Christ.
Mais attention, attention, mon accompagnement auprès des couples en difficulté ne se faisait pas juste enfermé entre les 4 murs de mon bureau, comme ça se fait aujourd'hui très malheureusement. Ensuite le fait d'avoir connu 7 foyers nourriciers m'a permis d'être un grand observateur, à regarder comment se comportaient les couples envers leurs propres enfants, entre eux, et aussi envers moi, et à comprendre pourquoi ils nous accueillaient dans leur famille. La réponse est très simple, sur 7 foyers nourriciers, 5 m'ont gardé pour l'argent, ni plus ni moins. Le fait d'avoir vécu dans 7 foyers nourriciers jusqu'à mes 9 ans 1/2, m'a valu tellement d'intimidation dans ma scolarité, qu'après les trois premiers mois au secondaire à la polyvalente, j'ai dû abandonner mes études, car la polyvalente rassemblait au même endroit tous les jeunes des écoles primaires à l'époque où j'ai été placé dans les 7 foyers nourriciers pour une durée de 7 ans.
France, concernant sa vie familiale, a vécu le contraire de moi, elle a eu une très belle famille. Elle a vécu plusieurs années dans une maison de prière, où il y avait des personnes âgées, ensuite pendant 27 ans, elle a travaillé chez les soeurs Dominicaines.
Alors, quand nous avons eu notre première rencontre avec l'abbé Gaston Morin, un prêtre de la communauté des frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu, il nous a dit : Avec votre long parcours de cheminement spirituel, vous n'êtes pas obligé de suivre un cours de préparation au mariage, vous avez tout ce qu'il vous faut, mais je vous laisse libres.
Personnellement, j'avais accompagné plusieurs couples, qui eux, avaient suivi des cours de préparation au mariage. Je me demandais quelle sorte de cours ils avaient suivi, pour l'Amour de Dieu, alors que plusieurs d'entre eux étaient déjà séparés, et d'autres divorcés. Même que certains d'entre eux s'étaient tellement endettés pour la préparation de leur banquet de noces, qu'au jour de leur divorce, les factures de leur banquet n'étaient pas encore soldées. C'est pour cette raison que j'ai proposé à mon épouse de vivre ensemble cette expérience des cours de préparation au mariage, en lui disant que nous n'avions rien à perdre car au moins nous allions savoir comment ça fonctionne.
Pour expliquer comment cela s'est passé dans la paroisse où nous avons suivi notre cours de préparation au mariage, je ne dirai pas le nom de la congrégation, car il n'y avait qu'un seul prêtre de cette congrégation, chacun y allant avec son charisme. Nous allons utiliser des pseudonymes concernant les noms et prénoms des couples qui ont suivi le cours de préparation au mariage avec nous. Mais avant d'aller plus loin, peut-être me demanderez-vous à quoi je m'attendais dans notre cours de préparation au mariage, surtout que j'avais une longue expérience de plusieurs années comme accompagnateur des couples en difficulté... Je vais vous le dire.
Personnellement, je suis un grand passionné pour le témoignage des personnes qui sont engagées sur le terrain de la vie, quelle que soit leur profession. Concernant notre cours de préparation au mariage, je m'attendais à entendre les témoignages de couples qui étaient déjà mariés depuis plusieurs années. En général, ces couples ont une très riche expérience à nous partager par leur témoignage.
Remarque importante avant d'aller plus loin
Selon mon expérience de terrain, quels que soient les sujets que nous abordons en général dans notre vie de chaque jour, je suis triplement convaincu que chaque témoignage en lien avec notre vie quotidienne, est une source de richesses extraordinaires que nous ne devons pas négliger, comme nous l'explique si bien le pape François dans ses homélies et ses audiences, etc.
Par exemple, quand j'accompagnais des personnes alcooliques dans le mouvement des alcooliques anonymes, je me rendais compte que le témoignage des personnes qui avaient réussi à s'affranchir de leur dépendance à l'alcool, avait une très grande influence auprès des personnes qui faisaient une démarche avec le désir de reconstruire leur vie, pour mettre fin à leur dépendance à l'alcool, y compris à certaines drogues. Que ce soit des survivants(es) de la maltraitance, des survivants(es) de l'avortement, ou des survivants(es) du suicide, le témoignage des survivants sauve plusieurs vies dans une seule vie.
Selon moi, que ce soit le groupe des alcooliques anonymes, le groupe des femmes et des enfants battus, ou celui des couples en difficulté, ou encore des jeunes couples qui se sentent appelés au mariage, pour moi, le témoignage de vie de celui ou de celle qui a vécu sur le terrain des grandes souffrances humaines, je crois que ce témoignage de chaque personne devenue une survivante de telle ou telle situation dramatique, aura toujours une valeur indescriptible. Parmi les trois derniers papes, saint Jean-Paul II, Benoît XVI et pape François, je suis convaincu à 100% que c'est dans les écrits du pape François que l'on retrouve le plus souvent les deux mots témoin et témoignage.
