Bonjour, cher ami Simon. En vous écoutant, les deux mots les plus importants qui s'impriment dans mon coeur, dans votre partage de la Parole de Dieu, sont ceux-ci :(Faut témoigner). Ces deux mots, quand ils se concrétisent dans notre coeur de disciple, font que nous devenons des signes de La Présence de Jésus-Christ, sans être obligé de dire (je suis un signe). C'est l'Amour du Christ qui habite le coeur de chaque témoin, qui devient la signature de la Présence du Christ quand notre écoute et notre regard dégagent cet Amour compassion du Christ.
Chaque fois que je fais la méditation de cet Évangile, cela fait surgir le souvenir de ma première rencontre avec Dieu, et voici pourquoi. J'avais vécu la maltraitance durant 15 ans 1/2 de ma vie d'enfance, et ma professeure de catéchisme avait dit devant les étudiants, que c'était facile de connaître Dieu dans notre milieu de vie, car Dieu était Quelqu'un qui avait le profil de notre père de sang.
Vous comprendrez que pour moi, cette comparaison qui consiste à connaître Dieu dans le profil de mon pauvre père qui souffrait de cruauté mentale, que l'on appellerait aujourd'hui perversion narcissique au plus haut degré, n'avait aucun sens pour moi, ni pour d'autres enfants qui, comme moi, avaient vécu plusieurs sortes de maltraitance pendant plusieurs années de leur vie.
Personnellement, je n'étais pas un pharisien, mais le jour même où j'ai quitté la maison de maltraitance de feu mon pauvre père, sans valise, sans argent, sans nourriture, en faisant de l'auto-stop sans savoir où j'aboutirais, j'étais un enfant qui n'avait aucun lieu d'appartenance. Pour partir de la maison, je n'ai pas annoncé mon départ à mon père à l'intérieur de la maison, mais j'ai fait l'annonce à l'extérieur, sinon je risquais ma vie. Quand un enfant comme moi s'est fait casser deux cuisses, une jambe et un bras entre ses deux et trois ans, vous comprendrez qu'à 15 ans 1/2 j'avais une bonne raison de garder plusieurs fois la distance que nous a imposée le covid 19 durant la pandémie de 2020-2022.
En sortant dehors, je me suis éloigné de mon pauvre père en lui disant : (Pa) - car c'était interdit de lui dire papa. Alors je lui dis : Pa, je te pardonne toute la maltraitance que tu m'as fait subir durant ma vie d'enfance, mais aujourd'hui je dois partir pour sauver mon corps et ma santé mentale. Il a commencé à vouloir venir vers moi, en sacrant, mais je lui ai fait cette remarque : Pa, nous ne sommes pas dans la maison, regarde en face, il y a des personnes qui nous regardent. Le pauvre homme s'est mis à sacrer en entrant dans la maison, et je suis parti en faisant de l'auto-stop.
Maintenant, pour en revenir à mon expérience à partir de l'Évangile de Saint-Marc 8, 11-13, sur le sujet des signes que les pharisiens exigeaient de Jésus, voici comment moi, je l'ai vécu durant les heures qui ont suivi mon départ de la maison de la maltraitance.
Après avoir réussi mon départ, j'étais toute joie de ma réussite, mais la joie a duré à peine quelques heures et voici pourquoi. Je me suis dit intérieurement : Je n'ai pas de valise, pas de nourriture, pas d'argent, que vais-je devenir? Je ne sais pas pourquoi, mais en paniquant, je me suis mis à pleurer, et cette phrase est sortie de ma bouche : Mon Dieu, Mon Dieu, je t'en supplie, je ne veux ni or ni argent, mais donne-moi un signe de Ta Présence. . . Aujourd'hui, je comprends malgré moi, qu'il est possible de demander des signes soit pour piéger quelqu'un, soit pour trouver une bonne personne qui aura cette capacité d'une écoute compassionnelle, à l'exemple de Jésus au Puits de Jacob avec la Samaritaine.
Pour en revenir à la suite de mon histoire, j'ai continué à pleurer en marchant, et quelques minutes après avoir dit Mon Dieu, Mon Dieu, . . . je me suis souvenu de la pauvre comparaison de ma pauvre professeure : Dieu, c'est Quelqu'un qui a le profil de votre père de sang. Et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi cette phrase était sortie de ma bouche, alors que je ne voulais rien savoir de Dieu, encore moins le rencontrer. Dans ma situation d'enfant maltraité, pour moi, Dieu était quelqu'un qui battait les enfants.
Mais, à ma très grande surprise, j'ai ressenti à l'intérieur de moi une paix et une joie indescriptibles, qui ne s'expliquent pas avec des mots. Dans les jours, les mois et les années qui ont suivi, j'ai compris que Dieu m'avait guéri de mes 15 années 1/2 de maltraitance. La maltraitance est devenue pour moi une école de vie, où Dieu a fait de moi un survivant de la maltraitance. J'ai passé 30 ans de ma vie à faire de l'accompagnement auprès de plusieurs catégories de familles en difficulté.
Aujourd'hui, en écoutant votre vidéo, vous comprendrez que les deux mots-clés de votre partage, (Faut témoigner), sont l'un des plus beaux signes, où chaque témoin devient un signe de (la Présence d'un Dieu Amour Compassion), qui a du plaisir à faire connaître Son Vrai profil d'un Dieu qui aime dans toute sa gratuité. Alors voilà, vous avez dit (Faut témoigner), c'est ce que j'ai fait avec l'amour de Jésus-Christ plein le coeur. Je vais mettre ci-dessous quelques liens des homélies du pape François sur le sujet du pardon et du témoignage pour le temps du Carême 2024. Cher ami Simon Bournival, moi et mon épouse nous prions à chaque soir pour votre belle mission, qui est une belle richesse pour notre diocèse de Trois-Rivières. Vous êtes un sacré chanceux de Dieu.
Remarque importante : Quand on a survécu à 15 ans 1/2 de maltraitance, en plus de vivre dans 7 foyers nourriciers différents en l'espace de 7 ans, Dieu nous donne le don de détecter en peu de temps, les signes des multiples formes de maltraitance physique ou psychologique que vivent plusieurs personnes. Que ce soit des enfants ou leur maman, plusieurs d'entre eux ont peur d'exprimer le trop-plein de leurs souffrances. Surtout aujourd'hui, en 2024, avec les nouvelles technologies, nous avons beaucoup de difficulté à trouver des personnes qui ont cette écoute du coeur comme celle de Jésus envers la Samaritaine. Il faut prier beaucoup pour que les témoins de l'avenir n'aient pas peur de rendre témoignage de leur foi en Jésus-Christ, y compris dans le monde du virtuel.