Ho là là, (((maintenant))) je me risque à répondre à votre question, en vous racontant comment moi et France nous avons vécu l'expérience de notre cours de préparation au mariage en 2008, alors que nous étions 10 couples de futurs mariés pour vivre ce week-end. Sur les 10, mon épouse et moi-même étions le seul couple à avoir abordé l'importance de la vie spirituelle dans la vie de couple. Moi et mon épouse, on s'attendait à ce qu'il y ait des échanges sur notre vision de la vie de couple, sur sa foi et sur le sens que l'on donne à cette union concernant le mariage dans l'Église Catholique.
L'accueil a été très chaleureux, mais la formation très pauvre, pour ne pas écrire très médiocre et mondaine, comme le dirait sûrement le Pape François. La première étape était celle de la présentation, où l'on nous proposait d'expliquer pourquoi nous avions fait une démarche pour suivre un cours de préparation au mariage. Concernant cette question, on s'apercevait que c'était les femmes qui répondaient. La plupart des hommes répondaient : "Moi, je pense la même chose qu'elle." Selon moi, il aurait fallu que les animateurs(trices) rencontrent les hommes à part, pour leur permettre de répondre eux-mêmes à cette première question, afin d'aller au-delà du "moi, je pense comme elle".
La deuxième étape n'est pas facile à expliquer par écrit, mais je vais faire mon grand possible, même si ça ressemble à une blague d'un gag juste pour rire. C'est alors qu'un couple faisant partie des responsables du cours de préparation au mariage, s'avance. La femme se présente avec une aiguille et l'homme avec un bout de fil. Personnellement, j'avais l'impression de suivre un cours pour apprendre à me servir du fil afin d'aider mon épouse à réparer un morceau de vêtement. J'étais loin, très loin de penser qu'en 2008, cette approche théâtrale avait pour objectif de montrer à un homme et à une femme comment faire la pénétration vaginale pour avoir une relation sexuelle dans la vie d'un couple.
L'homme recula, ensuite il s'avança vers son épouse avec le devant de la tête du conjoint arrivant vers son épouse, qui avait le dos tourné. Elle lui dit : Non, mon chéri, tu n'as pas le bon bout pour faire l'amour, on passe par la porte d'en avant et non par celle de derrière, parce que le bout de ton fil n'entrera pas facilement dans le bon trou. L'homme recula en faisant demi-tour, et il s'avança pour être face à face avec son épouse, tout en faisant pénétrer le bout du fil dans l'aiguille. Son épouse lui dit : Voilà, mon chéri, c'est comme ça que l'on fait l'amour, en passant par la porte de devant.
La première des pensées qui m'est venue à l'esprit, je me suis dit : Nous sommes en 2008, la télévision nous présente tellement de films de sexe, y compris internet, alors à quoi va servir cette pièce théâtrale qui, selon moi, ne tient pas la route pour un cours de préparation au mariage? Pour moi qui avais entendu l'histoire de plusieurs couples en difficulté, cette approche n'avait aucun sens dans un cours de préparation au mariage. J'aurais bien aimé connaître la personne, ou le couple, qui avait proposé cette pauvre pièce théâtrale.
La troisième étape consistait à permettre aux hommes et aux femmes de se séparer en deux groupes, pour répondre à la question suivante : Qu'est-ce qui vous attire le plus chez votre conjoint(e) avec qui vous allez vous marier dans les quelques semaines ou quelques mois à venir?
Après avoir vu la pièce théâtrale du fil qui entre dans l'aiguille, j'étais convaincu que la troisième étape serait aussi contradictoire que la pièce théâtrale, qui n'avait aucun rapport avec un cours de préparation au mariage. La vulgarité excessive des expressions sexuelles a fait oublier aux hommes qu'il y avait un coeur dans l'enveloppe corporelle de chaque être humain. En séparant les hommes des femmes, chaque groupe devait répondre à la question suivante : Qu'est-ce qui vous attire chez la femme qui va devenir votre épouse? Qu'est-ce qui vous attire chez l'homme qui va devenir votre époux? Je rappelle que les prénoms sont des pseudonymes.
Après que le prêtre eut posé la question aux hommes,
Jacques répondit : Moi, j'aime..., j'aime..., je suis un peu gêné de le dire, mais enfin, j'aime ses fesses.
Louis : Moi, j'aime beaucoup ses seins ; juste à les regarder, je capote.
Jean : Moi, c'est bien simple, j'aime sont entre-jambes et ses cuisses.
Maxime : Moi, j'aime quand elle se masturbe...
Éric, le dernier, a répondu : Moi, c'est bien simple, j'aime son cul ; moi, mon fil entre par en avant dans son vagin comme par en arrière dans son cul.
Michel partage : Éric a réussi à faire rire tous les hommes, excepté le prêtre et moi. Je regardais le pauvre prêtre, qui se sentait mal à l'aise, pour ne pas écrire abasourdi après avoir entendu des réponses où il aurait sûrement préféré être à l'écoute des réponses des femmes.
Je ne me souviens pas de ce que les 5 autres ont dit - c'est quand même loin, en 2008 -, mais il y avait une ressemblance avec les réponses des hommes ci-dessus.
Quand ce fut mon tour de répondre, je me suis servi de la réponse d'Éric, mais d'une façon très particulière ; il n'y eut aucun rire, excepté le sourire du prêtre, qui semblait bien accueillir ma réponse, qui correspondait à l'objectif d'une réponse sérieuse pour permettre à ceux qui avaient répondu, d'aller au-delà du plaisir de l'enveloppe corporelle alors que l'on avait oublié l'essentiel, (le contenu de l'enveloppe qu'est le coeur).
Ma réponse a été celle-ci
Chers amis, j'ai écouté chacune de vos réponses dans lesquelles chacun d'entre vous a mentionné les parties du corps que vous aimez chez la femme avec laquelle vous allez vous marier. Éric, le dernier, a répondu d'une façon très imagée, "moi, c'est bien simple, j'aime son cul", etc., alors moi aussi, comme Éric, ce que j'aime le plus chez la femme qui va devenir mon épouse, ça commence comme le mot d'Éric, avec un (((c))), mais, mais, mais attention, le mot qui commence par un c, c'est le contenu de l'enveloppe corporelle, (C'est le coeur).
Au moment où j'ai dit que ce que j'aimais chez France commençait aussi par la lettre c, je regardai chaque personne, y compris le prêtre qui semblait se demander : "Mais pour l'Amour de Dieu, qu'est-ce qu'il va nous dire, celui-là?" Je me suis aperçu que le pauvre prêtre semblait découragé, mais une surprise l'attendait.
Alors, pour moi comme pour Éric, le mot commence par la lettre (c), mais moi j'ajoute les lettres (oeu) ; j'exclus la lettre (L) et j'ajoute la lettre (r). Ça donne comme résultat le mot (coeur ), qui représente l'organe le plus important du corps de l'homme et de la femme, qui permet à tous les membres du corps que vous avez mentionnés, d'être fonctionnels, pour ne pas écrire pleins de vie et de multiples richesses indescriptibles. Nous, France et Michel, c'est le contenu de notre coeur, à moi comme à celui de France qui va devenir mon épouse, qui nous a permis de détecter que, malgré nos différences, nous avions de multiples richesses dans chacun de nos coeurs pour nous engager à nous dire un oui pour la vie, sans y mettre fin en nourrissant notre faim de Jésus-Christ, qui est Celui qui va unir nos deux coeurs et nos deux corps pour en faire un seul coeur et une seule chair dans l'Amour de Notre Créateur, Notre Sauveur, et Notre Dieu.
La quatrième étape était de regrouper les hommes et les femmes pour échanger entre les deux groupes ce qu'ils avaient partagé. L'animateur et l'animatrice étaient le même couple qui avait joué la pièce théâtrale du fil et de l'aiguille. Je me suis dit intérieurement : "Les hommes vont sûrement s'exprimer avec plus de respect" ; mais ce fut le contraire. Quelques femmes semblaient être ouvertes au dialogue cru de leur futur mari ; mais d'autres, par contre, nous faisaient voir, par leur visage, qu'elles ressentaient un certain malaise qui voulait tout dire.
Du côté de mon épouse, elle m'a partagé que les femmes avaient été le contraire des hommes, et qu'elle-même avait été surprise du langage vulgaire qu'avait utilisé les hommes pour exprimer ce qu'ils aimaient de la femme qui deviendrait leur épouse... On peut comprendre pourquoi les femmes ont été surprises du partage des hommes.
Vers la fin de notre cours de préparation au mariage, on nous proposa une deuxième rencontre quelques mois après la célébration de notre mariage. Moi et mon épouse, nous nous sommes rendus au même endroit, mais il y avait seulement quelques personnes sur les dix couples de nôtre première rencontre. La rencontre a duré quelques heures et ce fut la dernière rencontre, non pas d'un cours de préparation au mariage, mais beaucoup plus une rencontre pour nous apprendre comment enfiler un fil dans le trou d'une aguille. Aujourd'hui encore, quand moi et mon épouse nous repensons à cette rencontre des dix couples, nous n'arrivons pas à comprendre comment on pouvait appeler ce cours un cours de préparation au mariage. Nous sommes convaincus que si l'on avait créé une vidéo sur le week-end de notre préparation au mariage pour la mettre sur Facebook, les réactions des internautes auraient été extrêmement négatives. Mon seul et unique souvenir, c'est l'aiguille, le fil et l'échange entre les hommes, y compris certains malaises chez quelques femmes qui entendaient leur compagnon s'exprimer sur la partie du corps qu'il préférait, avec une certaine vulgarité qui n'avait pas sa place dans un cours de préparation mariage.
Françoise : Y a-t-il une différence entre autrefois et aujourd'hui? (Personnellement, en 1969, en France, il n'existait guère de cours de préparation au mariage)
u
Mar 17 Jan - 16:56
libre ou 
